Genre : science-fiction
Année : 2003
Durée : 2h18
Synopsis : Neo apprend à mieux contrôler ses dons naturels, alors même que Sion s'apprête à tomber sous l'assaut de l'Armée des Machines. D'ici quelques heures, 250 000 Sentinelles programmées pour anéantir notre espèce envahiront la dernière enclave humaine de la Terre. Mais Morpheus galvanise les citoyens de Sion en leur rappelant la Parole de l'Oracle : il est encore temps pour l'Elu d'arrêter la guerre contre les Machines. Tous les espoirs se reportent dès lors sur Neo. Au long de sa périlleuse plongée au sein de la Matrix et de sa propre destinée, ce dernier sera confrontéà une résistance croissante, une vérité encore plus aveuglante, un choix encore plus douloureux que tout ce qu'il avait jamais imaginé.
La critique :
Pour mémoire, nous avions quitté Neo en plein envol à la fin du premier épisode, le héros triomphant arrogamment des roueries de l'agent Smith et de la Matrice. Via le premier Matrix, les frères Wachowski (Andy et Larry) décrivaient une version modernisée de l'Allégorie de la Caverne de Platon, tout en empruntant à la philosophie de George Orwell avec le roman 1984, ainsi qu'à la dialectique du maître et de l'esclave ânonnée par Hegel en son temps.
Ainsi, la réalité dans laquelle nous vivons serait factice et une sorte d'univers parallèle destinéà nous claustrer dans notre oisiveté et notre servitude. Depuis un autre univers parallèle, cette fois-ci bien réel, ce sont des machines qui gouvernent, réduisant l'espèce humaine à l'esclavage. Thomas A. Anderson, un citoyen lambda, est conviéà sortir de la Caverne.
"Suis le lapin blanc", telle est l'instigation laconique de Morpheus. Matrix, ce sont aussi ces références pléthoriques à l'univers fantasmagorique d'Alice au Pays des Merveilles, les substances illicites en moins. Ainsi, Thomas Anderson se transmute en Neo et en sauveur quasi christique qui doit délivrer les opprimés du joug des machines. La prophétie doit s'accomplir. Inexorablement. Après avoir découvert l'extérieur de la caverne, Neo doit désormais sonder sa genèse et ses nombreuses anfractuosités. Telle est la rhétorique de Matrix Reloaded, toujours réalisé par Andy et Larry Wachowski en 2003.
Les deux frangins n'ont jamais caché leur volonté de signer une trilogie. Mieux, le chapitre suivant, Matrix Revolutions (2003), sera tourné dans la foulée. En l'espace d'un seul film, la saga Matrix est devenue un véritable phénomène, ainsi que le nouveau parangon du genre science-fictionnel.
Un engouement qui n'échappe pas aux frangins Wachowski, bien conscients de cet extatisme. Inutile alors de préciser que Matrix Reloaded est attendu au tournant. Reste à savoir si ce second volet tient (ou non) les promesses annoncées. Réponse dans les lignes à venir... En l'occurrence, les avis sont plutôt mitigés. Si certaines critiques encensent les qualités visuelles et esthétiques de Matrix Reloaded, d'autres à l'inverse se montrent beaucoup plus pondérées, et fustigent une pellicule un peu trop prolixe et grandiloquente. En dépit de ces nombreuses invectives, Matrix Reloaded se solde néanmoins par un succès colossal au cinéma. Une prouesse pour un blockbuster qui mélange savamment arts martiaux, science-fiction, cyberpunk et de nombreuses réflexions ésotériques.
La distribution du film se compose de Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne, Hugo Weaving, Matt McColm, Monica Bellucci, Gloria Foster et Lambert Wilson.
