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Les films à venir sur Cinéma Choc

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Comme l'indique le titre de ce nouvel article, voici sans plus attendre les films à venir dans les prochains jours, prochaines semaines et prochains mois sur Cinéma Choc. Pour chaque film, j'ai précisé quel serait l'intitulé de la chronique entre parenthèses.

 

Cockneys Vs Zombies (Série de braquages et de pérégrinations dans un Londres "zombifié")
The Cured
("I have the Maze Virus")

The Death Of Superman (L'homme de Krypton contre l'Abomination)
Le Dernier Exorcisme ("L'exorcisme est bel et bien une supercherie")
Des Serpents dans l'Avion (Débranchez les neurones, débranchez le cerveau !)

El - 1953 (Alors, comme ça on est jaloux ?)
E.T. L'Extra-Terrestre
(Rencontres du troisième type, seconde partie)

Hérédité (Les démons se tapissent dans notre généalogie familiale)
Hurlements (La marque du loup-garou)

I Am Divine (L'histoire vraie de la plus belle femme du monde)
Ido ("L'enfer c'est d'être né") : chronique de Taratata
Ils ne portent pas de smoking (Grève générale camarades !) : chronique de Taratata

Jusqu'à la Garde (Schismogenèse complémentaire)

Karaté Tiger - Le Tigre Rouge (L'ultime révérence de la Bruceploitation)
Kinatay
(Analyse et chronique de la violence ordinaire)

Massacre à la Tronçonneuse - La Nouvelle Génération (Renée Zellweger Vs. Leatherface)

La Planète des Vampires (Confrontation avec la peur)
Poltergeist 3 (Voyage dans le monde des esprits, 3e et dernière partie)

Room - 2015 (Chambre "platonicienne")

Slugs - Mutations (Traînées de bave et d'éternité)

Terreur Extraterrestre ("Aucune chance, aucune aide, aucun secours...")

Une Femme à Sacrifier (Douceur sentimentale) : chronique de Taratata

 


Ido ("L'enfer c'est d'être né")

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IDO

Genre : Thriller, horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)

Année : 2005

Durée : 1h33

 

Synopsis :

Un homme, coupable de plusieurs meurtres, erre dans la forêt. Guidé par une voix qui résonne dans sa tête, il arrive dans un hameau construit autour d’une ferme porcine. Il y rencontre une femme aussi torturée que lui. Leurs violentes natures réunies créent un monstre terrifiant.

 

La critique :

Aaaaaah le cinéma japonais ! D'un côté, symbole de films pour amphétaminomanes, de l'autre terre promise pour les amateurs de cinéma trash et vomitif. Il est bien loin le temps des Yasujiro Ozu, Akira Kurosawa et autre Kenji Mizoguchi qui incarnaient le raffinement cinématographique, la légèreté et l'innocence. Depuis le classicisme et l'époque glorieuse du chanbara, de l'eau couleur rouge sang a coulé sous les ponts, pour le plus grand bonheur des psychopathes que nous sommes. Rapidement, le Japon s'immisçait dans le cinéma d'épouvante en exposant la terreur sous sa forme la plus pure, au grand dam des personnes facilement impressionnables et, qui plus est, dans une époque où le cinéma occidental voit son concept avarié reposer sur une ambiance médiocre où les réalisateurs seront persuadés qu'ils effraieront les salles grâce à leurs maigres screamers.
Seulement, voilà, la recette fonctionne de moins en moins bien et de plus en plus de spectateurs se rendent compte de l'escroquerie du cinéma horrifique occidental. Trop sage, trop timoré, sans offrir d'irrévérence et de subversif capable de bouleverser les codes établis, il se dessèche comme neige au soleil. Maintenant, la faute en revient aussi à toute la clique des critiques bien-pensantes voyant le concept même du cinéma horrifique comme un genre poubelle. Preuve de leur incompétence et du fait qu'ils n'y connaissent rien. Et quand ce n'est pas la descente simple du film, c'est la polémique prenant le dessus. Le cas de Martyrs n'est plus à présenter, ni Antichrist et dernièrement The House That Jack Build

Fort heureusement, la mentalité nippone est bien écartée de ces ridicules principes et ne se gêne pas pour afficher l'obscénité en fer de lance. Les limites, elle aime bien les faire voler en éclat, quitte à sombrer dans le circuit underground. Par le passé, le blog a plus d'une fois démontré le scandaleux et le vertigineux que certains esprits malades savent créer. Les cas de Tamakishi Anaru et de Daisuke Yamanouchi font encore débat. Non sans aller jusque dans ces travers jusqu'au-boutistes, le cas de Kei Fujiwara mérite que l'on s'y intéresse de plus près. Certains doivent peut-être s'en souvenir vu qu'elle signa Organ qui s'auréola d'une flatteuse réputation, à défaut d'une notoriété internationale.
Logique me direz-vous... Neuf ans plus tard, elle récidive avec une pellicule au nom inquiétant d'Ido (aussi connue sous le nom de ID). Même schéma que la première pellicule, s'il suscita grand intérêt et enthousiasme des adeptes du trash, sa confidentialité ne le condamnera qu'à un cercle réduit de connaisseurs. En outre, les rares critiques seront particulièrement favorables, ce qui est assez surprenant pour un film de ce genre. Au vu de cette effroyable pochette ayant le mérite de calmer d'emblée de jeu l'aventurier, l'impression évidente de ne pas passer un moment de douceur s'offre à nous pour une plongée en plein cauchemar porcin.

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ATTENTION SPOILERS : Un homme, coupable de plusieurs meurtres, erre dans la forêt. Guidé par une voix qui résonne dans sa tête, il arrive dans un hameau construit autour d’une ferme porcine. Il y rencontre une femme aussi torturée que lui. Leurs violentes natures réunies créent un monstre terrifiant.

Il faut bien avouer que le synopsis a de quoi susciter une certaine curiosité pour les esprits tordus. Tout démarre dans une forêt où se trouve un homme étendu par terre, guidé par deux voies, l'une invitant à prier Buddha Amida et l'autre l'éclairant sur la nature bestiale de l'espèce humaine. Cette espèce qui se plaît à tuer les animaux dans le but de se nourrir sans faire montre de sa psyché car oui, les animaux ont des ressentis, des états d'âme. Lui-même se demandera si les animaux, sous prétexte qu'ils soient dénués de parole et n'ont pas ce concept de foi par la prière, méritent de mourir. Propos végétarien de comptoir ? Il serait stupide de penser cela, tout comme il aurait été honteusement pitoyable pour Fujiwara de larguer ce prétexte là pour la promotion des tomates et des carottes.
En fait, Ido peut s'apparenter à une réflexion ésotérique sur la place qu'occupe l'homme face aux autres animaux, son impression de supériorité, ses rapports avec eux et sur quel paramètre l'espèce humaine est plus évoluée. Parce qu'elle est douée de parole ? Mouais, ça peut vite se discuter quand on en entend certains. Parce qu'elle a le concept de foi ? Ce n'est rien d'autre de plus que quelque chose forgé par l'Homme depuis son apparition. Croire en quelque chose pour justifier sa présence sur Terre et son existence après son passage sur celle-ci. La cinéaste aborde la religion avec beaucoup d'érudition citant un verset de l'Evangile selon Saint-Marc. Alors que l'assassin a déjà perdu son humanité en ayant été acteur de plusieurs meurtres sauvages, un second personnage entre en scène et cette fois-ci un inspecteur. Apparemment, ces deux personnages seraient issus directement d'Organ et leur cauchemar passé fait place à un nouveau, tout autant terrifiant. Irrémédiablement attirés tous les deux par un hameau, construit autour d'une ferme porcine, ils ont scellé leur destin. Le meurtrier jouant un air d'harmonica en se dirigeant vers ce lieu désolé n'est pas sans rappeler un style western sanglant et pervers.

Arrivéà destination, cette étrange ferme nous apparaît comme torturée avec sa galerie de personnages tout aussi grotesques les uns que les autres. Deux familles sont présentes : l'une s'occupant de l'élevage et de l'abattoir et la seconde tenant un commerce non identifié. Tous aussi répugnants les uns que les autres, on retrouvera un garçon de 9 ans surdimensionné subissant le gavage forcé du père, un attardé mental à couettes, une hermaphrodite aguicheuse, une femme haineuse et profondément dérangée, des employés bizarres dans leur comportement. Et au milieu de tout ceci, des porcs dans des enclos de taille réduite. Qui est le plus bestial des deux ? Le doute est franchement permis. Ce microcosme dérangé va amorcer sa plongée dans ses propres géhennes lors de l'arrivée du serial-killer, dans une mise en scène digne des plus gros OFNI du cinéma japonais.
D'emblée de jeu, Fujiwara fait voler en éclat sa structure narrative, brouille les repères de temps et de lieu pour nous confiner dans un hameau perverti par sa propre folie. La réalisatrice multiplie les différents points de vue, les transitions brusques dans l'esprit cyberpunk, s'autorise des mises en abîme de son propre procédé. Le spectateur, désarçonné par tant d'irrévérence narrative, suit Fujiwara dans son délire, n'ayant pas l'intention de le prendre par la main. Elle s'amuse à torturer l'esprit du cinéphile tentant de mettre un sens à tout ce gloubi-boulga et le pire est que ça fonctionne. Ido nous intéresse et parvient à nous garder devant l'écran. Bien sûr, il faut savoir rentrer dedans (ce qui n'est pas gagné pour certains) mais une fois prisonnier de ses griffes, on ne ressort que très difficilement.

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Outre son clin d'oeil au western crépusculaire, une certaine dimension théâtrale sera de la partie pour nos yeux ébahis. Elle se fera par l'intermédiaire de trois voyageurs étranges et épileptiques lisant un livre usé que nous supposons être l'histoire en cours. L'histoire est retransmise par écrit, suscitant l'envie et les tumultes cérébraux dévastateurs de ces spectateurs. Sept chapitres composeront l'aventure et parmi ceux-ci les cinq premiers chapitres vaqueront dans un style, si j'ose dire, plus sage, sans pour autant faire l'impasse sur les excentricités. Un employé mort caché sous une bâche, des visions sur des corps affreusement démembrés lors de scènes de crimes passés, un pugilat général où les protagonistes se font défoncer à coup de barre de fer, le viol de l'hermaphrodite par l'attardéà couettes avant qu'il ne se rende compte de son phallus, ce qui engendrera un tabassage dans les règles de l'art. On citera quelques relents émétophiles, un bras dévoré par un porc aux allures de zombie.
Ces séquences peu ragoûtantes ont le mérite d'apporter du punch à une première partie assez lente, apparemment plus lente qu'Organ. Néanmoins, les choses vont se corser sévèrement lors de la sixième partie où un plan se dresse, filmant avec insistance cette pompe dont l'utilité pratique reste obscure. On se doute qu'elle sert àévacuer l'eau du sous-sol par temps de pluie mais sa présence est perturbante. Un peu comme si elle faisait office de centre respiratoire du hameau, un coeur à part entière expulsant eau et sang d'une ferme semblant vivante. Le sous-sol de l'abattoir fera office de centre névralgique où les personnages sombreront dans les entrailles d'une bête cauchemardesque. 

En celle-ci, une fusion s'est opérée entre le serial-killer et la femme et tous les deux ont mis au monde une terrifiante créature tout droit issue de la capitale des enfers : Pandemonium. Ces deux derniers chapitres verseront dans une sauvagerie sans nom, tant physique que psychologique. Les personnages, tels des poupées de chair désarticulées, subiront le courroux du monstre, alors que la femme est hantée par ses propres démons intérieurs. Ses hallucinations apocalyptiques donneront naissance à plusieurs scènes emblématiques clouant le spectateur à son propre siège, au piège d'un Armageddon sanguin, viscéral et proprement indescriptible. Sans aller jusqu'à des sommets monumentaux de trash, Ido ne lésine pas sur les séquences sanguinolentes dans une atmosphère au parfum de suc gastrique et de fosse septique. C'est sale, vétuste. Fujiwara se permettra l'excentricité de verser fréquemment dans de la comédie. Point auquel je n'adhère pas car le film aurait gagnéàêtre davantage plus sombre s'il n'y avait pas de pseudo scènes comiques qui ne sont là que pour apporter une tonalité burlesque qui n'aurait pas eu lieu d'être. Ok ça peut déranger de mêler la comédie au thriller mais bon !
Dans un univers un peu similaire, je me permettrais de faire un léger rapprochement avec Calvaire se déroulant lui aussi dans des décors champêtres sans, à aucun moment, écarter son nihilisme stratosphérique. Ca amplifie le malaise et c'est là-dessus que Fujiwara aurait dû jouer.

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Ce point est heureusement la seule réelle faiblesse car l'ensemble d'Ido est une pièce infernale dont les décors ne diront pas le contraire. Tout est poisseux, repoussant, aucune réelle hygiène où les hommes semblent vivre comme des bêtes. Encore une fois, c'est sale et vétuste. L'abattoir sous-terrain tachetée de bâches ensanglantées a le mérite d'oppresser. Oppression également renforcée par des plans souvent serrés, ainsi que par du surréalisme gore type de ce que les japonais savent faire. La mélodie principale jouée à l'harmonica parvient à créer quelque chose d'austère, d'inquiétant. Enfin, l'interprétation des personnages pourra diviser car il y a toujours ce jeu surjoué qui agace.
On citera les inconnus Masami Akimoto, Masanobu Asakawa, Mito Awano, ainsi que Kei Fujiwara en personne. La prestation majeure sera à remettre bien sûr à la malade mentale dont la cruauté atteindra une explosion de furie après la première heure. 

Sans en aucune manière que ce soit de dénigrer Ido, il faut bien avouer que le long-métrage est assez particulier, difficile à cerner et à appréhender. Ceci fait que l'on ne pourra qu'aimer ou détester l'expérience proposée. Une expérience, à mon sens renversante car si la première heure est un peu lente, les deux derniers chapitres assomment littéralement le spectateur, médusé par la violence physique et psychologique élevant Ido comme une représentation infernale de l'Enfer sur Terre. Un Enfer symbolisé par une ferme porcine où toute humanité semble avoir disparu depuis toujours. Si la mise en scène éclatée et le scénario ambiguë diviseront indubitablement, il faut voir cette pellicule, avant tout, comme un pur OFNI, un énorme délire cinématographique ultra-violent. Sans vouloir être misogyne, il est étonnant de réaliser qu'une femme puisse être une des égéries du cinéma japonais déviant.
La femme, considérée comme douce et innocente dans l'inconscient collectif, a pris les traits d'une démone des temps modernes torturant l'être humain, le transformant en bête tout en le remettant au même plan que les animaux envers lesquels il se croit plus important.  Se voyant nanti d'un second niveau de lecture intelligent officiant dans la religion, l'ésotérisme et la psychanalyse, Ido incarne la neurasthénie dévastatrice qu'il conviendra de ne pas mettre entre toutes les mains. "L'enfer c'est d'être né", tel est le credo d'une femme larguée en pleine déshérence méphistophélique. Même si le trait comique est inutile et dénature un ensemble qui aurait pu atteindre le chaos généralisé, je dois bien reconnaître avoir une énorme sympathie pour ce Nécronomicon japonais que je me permettrais de noter de manière très généreuse. Se pose la question suivante : Qui de l'homme ou du porc est le plus intelligent ? En 2018, cette question mérite d'être posée et je dois reconnaître avoir ma petite opinion personnelle là-dessus. Aussi, pour clôturer la chronique, je me permettrais de citer le fameux passage en question de l'Evangile scandé par la charmante psychopathe.

«– Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la : mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que de t’en aller, ayant deux mains, dans la géhenne, dans le feu inextinguible.

- Et si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le : mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie, que d’être jeté, ayant deux pieds, dans la géhenne.
- Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le : mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu, que d’être jeté, ayant deux yeux, dans la géhenne,
- là où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point. »
(Évangile de Marc, 9,43-46)

Je vous souhaite une bonne séance. 

