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Docteur Folamour (Lâchez les bombes !)

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Genre : Comédie dramatique

Année : 1964

Durée : 1H31

Synopsis : Devenu fou, le général américain Ripper décide d’envoyer des avions nucléaires bombarder l’URSS. Un conseil réunit alors le Président des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que les ministres et les officiers. Ensemble, ils tentent par tous les moyens de faire revenir les avions. Malheureusement, la procédure est irréversible.

La critique :

Attention chef d’œuvre ! Docteur Folamour ou : Comment J’ai Appris à ne Plus m’en Faire et à Aimer la Bombe, réalisé par Stanley Kubrick en 1964. A cette époque, ce cinéaste de génie s’était déjà fait remarquer avec des films tels que Les Sentiers de la Gloire et Lolita, entres autres. Ici, Kubrick décide d’adopter à l’écran le roman Two Hours to Doom. Il est question de l’histoire terrifiante d’une guerre nucléaire déclenchée par la folie d’un général américain.
Ce récit subversif séduit Kubrick qui se décide rapidement à faire de cette histoire son prochain film. Coup de génie ! Il choisit de se détacher de la tonalité particulièrement sombre du livre et de pencher plutôt vers la comédie. Il crée ainsi l’une des plus grandes, des plus drôles, des plus folles et des plus dérangeantes comédies noires de l’histoire du cinéma.

Attention SPOILERS ! Le général Ripper, un officier américain, est devenu fou ! Il commandite alors un ordre secret pour bombarder la Russie. En réalité, il s’agit d’une procédure dissuasive d’autodéfense qui donne ordre à des avions d’envoyer des bombes nucléaires sur l’URSS. Une fois la procédure enclenchée, les avions n’ont plus aucun contact radio avec personne afin de ne pas être détournés de leur but. Un conseil se réunit alors dans la salle de guerre. Le président, ses ministres et ses officiers veulent immédiatement rappeler les avions. Mais le général Turgidson les informe du fait que la procédure, qui doit normalement être déclenchée en cas d’attaque soviétique, a été conçue pour être irréversible. 
Pour Turgidson, la seule solution semble donc de continuer l’attaque et d’envoyer toutes les troupes pour massacrer « les ruskovs ».

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Mais le président choisit plutôt de contacter, via le téléphone rouge, le dirigeant de l’URSS. Ce dernier est ivre et le débat est difficile. Au final, l’ambassadeur de Russie vient dans la salle de guerre malgré les protestations de Turgidon. Il les informe alors que l’URSS dispose également d’un dispositif de contre-attaque qui se déclenche automatiquement en cas d’attaque américaine ou si l’on essaie d’embrayer la procédure. Il devient alors impératif d’arrêter les avions. 
Le président décide d’attaquer la base militaire de Ripper et de capturer ce dernier afin de le faire parler sur une possible solution pour arrêter les bombes. Pendant ce temps, dans la base, le colonel britannique Lionel Mandrake fait tout son possible pour ramener Ripper à la raison. Ce dernier l’informe alors qu’un code permet d’arrêter la procédure. Mais avant de lui donner les chiffres, Ripper se suicide.

Une véritable course contre la montre s’engage alors pour sauver la planète de la destruction. Le conseil consulte le docteur Folamour. Kubrick met donc en scène une histoire à la fois déjantée et à la fois terriblement terrifiante car terriblement possible. Ici, le réalisateur nous parle du danger du nucléaire. Il remet donc en cause le pouvoir dissuasif de la bombe atomique. Le cinéaste évoque ici ses craintes en ce qui concerne le fait de mettre la bombe atomique entre les mains de n’importe qui. Autant dire que dans Docteur Folamour, les militaires aussi bien que les politiques en prennent pour leur grade. C’est bien simple, ils sont ici montrés comme des incapables et des incompétents. Kubrick dénonce également l’absurdité des projets militaires à travers le général Jack Ripper (littéralement Jack L’éventreur). A ce propos, on pourrait peut-être voir une critique du Maccarthysme dans les discours de Ripper concernant les « fluides corporels ».

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Bien sûr, toutes ces dénonciations s’opèrent avec beaucoup d’humour à travers de scènes devenues cultes. Comment ne pas citer la conversation téléphonique entre le Président des Etats-Unis et le dirigeant soviétique ivre de vodka ? Ou encore la scène dans laquelle le président tente d’arrêter la bagarre entre Turgidson et l’ambassadeur et qui s’écrie : « Messieurs, vous ne pouvez pas vous battre ici ! C’est la salle de guerre ! ». Et bien évidemment, la scène où Folamour tente de retenir son bras droit de faire le salut nazi tout en appelant le président « Mein Führer ». 
La réalisation de Kubrick atteint ici des sommets. Les plans de la salle de guerre restent en tête, de même que ceux des scènes finales. Le réalisateur joue habilement sur les ambiances et la lumière, ainsi que sur l’aspect « huis clos ».

Mais au-delà de la réalisation, on citera bien évidemment les performances des acteurs. Peter Sellers est phénoménal dans son triple rôle : le colonel Mandrake, le président et le docteur Folamour. D’ailleurs, à la base, Sellers devait également interpréter le rôle du pilote. George Scott est hilarant dans le rôle du général Turgidson, Sterling Hayden impérial dans celui du psychopathe Ripper et Keenan Wynn superbe dans le rôle d’un sergent pas très malin. Oui l’humour est clairement au rendez-vous. Pourtant, le fond de l’histoire ne donne pas vraiment envie de rire. 
En effet, à la fin, un des avions parvient à larguer la bombe dans une des séquences les plus célèbres du cinéma dans laquelle le pilote chevauche la bombe en hurlant de joie et en agitant un chapeau de cowboy. Les personnages se tournent alors vers Folamour qui suggère d’aller vivre sous terre. A la fin de son discours, alors que le docteur retrouve l’usage de ses jambes il hurle : « Mein Führer, je marche ! ». Une phrase qui trouve sa signification. Le final met en scène des images d’explosions nucléaires accompagnées de la chanson « We’ll Meet Again ». 
La musique est ici employée à contre-emploi, ce qui deviendra un élément récurrent par la suite chez Kubrick. Si le cinéaste avait déjà dévoilé son génie avec ses œuvres précédentes, Docteur Folamour reste celui dans lequel ce génie a littéralement explosé. C’est en effet à partir de ce moment que commence l’apogée de Kubrick qui jouira d’une liberté artistique jamais atteinte auprès d’Hollywood.       

Note : 19/20

vince Vince


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