Pour la petite anecdote, Sean Connery sera longtemps envisagé pour interpréter le rôle du maître des clés. Mais la production essuie un camouflet. La raison ? Le comédien ne pige absolument rien au scénario du film. En l'occurrence, le script est encore plus alambiqué que dans le premier volet. Attention, SPOILERS ! Neo apprend à mieux contrôler ses dons naturels, alors même que Sion s'apprête à tomber sous l'assaut de l'Armée des Machines. D'ici quelques heures, 250 000 Sentinelles programmées pour anéantir notre espèce envahiront la dernière enclave humaine de la Terre.
Mais Morpheus galvanise les citoyens de Sion en leur rappelant la Parole de l'Oracle : il est encore temps pour l'Elu d'arrêter la guerre contre les Machines. Tous les espoirs se reportent dès lors sur Neo. Au long de sa périlleuse plongée au sein de la Matrix et de sa propre destinée, ce dernier sera confrontéà une résistance croissante, une vérité encore plus aveuglante, un choix encore plus douloureux que tout ce qu'il avait jamais imaginé.
A tort, Matrix Reloaded est souvent considéré comme un chapitre stérile et inutile. Pourtant, malgré ses sinuosités et son scénario retors, cette suite ouvre véritablement la boîte de Pandore. En s'immisçant dans la Matrice, Neo va découvrir son essence et sa genèse. D'ailleurs, ses nombreux assaillants s'étonnent encore de son aspect humain. En l'occurrence, Neo n'est qu'un programme et plus précisément une anomalie systémique engendrée par la Matrice et son principal démiurge, le bien nommé l'Architecte. Contre toute attente, Neo n'est qu'un vulgaire apparatchik, néanmoins en pleine insubordination contre le despotisme des machines. En résumé, pour fonctionner et continuer de subsister, la Matrice a besoin d'ériger un programme antithétique déguisé sous les oripeaux chimériques d'un sauveur, voire d'un thaumaturge. Une chimère. De facto, Neo n'est pas le premier Elu généré par la Matrice.
Ainsi, la prophétie n'est qu'un simulacre destinéà leurrer la plèbe via la résistance et toute tentative d'insubordination. Finalement, en dépit de ses programmes alambiqués et de ses virtuosités numériques, la Matrice n'est qu'un système autocratique comme un autre, habilement régenté par l'Architecte et probablement par l'Oracle. En outre, cette dernière fait office de guide mais aussi d'intercesseur entre Neo et le monde des machines. Quant à l'agent Smith, lui aussi n'est qu'une anomalie systémique qui tente à son tour d'assouvir la Matrice à ses vils desseins.
Dans Matrix Reloaded, Neo doit sans cesse s'interroger sur le sens de ses choix, ainsi que relier les causes et leurs effets. Telle est la didactique psalmodiée par le Mérovingien et ses fidèles prosélytes. A moins que le système ne soit finalement diligenté par une oligarchie, ou encore par des forces invisibles et encore plus obscures.
En ce sens, Matrix Reloaded nous invite à réflexionner sur des questions métaphysiques et même cosmologiques. Certes, le public avisé risque d'être sérieusement ébranlé par les directions spinescentes de ce second chapitre. De surcroît, le long-métrage n'est pas exempt de tout reproche, notamment lorsque les frères Wachowski transforment leur pellicule en rave party lors de sa première demi-heure, la populace dansant sur les rythmes endiablés d'une immense techno parade.
Ensuite, il faudra également supporter les logorrhées et les billevesées d'un Lambert Wilson en pleine séance de cabotinage. Toutefois, ne soyons pas trop sévère. En dépit des apparences, Matrix Reloaded parvient parfois à transcender son sujet via une course poursuite effrénée sur l'autoroute, retrouvant par instants, la pétulance et la quintessence de son auguste devancier. Cependant, cette suite n'en reste pas moins décevante. Sans doute trop riche et trop innovante, la franchise semble se carapater et échapper aux frères Wachowski, engoncés dans leur script nébuleux et amphigourique.
La note finale pourra donc paraître particulièrement clémente...
Note : 14/20