 

Note : 15/20

 

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Les Feebles - Les OVNI du cinéma (présentation du film)

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Aujourd'hui, Cinéma Choc vous propose de découvrir le film Les Feebles de Peter Jackson à travers une vidéo présentée par les OVNI du cinéma et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=BH8gNlw5w2o&index=45&list=PLaI-L_qgft9GekxTvTCA0hOSf0aDX3NTa

Slugs - Mutations (Traînées de bave et d'éternité)

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Genre : horreur, gore (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 1988
Durée : 1h29

Synopsis :Suite à une série de décès étranges survenus dans une petite ville des Etats-Unis, Mike Brady, agent des services sanitaires, est envoyé sur place afin d'épauler le shérif local dans son enquête.      

La critique :

L'air de rien, les années 1980 restent l'une des décennies les plus propices et les plus prolifiques pour le cinéma horrifique, en particulier pour les séries B d'épouvante qui vont largement imposer leur hégémonie durant cette période fastueuse. Parmi toutes ces pellicules rougeoyantes, les thuriféraires du cinéma bis citeront aisément Evil Dead (Sam Raimi, 1981), Evil Dead 2 (Sam Raimi, 1987), Le Blob (Chuck Russell, 1988), The Thing (John Carpenter, 1982), Le Loup-Garou de Londres (John Landis, 1981), Re-Animator (Stuart Gordon, 1985), Simetierre (Mary Lambert, 1989), Hurlements (Joe Dante, 1981), ou encore Street Trash (James Michael Muro, 1987) parmi les références les plus proéminentes. Vient également s'agréger Slugs, soit Mutations dans nos contrées hexagonales, et réalisé par les soins de Juan Piquer Simon en 1988.

Le cinéaste et scénariste ibérique fait partie des parangons éminents du cinéma bis. Les laudateurs du metteur en scène notifieront des films tels que Le Continent Fantastique (1976), Supersonic Man (1979), Le Sadique à la Tronçonneuse (1982), Au-delà de la terreur (1980), L'éclosion des monstres (1983), ou encore L'Abîme (1990) parmi les productions qui se sont exportées au-delà de leurs frontières espagnoles. En outre, Juan Piquer Simon est souvent répertorié parmi ces petits tâcherons adeptes d'hâbleries et de "nanardises" cinématographiques.
En outre, le metteur en scène n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour le cinéma d'exploitation. Il n'est donc pas surprenant de le retrouver derrière la réalisation de Slugs - Mutations. A l'instar de Le Blob (précédemment mentionné), The Stuff (Larry Cohen, 1985) et de Society (Brian Yuzna, 1989), Slugs imposera son monogramme indélébile via le support vidéo.

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Autant l'annoncer de suite, le film de Juan Piquer Simon ne brille pas vraiment par sa subtilité narrative et s'inscrit dans le cheminement de ce cinéma gore, excentrique, virulent et égrillard. En l'occurrence, Slugs peut s'enhardir d'appartenir à la catégorie "agression animale". Cette fois-ci, point de requin gargantuesque, d'araignées harangueuses ni de rats indestructibles qui prolifèrent en catimini dans des ruelles sordides et subalternes. Ici ce sont des larves carnivores et particulièrement visqueuses qui effarouchent une petite communauté sans histoire.
A la base, un concept aussi saugrenu a le mérite de provoquer quelques petits rictus imbéciles. A fortiori, Slugs - Mutations ne démarre donc pas sous les meilleurs auspices. Paradoxalement, cette série B érubescente est régulièrement citée parmi ces productions horrifiques notables et notoires des années 1980.

Autrement dit, bienvenue dans le cinéma impudent et la pure bisserie d'exploitation ! Reste à savoir si Mutations mérite ou non de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Michael Garfield, Kim Terry, Philip McHale, Alicia Moro, Santiago Alvarez, John Battaglia, Emilio Linder et Kris Mann ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! (1) Une petite ville des Etats-Unis est le théâtre de décès étranges. Les services sanitaires envoient sur place Mike Brady, un de leurs agents, afin d'épauler le shérif local. Ce qui ne devait être qu'une enquête de routine tourne au cauchemar, les victimes ayant été partiellement dévorées.
Au vu des analyses, Brady émet une hypothèse jugée farfelue.
Les victimes auraient été tuées par des limaces mangeuses de chair humaine... (1)

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A l'aune de cette exégèse, difficile à priori de s'enthousiasmer pour cette nouvelle bisserie impécunieuse. En résumé, des limaces carnassières sèment la panique et la terreur dans une communauté sans histoire des Etats-Unis. Le spectateur avisé se gaussera à raison d'une telle faribole. Pourtant, force est de constater que Slugs remplit largement son office et n'a pas à rougir de la comparaison avec Le Blob, Street Trash et leurs nombreux succédanés. Pour information, Slugs est également l'adaptation d'un opuscule éponyme de Shaun Hutson.
Sur la forme, Slugs s'apparente également à une pellicule protéiforme qui lutine à la fois avec l'horreur, l'agression animale et l'enquête policière. La partie "enquête policière" n'est pas forcément la section la plus éloquente.

Dès le départ, le spectateur hébété aura aisément subodoré l'habile subterfuge. Si les limaces pullulent, c'est de la faute de l'homme et de son irresponsabilité vis-à-vis de Dame Nature. Toujours la même ritournelle et les mêmes moralines écologiques... Impression corroborée par un scénario rudimentaire et des plus conventionnels. De surcroît, Juan Piquer Simon ne cherche même pas à dissimuler la raison de ces morts mystérieuses qui s'accumulent dans une petite ville des Etats-Unis. En sus, le cinéaste ibérique se contrefout de ses protagonistes humains.
Au mieux, ces derniers constituent du menu fretin pour nos chers vernaculaires friands de chair humaine. Certes, les deux acteurs principaux, Michael Garfield et Santiago Alvarez, font le job et ne déméritent pas dans leurs rôles respectifs.  

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Au moins, Slugs a le mérite de s'esclaffer de son propre concept et de ses élucubrations scénaristiques. En l'occurrence, l'agent Mike Brady passe pour un ingénu, voire un doux rêveur. Le trentenaire opiniâtre tente de convaincre les autorités locales de l'invasion de limaces anthropophages. Une hérésie...Paradoxalement, ce sont aussi tous ces menus détails qui confèrent àSlugs - Mutations une sympathie indubitable. Cependant, le long-métrage de Juan Piquer Simon n'est pas exempt de tout reproche. Nonobstant la frugalité de la trame narrative, le film souffre d'une réalisation un peu trop académique pour susciter l'adhésion sur sa courte durée (à peine une heure et demie de bobine).
D'un point de vue technique et de la mise en scène, Mutations s'apparente presque à un téléfilm. Heureusement, le rythme est suffisamment soutenu pour oublier rapidement toutes ces carences et tous ces impondérables. Dans le même genre, on lui préférera tout de même Le Blob et The Stuff, deux films déjà cités à moult reprises dans cette chronique. Toutefois, les amateurs du cinéma bis seront en terrain connu et quasiment conquis. Autrement dit, si vous prisez et affectionnez ce genre de gaudriole, précipitez-vous sur Slugs - Mutations ; d'autant plus que cette production se montre plutôt magnanime en termes de barbaque et de tripailles. Les autres clabauderont et maronneront à raison contre une pellicule joliment désuète et funambulesque. Ma note finale fera donc preuve d'une étonnante mansuétude.

Note : 12.5/20

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(1) Synopsis du film sur : http://cinemafantastique.net/Mutations-Slugs.html

Interstellar - L'Après-Séance

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Aujourd'hui, Cinéma Choc vous propose de revenir sur le film Interstellar, réalisé par les soins de Christopher Nolan en 2014, à travers une vidéo publiée par "le Fossoyeur de films" et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=2hI1XyJZtXE

Une Femme à Sacrifier (Douceur sentimentale)

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Genre : Drame, pinku eiga (interdit aux - 16 ans)

Année : 1974

Durée : 1h10

 

Synopsis :

Un pervers recherché par la police pour pédophilie séquestre son ex-femme dans une cabane en forêt et lui fait subir les pires traitements.

 

La critique :

Bis repetita depuis mon entrée en force dans le genre. Vous n'êtes sans doute pas sans savoir qu'à l'horizon du milieu des années 60, l'émergence de la télévision dans les foyers japonais déstabilisa grandement les maisons de production voyant leur audience décliner de manière inquiétante. La situation du cinéma nippon était alors chaotique et tous les acteurs de cette chute devaient se concerter pour redorer son image et ainsi redonner la foi du peuple envers le Septième Art. Si la Nouvelle Vague Japonaise rompu avec le classicisme d'alors en réagissant aux critiques austères d'un genre devenu has-been, le marché du pinku eiga fut lancé. Le but était de créer des films racoleurs où le sexe en serait le centre névralgique. Dans l'esprit de la fin des années 60, transgresser les règles était un objectif quasiment désiré.
Ainsi, le pinku eiga se targua d'une grande popularité, la raison étant aussi liée au gouvernement japonais interdisant les clubs de strip-tease et le cinéma pornographique pour donner une image plus présentable à l'orée des JO de 1964. De plus, le faible budget et le temps de tournage très court permirent de sortir en masse des films, assurant ainsi un renouvellement constant. 

Au début des années 70, le terme de Roman Porno entra dans le dictionnaire du Septième Art et caractérisait les nombreux films érotiques produits par la Nikkatsu à partir de 1971. Côté pinku eiga, plusieurs réalisateurs se démarquèrent pour imposer une empreinte de taille à travers les années, donnant ses lettres de noblesse à un genre qui aurait pu très vite devenir désuet et lamentable de qualité. Indubitablement, le nom de Koji Wakamatsu résonne en premier lieu quand nous y pensons. Un réalisateur culte hissé parmi les plus importants cinéastes japonais. On pourra parler de Masao Adachi ou Hisayasu Sato. Pour le Roman Porno, Tatsumi Kurashino, Noboru Tanaka et Masaru Konuma furent des personnes très réputées. C'est ce dernier qui fera l'objet d'une seconde chronique, après la rédaction du très intéressant La Vie Secrète de Mme YoshinoKonuma exposait son art et son érudition avec fierté. Le réalisateur vit une carrière difficile en raison d'une perte d'audience de ses films à la TV.
En parallèle, des budgets importants et des professionnels talentueux étaient octroyés aux réalisateurs de films roses par le président de la Nikkatsu. Son plaisir de devenir réalisateur était tel qu'il se lanca dans l'aventure et avec lui, une renommée mondiale. Avec un plaisir non dissimulé, des maisons d'édition ont suscité un intérêt en permettant une distribution VOSTFR de ces oeuvres de niche pour cinéphiles aux tendances "borderline". Au sein de la filmographie fournie de Konuma, ses deux films les plus connus : Fleur Secrète et justement Une Femme à Sacrifier qui susciteront notre intérêt.

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ATTENTION SPOILERS : Akiko divorce de son époux Kumisada qu’elle accuse de sévices. Contraint de mener une vie clandestine pour échapper aux investigations de la police, celui-ci réapparaît trois ans plus tard dans la ville où réside Akiko, lui passe au doigt une alliance reliée à une chaîne, l’oblige à le suivre dans une vieille maison forestière abandonnée puis la soumet à ses fantasmes les plus extrêmes.

Si la pochette aguicheuse et réconfortante pourra séduire, autant vous mettre en garde que l'impression de douceur et de lyrisme va vite vous filer entre les doigts. Le synopsis peut déjà contribuer à l'hostilité des plus timorés et pour cause, autant dire que Konuma est en grande forme aujourd'hui. Il ne faudra pas longtemps pour instaurer le malaise du cinéphile lorsque le regard béat d'un homme se focalisera sur le petit popotin à l'air libre d'une fillette au bord d'une rivière. Tant qu'à pousser le vice, autant y aller jusqu'au bout en mentionnant le fait que cet homme est son tonton et qu'il l'a violé. On passera outre la déclaration du policier lorsqu'il mentionnera que l'examen anatomique de la fille (toujours vivante) a montré un vagin anormalement dilaté. Comme ça, c'est dit !
L'innocence de la pochette nous paraît bien loin après, à peine, 5 minutes. Donc, Kumisada conscient qu'il est recherché par la police, ne peut se résigner qu'à vivre en secret. Pas de quelconque tirade explicative sur sa psyché et ses pulsions, pour le moins, glauques. Il n'aime pas les femmes et préfère la chair neuve (désolé mais ce n'est pas moi qui l'invente...). Sans que l'on ne sache trop pourquoi, il débarque dans un patelin pour, disons-le, kidnapper son ex-épouse et la séquestrer dans une vieille maison abandonnée où il pourra s'éprendre de pulsions réfrénées depuis longtemps.

A ce sujet, difficile de mettre un sens logique sur la pensée de cet homme torturé. Il semble aimer la femme mais uniquement dans un but de domination et de souffrance, comme s'il semblait se venger d'un traumatisme passé. Une simple hypothèse car rien ne sera explicitement mentionné au cours de la séance. Aime-t-il simplement la débauche (torture) et l'interdit (pédophilie) ? Autant de troubles suppositions. Cloîtrée dans un décor écrasant et saucissonnée façon bondage, Akiko va alors subir, contre son gré, la perversion de celui qui fut autrefois son époux. Pas non plus d'explication sur leur relation passée, sur leurs pratiques sexuelles de jadis. Ce qui est sûr est que l'on remarquera très vite que ce n'est pas la tasse de thé de Akiko, ce qui tend à penser que Kumisada a dû péter les plombs après le divorce. La neurasthénie mentale engendrée semblerait prendre sa source le jour où une part sombre en lui, suite à la rupture, s'est réveillée pour semer le mal.
Encore une fois, autant de flou dans un contexte bizarre et sacrément glauque. Autant dire que certains risqueraient de tourner de l'oeil devant le sadisme de cet homme dépravé dont l'amour et le respect envers son ex-femme sont portés disparus. Par quoi commencer ? Allons-y en douceur avec un petit viol, une belle observation de cette femme constamment attachée, parfois suspendue à des poutres en hauteur ou alors forcée de déféquer sous l'oeil contemplatif de Kumisada. Sa tentative d'échappatoire, dès le début, prendra vite fin lorsqu'elle tombera sur deux chasseurs qui ne se gêneront pas pour la violer à leur tour dans la forêt. Dans cette maison située au beau milieu de nulle part, le danger semble ne pas seulement rôder dans la maison.

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Pour corser les choses et abasourdir celui qui s'attendait à un pinku eiga sans déviance ou quelconque exagération, Konuma va s'embarquer dans le jusqu'au boutisme dans les scènes de torture réduisant Akiko à une poupée de chair brisée. Au menu des réjouissances : fonte de cire sur les parties sensibles, séance de fouettage mais pas que vu que l'apparition d'un couple ayant raté leur double suicide va servir la jouissance sadique du pédophile. Les attachant à leur tour, il en profitera pour faire un lavement à la femme où se succédera un très rapide plan nous gratifiant d'une diarrhée en bonne et due forme. Rassurez-vous, nous officions dans l'érotisme donc les gros plans directs sur l'action ne seront pas de la partie. Cela risque de vous étonner mais l'interdiction aux moins de 16 ans est tout à fait juste. Par la suite, Akiko sera sommée de violer l'homme qui ne pourra que difficilement retenir son érection devant la grâce de cette splendide nymphe. A côté, Kumisada violera la femme.
Par cet acte, le concept même de l'amour est réduit en bouillie par l'infâmie perpétrée. Akiko, plongeant dans la folie, développera un syndrome de Stockholm en acceptant avec envie les satyriasis sadomasochistes.

Le procédé que Konuma va mettre en place tient presque du coup de génie vu qu'il parviendra à susciter l'intérêt du spectateur devenu pitoyable voyeuriste du spectacle proposéà forte tendance SM et scatologique le fascinant. Réduit à personnage impardonnable, il est là prostré devant son écran à voir une femme souffrir dans l'indifférence la plus totale, abandonnée de tous et de toutes. Un ressenti très dérangeant en ressort, alors que l'ambiance ne fait que devenir davantage oppressante. Avec 70 minutes au compteur, Konuma parvient, de manière aisée, à garder l'attention du spectateur en éveil, étant plus interpellé par la chose que réellement excité (enfin, en théorie...).
Une Femme à Sacrifier n'est pas construit dans cette optique d'être un tableau bond à se lustrer l'asperge devant mais plus à interroger sur la nature humaine défaillante. Il interroge surtout ce patriarcat malfaisant prenant plaisir à faire souffrir le sexe féminin plus faible de nature. Il y a donc une vraie dimension sociologique portant sur la lutte des sexes. Preuve en est que le Roman Porno n'évolue pas dans la même matrice que le film pornographique occidental standard où seuls le plaisir et l'éjaculation sont les objectifs du cahier de charges. 

