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L'Emmurée Vivante (Un mur pas comme les autres)

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Genre : Epouvante, horreur, thriller (interdit aux - 16 ans)

Année : 1977

Durée : 1h35

 

Synopsis :

Virginia Ducci a des prémonitions. Elle sait que l'un des murs de la maison de son défunt mari abrite un cadavre. Avec l'aide d'un spécialiste en paranormal, elle explore la bâtisse en ruines et ne tarde pas à découvrir un squelette. Mettre au jour ce terrible secret va s'avérer un geste funeste pour Virginia.

 

La critique :

Cela faisait plutôt longtemps que je ne m'étais plus lancé dans la chronique d'un giallo, un style de film d'horreur issu de l'Italie, depuis le médiocre Le Dernier Train de la Nuit. Si, en soit, rare sont les films d'horreur à m'avoir accroché, le giallo a bien eu du mal à savoir me captiver au début et, après une franche réussite grâce àLa Maison aux Fenêtre qui Rient, une succession de déceptions eurent lieu, vite rattrapées par quelques surprises notoires.
Au final, le giallo est toujours un style délicat pour moi car, soit je vais royalement m'emmerder ou soit, je vais accrocher quasi instantanément. Aujourd'hui, la chronique se portera sur un film d'un des réalisateurs les plus reconnus de ce genre, à savoir Lucio Fulci que l'on ne présente plus avec des titres comme Frayeurs, L'Au-Delà ou encore La Maison Près du Cimetière qui ont su s'imposer dans la liste privilégiée des grands classiques du film d'horreur. 

Hélas, en dehors de Frayeurs, les deux derniers n'ont suscité, au mieux, chez moi qu'un ennui poli mais c'est à mettre en corrélation avec le fait que le giallo se démarque de la conception que l'on se fait du film d'horreur. Et forcément quand vous étiez novice au moment du visionnage, le désappointement est de mise, donc un second visionnage sera nécessaire. Mais revenons à nos moutons car, dans la filmographie de Luci, peut également s'ajouter le film au doux nom de L'Emmurée Vivante.
Un film, disons-le, méconnu du giallo et qui n'est que peu cité quand nous parlons de la filmographie du bonhomme. Aucune information de tournage ou détail croustillant à nous mettre sous la dent. Rien de grave mais la seule question m'étant venue en tête, juste avant de démarrer le visionnage, est : Est-ce que L'Emmurée Vivante sera l'un de ces giallo à avoir su me fasciner ? That's the question !

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ATTENTION SPOILERS : Depuis l'enfance, Virginia a des visions. Sous l'impulsion de l'une d'entre elles, elle abat un mur de la maison de son mari, Francesco, et y découvre un cadavre. Francesco est incarcéré, mais Virginia ne croit pas en sa culpabilité : elle décide de mener sa propre enquête.

On a là un synopsis à la fois simple et efficace pour susciter un minimum de curiosité et comme vous avez sans doute pu le voir, Fulci s'éloigne de l'horreur pure avec ses monstres dégoulinants et puants pour revenir à quelque chose de plus conventionnel. N'espérez pas voir quelconque entité surnaturelle dans L'Emmurée Vivante, Fulci nous livre ici une pure enquête policière mâtinée d'une dose de paranormal vu que l'héroïne principale est victime de prémonitions.
Panne momentanée d'inspiration ou volonté d'innover dans son style ? Aucune idée sur les intentions du bonhomme mais une chose est sûre, L'Emmurée Vivante est une franche réussite dans son genre ne pouvant que tenir en laisse le spectateur qui acceptera la tournure des événements. Pourtant, on ne peut pas dire que le film démarrait sur les chapeaux de roue en filmant le suicide de la mère de Virginia du haut d'une falaise avec des zooms sur le visage se fracassant sur des rochers. Des zooms mettant en avant des effets spéciaux dignes des navets à la Bruno Mattei. Ce traumatisme ne quittera jamais Virginia et c'est l'occasion pour Fulci de jongler étroitement entre l'avancement de l'enquête et la personnalité de cette architecte prise dans une spirale dont elle ne parvient pas à en sortir. 

