Genre : horreur, épouvante, fantastique
Année : 2006
Durée : 1h41
Synopsis : Alaska, mine de Kink. Isolée depuis plusieurs mois, une petite équipe de scientifiques est chargée d’étudier et d’analyser une future zone d’exploitation pétrolière. Très vite, des événements troublants viennent perturber la vie de la station. Le climat, anormalement hostile, semble se retourner contre les habitants. Hallucinations, démence, paranoïa… La folie semble s’emparer petit à petit de la base. Et si ces maux étaient les symptômes d’un mal plus grand ? Et si quelque chose en était à l’origine ? Et s’ils étaient en train de vivre leur dernier hiver ?
La critique :
A la fois producteur, acteur, scénariste et réalisateur, Larry Fessenden n'a jamais caché son affection pour l'univers de la série B. En tant que cinéaste, on lui doit quelques productions notoires. Les thuriféraires du metteur en scène citeront aisément Habit (1997), Wendigo (2001), Beneath (2013), ainsi que sa participation àThe Abc's Of Death 2 (2013), un film d'horreur réalisé avec la collaboration de Rodney Ascher, Julian Barratt, Alexandre Bustillo et Julien Maury (entre autres).
Vient également s'ajouter The Last Winter, sorti en 2006. Le film est une production américano-islandaise ainsi qu'un long-métrage indépendant. En outre, The Last Winter ne bénéficiera pas vraiment d'une grande exploitation puisque le film est distribué seulement dans deux salles aux Etats-Unis. Pourtant, en dépit de ses maigres recettes, le métrage reste environ cinq semaines à l'affiche.
Une durée évidemment insuffisante pour conquérir les spectateurs dans les salles et pour s'enorgueillir d'une solide réputation. Corrélativement, The Last Winter est présenté dans différents festivals sans néanmoins susciter l'enthousiasme. Pourtant, Larry Fessenden parvient à obtenir l'assentiment de Ron Perlman. Inutile de présenter le comédien qui a débuté sa carrière cinématographique à l'orée de la décennie 1980 avec La Guerre du Feu (Jean-Jacques Annaud, 1981).
Viennent également s'ajouter James LeGros, Connie Britton, Zach Gilford et Kevin Corrigan. En France, The Last Winter n'a pas connu les ferveurs des salles obscures et a donc dû se contenter d'une petite sortie furtive en dvd. A fortiori, rien ne semble distinguer cette production impécunieuse de toutes ces pellicules qui sortent directement en vidéo.
Attention, SPOILERS ! (1) Une compagnie pétrolière tente d’exploiter l’Alaska en envoyant l’une de ses équipes. Lorsque le chef, Ed Pollack, revient au campement après avoir eu l’accord pour commencer les travaux, des choses étranges commencent à se passer. L’un des membres est retrouvé mort, nu et gelé, près de l’ancien test d’exploitation effectué des années auparavant. Malgré les recommandations faites par un spécialiste, Pollack refuse d’envoyer son équipe se faire soigner, alors que tout le monde semble souffrir d’hallucinations. Ils devront donc tenter de percer le mystère : (1) Et si ces maux étaient les symptômes d’un mal plus grand ? Et si quelque chose en était à l’origine ?
Et s’ils étaient en train de vivre leur dernier hiver ? A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas songer àThe Thing (John Carpenter, 1982), soit la principale source d'inspiration de The Last Winter.
De surcroît, Larry Fessenden n'a jamais tari d'éloges pour le chef d'oeuvre horrifique et eschatologique de John Carpenter. Pour mémoire, The Thing nous entraînait dans un huis clos en Antarctique, le long-métrage s'apparentant à une allégorie sur l'Apocalypse. A sa manière, Larry Fessenden revisite le film polymorphe de John Carpenter, tout en prenant ses distances, et surtout en créant sa propre atmosphère. Dans un premier temps, The Last Winter ressemble, à s'y méprendre, à une longue emphase écologique. Soucieux de la fonte des glaces et de ses corollaires, Larry Fessenden nous délivre une homélie parfois un brin harangueuse sur nos comportements délétères.
La fonte des glaciers aurait provoqué le réveil d'une créature inconnue... C'est la seconde partie de The Last Winter.
Dès lors, Larry Fessenden entretient volontairement le mystère sur ce monstre hivernal. Mieux, le cinéaste pose le doute sur la réelle existence de cette entité démoniaque. Le film tergiverse sans cesse entre le fantastique, le huis clos et le registre du fantastique. Toutefois, une telle direction, pour le moins spinescente, n'est pas sans conséquence et aura le don de désarçonner les néophytes. En revanche, les adeptes de l'épouvante minimaliste priseront sans doute les qualités inhérentes de The Last Winter. Par certaines accointances, le métrage de Larry Fessenden renoue avec le cinéma de science-fiction et d'horreur des années 1950. On pense notamment àTarantula ! (Jack Arnold, 1955).
A l'instar du film de Jack Arnold, la menace croissante de The Last Winter provient du vide et d'un néant indicible.
Impression corroborée par l'affiche du film et la mention suivante : "Ce qu'ils vont trouver aurait dû rester cachéà jamais". On retrouve donc ce sentiment d'oppressement permanent ainsi que cette paranoïa intrinsèque, un des thèmes prééminents de The Thing. Indubitablement, The Last Winter possède de sérieux arguments dans sa besace. Cependant, le film n'est pas exempt de tout reproche. Si les comédiens font le job (Ron Perlman en tête), le scénario souffre parfois de séquences récursives. Il manque à cette production désargentée une ou plusieurs saynètes spectaculaires pour susciter l'adhésion sur la durée (une heure et quarante minutes de bobine environ).
A contrario, The Last Winter est aussi victime de son budget famélique. Heureusement, Larry Fessenden ne s'attarde pas trop sur le design faisandé de la créature, par ailleurs réalisée en images de synthèse joyeusement surannées. C'est tout le paradoxe du film. S'il parvient à créer cette ambiance anxiogène, la pellicule ne suscite jamais - ou presque... - la moindre once d'effroi et/ou de tressaillement.
Note : 12/20
(1) Synopsis du film sur : http://www.horreur-web.com/lastwinter.html