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Bien sûr, ça ne s'arrêtera pas là car, comme on a souvent pu le remarquer, le pinku eiga et par extension le Roman Porno étaient dirigés par des réalisateurs professionnels et expérimentés. Donc si les contraintes et priorités commerciales imposaient des petits budgets, une courte durée (70 à 80 minutes environ) et des temps de tournage très courts (moins de 15 jours, tournage et montage compris), les dimensions artistiques et esthétiques n'étaient pas exclues. De ce constat ressort une stylistique raffinée où les décors et le cadre forestier sont paradoxalement rendus beaux. La mise en scène érotique fait naître une élaboration complexe de réalisation où le 35mm fait merveille.
A aucun moment, on ne verse dans le putassier. L'atmosphère sonore, si on retire les cris et supplications, a le mérite de contenir des mélodies lyriques s'accordant étrangement bien avec la tonalité du titre. Enfin, on retrouve à nouveau Naomi Tani toujours aussi impliquée. Sont aussi présents Nagatoshi Sakamoto, Terumi Azuma, Hidetoshi Kageyama et Teesen Nakahira

Une fois de plus, le Roman Porno fait merveille et apporte ses lettres de noblesse à un style qui en a cruellement besoin au vu de sa dénaturation stratosphérique rencontrée chez nous. Là où le plaisir immédiat sans recherche cinématographique est roi, le pinku eiga et le Roman Porno privilégieront la carte de l'esthétisme, de l'ambiance, du naturalisme cinématographique et parfois du second niveau de lecture. A ce stade-là, la dimension sexuelle a su se conjuguer avec le Septième Art pour s'éloigner du vulgaire et offrir du raffinement et de la recherche qui comblera les puristes. S'il est vrai que Konuma n'y a pas été de main morte dans ses aspirations, à aucun moment le ridicule et le roturier n'entrent dans le jeu. Le fait d'écarter toute trivialité alors que le contexte était très risqué témoigne d'une irrémédiable érudition, en dépit de certaines zones d'ombre énervantes.
Masaru Konuma est l'archétype du réalisateur qui devrait être un exemple pour n'importe quel pornographe désireux de se lancer dans le genre éhonté de la pornographie où jamais le Septième Art n'aura autant été souillé. Malgré la grande violence physique et psychologique, le travail de recherche est bel et bien là et si l'expérience est pour le moins déstabilisante, voire carrément choquante, Une Femme à Sacrifier est une oeuvre séduisante, aboutie qui réconcilie le sexe et le cinéma. Ce qui est suffisamment rare que pour ne pas être mentionné.

 

Note :15/20

 

orange-mecanique   Taratata

 

Tag - 2015 (La vie est surréaliste, ne la laisse pas te consumer !)

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Genre : Epouvante - Horreur, Fantastique, Surréalisme 

Année : 2015

Durée : 1h25

 

Synopsis : Pour une raison qu’elle ignore, Mitsuko est poursuivie par des démons qui l’obligent à voir tous les gens autour d’elle mourir et mourir encore. En tentant de les semer, elle se retrouve propulsée dans différents mondes, retrouvant incessamment les mêmes personnes jouant différents personnages…

 

La critique :  

[SPOILERS] Tag ou Riaru Onigokko est un film de Sion Sono librement adapté du roman de Yusuke Yamada. Ce film nous raconte l'histoire de Mitsuko qui, lors d'un voyage scolaire, alors dans un bus, écrit des poèmes pendant que ses camarades s'amusent à se lancer des oreillers. Jusqu'à ce que brutalement, ce même bus (ainsi que celui de devant) se retrouve coupé en deux, les passagers de même. Mitsuko survit et court, fuyant ce vent qui coupe tout en deux sur son passage. Mitsuko se retrouve à une rivière où elle se change et enlève le sang qu'il y a sur elle et finit par se laisser embarquer dans une autre vie, celle d'une lycéenne qui se retrouve en cours avec ses amies, avant que les professeurs ne se mettent à tirer sur tous les élèves et les tuent.
Du coup, Mitsuko prend la fuite et rencontre une personne qui, visiblement, la connaît et devient Keiko. Cette dernière se retrouve à son propre mariage avant que tout ne dégénère à nouveau et qu'elle devienne Izumi. L'adulescente participe alors à un marathon, mais la situation dégénère encore. Elle se retrouve dans une cave où elle redevient Mitsuko. Dans cette nouvelle réalité, elle rencontre son "créateur" qui est un vieil homme ayant récupéré son ADN, ainsi que celui de ses amies pour en faire des personnages de jeux vidéo. Et s'il lui a permis de se retrouver dans le monde réel, c'est pour pouvoir réaliser un fantasme qu'il a depuis des années, celui de coucher avec elle ou plutôt de faire coucher avec elle une version plus jeune de lui-même. Seulement Mitsuko refuse et tue la version jeune de ce "créateur" avant de se suicider, provoquant ainsi la mort des personnages des jeux vidéo. 

Voici le résumé complet du film, qui permet donc d'observer à quel point il s'agit d'un rollercoaster surréaliste au rythme rapide et assez déstabilisant et pourtant si profond et poétique, derrière cette avalanche de péripéties, de gore "fun" et d'érotisme très manga.

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Bon, tout d'abord, évoquons la dimension métaphysique de ce film, car derrière tout ce mindfuck, il y a bien sûr un sens. Ainsi, nous pouvons assister à des dialogues sur le principe des univers parallèles entre deux scènes gores et même se servir de ce gore "fun" pour en illustrer le principe. 

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Lors de ce passage, le personnage de Sur, explique le principe des univers parallèles ou du multivers, qui repose sur l'idée qu'il existe des multitudes de versions de nos vies toutes différentes, dans d'autres univers ou dimensions. Et toujours, selon Sur, c'est en faisant des choses inattendues que l'on arriverait à tromper le destin et par conséquent à changer le cours de nos vies. En prenant l'exemple du jet de pierre dans un lac, fait de manière totalement aléatoire et non improvisée, Sur pourrait faire qu'un crocodile géant mangerait une de ses camarades, par exemple. 

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Par la suite, la séquence du film précédent l'épilogue nous montre une caverne, faisant écho à l'allégorie de la caverne de Platon (créateur de la métaphysique). Il y a aussi une référence au film Matrix, reposant lui - même sur cette allégorie de la Caverne. 

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Dans ces deux films, le choix "d'utiliser" ces objets permet d'accéder au monde de la vérité. Mitsuko parvient donc à entrer dans ce portail de lumière placé au fond de la caverne et se retrouve dans le monde réel. Ce qui permet à Sono Sion d'aborder une autre thématique prégnante : la condition de la femme dans la société. 

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Je pense, que l'on peut qualifier Sono, d'auteur féministe, car ce thème de la condition des femmes dans la société revient souvent dans Strange Circus ou encore Love Exposure, pour ne citer que ceux-ci. Dans Tag, Sono joue avec les codes, en nous offrant un film (jusqu'à son épilogue) suivant les règles de cette culture manga dans laquelle les personnages féminins sont extrêmement sexualisés, ou encore aux films de Pinky Violence, mais aussi aux films d'horreur Occidentaux. Ici, Sono nous offre la même recette, montrant assez régulièrement des plans qui laissent se dévoiler les culottes de nos chères personnages féminins avant de nous montrer des séquences de massacre à satiété.
Ces saynètes trash rappellent ce côté excitant, amusant, peut-être même érotique de la violence dans les jeux vidéo. Seulement, après chaque massacre auquel survit Mitsuko, la même question persiste.

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L'identité est ce qui permet de souligner l'Être, car elle permet de le définir dans sa singularité et donc de le séparer de la masse, finalement assez floue que sont ces exutoires, servant les désirs de violence et de sexe de leurs spectateurs.

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C'est donc après avoir retrouvé son identité que Mitsuko sera capable de s'affirmer en tant qu'être et de lutter contre ces "mâles" (cette appellation sous-entend clairement qu'il s'agit ici de bêtes, plus que d'êtres humains), qui ont pour but de la posséder pour la réduire au statut d'esclave répondant à leurs désirs de sexe et de violence. 

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S'il y a bien un symbole omniprésent dans Tag, c'est celui de la Plume, représentation de la légèreté, elle symbolise l'innocence de ces filles, souvent présentes lors de l'amusement, assez bon enfant, de Mitsuko et de ses amies. Celle-ci reviendra maculée de rouge, une couleur représentant le sang et symbolisant l'innocence perdue, entachée par la confrontation à la dure réalité et de l'oppression que représente le désir masculin. Malheureusement pour Mitsuko, la seule façon de lutter contre cet état de fait sera de recourir au suicide pour échapper à cette emprise oppressante qui est exercée sur elle (Il en va de même pour les autres personnages).

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Pour finir, je tiens à souligner ô combien le final est beau et touchant, aussi déchirant que doux et poétiquement tragique, accompagné d'une musique vraiment adéquate. En résulte un film complexe mais dont le mindfuck se laisse vite oublier lorsqu'il laisse place à toute l'émotion que procure ce dénouement poétique et sensible. 

Note : 20/20

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CinemaDreamer

The Cured ("I have the Maze Virus")

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h35

Synopsis :Des années après que l'Europe ait été ravagée par le virus Maze qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé. Sean Brown est hanté par ce qu'il a fait. Alors qu'il revient vivre chez sa belle-sœur devenue veuve, la peur et la suspicion risquent de plonger de nouveau le monde dans le chaos.

La critique :

Certes, c'est vraiment à partir de 1969 que le genre "zombies décrépits" va officialiser et corroborer son acte de naissance via La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero). Mais bien avant le chef d'oeuvre morbide et putride de Romero, d'autres productions horrifiques avaient déjà mis en exergue des cadavres putrescents revenir subrepticement à la vie. Les thuriféraires les plus éminents citeront notamment Le Mystère du Château Maudit (George Marshall, 1940), Le Mort Qui Marche (Michael Curtiz, 1936), Le Cadavre Qui Tue (Sidney J. Furie, 1961), Vaudou (Jacques Tourneur, 1943) et surtout Carnival of Souls (Herk Harvey, 1962). Indubitablement, George Romero va marquer, de son empreinte indélébile, ce registre méphitique et aux relents eschatologiques.
Via l'arrivée du metteur en scène émérite, les morts-vivants se parent de consonances sociologiques, politiques et idéologiques.

A travers sa trilogie des morts, George Romero vilipende, semonce et abhorre une société américaine atone et engoncée à la fois par ses tares sociétales, ses carences xénophobes, son hédonisme et sa scopophilie maladive, soit les principales lacunes de notre monde agencé par le capitalisme, les réseaux sociaux et plus récemment encore, par une uberisation irréfragable. Toutefois, à partir des années 1980, l'horreur sociologique, adoubée par Romero en son temps, sera suppléée par une épouvante beaucoup plus pittoresque et funambulesque.
Ainsi, Le Jour des Morts-Vivants (George A. Romero, 1985) est curieusement évincé par des pellicules gore et truculentes, entre autres Le Retour des Morts-Vivants (Dan O'Bannon, 1985) et Le Retour des Morts-Vivants 3 (Brian Yuzna, 1993).

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Certains réalisateurs bisseux profiteront de ce phénomène pour transmuter le phénomène "zombiesque" en une parodie ubuesque et sanguinolente. Entre les années 2000 et 2010, les morts-vivants anthropophages retrouveront quelques relents de vélocitéà travers le diptyque 28 Jours Plus Tard (Danny Boyle,2002) / 28 Semaines Plus Tard (Juan Carlos Fresnadillo, 2007), puis surtout via la série télévisée The Walking Dead. Désormais, on ne compte même plus toutes ces productions fastidieuses et exsangues qui sortent directement en DTV (direct-to-video) et qui se réclament du cinéma de Romero, de Brian Yuzna ou encore de Joe d'Amato, des réalisateurs proéminents.
Reste à savoir dans quelle catégorie va s'imbriquer The Cured, réalisé par les soins de David Freyne en 2018. The Cured signe également le tout premier long-métrage du cinéaste impétueux.

Auparavant, David Freyne a surtout officié derrière quelques courts-métrages, notamment The First Wave (2014), The Tree (2013) et The Mill (2009), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. The Cured n'a évidemment pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures et a dû se contenter d'une sortie élusive dans les bacs à dvd. The Cured s'est donc arrogé, bon gré mal gré, le statut de film indépendant produit par Ellen Page, une actrice qui milite ponctuellement pour certaines petites productions américaines.
De facto, The Cured apparaît aussi comme une série B désargentée mais nantie de grandes ambitions, celles notamment de contrarier l'hégémonie de Zombie (George A. Romero, 1978) et de ses nombreux succédanés. 

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Inutile alors de préciser qu'une telle gageure est pour le moins périlleuse, voire hasardeuse. Affable, Ellen Page s'arroge également le rôle principal - celui d'Abbie - dans The Cured. Viennent également s'agréger Sam Kelley, Tom Vaughan-Lawlor, Stuart Graham, Paula Malcolmson, Natalia Kostrzewa, Hilda Fay et Sarah Kinlen. Attention, SPOILERS ! (1) Des années après que l'Europe ait été ravagée par un virus mortel, nommé Maze, qui transforma les humains en morts-vivants, un vaccin est enfin trouvé. L'antidote est un succès sur eux : les cannibales redeviennent des êtres humains normaux mais les effets secondaires sont intenses car ils se souviennent parfaitement de tous les actes qu'ils ont commis lorsqu'ils étaient infectés. La réintégration des anciens zombies dans la société est mal perçue par les autres humains survivants qui, inquiets de leur retour parmi eux, décident de les isoler dans un ghetto.
Une jeune veuve, Abbie, recueille chez elle son ancien beau-frère, Senan. Ce dernier, guéri de ses envies cannibales, est traumatisé par ses actes sauvages.

Mais la situation dégénère lorsqu'un mouvement terroriste émerge de ces anciens morts-vivants et que le gouvernement décide de les éliminer une fois pour toutes (1). A l'aune de cette exégèse, le spectateur avisé aura aisément subodoré les intentions de David Freyne via The Cured. Indiscutablement, le long-métrage horrifique renoue avec les rhétoriques politiques et sociétales de La Nuit des Morts-Vivants et de Zombie en leur temps. David Freyne connaît ses classiques sur le bout des lèvres et réitère avec cette épouvante de naguère. Ainsi, The Cured s'apparente à une métaphore sur les discordes et les fragmentations qui ont touché l'Irlande depuis plusieurs décennies.
Les belligérances concernent trois classes bien distinctes : les zombies qui ont ravagé et dévoré une bonne partie des Européens, les morts-vivants sauvés in extremis d'une contamination exponentielle et ceux qui sont restés humains. 

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Toute la sagacité de The Cured se résume dans ce concept empreint de roublardise. Pour une fois, point d'Apocalypse, ni de survivants qui s'escarpent à travers les décombres de la ville. L'Humanité a survécu au virus Maze et a même trouvé la véritable panacée à cette inoculation massive. Seul bémol et pas des moindres, tout le monde n'est pas réceptif au remède thaumaturgique. De facto, les survivants sont parqués dans la pénombre et régulièrement rabroués par le gouvernement irlandais. David Freyne élude de s'escarper vers une dystopie militaire.
Dommage car c'est pourtant ce didactisme, hélas inévitable, qui point le bout de son nez, surtout à l'aune d'une Europe tuméfiée, enkystée et gangrenée par les réminiscences du fascisme et de l'extrême droite. On se demande pourquoi David Freyne se montre aussi lapidaire et esquive autant ce sujet tant la parabole paraît éloquente, voire inhérente...