Virginia, malgré son statut de femme raffinée et issue de la haute société, est une personne extrêmement sensible et méfiante, fréquemment sujette à des crises d'angoisse qu'elle ne parvient pas à contrôler. Oui, la bourgeoisie n'est pas systématiquement invincible dans la gestion de ses émotions. On peut saluer le réalisateur de mettre en premier plan son héroïne et de ne pas la laisser sur le côté, au profit d'une enquête policière dont la présence de l'héroïne ne justifie que le trait surnaturel. Virginia a une vraie personnalité travaillée de bout en bout et est directrice du devenir du récit.
Et l'air de rien, il n'y a pas tant d'enquête policière qui sont comme ça ! Fulci va donc s'autoriser tout un tas de procédés excentriques de mise en scène, à commencer par ces gros plans fréquents sur les yeux de Virginia. Un procédé qui deviendra, par contre, vite lourd arrivéà une certaine durée. On appréciera, en revanche, beaucoup l'une des premières séquences voyant Virginia au volant d'une voiture s'engouffrant dans des tunnels et permettant à l'horreur psychologique de prendre le relais au travers d'une mise en scène claustrophobique d'une efficacité assez impressionnante. 

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On appréciera aussi les jeux sur les miroirs amplifiant, à leur manière, une certaine forme d'intensité. Au final, les effets employés par Fulci fonctionnent et apportent un certain cachet, le tout évoluant autour d'une unique vision (un miroir qui se brise, un mur filmé, etc...). Par contre, n'espérez pas voir quelconque forme de gore sanguinolent outrancier, Fulci s'attarde avant tout sur la psychologie des personnages et privilégie l'horreur psychologique. Du coup, on a un peu de mal à comprendre l'interdiction aux moins de 16 ans, visiblement, toujours en vigueur.
Tout cela sera au service d'une ambiance à la fois mystérieuse, étrange, torturée et que l'on ressent comme quasiment onirique. Ce qu'il faut dire est que Fulci a su gérer son cahier de charge efficacement pour faire de L'Emmurée Vivante un thriller horrifique de qualité mais qui s'entache de défauts, parfois assez gênants que je mentionnerai juste en-dessous.

Au niveau de l'esthétique, on reconnaît la patte baroque chère au réalisateur, bien mise en évidence par le biais de beaux cadrages offrant une large vue sur les décors. Si parfois, ils seront de qualité, parfois ils seront plus classiques. On reste un peu loin de l'esthétique ravissante et clinquante de Six Femmes pour l'Assassin. La bande sonore, agressive et synthétique se marie bien avec le contexte. Pour ce qui est du casting, on retrouvera la belle Jennifer O'Neill qui a eu le prestige d'officier avec Otto Preminger ou encore Luchino Visconti et de faire fantasmer des millions de spectateurs, étonnés de la voir évoluer dans un environnement aussi sombre, comparéà ses anciens films.
Le reste des acteurs se composera de Gabriele Ferzetti, Marc Porel ou Gianni Garko ne présentant, malheureusement, strictement aucun intérêt. Ca c'était le premier point négatif mais le point le plus fâcheux résidera dans sa fin expédiée en 2 secondes sans que nous nous y attendions, quasiment abasourdi d'être abandonné comme des vieilles chaussettes et à deux doigts de hurler au manque de respect.

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Mais en conclusion, L'Emmurée Vivante est une enquête policière de qualité qui vaut beaucoup pour la personnalité de Virginia soumise à des traumatismes horrifiques et des terreurs enfouies. On navigue donc loin du film de monstre auquel Fulci nous a habitués et de ses délires sanglants et presque vomitifs. En dehors de la scène de suicide au rendu assez mauvais, aucune réelle apparition de sang ne sera au programme. Ce qui n'est pas gênant du tout mais ça ne justifie en aucun cas une interdiction aux moins de 16 ans périmée. Bref, Fulci fait de son L'Emmurée Vivante un thriller audacieux à la belle image et à la mise en scène efficace et possédant quelques rebondissements plaisants.
Dommage qu'en dehors de Jennifer O'Neill, les autres acteurs versent dans une interprétation "série B" et que la fin soit insultante, sinon on tiendrait sans nul doute une oeuvre qui aurait pu rivaliser avec les grands classiques du cinéaste. Un Fulci mineur mais qui a au moins le mérite de ne pas prétendre être ce qu'il n'est pas.

 

Note :14/20

 

 

orange-mecanique   Taratata


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