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Hi8 : Resurrectio (A german film)

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Hi8_Resurrectio

 

Genre : horreur, trash, gore (interdit aux -16 ans avec avertissement)
Année : 2016
Durée : 1h12

Synopsis : Steven, un cinéaste amateur, recherche en vain des fonds pour tourner son premier film. Fan de films gore, il tombe sur le site Web d'une société de production underground, la bien nommée 666 Films, qui recherche un étudiant en cinématographie pour réaliser ses films, avec un joli pactole à la clé. Attiré par cette proposition inespérée, Steven envoie un mail à ce mystérieux consortium. Dès le lendemain matin, un individu sonne à sa porte et l'emmène dans une maison isolée où doit se dérouler le supposé tournage. Mais Steven va très vite se retrouver confrontéà la terrible réalité : la 666 Films n'est rien d'autre qu'un groupe de criminels satanistes qui s'adonnent aux snuff movies pour le bon plaisir du plus puissant des commanditaires, le diable lui-même.

La critique :

Non, n'ayez crainte, nous resterons encore dans les limites du raisonnable au cours de cette chronique. Les choses vraiment sérieuses arriveront un peu plus tard. En attendant, voici Hi8 : Resurrectio la (presque) nouvelle petite bombe gore signée des productions Blacklava, désormais célèbres pour avoir révélé au monde entier les films du "maître" Marco Malattia. Auréolé d'une flatteuse réputation acquise dans divers festivals, Hi8 : Resurrectio se veut être officiellement la réponse allemande au fameux et polémique A Serbian Film réalisé par Srejdan Spajosevic en 2010. Réponse à retardement allez-vous me rétorquer puisque six ans se sont écoulés entre la sortie des deux films.
Les allemands ont pris leur temps... Présentéà la Nuit Sadique-Master Festival comme une parodie du célèbre film serbe, Hi8 : Resurrectio n'est pas pour autant un film comique ; loin de là. Stefan Sierecki, jeune réalisateur teuton énervé, s'inspire certes de A Serbian Film dans les grandes lignes de son scénario, mais son film s'en démarque rapidement pour afficher une identité qui lui est propre. Et ma foi, ce Hi8 : Resurrectio est une oeuvre bien sympathique. Aussi décomplexée que jouissive, cette pellicule sanguinolente constitue un tremplin idéal pour un public novice qui chercherait à découvrir le cinéma underground et extrême.

Pourtant d'extrême, Hi8 : Resurrectio n'en possède en rien les attributs et n'en revendique aucunement l'appartenance. Mais il se dégage de cette pellicule toutefois très violente, le charme indéniable d'un film inaugural. À l'instar de Sam Raimi ou d'Olaf Ittenbach qui ouvrirent leurs palmarès avec des oeuvres faites de trois bouts de ficelle, Stefan Sierecki n'a pas beaucoup de moyens et cela se voit très vite à l'écran. Peu d'acteurs, une cave sombre pour tout cadre à l'action principale, autant dire le minimum syndical pour placer un scénario digne de ce nom. Il ne faudra pas compter sur Hi8 : Resurrectio pour renouveler le genre gore ni en révolutionner les codes.
Le faux snuff étant à la mode, Stefan Sierecki s'engouffre allègrement dans la brèche en y ajoutant une bonne dose de torture porn ; rien de nouveau sous le soleil donc. Pourtant, à ces deux piliers de l'horreur moderne, le réalisateur a la bonne idée d'introduire une pincée de fantastique à la sauce diabolique pour agrémenter son histoire. Ici, le "héros" ne se débat pas contre ses propres démons comme le faisait le principal protagoniste de A Serbian Film, il combat le diable lui-même à travers deux de ses plus fidèles suppôts.

Hi8-Resurrectio-Raphael1-©Stefan-Sierecki-e1477401245770

Sierecki a tout du jeune réalisateur biberonné aux Evil Dead, Hellraiser ou Black Past. Il n'est pas difficile de voir entre lui et le personnage central de son film, un bon nombre de points communs à commencer par les difficultés financières auxquelles est confronté Steven, l'apprenti cinéaste. Il n'est pas difficile non plus, de comprendre que l'essentiel du budget de Hi8 : Resurrectio est passé dans la réalisation d'effets spéciaux, très convaincants au demeurant. Les acteurs, évidemment inconnus, s'en sortent bien ; il est vrai que très peu de monde défile au cours du métrage.
Accordons une mention spéciale à Oliver Troska 
(Steven) pour la progression de son jeu qui va crescendo de la normalité jusqu'au délire de la possession démoniaque. Cet acteur germanique fait beaucoup penser, non seulement par sa façon d'évoluer face à la caméra mais aussi physiquement, au jeune Bruce Campbell qui se débattait contre les forces démoniaques au fond des bois dans le premier opus d'Evil Dead en 1981. Attention spoilers : Steven est un jeune apprenti cinéaste qui cherche en vain à récolter des fonds pour faire son premier film. Fan de gore, il s'est mis en tête de réaliser "le film le plus sanglant de tous les temps".