En outre, le manque de budget se fait furieusement sentir. Pour le spectateur hébété, il faudra faire preuve de longanimité et patienter un long moment (presque une heure de film tout de même...) avant d'assister à plusieurs saynètes de frénésie généralisée. Avant cela, David Freyne prendra le temps de se polariser sur quelques protagonistes en déveine. Corrélativement, Ellen Page, également affublé du statut de productrice, se hâte, palabre et se démène. Difficile de ne pas percevoir l'investissement sourcilleux de l'actrice émérite... Hélas, une chimère. En résulte un drame "zombiesque" curieusement apathique, mais qui retrouve quelques velléités dans sa dernière demi-heure.
The Cured se situe donc au-dessus de la moyenne des DTV anomiques et habituels. Cependant, cette production mineure ne risque pas d'éreinter ni d'effaroucher une concurrence apoplectique en la matière. Encore une fois, dommage, car le film possède pourtant de solides arguties dans sa besace.

Note : 12.5/20

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(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Cured


La Mouche Vs La Mouche Noire (Original Vs remake)

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Aujourd'hui, Cinéma Choc vous propose de revenir sur le duo formé par La Mouche Noire (Kurt Neumann 1958) et son remake, La Mouche (David Cronenberg, 1986). A travers une vidéo publiée sur le site YouTube et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=tULRy1rSfHI, l'auteur propose une confrontation entre le film original et le remake.

Ils ne portent pas de smoking (Grève générale camarades !)

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Genre : Drame social

Année : 1981

Durée : 2h

 

Synopsis :

A l'occasion d'une grève à l'usine, le fils d'un syndicaliste décide de ne pas y participer, ce qui le mène à la confrontation avec son père, leader syndicaliste et un des organisateurs de la grève.

 

La critique :

Et si, au lieu des films japonais, américains, français ou russes, je vous parlais un peu du cinéma brésilien ? Il est vrai que ce n'est pas le pays qui nous viendrait directement en tête quand on pense au noble Septième Art. Peu mis en valeur, timidité notoire, peu sont ceux qui sont de réels connaisseurs de ce cinéma. Bien sûr, ça ne me concerne pas vu que ça ne fait pas plus longtemps que hier que j'ai pu m'enorgueillir de quelques détails assez intéressants dont je tiens à vous faire part. Oui, on en apprend tous les jours tant le cinéma est hétéroclite et riche en courants. Quoi de plus gratifiant que de découvrir de nouveaux réalisateurs étant des emblèmes de pays insoupçonnés, ainsi que des nouveaux mouvements malheureusement peu connus, même dans le milieu cinéphile. Le Cinema Novo, vous connaissez ?
Peut-être oui, peut-être non mais laissez-moi vous le présenter brièvement. Il ne s'agit, ni plus ni moins, que d'un mouvement cinématographique brésilien ayant révolutionné les thématiques et l'esthétique dans les années 1950-60, porté par toute une série de réalisateurs tels Glauber Rocha, Nelson Pereira dos Santos, Carlos Diegues et Joaquim Pedro de Andrade. Malgré sa confidentialité, le Cinema Novo représente un pan essentiel, une charnière indiscutable dans l'histoire du cinéma brésilien qui permit à créer une certaine image du Brésil à l'époque, partageant des accointances avec des mouvements avant-gardistes (néoréalisme italien et Nouvelle Vague française essentiellement). Apparenté au concept même de Nouvelle Vague, il marque une rupture avec les films sur le thème du carnaval et les comédies paysannes qui résumaient la production avant les années 1950. 

Très puissant dans sa façon d'être créé et des sujets traités, il propage une approche révolutionnaire de la réalité de l'époque en arpentant les rues, s'immisçant parmi la population en posant la question d'un élan politique où la contribution entre l'art et la révolution pourrait améliorer la condition d'alors. Inutile de dire qu'il laissa des marques profondes en participant directement à la formation de ce qu'est le Brésil aujourd'hui. Un état d'esprit a été laissé chez de nouvelles générations ayant grandi dans ce contexte où le courage, la dénonciation et l'inventivité en sont les revendications prioritaires. Il pourrait d'ailleurs bien être le courant où le réalisme est le plus poussé et où la frontière entre la fiction et le documentaire apparaît n'avoir jamais été créée.
Son empreinte chez les cinéastes suivants fut décisive et se ressent encore aujourd'hui avec le culte La Cité de Dieu en lien direct avec la pensée du Cinema Novo. Aujourd'hui, je ne m'embarquerai pas directement dans cette mythique époque mais sur un hommage à ce passé en parlant de Leon Hirszman. Bien qu'il fût une figure notable et que les idées partagées reflètent parfaitement ce que dénonçait le courant, la plupart de ses films ne faisaient pas partie intégrante de cette ère d'un point de vue historique. Officiant dans le cinéma militant à l'époque, il réalise différents documentaires sociologiques avant de sortir en 1971 son film le plus marquant : São Bernardo qui irrita fortement la censure. En 1981, sortit Eles Não Usam Black-Tie, plus connu par chez nous sous le titre de Ils ne portent pas de smoking qui suscitera notre intérêt aujourd'hui. Si son anonymat, actuellement, est désespérant, il se nantit d'une réputation indiscutable dans les festivals à sa sortie en remportant le Grand Prix du jury de la Mostra de Venise et la Montgolfière d'Or au Festival des Trois Continents. C'est avec une joie non dissimulée que je me permettrais de vous embarquer avec moi pour un petit voyage au Brésil.

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ATTENTION SPOILERS : Dans le Brésil des années 80, les problèmes actuels sont retracés par l’intermédiaire d’une famille composée du père traditionaliste et paternaliste dans sa famille aussi bien que dans le syndicat qu’il dirige. Du fils opposéà la politique syndicaliste de son père, il accuse les syndicats d’être responsables de la misère dans laquelle ils vivent. Sa fiancée est beaucoup plus sensible aux injustices sociales. La mère s’efforce de maintenir la famille unie malgré la position syndicaliste de son mari.

Il est vrai que le cinéma n'a pas, heureusement, démérité pour aborder toute une série de questions sociales, mais peu se sont lancés sur le terreau du syndicalisme et des grèves ouvrières qui en résultent. Pourtant, ce n'est pas faute d'y voir moult seconds niveaux d'analyse passionnants, d'autant plus quand ils concernent des pays lointains où la situation socio-économique est tout à fait différente. Une notion de culture générale s'ajoute à cela pour notre plus grand bonheur. En mettant en exergue les dénonciations d'époque, Hirszman va se focaliser sur une famille prolétarienne. Le père est syndicaliste, la mère est femme au foyer, tandis que l'aîné est ouvrier dans une usine d'où l'on saura très peu de choses. Il est également en couple avec sa copine qu'il vient de mettre enceinte et songent tous les deux au mariage. Le cadet, lui, n'est pas encore sur le marché de l'emploi. Bref, une famille classique, sans histoire où le luxe est aux abonnés absents. Néanmoins, la révolte gronde. Les prix augmentent alors que les salaires diminuent. Des ouvriers, bizarrement les meilleurs et les plus charismatiques, sont virés manu militari sans quelconque explication valable. Alors que certains syndicalistes veulent se lancer dans des actions de grande envergure, d'autres sont plus timorés et attendent de saisir le bon moment. 
Au milieu de tout cela, le père Otávio et l'aîné Tião ne se comprennent pas. Si l'un est un acharné du droit des travailleurs, l'autre est un ouvrier résigné semblant avoir accepté la fatalité de la vie. Revendiquant que le travail est un droit, il martèle qu'il a le droit de ne pas prendre part aux actions grévistes. Sous cet élan de liberté, il cache son désarroi en disant ouvertement que : "Il faut savoir nager et survivre dans la merde". 

Tião est ce reflet d'une génération désabusée ayant grandi au milieu d'une dictature bridant les libertés individuelles. Désireux de mener une vie tranquille avec sa fiancée, il tente de survivre, quand bien même les conditions sociales ne lui permettront pas de vivre décemment. Il ne veut pas d'ennuis, ce qui lui vaudra de subir les railleries et invectives d'individus le traitant de lâche, de soumis et de jaune (non-gréviste). Car parlons en des conditions sociales, Hirszman expose cette galerie d'ouvriers épuisés tant physiquement que moralement noyant leur désespoir dans l'alcool pour espérer oublier leur pitoyable condition ne leur donnant accès qu'à un salaire minable. Même en 2018, le propos fait toujours autant mouche au vu d'une mondialisation au centre de laquelle on retrouve les pays pauvres ou en voie de développement. Niche de pointe pour la société de consommation et un capitalisme déshumanisé faisant naître ses racines du dumping social, les indigènes subissent de plein fouet l'exploitation.
Travaillant dans des conditions précaires avec des horaires abominables, sans protection sociale, ils subissent le déclin de leur propre vie sans que le salaire ne suive. Le but primordial : le rendement à tout prix même s'il doit se faire aux dépends de la vie humaine. Fournir le bénéfice le plus avantageux possible pour l'entreprise. Vous vous doutez, dès lors, bien que le Brésil ne soit pas l'Europe et que les lois pour les travailleurs sont très approximatives. La grève n'est pas la bienvenue et les patrons ont bien l'intention de tuer dans l'oeuf les rébellions à venir. Certains ouvriers s'improviseront délateurs pour se faire bien voir de la direction, alors que des brigades d'intervention policière assureront la sécurité et empêcheront tout débordement.

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En soi, la présence du corps policier n'est pas choquante. On le rencontre aussi chez nous mais nous pouvons déceler comme un parfum nostalgique de la répression de jadis. Les policiers poursuivent les manifestants, les renversent, les frappent avec leur matraque, qu'ils soient hommes ou femmes. La fiancée de Tião se ramassera un violent coup de poing dans le ventre après qu'elle ait giflé un policier. La propagation de tracts appelant à la grève se fait sous le manteau, les concernés ayant peur de se faire arrêter. Certains participants à la protestation se feront arrêter sans qu'il n'y ait eu quelconque émeute. Aucun acte de violence quelconque ne se fera du côté des syndicalistes, mais bien du côté des forces de l'ordre. Une violence pouvant aller jusqu'à l'utilisation d'armes à feu.
L'un des organisateurs se fera tuer d'une balle après que l'un des chefs ait forcé un ouvrier complice de tirer sur le "nègre". Une certaine problématique raciste semble évoluer dans ce climat explosif où l'emploi d'armes à feu est une véritable gangrène, encore maintenant, au Brésil. Un mineur braque un vieil homme sans le sou pour le tuer. Un autre mineur, poursuivi, se fera cribler de balles par la police. Une ultra violence est partie intégrante au point qu'elle en vient à ne plus choquer l'opinion publique ayant accepté ce funeste sort.

Si les patrons et le gouvernement sont hostiles au courant révolutionnaire dans les milieux ouvriers, on ne peut pas dire que celui-ci soit complètement épargné. Hirszman tance toutes les castes. Il pointe du doigt des syndicalistes désorganisés, sans aucune bribe de cohésion qui perdront déjà d'avance leur grève. Ils ne sont pas non plus dans le respect de la liberté vu qu'ils pourchasseront Tião pour le tabasser à sa sortie de l'usine. Son propre père l'exclura de la maison parce qu'il refuse qu'un jaune soit sous le même toit que lui. Autant dire qu'Ils ne portent pas de smoking est un film pour le moins bouleversant, interrogeant le cinéphile sur les rapports de force entre les oppresseurs et les opprimés. L'individu est muselé et avec lui le respect de son intégrité physique et morale.
S'il rentre dans le rang, tout se passera bien mais s'il en ressort, c'est la foudre qui s'abattra sur lui (licenciement, arrestation). Il est donc question d'asservir les prolétaires et les transformer en moutons. Difficile que de rester insensible devant ce visionnage tant Hirszman ne se gêne pas et ne s'autocensure pas dans ses dénonciations. Bien sûr, ne vous attendez pas à des émeutes ultra-sanglantes vu que la carte du réalisme est scandée, toujours avec cet ancrage du documentaire. Ce qui est par contre dommage est que les scènes de grève ne sont pas suffisamment nombreuses. Quitte à prolonger le récit qui, je vous le rassure, tient en laisse le spectateur tout au long de la durée, autant amplifier la chose en filmant plus longtemps les grèves. On sera aussi déçu de ne jamais voir les patrons et donc de ne pas avoir leur point de vue, ce qui est aussi problématique. 

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Soulignons également tout le talent de Hirszmanà filmer admirablement bien son film. Si les plans sont posés, aérés, cela n'entache en rien le suspens. Par contre, on pestera sur la scène où Tião court vers l'hôpital avec une caméra bonne à filer la nausée. On appréciera grandement les décors des favelas et de cette usine, véritable gouffre de l'enfer social déshumanisant les travailleurs. Le réalisateur en profite autant pour faire des gros plans pour afficher les ressentis des personnages, que pour faire des plans très larges sur les décors environnants. A ce sujet, plusieurs séquences marqueront le cinéphile. On songe bien sûr à ces manifestants roués de coup et embarqués comme des bêtes à l'arrière de voitures. L'assassinat du syndicaliste noir qui débouchera sur un superbe générique de fin avec cette population chantante et exhibant des pancartes honorifiques.
On parlera enfin de cette puissante avant-dernière séquence où le couple commencera à compter les haricots qu'il leur reste pour manger. La bande son est de qualité avec des musiques imprégnées de désespoir. Enfin, le réalisme se répercutera sur l'interprétation des acteurs exhibant tous une excellente prestation. Au casting, on retrouve Gianfrancesco Guarnieri, Fernanda Montenegro, Carlos Alberto Riccelli, Bete Mendes et Milton Gonçalves pour les principaux.

Comme je disais dans l'intro, c'est avec bonheur que je découvre en même temps que vous un sujet original portant sur les révoltes ouvrières et les syndicats, tous deux écrasés par un régime ayant encore ses fantômes dictatoriaux du passé. Si l'on est très éloigné du manichéisme type des films de propagande communiste où le pauvre ouvrier est écrasé par le machiavélique et méphistophélique patron, ce serait bien malhonnête que de dire que ce constat est très éloigné des pays pauvres actuellement. Hirszman brosse de nombreuses thématiques dans un style où la fiction rejoint le documentaire. Ceci en ferait bien le fils spirituel du génie Costa-Gavras. Bien que l'on puisse déceler un manque de profondeur en écartant le point de vue du patronat n'étant pour ainsi dire jamais représenté, Ils ne portent pas de smoking est une oeuvre amplement recommandable et qui plus est intemporelle. Une pellicule coup de poing mettant en valeur une situation sociale à l'opposé de la nôtre.
Nous n'y pensons pas tous les jours, par crainte, par ignorance ou tout simplement par désintérêt mais à quelques milliers de kilomètres de chez nous, nous pouvons encore assister à l'esclavage moderne au nom de la sacro-sainte société de consommation asservissant les pays les moins développés, recrutant des désespérés pour une bouchée de pain, sans réellement influer de manière positive sur la situation économique du pays. Pourra-t-on un jour voir de notre vivant des révolutions majeures de la population de ces pays et avec elle un avenir enfin teinté d'espoir ?

 

Note : 15,5/20

 

 

orange-mecanique   Taratata

 

Le Dernier Exorcisme ("L'exorcisme est bel et bien une supercherie")

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 16 ans)
Année : 2010
Durée : 1h27

Synopsis :Quand il arrive dans une ferme, le révérend Cotton Marcus s’attend à réaliser un simple exorcisme sur un fanatique religieux troublé. Cependant, il est contacté en dernier recours pour aider une adolescente, Nell, possédée par un démon. En arrivant à la ferme, l’exorciste se rend vite compte que rien n’aurait pu le préparer au mal qu’il va affronter alors qu’il s’apprête à filmer un documentaire avec toute une équipe de tournage. Il est cependant trop tard pour faire marche arrière, les croyances du révérend seront ébranlées quand lui et son équipe devront trouver un moyen de sauver Nell avant qu'il ne soit trop tard pour elle... comme pour eux.   

La critique :

Il faut se rendre sur le site SensCritique et en particulier sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Possession_Exorcisme_et_Esprits/1399991 pour trouver la liste foisonnante et exhaustive recensant les films de possession et d'exorcisme, soit 67 longs-métrages tout de même ! Evidemment, les thuriféraires du paranormal et de l'épouvante ne manqueront pas de notifier des oeuvres telles que L'étrange cas Deborah Logan (Adam Robitel, 2016), le diptyque Conjuring amorcé par James Wan, L'exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005), la franchise Amityville, la saga Poltergeist, Le Rite (Mikael Hafström, 2011), Sinister (Scott Derrickson, 2012), Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), le triptyque Insidious, ou encore La Longue Nuit de L'Exorcisme (Lucio Fulci, 1972) parmi les références notables et éventuellement notoires.

Mais, en dépit des apparences et d'une concurrence apoplectique en la matière, le classique incontournable se nomme toujours L'Exorciste (William Friedkin, 1973). Toujours imité, mais jamais égalé. Quarante-cinq ans après sa sortie, le chef d'oeuvre horrifique de William Friedkin reste un bréviaire incontournable pour tout laudateur de phénomènes spirituels et à caractère méphistophélique. La raison se trouve sans doute dans son scénario à la fois finaud et retors.
Pour William Friedkin, le véritable mal, ce n'est pas forcément ce démon incube qui se tapit quelque part dans le corps et/ou dans la psyché de la jeune Regan McNeil, mais cette solitude inhérente qui ronge les individus contristés dans une société contemporaine nimbée par ses fêlures, ses propres carences et sa résipiscence.
 

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Ainsi, Regan McNeil souffre des absences répétées de son patriarche débonnaire. Sa mère éplorée déplore justement cette scission familiale. Même chose pour le père Damien Karras en pleine introspection ecclésiastique qui en vient à douter de l'existence divine après le décès de sa matriarche. En résumé, chaque individu a son propre fardeau. Chaque individu a ses propres peines et semble condamnéà souffrir dans le silence et l'indifférence. Cette dialectique, à fortiori incoercible, sera réitérée à maintes reprises dans moult productions du même acabit.
En ce sens, Le Dernier Exorcisme, réalisé par les soins de Daniel Stamm en 2010, ne déroge pas à la règle si ce n'est que le long-métrage appartient à la longue liste des found footage, à priori basés sur une histoire vraie, soit l'autre apanage des films horrifiques actuels.

En l'état, difficile de vérifier s'il s'agit ou non d'une supercherie ou d'un fait bien réel. En outre, Le Dernier Exorcisme est produit par Eli Roth, un autre parangon du cinéma horrifique, bien connu pour le diptyque consacréàHostel.
Quant à Daniel Stamm, le cinéaste germanique fait quasiment office de noviciat dans la profession cinématographique. Le dernier exorcisme constitue sa seconde réalisation juste après A Necessary Death (2008), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. En l'occurrence, en France, Le Dernier Exorcisme ne bénéficiera pas d'une distribution dans nos salles obscures et sortira directement en vidéo.
Toutefois, le film rapportera suffisamment de pécune et de prébendes pour justifier le tournage d'un second chapitre, Le Dernier Exorcisme : part II (Ed Gass-Donnelly, 2013). 

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De surcroît, le premier épisode est précédé d'une solide réputation sur la Toile et les réseaux sociaux. Les laudateurs de l'épouvante citent régulièrement Le Dernier Exorcisme comme le ou l'un des meilleurs films de genre. Reste à savoir si le métrage produit par Eli Roth mérite (ou non) de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Patrick Fabian, Ashley Bell, Iris Bahr, Louis Herthum, Caleb Landry Jones, Tony Bentley, John Wright Jr., Shanna Forrestall et Justin Shaffer. Attention, SPOILERS ! 
Quand il arrive dans une ferme, le révérend Cotton Marcus s’attend à réaliser un simple exorcisme sur un fanatique religieux troublé. Cependant, il est contacté en dernier recours pour aider une adolescente, Nell, possédée par un démon.

En arrivant à la ferme, l’exorciste se rend vite compte que rien n’aurait pu le préparer au mal qu’il va affronter alors qu’il s’apprête à filmer un documentaire avec toute une équipe de tournage. Il est cependant trop tard pour faire marche arrière, les croyances du révérend seront ébranlées quand lui et son équipe devront trouver un moyen de sauver Nell avant qu'il ne soit trop tard pour elle... comme pour eux. Sur la forme, Le Dernier Exorcisme s'apparente à un curieux maelström entre le film d'exorcisme, le found footage, le documenteur et le Mondo, un genre en vogue durant les décennies 1970 et 1980. Le long-métrage de Daniel Stamm part donc sous les meilleurs auspices en contant les pérégrinations d'un charlatan, le révérend Cotton Marcus.
Ce dernier amasse des bénéfices en exploitant l'incongruité de la populace. Bien qu'affublé du sceau catholique, en particulier du protestantisme, le révérend s'ébaudit des cas de possession. 

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A l'instar du père Damien Karras dans L'Exorciste (précédemment mentionné), Cotton Marcus croit ingénument en la déraison et en la démence fugace. Derechef, la psychiatrie (et plus précisément l'histrionisme) l'emporte sur l'irrationnel et le mal à l'état pur. Telle est par ailleurs la scansion emphatique du révérend dogmatique : "L'exorcisme est bel et bien une supercherie". Telle est la rhétorique fatidique de la première section du film, la plus intéressante par ailleurs. A contrario, Le Dernier Exorcisme perd subrepticement de sa sagacité lors de sa dernière demi-heure, pourtant en apothéose. C'est ce curieux oxymore qui fait vaciller le film vers une certaine amertume via cette conclusion capillotractée. Sans aucune raison, Le Dernier Exorcisme dérive vers les élucubrations sectaires, les conjurations lucifériennes et autres fantasmagories occultes.
Dommage car le film peut s'enorgueillir d'une réalisation et d'une mise en scène tonitruantes. En sus, Le Dernier Exorcisme parvient parfois à susciter cet effroi mortifère, ainsi que quelques tressaillements impromptus. Même remarque concernant les comédiens qui excellent dans leur rôle respectif. Patrick Fabian précelle de cynisme et de pusillanimité dans la peau de ce révérend factieux et aux intentions obséquieuses. Son impudence lui coûtera cher... En l'état, difficile d'en dire davantage... In fine, le métrage souffre immanquablement de la comparaison avec L'Exorciste.
Toujours la même antienne... Mais Le Dernier Exorcisme flagornera, sans aucun doute, les amateurs du genre. En ces temps de disette cinématographique, c'est déjà pas mal...

Note :13.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

Terreur Extraterrestre ("Aucune chance, aucune aide, aucun secours...")

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Terreur_Extraterrestre

Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1980
Durée : 1h29

Synopsis :Des extraterrestres débarquent sur terre, sont complètement hostiles à l'être humain, qu'ils chassent comme du gibier.  

La critique :

Il faut se rendre sur le site SensCritique et sur le lien suivant : https://www.senscritique.com/liste/Extra_terrestre_Alien/140462 pour dénicher la liste foisonnante et exhaustive (presque 210 films tout de même !) des longs-métrages ayant pour thématique une invasion extraterrestre. Dans ce classement, les thuriféraires d'aliens et autres créatures venues d'ailleurs ne seront pas surpris de déceler des oeuvres telles que la saga Alien, Rencontres du Troisième Type (Steven Spielberg, 1977), E.T. L'Extra-Terrestre (Steven Spielberg, 1982), la trilogie Men In Black, La Guerre des Mondes (Steven Spielberg, 2005), Independence Day (Roland Emmerich, 1996), la franchise Predator, ou encore District 9 (Neill Blomkamp, 2009).
La plupart du temps, l'arrivée inopinée de ces êtres protéiformes, parfois anthropomorphes (souvent faute de budget), rime avec des temps martiaux et de conflagrations ad nauseam.

Provenant d'une autre galaxie ou d'un autre système solaire, nos chers extraterrestres n'ont pas fait le déplacement pour lutiner ni s'accointer avec l'espèce humaine. On ne compte même plus le nombre de blockbusters, voire de séries B dérivées, qui sortent à profusion dans les salles obscures ou via le support dvd. Les scénarios ? Toujours la même antienne à la virgule près. Des aliens aux intentions belliqueuses ourdissent de savants complots contre notre planète. Leur but ? En faire leur univers et avilir les Terriens à la servitude. Pour réaliser leurs vils desseins, ils devront néanmoins se colleter et guerroyer avec une espèce humaine souvent sagace et opiniâtre.
Autant dire que l'on n'attendait pas grand-chose, ou alors peu ou prou, de Terreur Extraterrestre, réalisé par les soins de Greydon Clark en 1980. 

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En outre, le cinéaste américain a essentiellement sévi dans le registre du cinéma bis. Les laudateurs du metteur en scène (mais enfin, qui sont-ils ?) notifieront à raison quelques productions proverbiales, notamment Riders (1978), Brigade des Anges (1979), Wacko (1983), Final Justice (1985), Uninvited (1988), ou encore Dark Future (1994). Autant dire que le nom de Greydon Clark est synonyme de petit tâcheron dans le petit monde du cinéma. En l'occurrence, Terreur Extraterrestre reste probablement son oeuvre la plus notable et notoire.
Le métrage a connu une petite carrière au cinéma. Mais le succès sera surtout corroboré lors de sa diffusion via le support vidéo. Nanti d'un budget impécunieux, Terreur Extraterrestre se paie tout de même le luxe de coaliser plusieurs comédiens émérites puisque la distribution du film se compose de Jack Palance, Martin Landau, Kevin Peter Hall et David Caruso parmi les figures populaires.

Viennent également s'agréger Tarah Nutter, Christopher S. Nelson, Sue Ane Langdon, Neville Brand et Cameron Mitchell. Pour l'anecdote, Terreur Extraterrestre marque également la toute première apparition de Kevin Hall au cinéma. L'acteur sera abonné par la suite aux rôles d'extraterrestres bellicistes. On reverra le comédien dans Predator (John McTiernan, 1987) et Predator 2 (Stephen Hopkins, 1992). Les cinéphiles avisés reconnaîtront également le visage encore timoré de David Caruso, l'une des figures prééminentes de la série télévisée Les Experts : Miami.
Autre anecdote futile, Terreur Extraterrestre est sorti sous plusieurs cryptonymes alternatifs, entre autres Without Warning (soit le titre original du long-métrage), Alien Warning, The Warning,It came without warning, Alien Shock et Alien Encounters.

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Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film ! Attention, SPOILERS ! (1) Une série d'attaques de petites créatures volantes et voraces provoque des morts isolées dans une campagne de l'Amérique profonde. Alerté par un couple de jeunes ayant survécu à l'hécatombe, un petit groupe lutte désespérément contre un impitoyable prédateur d'un autre monde, qui hante les forêts et chasse tous les humains qu'il rencontre (1). Indubitablement, à l'époque, Terreur Extraterrestre a pour objectif de contrarier l'hégémonie d'Alien, le huitième passager (Ridley Scott, 1979).
Toutefois, en bon opportuniste, Greydon Clark décide de modifier la recette famélique de l'entreprise. Ici, point de huis clos spatial se transformant subrepticement par les assauts terrifiants et répétés d'un xénomorphe carnassier.

Le metteur en scène roublard adopte un nouveau concept en penchant pour une chasse à l'être humain. Ainsi, certains quidams d'infortune sont assaillis par des chauve-souris visqueuses de délectant de leur sang. Bien triste destinée pour notres espèce visiblement condamnée à se transmuter en gibier de potence et à sustenter l'appétit pantagruélique de nos petits hommes verts ! Contre toute attente, notre espèce ne toise plus les sommets de la chaîne alimentaire. Le scénario de Terreur Extraterrestre a sans doute inspiré les lignes narratives de Predator (précédemment mentionné) premier du nom. Dès lors, le film de Greydon Clark s'achemine sur un décor des plus rudimentaires.
Au menu des tristes réjouissances, l'invasion concernera essentiellement un campement d'étudiants, puis se déroulera dans une forêt et dans quelques cabanes abandonnées pour mieux s'agencer sur ce sentiment d'effroi, de claustration et de paranoïa.

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A l'époque, les Américains suspicieux croient encore ingénument à l'arrivée impromptue de communistes obséquieux. Martin Landau préfigure ici ce prisme anxiogène. "Aucune chance, aucune aide, aucun secours" scande l'interprète chenu et tiraillé par ses troubles paranoïdes. Par ailleurs, le film de Greydon Clark justifie presque uniquement son visionnage sur la confrontation entre deux acteurs émérites. Rien que pour le duo antagoniste et formé par Martin Landau et Jack Palance, Terreur Extraterrestre mérite que l'on y prête un peu attention... Cependant, le reste du casting ne brille pas vraiment par sa précellence et n'échappe pas aux stéréotypies habituelles.
Pour le reste, prière de phagocyter l'inanité du scénario ! Une invasion extraterrestre ? En l'occurrence, les petits hommes verts ne sont que... Un ! Mais le look rétro, ringard et délicieusement dégingandé de la créature dolichocéphale mérite le détour. A contrario, pas question de répertorier Terreur Extraterrestre parmi les nanars échevelés nonobstant son caractère suranné. Au mieux, le métrage de Greydon Clark fait office de série B désargentée qui flagornera à coup sûr les fans invétérés du cinéma bis. Les autres pesteront et gromelleront à raison contre l'incongruité d'une telle entreprise. Chronique courte aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film...

Note :10.5/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Terreur_extraterrestre

La Nuit des Morts-Vivants : critique et présentation du film

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Aujourd'hui, Cinéma Choc vous propose de (re)découvrir le film La Nuit des Morts-Vivants (George A. Romero, 1968) via une vidéo qui se polarise sur la présentation et la chronique de ce long-métrage horrifique et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=D6vcncwY8as

El - 1953 (Alors, comme ça on est jaloux ?)

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Genre : Drame, thriller

Année : 1953

Durée : 1h32

 

Synopsis :

La jeune Gloria rencontre par hasard le riche Francisco Galván à la messe. Il tombe amoureux d'elle et la convainc de l'épouser. Elle ne tarde cependant pas à découvrir, dès le voyage de noces, qu'il est atteint d'une jalousie maladive et de paranoïa. Ainsi, il passe des aiguilles dans les serrures au cas où des curieux les épieraient. Mais ce n'est que le début, et la vie de Gloria va devenir un calvaire.

 

La critique : 

Le cas de Luis Buñuel a plus d'une fois étéévoqué sur le blog et à juste raison vu qu'il peut être compté parmi les premiers cinéastes subversifs majeurs du cinéma. Fondateur du mouvement dadaïste, qui je le rappelle est une remise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques, il déstabilisa l'ordre cinématographique établi par un style inattendu. S'il fut dans un premier temps assistant de réalisation pour 4 films dont le superbe La Chute de la Maison Usher de Jean Epstein, il faudra attendre 1929 pour qu'il puisse montrer toute son érudition, revêtant la cape prestigieuse de réalisateur. Et c'est justement cette année-là qu'une bombe explosa dans le Septième Art. Son premier métrage, également le plus connu nomméUn Chien Andalou qui déclencha un scandale sans précédent via sa scène culte de l'oeil fendu avec une lame de rasoir.
L'année suivante, Buñuel récidivera avec son mythique L'Âge d'Or recordman de la plus longue durée de censure. Peu à peu, la réputation du personnage se fit un nom et, de ce nom, la glorification. Pilier du cinéma surréaliste d'avant-garde, sa reconnaissance sera titanesque par la suite puisqu'il est considéré comme l'un des réalisateurs les plus importants et les plus originaux de l'histoire du cinéma.

On ne s'aventurera, bien sûr, pas à citer sa filmographie mais il prouvera plus d'une fois son éloquence avec son Viridiana ayant lui aussi eu des problèmes avec la censure et son Le Charme Discret de la Bourgeoisie. Pas de ça aujourd'hui mais un film assez peu connu de sa filmographie au titre très sobre, j'ai nomméEl, même s'il est aussi appeléTourments de part chez nous. Il est partie intégrante de sa période mexicaine et est un des films préférés de son réalisateur en raison de sa précision documentaire. En étudiant l'entomologie, il souhaitait étudier un cas psychiatrique de manière précise. La précision clinique de l'étude du caractère du personnage sera telle que Jacques Lacan, éminent psychiatre et psychanalyste français, utilisera cet exemple pour décrire la paranoïa dans son séminaire de Sainte-Anne. On ne pouvait pas faire mieux pour susciter notre curiosité. 