Alors qu'il végète devant la télévision avec ses deux meilleurs amis, sa copine lui apprend qu'une société de production basée sur Internet, la 666 Films, recherche un jeune réalisateur. Le travail serait à priori, très rémunérateur. Attiré par l'appât du gain, Steven envoie un mail de candidature à cette étrange annonce. Dès le lendemain matin, un inconnu se présente à son domicile, lui met un sac sur la tête et l'emmène dans une maison isolée. Très vite, Steven comprend qu'il s'est embarqué dans une histoire qui va dépasser de loin ses plus horribles cauchemars. En fait de producteurs, ses mystérieux ravisseurs s'avèrent être deux créatures sataniques qui n'oeuvrent que dans le but de satisfaire les désirs sanguinaires du plus terrifiant des commanditaires, le diable en personne.
Hi8 : Resurrectio fleure bon le premier film. Celui qu'un cinéaste en herbe réalise avec l'enthousiasme de sa jeunesse, sans se poser de questions, laissant libre cours à sa fantaisie et à ses impulsions artistiques. Alors bien sûr, qui dit premier film implique aussi que tout n'est pas parfait. On pourrait trouver une multitude de défauts à cette oeuvre juvénile si l'on cherchait la petite bête. À commencer par une durée limitée à 72 minutes, conséquence évidente de la situation impécunieuse du réalisateur.

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On pourra regretter également quelques longueurs inutiles en début de film, lorsque Steven et ses amis se saoulent à la bière devant la télé. Il faudra aussi que pour ses prochaines oeuvres, Stefan Sierecki cesse de s'abreuver à trop de références. Même s'il reste éminemment agréable à visionner, Hi8 : Resurrectio pompe quand même ses sources d'inspiration sur les classiques du cinéma d'horreur qu'ils soient contemporains ou plus anciens. Mais le défaut principal du métrage consiste dans sa mise en scène et en premier lieu au niveau de l'éclairage. Le film est trop sombre. Ainsi, une grande partie des scènes horrifiques est tournée dans une semi obscurité, ce qui nuit quelque peu à la puissance des effets spéciaux. Et c'en est d'autant plus dommage que ceux-ci sont d'un très bon niveau.
Incontestablement, Hi8 : Resurrectio n'est pas avare en litres d'hémoglobine déversés à l'écran. Sans atteindre les démentiels excès d'Olaf Ittenbach, Stefan Sierecki se (et nous) fait plaisir en éclaboussant ses acteurs de faux sang et de tripailles. Les actes de tortures sont nombreux avec au programme des festivités de la défonce au marteau, du cisaillement de gorge avec arrachement de mâchoire, de la perforation de pénis et des coups de batte de baseball comme s'il en pleuvait.

Le film se termine d'ailleurs sur un "gore feast" entre Steven et ses deux kidnappeurs dont on peut regretter qu'il ne dure plus longtemps tant il constitue un plaisir coupable pour le spectateur. Nous avons parlé des faiblesses ; abordons à présent les qualités de cette péloche d'outre Rhin que peu d'amateurs ont eu l'occasion de voir puisque le film est très récent. Outre l'interprétation très correcte des acteurs, l'intérêt du film est concentré sur l'état psychologique déroutant du personnage principal. Tour à tour, victime, bourreau et possédé, le pauvre Steven en voit des vertes et des pas mûres tout au long de son aventure. Une aventure qui commence par (ce qu'il pense être) une bonne surprise et qui finit en bain de sang. Car le jeune homme est confrontéà l'adversaire le plus puissant qui soit : Satan en personne. C'est bien là que se dissocient définitivement les postures de A Serbian Film et Hi8 : Resurrectio. Le premier infiniment plus glauque, joue sur le registre de la détresse humaine et de l'avilissement total d'un père de famille. Le film de Sierecki lui, malgré la noirceur de son sujet, se détache complètement de la réalité en faisant intervenir le surnaturel et donc opère une distanciation entre le spectateur et l'histoire qui rend la violence graphique beaucoup moins malsaine.

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Les spécialistes du cinéma de genre ont beaucoup parlé de parodie (de A Serbian Film pour ne pas le citer) concernant Hi8 : Resurrectio ; ce qui sous entendrait que le film affiche volontairement un côté humoristique. Je pense qu'il s'agit d'une erreur d'appréciation car si le réalisateur se laisse aller à l'exagération comique lors d'une scène (Steven se masturbe en regardant les vhs de ses propres meurtres et éjacule façon geyser), le reste du film est abordé de manière très sérieuse. Au fait, pourquoi ce titre aussi étrange de Hi8 : Resurrectio ?
Hi8, tout simplement parce que ce terme désigne un standard analogique d'enregistrement pour caméscopes grand public (il constitue en cela l'évolution du 8mm) et Resurrectio, car c'est en latin que Satan s'adresse au "héros" malheureux (par l'intermédiaire d'un autoradio) à la fin du film. Cette invocation venue tout droit de l'enfer fera basculer Steven définitivement, c'est en tout cas ce que l'on suppose, dans le camp des suppôts du Malin.

En tout cas, cette fin énigmatique pourrait laisser subodorer, j'en suis convaincu, une suite éventuelle. Au final, nous allons être indulgents pour ce premier film d'un jeune réalisateur enthousiaste et encore peu aguerri. Beaucoup de choses sont loin d'être maîtrisées mais on sent chez Stefan Sierecki un réel appétit de cinéma, une gourmandise visuelle en appropriation avec le genre dans lequel il évolue : le gore. Laissons-lui encore un peu de temps pour établir son style de façon solide et acquérir les bases de son métier. Le talent et la volonté de bien faire sont là, il reste cependant encore à travailler pour se montrer le digne  héritier de ses prestigieux compatriotes qui ont signé en leurs temps, les classiques du cinéma d'horreur germaniques de ces trente dernières années. 
En attendant, Hi8 : Resurrectio assure l'essentiel en délivrant largement la marchandise et constitue un spectacle très divertissant pour l'amateur de  pellicules horrifiques. En signe d'encouragement pour cette première oeuvre, mon appréciation sera donc assez indulgente.

 

Note :13/20

TumblingDollOfFlesh Inthemoodforgore


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