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ATTENTION SPOILERS : La jeune Gloria rencontre par hasard le riche Francisco Galván à la messe. Il tombe amoureux d'elle et la convainc de l'épouser. Elle ne tarde cependant pas à découvrir, dès le voyage de noces, qu'il est atteint d'une jalousie maladive et de paranoïa. Ainsi, il passe des aiguilles dans les serrures au cas où des curieux les épieraient. Mais ce n'est que le début, et la vie de Gloria va devenir un calvaire.

Un mélange de film et de documentaire, voilà ce qui nous attend avec El ou presque puisque la dimension documentaire n'est pas mise en évidence de manière frontale (voix-off, interviews...) mais plus pour représenter Francisco Galván comme un modèle médical d'étude. Ce Francisco est un homme riche, vraisemblablement issu de la bourgeoisie empêtrée dans une affaire portée en justice. Célibataire, il fréquente avec assiduité l'église jusqu'à ce qu'il tombe sur un ange semblant être descendu du ciel. Cet ange est incarné par Gloria envers qui il tombe instantanément amoureux. Le coup de foudre est immédiat et il ne peut se résoudre à laisser passer cette perle rare.
Celle-ci est cependant fiancée à Raoul, jeune ingénieur. Au cours d'une réception où il a invité le couple, Francisco parvient à séduire Gloria et la persuadera de l'épouser. Le bonheur est total, au détriment de l'ex-mari qui a dû difficilement digérer cette défaite. Néanmoins, si quelque bonheur semble se profiler au début, le tout se transmute vite en chimère. Francisco va révéler son vrai visage d'homme gouverné par la jalousie maladive et paranoïaque. Malgré la présence de sa muse à ses côtés, il n'est pas en paix, voyant en chaque homme un potentiel ennemi àéloigner. Gloria n'est plus son joyau mais sa drogue vitale dont il ne peut se séparer sous peine de voir germer en lui instabilité mentale et neurasthénie sévère. 

La scène du dîner en sera l'une des plus probantes vu qu'il est tétanisé, terrifié mais aussi enragé par la vision de l'ex-mari de Gloria dans le même hôtel, attablé quelques mètres plus loin et tenant à discuter avec elle en toute normalité. La forçant à quitter le restaurant, il se dirige vers leur chambre pour remarquer que l'ex-mari a sa chambre juste à côté. Il est humain de ressentir le fait que quelque chose cloche et je crois que tous les hommes auraient eu cette pointe de colère en eux. De làà foutre une claque au gars sans raison apparente, il y a une marge. Cet incident gravissime va être révélateur de ce qu'il se passera. Le mariage est un fiasco pour Gloria. Francisco ne cesse d'accumuler les crises de panique, les soupçons déments et les humiliations sur sa victime esseulée.
Comme s'il cherchait à trouver un équilibre personnel, il voit en sa femme l'instrument qui lui donnera bien tardivement un sens à sa vie. Chose que son statut bourgeois n'a pas su lui apporter, et ce n'est pas l'inexistence d'amis dans sa vie qui prouvera le contraire. Francisco est un peu cette représentation on ne peut plus réaliste de cette caste homme comme femme possédée par le manque de confiance exacerbé et une jalousie irréfragable. Un propos ayant traversé les âges et ayant toujours son sens. On ne compte d'ailleurs plus le nombre de ruptures amoureuses provenant de situations intenables liées à la jalousie ou pire encore des couples résignés où la domination de l'un sur l'autre semble être une cruelle fatalité acceptée.

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Francisco est l'incarnation de l'excès. Outre le fait de mettre des aiguilles dans les serrures pour éviter que les "parasites" ne l'épient, il se permettra de précipiter Gloria dans le vide du haut d'un clocher dans une séquence culte ayant fait l'objet d'une des pochettes du film. Il serait mal venu de tout citer au risque de casser un peu toute la surprise de ce cerveau malade pour qui le concept d'amour, de fidélité et de confiance ne semble pas être là. Peut-être est-ce dûà un manque d'expérience avec le sexe féminin ? On peut avancer moult hypothèses sur ce cas clinique d'un rendu stupéfiant dans sa crédibilité. A aucun moment, El ne va sombrer dans l'abus, dans le faux et l'exagération et même la séquence du clocher sera faite afin de coller au plus près du réalisme. Mais ce n'est pas tout !
On sait Buñuel très féroce dans sa critique de la bourgeoisie cléricale. On sait que le christianisme valorise l'amour de son prochain, le mariage et sa pérennité, ainsi que le respect de la femme. Fréquentant l'Eglise, il ne met pourtant pas en pratique le moindre point de l'idéologie du mariage qui doit se fonder sur la confiance et le respect de l'autre. Une thématique dénonçant l'escroquerie spirituelle de bourgeois hypocrites se réfugiant dans une religion qu'ils ne vénèrent en aucun cas.

L'avant-dernière séquence est le point culminant, prouvant toute la subversion de son réalisateur. Alors en pleine messe, Francesco est assailli par d'agressives hallucinations où il fantasme que toutes les personnes dans l'assemblée rigolent de lui. Cela débouchera sur un curé qu'il tentera d'étranger alors qu'il est en plein office. Au vu de l'âge avancé du film, nul doute que El en aura bouleversé, voire scandalisé plus d'un. Représentation parfaite de la folie d'un ersatz de chrétien misogyne et teigneux, la critique est focalisée droit sur lui. Si la critique est perpétuelle chez Buñuel, il parvient chaque fois à la retranscrire de manière différente afin de ne jamais dériver vers un bouillon resucé jusqu'à la moelle. Quand bien même, le scénario de El n'aura d'utilité que pour la relation du couple car les histoires d'avocats de Francesco sont mal développées et donc absolument inutiles.
Un peu dommage de ne pas avoir étayé un peu plus cette seconde intrigue, quitte à prolonger un film de courte durée se suivant de toute façon sans ennuis. 

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Buñuel a toujours su accorder une grande place à l'esthétique et El ne déroge pas à la règle. Si l'on ne bave pas devant l'écran, on reste tout de même très admiratif de la qualité exemplaire de l'image et de son noir et blanc d'un beau contraste. Dans la manière de filmer, c'est aussi du bon boulot. Pour ce qui est de la bande son, je dois avouer l'avoir trouvé assez inexistante, morne et ne touchant pas les tympans qui fait que l'on y sera attentif. Enfin, les acteurs se débrouilleront de manière admirable. Cela concernera bien sûr Arturo de Córdova incarnant à merveille ce fou dangereux de Francesco bien éloigné du raffinement bourgeois. Delia Garcés est tout autant impeccable dans la peau de cette Gloria oppressée par un mari aliéné. Le reste des personnages, s'ils interpréteront très bien leur rôle, seront sans trop de surprises éclipsées. On mentionnera Aurora Walker, Carlos Martinez Baena, Manuel Dondé ou Rafael Banquells

En conclusion, si El n'est pas le métrage de Buñuel qui marquera le plus les persistances rétiennes, il n'en demeure pas moins une franche réussite interpellant le cinéphile sur les dangers d'un tumulte apocalyptique de ressentis paranoïaques. Il ne met pas seulement en scène un bourgeois ayant sombré dans les géhennes mentales mais l'analyse sous toutes ses coutures. Chaque mouvement, chaque expression faciale sera filmée, ce qui affirme davantage l'esprit du documentaire. Un choix de mise en scène judicieux, bien que hautement casse-gueule, confirmant la vision avant-gardiste d'un cinéaste en avance sur son temps. Dommage que l'intrigue adjacente n'ait pas mieux été développé, sans quoi El se serait rapproché des meilleurs long-métrages de son auteur.
Quoiqu'il en soit, la pellicule ne peut que susciter moult interrogations sur nos rapports, pas seulement sociaux, mais sentimentaux. Ce serait pisser dans un violon que de dire qu'un couple ne fonctionnera que s'il y aura une entente mutuelle et de cette entente doit germer irrémédiablement confiance et respect. Sans quoi, la relation sera systématiquement vouée à l'échec, sans possibilité d'émancipation des deux parties. Loin d'un récit fantasmé, El peut se visualiser comme un signal d'alerte envers ces femmes maltraitées, soumises à un patriarcat devenu psychopathique et pervers, se plaisant d'exercer sa force physique sur la femme. C'est ce qui en fait, en fin de compte, son trait si bouleversant. Un constat amer mais véridique qui nous fait réfléchir. Une oeuvre d'introspection mentale que tous les couples devraient voir une fois dans leur vie pour, soit sauver leur couple ou, soit anticiper un effet de bombe à retardement qui ne pourra mener qu'à des conséquences funestes.

 

Note : 15/20

 

 

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Massacre à la Tronçonneuse : La Nouvelle Génération (Renée Zellweger Vs. Leatherface)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 1994
Durée : 1h35

Synopsis :Barry, Heather, Sean et Jenny rentrent de leur soirée de promotion quand un accident de la route les contraint à chercher du secours en pleine forêt. Leur détresse attire l'attention d'une famille de meurtriers qui vit dans la région et leur soirée de bal se transforme alors en une sanglante chasse à l'homme.    

La critique :

Toujours la même ritournelle. En 1974, la sortie de Massacre à la Tronçonneuse, réalisé par les soins de Tobe Hooper, marque une rupture fatidique et rédhibitoire dans le cinéma trash, choc, gore et horrifique de la décennie 1970. Si le long-métrage est directement inspiré des exactions perpétrées par un serial killer tristement notoire, un certain Ed Gein, bientôt surnommé le boucher de Plainfield ; le film se pare avant tout d'une allégorie sur cette Amérique esseulée, atrophiée et contristée à la fois par le scandale du Watergate et la guerre du Vietnam.
Le succès pharaonique du film dépasse même son propre démiurge. A raison, Tobe Hooper jubile. A l'époque, Massacre à la Tronçonneuseécope carrément d'une classification "X", ce qui équivaut à une interdiction aux moins de 18 ans chez nous.

Corrélativement, le film essuie les réprobations de moult pays à travers le monde. A contrario, toutes ces acrimonies assoient la réputation de Texas Chainsaw Massacre, soit le titre original du film. Si Massacre à la Tronçonneuse constitue aussi la toute première réalisation de Tobe Hooper, le cinéaste émérite ne réitérera pas de telles prouesses sanguinolentes à postériori. Certes, parmi les oeuvres notables et proverbiales, les thuriféraires du metteur en scène citeront aisément Le Crocodile de la Mort (1977), Massacres dans le train fantômes (1981), ou encore Poltergeist (1982) parmi les chocs cinéphiliques qui ont estourbi durablement les persistances rétiniennes.
Mais aucune de ces productions ne rééditeront les performances érubescentes de Texas Chainsaw Massacre

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Pis, Tobe Hooper s'enlisera dans certaines productions stériles et absconses, entre autres L'Invasion vient de Mars (1986), The Mangler (1995), Crocodile (2000), ou encore Mortuary (2005). Bien conscient du phénomène et de l'engouement suscité par cette oeuvre méphitique, Tobe Hooper décide finalement de revenir à Leatherface et ses sbires anthropophages via Massacre à la Tronçonneuse 2 en 1986, soit plus de dix ans après la polémique suscitée par son auguste épigone. Changement de tonalité avec cette suite qui joue la carte du trash et de la truculence.
Certes, par instants, ce second chapitre retrouve la tonitruance de jadis, mais se révèle assez futile. Tobe Hooper décide d'interrompre définitivement avec cette frénésie étouffante du Texas. Pas les producteurs. C'est dans ce contexte que sort Massacre à la Tronçonneuse 3 (Jeff Burr, 1990). Cette fois-ci, peu ou prou de surprises au programme des inimitiés.

En honnête artisan du genre, Jeff Burr se contente d'ânonner la recette famélique des slashers sortis durant les années 1980 tout en rendant une copie probe et plutôt recommandable, toutefois à des années-lumière du film originel. De facto, on pouvait légitimement s'interroger, clabauder et grommeler sur la nécessité de s'ingénier dans cette direction spinescente avec un inévitable Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération, réalisé par les soins de Kim Henkel en 1994. Le cinéaste de ce quatrième opus est avant tout un scénariste qui a déjà officié par le passé sur les scripts de Le Crocodile de la Mort (précédemment mentionné) et de Massacre à la Tronçonneuse premier du nom.
A priori, le cacographe dévot est censé connaître parfaitement sa copie.
Mais le scribouilleur n'est pas vraiment un réalisateur orfèvre, ni un esthète dans la production ni dans la mise en scène. 

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Nonobstant ces apparences, parviendra-t-il à renouer avec cette âpreté de naguère ? Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Autant l'annoncer de suite. Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération est souvent considéré comme le volet le plus faible de la franchise. Reste à savoir si ce quatrième méfait mérite (ou non) de tels anathèmes. En outre, Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération ne se soldera pas des scores décevants lors de sa sortie en salles. Texas Chainsaw Massacre n'est donc plus cette franchise flambloyante de jadis et s'est donc transmuté en une longue faconde fastidieuse et interminable, finalement à l'instar de certains slashers lucratifs des années 1980 (Halloween et Vendredi 13, entre autres).
La distribution de ce quatrième chapitre se compose de Renée Zellweger, Matthew McConnaughey, Robert Jacks, Tonie Perensky, Joe Stevens, Lisa Marie Newmeyer, John Harrison et Marilyn Burns.

Attention, SPOILERS ! (1) Un groupe de jeunes adolescents revenant de leur soirée de promotion de fin d'étude se retrouvent perdus en plein Texas à la suite d'un accident de voiture dans les bois, dont le conducteur de la seconde voiture se fait tuer. Ils partent chercher de l'aide mais attirent bien vite la convoitise de la famille cannibale Sawyer et c'est Ainsi que leurs nuit de bal va se transformer en véritable cauchemar (1). A l'aune de cette exégèse, difficile, à fortiori, de s'enthousiasmer pour les nouvelles aventures anthropophagiques de Leatherface et ses fidèles prosélytes.
Le scénario ? Toujours la même antienne... Des étudiants malencontreusement égarés sur une route esseulée du Texas, une rencontre inopinée avec une famille de psychopathes cannibales, puis toute une série d'exactions, de forfaitures et supplices commis dans les cris d'orfraie et dans les tintinnabulations. 

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Ce quatrième opus fait donc office de vulgaire séquelle, voire de remake officieux du film de Tobe Hooper, le talent et l'érudition en moins. Et ce n'est pas l'apparition élusive de Marilyn Burns, l'héroïne courroucée du premier volet, qui changera cette rhétorique incoercible. Leatherface n'est plus cette figure terrifiante de naguère. Par le passé, le sociopathe arborait une tronçonneuse rutilante pour mieux éparpiller les membres de ses nombreuses victimes. Certes, la tronçonneuse est toujours présente. Hélas, Kim Henkel transmue son criminel en un travesti et en une figure féminisée qui passe son temps à geindre et à sangloter. On croit fabuler... Sur la forme, Massacre à la Tronçonneuse : la nouvelle génération s'apparente donc à un slasher de facture basique et conventionnelle.
Certes, on décèle, çà et là, quelques saynètes gore et putrides, dans la grande tradition d'un Massacre à la Tronçonneuse, mais guère davantage. En vérité, la seule surprise provient de l'affrontement entre un Matthew McConaughey en mode histrionique et une Renée Zellweger plutôt éloquente. La comédienne aux oripeaux dilacérés lutte comme une forcenée, à la fois contre ses assaillants et contre ses propres producteurs, pour sauver le film de l'indigence et du néant intégral. Mission presque réussie en l'occurrence surtout lorsque le métrage se conclut peu ou prou de la même manière que celui de Tobe Hooper en son temps, toutefois avec beaucoup moins de raffinement et d'élégance. Pas un "naveton", mais on s'en rapproche tout de même allègrement.

Note :06.5/20

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(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_à_la_tronçonneuse_:_La_Nouvelle_Génération


STANLEY KUBRICK : TOUS SES FILMS ! (Analyse, Coulisses, Explications)

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Aujourd'hui, Cinéma Choc vous propose de revenir sur le réalisateur Stanley Kubrick, un cinéaste de génie, à travers une vidéo intitulée "STANLEY KUBRICK : TOUS SES FILMS ! (Analyse, Coulisses, Explications)", et disponible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=UUE7Dzi5fbQ

Karaté Tiger - Le Tigre Rouge (L'ultime révérence de la Bruceploitation)

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Genre : arts martiaux
Année : 1986
Durée : 1h25

Synopsis :Jason, jeune élevé de karaté et grand admirateur de Bruce Lee, va être amenéà affronter le terrible Ivan le Russe, redoutable combattant et puissant membre de la pègre qui persécute sa famille.

La critique :

Il faut se rendre sur le site Nanarland et en particulier sur le lien suivant : http://www.nanarland.com/glossaire-definition-6-B-comme-bruceploitation.html pour découvrir, en long, en large et en travers, la définition de la Bruceploitation. Petite piqûre de rappel. Le 20 juillet 1973, Bruce Lee décède et laisse derrière lui toute une pléthore de thuriféraires orphelins. Ces derniers vénèrent, adoubent et divinisent celui qui a révolutionné les arts martiaux au cinéma. Certes, le Petit Dragon n'est plus de ce monde, mais le cinéma d'exploitation n'a pas vraiment pour velléité d'abandonner cette poule aux yeux d'or (si j'ose dire...).
La carrière éphémère de Bruce Lee se parachève sur un long-métrage à peine débuté, celui de Le Jeu de la Mort.

Pas de problème ! Même sans la présence du maître martial, Robert Clouse emploie plusieurs sosies officieux de Bruce Lee et réalise un long-métrage protéiforme qui reprend même plusieurs stock-shots de précédents films tournés avec le Petit Dragon. C'est sûrement la raison pour laquelle Le Jeu de la Mort reste le film le plus célèbre de la Bruceploitation. Au total, Bruce Lee apparaît douze petites minutes dans le film. L'acteur défunt est alors minablement suppléé par plusieurs avatars.
Pour camoufler le subterfuge, il suffit tout simplement d'embaucher des comédiens minables affublés d'une coupe au bol et nantis de lunettes noires pour mieux noyer l'hérésie. Contre toute attente, Le Jeu de la Mort se solde par un succès commercial pharaonique. La Bruceploitation va alors s'échelonner sur une petite décennie multipliant les oeuvres d'exploitation, pour le plus grand bonheur des laudateurs de nanars et du cinéma bis. 

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Ainsi, les plus bas subterfuges sont utilisés pour exploiter à satiété le cryptonyme de Bruce Lee. Qu'ils se nomment Bruce Le, Bruce Li, Bruce Lo, Bruce Leung ou encore Bruce Lai, tous ces épigones factices et de pacotille connaîtront à leur tour une petite carrière éphémère via le support vidéo. Au hasard, les amateurs de ce sous-genre du cinéma d'exploitation citeront aisément Le Jeu de la Mort 2 (Ng See-Yuen, 1981), Les 6 Epreuves de la Mort (Joseph Velasco, 1978), Bruce contre-attaque (Bruce Le, 1982), The Clones of Bruce Lee (Chieng Hung, 1981), Ninja Vs Bruce Lee (Chieng Hung, 1982), ou encore Le Poing Vengeur de Bruce (Bill James, 1988) parmi un bréviaire d'inepties cinématographiques. En outre, le phénomène de la Bruceploitation s'estompera vers la fin des années 1980, laissant derrière lui une trace erratique. Il faut à tout prix ressusciter le mythe, envers et contre tout.

C'est ce que tente de faire à son tour Karaté Tiger - Le Tigre Rouge, réalisé par les soins de Corey Yuen en 1986.
En l'occurrence, Karaté Tiger est sans aucun doute l'un des tous derniers films de la Bruceploitation même s'il n'est pas toujours répertorié dans cette ladite catégorie à cause de la présence de Jean-Claude Van Damme (JCVD), et dans ce qui constitue l'un de ses tous premiers rôles au cinéma. Indubitablement, le nom de Corey Yuen rime avec le cinéma d'arts martiaux.
Sa filmographie peut s'enhardir d'une trentaine de longs-métrages à son actif et parmi lesquels on pourra déceler des titres tels que Dragons Forever (1988), In the blood (1987), La légende de Fong Sai-Yuk (1993), La Légende du Dragon Rouge (1994), My father is a hero (1995), ou encore DOA : Dead or Alive (2006).

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Karaté Tiger est aussi produit par Sheldon Lettich, un cinéaste et scénariste américain qui va s'enticher de JCVD par la suite. Le producteur espiègle a déjà repéré le potentiel, la prestesse et l'étonnante vélocité de l'acteur belge capable d'effectuer le grand écart sur commande. Selon le propre aveu du comédien, c'est cette même diligence qui va lui permettre d'ouvrir les portes d'Hollywood après plusieurs années de dur labeur. Certes, dans Karaté Tiger, JCVD n'est pas encore auréolé du statut de star qu'il va s'arroger par la suite. En tout, l'interprète apparaît environ dix petites minutes, mais sa seule présence justifie presque à elle seule la vision de ce nanar échevelé.
Nonobstant les apparences et son statut bâtard de série B écervelée, Karaté Tiger culminera le haut des oriflammes via le support vidéo.

Le premier chapitre de la franchise va même se transmuter en une décalogie (soit dix films au total), quitte à lutiner et à butiner avec les affres de la cancrerie et de la médiocrité. Hormis JCVD, la distribution de Karaté Tiger se compose de Kurt McKinney, Kim Thaï Chung, Kathie Sileno, Kent Lipham, Ron Pohnel et Dale Jacoby. Attention, SPOILERS ! (1) Jason est un jeune karatéka qui s'entraîne dans le dojo de son père, à Los Angeles. Un soir, après l'entraînement, le père de Jason reçoit la visite de mafieux qui veulent l'engager dans une organisation criminelle.
Comme il refuse de céder, le chef des criminels le force à se battre contre ses deux hommes de main et l'un deux, "Yvan", lui brise la jambe, le laissant handicapéà vie.
Le père de Jason décide alors d'emmener sa famille à Seattle et d'y ouvrir un bar, abandonnant définitivement le karaté.  

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Mais Jason continue de s'entraîner, ce qui agace son père qui, de colère, met à sac la salle d'entraînement de son fils. Désemparé, Jason demande à son idole, Bruce Lee, dont le portrait est affiché dans la pièce, de lui venir en aide.Peu après, pendant la nuit, le fantôme de Bruce Lee lui rend visite et commence à l'entraîner au jeet kune do. À force de courage et de volonté, de pratiquant moyen, Jason devient rapidement un combattant hors pair.Et bientôt, il aura l'occasion de tenter de venger son père lorsque Yvan, à la demande de son patron, vient à Seattle défier les combattants des dojos locaux... (1) Certes, JCVD fait office de vedette subalterne dans cette production impécunieuse.
A contrario, l'acteur musculeux et athlétique arbore le premier plan de l'affiche du film. Le comédien orfèvre est solidement entouré puisqu'on trouve, parmi ce casting de bras cassés, un certain Kim Thaï Chung, l'un des sosies tendancieux de Bruce Lee.

Ça tombe bien puisque l'interprète incarne, in fine, le fantôme miraculeusement ressuscité du Petit Dragon. Voilà un parfait condensé de Karaté Tiger, un long-métrage hétéroclite qui flirte allègrement (involontairement ?) avec la comédie d'arts martiaux. De prime abord, la première partie du film se polarise sur la vie fastidieuse de Jason, un karatéka qui aspire à progresser dans la voie des arts martiaux. Mais l'adulescent intrépide subit une défaite cinglante contre Yvan, un russe affublé d'un accent à coucher dehors ! Dans cette quête d'opiniâtreté, Jason peut compter sur le soutien indéfectible de son nouvel ami, Madison, un jeune Afro-Américain expert en hip-hop et dans les déhanchés dégingandés. Bonjour les stéréotypes ! Vous l'avez donc compris.
Karaté Tiger ne recule derrière aucune excentricité pour faire valoir un scénario au mieux prosaïque.

Le soporifique Kurt McKinney, pourtant champion du monde de taekwondo à l'époque, se fait à la fois chiper la vedette par JCVD, véritable icône du film, et par un Kim Thaï Chung qui nous ressort toute la panoplie des expressions proverbiales de Bruce Lee. Sur ce dernier point, les vingt dernières minutes de Karaté Tiger sont un véritable condensé de "nawak", de coups de semonce, de bagarres minables et même d'un grand écart réalisé sur les filets du ring par un JCVD en plein élan de célérité. Même l'arbitre sera rudoyé, manu militari, par un JCVD en grande forme.
Rien que pour le doublage en français et avec l'accent soviétique (s'il vous plaît) de l'acteur émérite, Karaté Tiger justifie quasiment son visionnage dans son intégralité. On se demande encore comment une telle fumisterie a pu déchaîner autant les passions dans les vidéoclubs en son temps. Heureusement, JCVD enchaînera par la suite des productions un peu plus vétilleuses et cérémonieuses, notamment Bloodsport : tous les coups sont permis (Newt Arnold, 1988), soit le film qui va véritablement ériger son illustre carrière.

 

Côte :Nanar

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tigre_rouge

Kinatay (Analyse et chronique de la violence ordinaire)

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Genre : horreur, thriller, drame, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2009
Durée : 1h50

Synopsis :Peping, étudiant en criminologie, est recruté par son ancien camarade de classe, Abyong, pour travailler en tant qu'homme à tout faire au service d'un gang local de Manille. Cette activité lui permet de gagner de l'argent facilement pour faire vivre sa jeune fiancée, étudiante elle-aussi, qu'il a décidé d'épouser. Mais pour ça, il lui faut encore plus d'argent. Abyong propose alors au jeune homme de s'engager dans une "mission spéciale", particulièrement bien rémunérée...     

La critique :

Il faut se rendre sur le site Internet de Marie Claire (Oui, je sais... Je sais...) et en particulier sur le lien suivant : https://www.marieclaire.fr/,cannes-les-films-polemiques-qui-ont-marque-l-histoire-du-festival,717399.asp pour déceler la liste des films chocs et véhéments qui ont suscité la polémique et les quolibets au festival de Cannes. Une longue histoire en somme... Les laudateurs de ces pellicules impudentes ne manqueront pas de notifier des titres tels que La Grande Bouffe (Marco Ferreri, 1973), Irréversible (Gaspar Noé, 2001), La Haine (Mathieu Kassovitz, 1995), Crash (David Cronenberg, 1996), Max mon amour (Nagisa Oshima, 1986), Farenheit 9/11 (Michael Moore, 2004), Antechrist (Lars Von Trier, 2009), ou encore Funny Games (Michael Haneke, 1997) parmi les scandales notables et notoires du célèbre festival.

Vient également s'agréger Kinatay, réalisé par les soins de Brillante Mendoza en 2009. Certes, la simple évocation de cet intitulé ne doit pas vous inspirer grand-chose. Lors de sa présentation en compétition au festival de Cannes, la polémique provoquée par Kinatay est promptement évincée, puis camouflée par la sortie quasi simultanée d'Antechrist. De surcroît, Lars Von Trier est une figure iconique du festival cannois habituée aux plus basses fadaises et aux billevesées circonstancielles.
Pourtant, nonobstant certaines apparences, c'est bien le long-métrage de Brillante Mendoza qui suscite les anathèmes et les invectives, ne serait-ce que pour son scénario âpre et retors, entraînant son héros d'infortune (un certain Peping) vers les affres de la barbarie et de la cruauté ; sujet sur lequel nous reviendrons ultérieurement. 

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Vous l'avez donc compris. A travers Kinatay, Cinéma Choc peut s'enhardir d'une nouvelle figure rédhibitoire parmi les films violents, virulents et à la trajectoire irréfragable. En outre, Brillante Mendoza ne fait pas office de cinéaste noviciat dans l'univers exhaustif et foisonnant du noble Septième Art. Ce dernier est un réalisateur philippin qui débute sa carrière cinématographique vers le milieu des années 1980. Alors qu'il embrasse, de prime abord, une carrière assez éphémère dans le réseau publicitaire, Brillante Mendoza oblique prestement vers le cinéma.
Pour le metteur en scène émérite, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'au milieu des années 2000 avant de connaître son premier succès commercial sur ses terres philippines. Ce sera Masahista, soit Le Masseur (2005), qui "traite de l'homosexualité tarifée" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Brillante_Mendoza).

Brillante Mendoza enchaîne alors avec John John (2007), Tirador (2007), Serbis (2008), Lola (2009), Captive (2012), Taklub (2015) et Ma' Rosa (2016). Le réalisateur orfèvre arpente et écume les séjours festivaliers. A force d'opiniâtreté, il remporte plusieurs augustes récompenses, notamment le Léopard d'or de la vidéo pour Masahista lors du festival international du film de Locarno et le prix de la mise en scène lors du festival de Cannes pour Kinatay. Mais Serbis et John John avaient déjà notifié l'érudition du cinéaste lors des précédentes éditions du festival cannois.
En l'occurrence, la distribution de Kinatay risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Coco Martin, Maria Isabel Lopez, John Regala, Jhong Hilario, Lauren Novero et Julio Diaz ; mais j'en doute... 

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A la rigueur, seul le nom de Coco Martin fait figure d'exception. Le comédien fait figure de véritable égérie au masculin aux yeux de Brillante Mendoza. Ensemble, les deux hommes tourneront sept longs-métrages. Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse de Kinatay. Attention, SPOILERS ! Peping, étudiant en criminologie, est recruté par son ancien camarade de classe, Abyong, pour travailler en tant qu'homme à tout faire au service d'un gang local de Manille. Cette activité lui permet de gagner de l'argent facilement pour faire vivre sa jeune fiancée, étudiante elle-aussi, qu'il a décidé d'épouser. Mais pour ça, il lui faut encore plus d'argent. Abyong propose alors au jeune homme de s'engager dans une "mission spéciale", particulièrement bien rémunérée...
Depuis ses débuts en tant que cinéaste, Brillante Mendoza s'ingénie à scruter, à analyser et à décrypter cette violence ordinaire, celle qui sied (hélas...) aux petits trafics subalternes, au milieu pornographique, à la prostitution nocturne, ou encore à tous ces règlements de compte qui basculent subrepticement vers la torture et l'exécution vindicative.

En ce sens, Kinatay ne déroge donc pas à la règle. A l'instar des précédentes pellicules (Masahista, John John et Serbis, entre autres) de Brillante Mendoza, Kinatay se veut radical, abrupt et suit un cheminement à priori incoercible. Chez Brillante Mendoza, la violence est toujours factuelle et reliée à l'âcreté de notre société hédoniste et contemporaine. C'est sûrement pour cette raison que Kinatay est presque réalisé comme un documentaire, voire même comme un reportage télévisé suivant les pérégrinations crapuleuses de Peping, un étudiant sans histoire et un père de famille, qui cherche avant tout à abriter sa future épouse et sa jeune progéniture du besoin.
Le héros évolue donc dans un monde amer et surtout dans une société frappée par l'indignité et l'impécuniosité. 

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A fortiori, rien ne prédestine ce vulgaire quidam àépouser une carrière de bourreau et/ou de petit brigand à la solde d'une mafia pernicieuse et intouchable. A contrario, Peping aspire à embrasser une carrière policière. Pour ce faire, il devra lutiner et s'acoquiner avec la pègre philippine. Un oxymore. Paradoxalement, c'est aussi la condition sine qua non pour survivre. S'il refuse de kidnapper une vulgaire gourgandine pour le compte de son nouveau mentor, Peping sait qu'il risque de perdre sa propre vie, ainsi que celle de sa famille. Dès lors, Brillante Mendoza entrecroise les vues panoramiques ou acérées sur la Manille, la capitale des Phillippines, avec le regard contristé de son personnage principal.
Pour survivre dans cette nouvelle jungle urbaine, le jeune homme, encore un adulescent, doit accepter de perdre son âme et son humanité.

Il assiste alors béatement à toute une série de tortures, d'exactions et de sévices pratiqués sur une prostituée. En résumé, la dramaturgie opérée par Kinatay n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, les insanités orchestrées sur la jeune Junko Furata au Japon, un drame qui avait alimenté la presse asiatique vers la fin des années 1980 ; provoquant par ailleurs l'ire populaire. Sauf que Kinatay est beaucoup mieux réalisé que Concrete (Himoru Nakamura, 2004) et ses nombreux avatars. A travers Kinatay, Brillante Mendoza cogne là oùça fait mal et estourbit durablement les persistances rétiniennes. La torture se transmute prestement en viol collectif, puis en une série de démembrements sous les rires sardoniques de meurtriers métamorphosés en tortionnaires.
Dans Kinatay, la violence et la barbarie se confondent pour mieux se noyer dans les méandres et les effluves des turpitudes humaines, une ignominie dont Peping devient le témoin absurde, oculaire et finalement débonnaire. A l'aune de ce long-métrage d'une noirceur insondable, l'interdiction aux moins de 16 ans paraît presque incongrue, voire totalement obsolescente. Vous cherchiez ce "film" coup de poing, à la fois psychologiquement éprouvant et d'une violence assourdissante ? Il se trouve juste sous vos yeux et se nomme Kinatay.

Note :16/20


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Hérédité (Les démons se tapissent dans notre généalogie familiale)

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 2h06

Synopsis :Lorsque Ellen, matriarche de la famille Graham, décède, sa famille découvre des secrets de plus en plus terrifiants sur sa lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper.  

La critique :

Toujours la même ritournelle... Depuis la sortie de L'Exorciste (William Friedkin, 1973), le public désappointé cherche en vain ce nouvel effroi cinématographique susceptible de provoquer quelques tressaillements impromptus. Certes, depuis le chef d'oeuvre horrifique de William Friedkin, certains films d'épouvante peuvent s'enhardir d'un tel office. Les thuriféraires de ce registre cinématographique citeront aisément La Malédiction (Richard Donner, 1976), Amityville : la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979), Shining (Stanley Kubrick, 1980), Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), Martyrs (Pascal Laugier, 2008), The Descent (Neil Marshall, 2005), The Thing (John Carpenter, 1982), ou encore It Follows (David Robert Mitchell, 2014).
Bien que différentes, toutes ces productions horrifiques ont pour point en commun de claustrer ses personnages vers des confinements paranoïaques.

Après avoir longtemps flirté avec le found footage puis le paranormal (la saga Paranormal Activity, Insidious, The Conjuring et consorts), l'épouvante contemporaine semble avoir renoué avec cette horreur de naguère. Impression corroborée par les sorties récentes de The Witch (Robert Eggers, 2015) et de The Ritual (David Bruckner, 2017). On songe invariablement au cinéma de David Lynch et de Roman Polanski, thématique sur laquelle nous reviendrons ultérieurement... En résumé, les démons se tapissent dans nos fêlures et dans notre propre généalogie familiale.
Et c'est ce qu'avait parfaitement compris William Friedkin en son temps via L'Exorciste. En outre, Ari Aster, un scénariste, producteur et réalisateur américain, tente de réitérer cette dialectique méphistophélique avec le bien nomméHérédité, sorti en 2018.

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La carrière cinématographique du jeune cinéaste débute à l'orée des années 2010 via plusieurs courts-métrages, entre autres The strange things about the Johnson (2011), Munchausen (2013), Basically (2014), ou encore The Turtle's Head (2014), par ailleurs inconnus au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. Hérédité constitue donc le tout premier long-métrage d'Ari Aster. Mais indubitablement, le film d'épouvante a créé la sensation et a carrément contrarié l'hégémonie de Sans Un Bruit (John Krasinski, 2018), un autre film d'horreur sur le box-office américain.
Certains laudateurs du cinéma d'épouvante estiment même qu'Hérédité aurait dûévincer le film de John Krasinski en dépit de ses qualités évidentes. Avant de profiter d'une diffusion plus large dans les salles de cinéma, Hérédité a dû concourir dans plusieurs festivals, notamment lors du festival international du film fantastique de Neufchâtel.

Le public ébaubi louange et encense une pellicule qu'il juge à la fois insolite et épouvantable. De son côté, les critiques et la presse s'emballent. Certains journaux extatiques annoncent péremptoirement le nouvel Exorciste de cette génération ou le film d'horreur le plus fou de ces dernières années, soit autant de scansions dithyrambiques qui apparaissent sur l'affiche même d'Hérédité. Reste à savoir si le métrage d'Ari Aster mérite (ou non) de telles courtisaneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Toni Collette, Gabriel Byrne, Alex Wolff, Milly Shapiro et Anne Dowd. Pour l'anecdote, l'actrice Toni Collette reconnaîtra s'être totalement investie dans son personnage de matriarche courroucée par la mort de sa propre mère, à tel point que la comédienne ressortira à la fois éreintée et terrorisée par ce rôle de marâtre acariâtre.

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Attention, SPOILERS ! Quand Ellen, la matriarche de la famille Graham, décède, sa fille, Annie, retourne habiter dans la demeure familiale avec son mari et ses deux enfants, Peter et Charlie. Mais, rapidement, leur vie paisible est perturbée par des phénomènes étranges et inquiétants. La famille devra découvrir les terrifiants secrets de la matriarche défunte… A l'aune de cette courte exégèse, on aura aisément compris les intentions d'Ari Aster, le réalisateur (encore une fois) d'Hérédité. Son long-métrage hypnotique sonne donc le tocsin d'une épouvante bien réelle qui est restée beaucoup trop longtemps tapie dans la pénombre à cause, entre autres, des désidératas de l'industrie hollywoodienne.
A l'instar de Sans Un Bruit, The Witch ou encore The Ritual, Hérédité signe également les rémanences et les réminiscences d'un cinéma indépendant débarrassé du carcan du cinéma lucratif.

Pour Ari Aster, pas question de céder aux caprices de cette oligarchie autocratique. Hérédité reste avant tout un métrage amphigourique, psychanalytique et à la limite de la pataphysique qui ne manquera pas d'estourbir durablement vos persistances rétiniennes. Hérédité est donc un pur film de terreur, dans la grande tradition de L'Exorciste. Toujours la même antienne... On comprend mieux pourquoi la presse spécialisée entretient ostensiblement cette filiation intrinsèque avec le film de Friedkin. Toutefois, n'ayez crainte... Hérédité n'est pas un nouvel avatar consumériste de L'Exorciste qui tenterait de mimer laborieusement son illustre épigone.
En fait, l'analogie entre les deux films se situe dans cette tragédie familiale à la fois marquée par les ténèbres, une généalogie luciférienne sur fond de sorcellerie et de dérives sectaires, le deuil, les rites mortuaires, la folie, l'hébéphrénie mentale, la démonologie et bien sûr une once de paranormal.

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Malicieux, Ari Aster prend son temps pour planter son décor, ainsi que ses divers protagonistes. Le cinéaste émérite dissémine, çà et là, quelques indices astucieux et élusifs qui trouveront véritablement leur apanage lors de la dernière demi-heure du film, par ailleurs en apothéose. Indiscutablement, Hérédité reste avant tout une oeuvre tortueuse qui devrait avant tout flagorner les cinéphiles, à savoir ceux qui apprécient à la fois la trilogie des Appartements de Roman Polanski (Répulsion, Rosemary's Baby et Le Locataire), ainsi que le cinéma de David Lynch.
Le film s'adresse donc à un public expert et avisé en la matière. Les grands amoureux du torture porn, du found footage et du cinéma d'horreur d'exploitation risque sans doute de sourciller devant les directions spinescentes d'Hérédité.

Pourtant, force est de constater que le film remplit parfaitement son office. Oui, le long-métrage d'Ari Aster est bien cet uppercut décrié par une presse panégyrique. Oui, Hérédité suscite bien ce sentiment de peur et d'affliction inhérent à tous ces films d'horreur malaisants qui ont provoqué la polémique en leur temps. On en revient toujours et encore àL'Exorciste... En l'état, difficile d'en dire davantage. A raison, le public ulcéré pourra évoquer et paraphraser sur l'illustre performance de Toni Collette. On comprend mieux pourquoi l'actrice a choisi de suivre une thérapie pour se remettre de ce choc cinématographique. Car Hérédité ne se pare pas seulement des blessures et des excoriations de ses divers protagonistes, mais réveille également nos propres fêlures, celles qui se tapissent entre le cerveau reptilien et cet atavisme latent. Derechef, ce film d'épouvante psychologique réactive ces bonnes vieilles mécaniques de la peur, celles situées quelque part dans les anfractuosités de notre cerveau archaïque et pulsionnel.
En quelques mots : un grand film d'horreur, tout simplement...

Note :16.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

The Death Of Superman (L'homme de Krypton contre l'Abomination)

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the death of superman

Genre : science-fiction, fantastique, action
Année : 2018
Durée : 1h19

Synopsis :Lorsque Doomsday émerge des bas-fonds et commence à tout ravager sur son passage, la Justice League se met en travers de son chemin. Il apparaît cependant que seul Superman peut représenter une véritable obstruction à cette créature. Mais l'être de Krypton prend soudainement un coup qui semble fatal.   

La critique :

La genèse de Superman, alias Clark Kent sur la planète Terre, remonte à l'année 1933. Le super-héros aux pouvoirs faramineux est issu de l'imagination débridée du duo formé par Jerry Siegel et Joe Shuster. Selon le propre aveu des deux cacographes, l'homme de Krypton est une sorte de maelström fuligineux entre Doc Savage, Flash Gordon, Zorro et Tarzan. Au fil des années et des décennies qui vont suivre, le super-héros à la cape rouge va évoluer vers de nouvelles aspérités homériques.
Après avoir écumé plusieurs bandes dessinées, fanzines, magazines et revues diverses, l'homme de Krypton connaît sa première adaptation cinématographique éponyme avec le bien nomméSuperman (Richard Donner, 1978). Nonobstant quelques digressions et dissonances élusives, le long-métrage se montre plutôt fidèle au matériau d'origine.

Ce tout premier chapitre cinématographique fait donc preuve de déférence sous la caméra avisée de Richard Donner. Le film permet surtout de mettre en exergue l'acteur Christopher Reeves qui trouve, dans ce premier épisode, le rôle prééminent de son illustre carrière. Le comédien à la taille et à la stature cyclopéennes (1.93m tout de même) rempilera pour trois nouveaux opus, à savoir Superman 2 (Richard Donner et Richard Lester, 1980), Superman 3 (Richard Lester, 1983) et Superman 4 (Sidney J. Furie, 1987). Mais les deux derniers volets de la tétralogie désarçonnent unanimement les critiques et les thuriféraires de la franchise proverbiale.
Pour les laudateurs du super-héros Kryptonien, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'au milieu des années 2000 pour voir ressurgir le super-héros populaire. 

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Ce sera Superman Returns (Bryan Singer, 2006), un nouvel essai qui est pensé, conçu et ratiociné comme la suite inhérente àSuperman 2. Mais, à l'instar de Superman 3 et Superman 4, Superman Returns essuie un bide commercial. Derechef, la version de Bryan Singer est victime des anathèmes et des acrimonies de critiques pour le moins dubitatives. Que soit. Malgré un manque de ferveur populaire dans le cadre du cinéma, Superman reste un super-héros prisé, adoubé, déifié, sacralisé et divinisé par la planète Hollywood. Zack Snyder (Man of Steel en 2013 et Batman V Superman : l'aube de la justice en 2016) ravivera les débats via de purs blockbusters marketing qui, à contrario, s'arrogeront les premières places du box-office américain.
Corrélativement, la firme Warner Bros continue d'alimenter les aventures et les pérégrinations de l'homme de Krypton via plusieurs films d'animation.

C'est dans ce contexte que sort en vidéo The Death of Superman, réalisé par les soins de Sam Liu et James Tucker en 2018. A l'origine, ce film d'animation est l'adaptation d'un comic book homonyme. A l'époque, la bande dessinée avait déjà fait sensation. Qui pouvait songer, en effet, à la mort et donc à la dernière absoute de l'homme de Krypton ? Surtout, quel "bad guy" pouvait se montrer suffisamment robuste et hégémonique pour faire vaciller Superman dans le néant ? Ce grand méchant aux pouvoirs pharaoniques se nomme justement Doomsday.
Pour l'anecdote, ce n'est pas la première fois que Warner Bros se polarise sur les dernières scansions de Superman puisque la firme omnipotente avait déjà produit Superman : le crépuscule d'un dieu (Lauren Montgomery, Bruce Timm et Brandon Vietti, 2007).

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De surcroît, les amateurs du célèbre Kryptonien sont déjà alertés par la sortie imminente de Reign of the Supermen, un nouveau film d'animation prévu pour 2019, et qui narrerait le retour de Superman mais sous une forme robotique... Donc, n'ayez crainte... Au risque de casser tout suspense, Superman n'est pas mort... En tout cas, pas vraiment... Mais le super-héros est ici sérieusement rudoyé, affecté et malmené par un adversaire coriace et tout aussi opiniâtre. L'air de rien, The Death of Superman peut s'enhardir de coaliser quelques doubleurs notables et notoires, entre autres Jerry O'Connell, Rebecca Romijn et Rosario Dawson. Viennent également s'agréger Rainn Wilson, Nathan Fillion, Christopher Gorham, Matt Lanter et Shemar Moore. Attention, SPOILERS ! 
Lorsque Doomsday émerge des bas-fonds et commence à tout ravager sur son passage, la Justice League se met en travers de son chemin, mais subit une défaite cinglante. 

Superman n'est prévenu de son existence qu'après ce premier affrontement, alors que la créature prend le chemin de la ville de Métropolis. Seul Superman peut représenter une véritable obstruction à cette créature sans nom et issue des ténèbres. Pour vaincre ce monstre primal et sans pitié, le Kryptonien devra puiser dans ses réserves pour éviter de plus grandes catastrophes dans Métropolis. Hélas, Doomsday rivalise avec Superman et l'envoie dare-dare dans les décombres de la ville. Pour le terrasser, l'homme de Krypton semble condamnéà se sacrifier...
A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas s'enthousiasmer à l'idée de voir Superman ciller sous les coups de semonce de Doomsday.
A cet égard, The Death Of Superman se montre plutôt magnanime en termes de bastons homériques. 

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Sur presqu'une heure et vingt minutes de programme, le pugilat s'échelonne sur plus de la moitié du "film". Autant dire que l'on ne s'ennuie jamais et que le film d'animation tient les promesses annoncées en termes de belligérance et de saynètes d'action débridées. Autre point positif, The Death of Superman se centre et accentue les dilections amoureuses entre Clark Kent et Loïs Lane. Le journaliste timide et débonnaire finit par révéler sa véritable identitéà la journaliste pugnace. La fin du super-héros est ici imminente et le long-métrage opacifie cette tragédie à la trajectoire funeste.
Dans l'ensemble, The Death of Superman apparaît donc comme un long-métrage d'animation plutôt éloquent qui devrait logiquement satisfaire les thuriféraires de la première heure, ainsi qu'un plus jeune public, peu habituéà voir l'homme de Krypton mordre la poussière.

A contrario, The Death of Superman n'est pas exempt de tout reproche. Sans être spécialement honteux, l'animation et les graphismes restent un peu trop sporadiques, surtout pour un long-métrage d'animation datant de 2018. Sur la forme, les dessins se rapprochent d'une série d'animation subsidiaire, dans la grande tradition de certaines séries d'animation, estampillées "DC Comics", des années 1990, voire années 80 ; notamment dans le design de certains faciès particulièrement rectilignes.
On peut donc regretter un certain manque de méticulosité dans certains graphismes, parfois un peu trop primaires. En outre, difficile de ne pas pouffer devant le physique parfois peu gracile de Superman. 
De surcroît, la Justice League, pourtant bien présente dans cet épisode subalterne, est prestement expédiée. Il est dommage que les concepteurs n'aient pas davantage étayé les relations amicales entre Superman et ses fidèles prosélytes. Mais ne soyons pas trop vachard. En tant que film d'animation qui ferait presque office d'OAV, The Death of Superman se montre plutôt probe et tout à fait recommandable. En tout cas, ce long-métrage d'animation se montre beaucoup moins lénifiant que Superman Returns (précédemment mentionné dans ces lignes), ce qui n'était pas trop difficile non plus !

Note :13/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

 

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