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The Sacrament ("Immersionisme")

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The_Sacrament

Genre : horreur, thriller, drame, found footage (interdit aux - 12 ans)
Année : 2014
Durée : 1h39

Synopsis : Deux journalistes suivent un de leurs amis à la recherche de sa sœur disparue. Quittant les États-Unis pour une destination tenue secrète, ils arrivent finalement à Eden Parish, une communauté religieuse où quelque deux cents âmes partagent l’idéal d’un mode de vie autonome, fondé sur le partage des biens et porté par un chef charismatique que ses fidèles appellent "Père". Mais des zones d’ombre dans ce prétendu petit paradis vont bientôt être découvertes par les nouveaux arrivants.   

La critique :

Réalisateur, scénariste et producteur américain, Ti West s'est essentiellement illustré dans le cinéma horrifique. Sa carrière cinématographique démarre à la lisière des années 2000 via deux courts-métrages, Prey (2001) et The Wicked (2001). Pour le jeune cinéaste, il faudra faire preuve de longanimité et patienter jusqu'en 2009 pour connaître ses premiers relents de notoriété avec Cabin Fever 2 : Spring Fever. Si le film ne bénéficie pas d'une sortie dans les salles obscures, il se solde néanmoins par un succès commercial par l'intermédiaire du DTV (direct-to-video).
Viennent également s'agréger The House of the Devil (2009), The Innkeepers (2011), The ABCs of Death (2012), V/H/S (2012), ou encore In a valley of violence (2016), sa dernière réalisation en date. Corrélativement, il signe plusieurs épisodes pour des séries télévisées notables, entre autres Scream (épisode 9, saison 1) et L'Exorciste (épisode 3, saison 2).

Ti West est donc un auteur prolifique qui a prestement imposé son style dans le cinéma d'horreur indépendant. Par certaines accointances, son style irrévocable et brut de décoffrage n'est pas sans rappeler celui d'Eli Roth avec Cabin Fever (2002) et Hostel (2006). Justement, les deux hommes collaborent et se coalisent pour produire et réaliser The Sacrament, sorti en 2014. A l'instar des précédentes pellicules réalisées par Ti West, le long-métrage n'a pas bénéficié d'une distribution dans les salles. C'est donc par l'intermédiaire de la vidéo, de la Toile, du streaming et de divers festivals que The Sacrament est parvenu à susciter la controverse... et pour cause puisque le film traite d'un sujet d'actualité : les dérives sectaires. Le scénario de The Sacrament serait (vraiment un terme à guillemeter et à mettre au conditionnel) inspiré d'une histoire vraie et d'un fait réel.

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En outre, l'histoire des Etats-Unis a toujours étéémaillée par des pratiques religieuses diverses. Les Américains, solides défenseurs de la laïcité, n'ont jamais caché leur engouement pour les doctrines théologiques. Hélas, ces dogmes ecclésiastiques sont sujets à de nombreuses dérives comme en témoigne la popularité exponentielle de la Scientologie, des Mormons, ou encore des Témoins de Jéhovah. Même la "Médiasphère", certains comédiens proverbiaux (Tom Cruise et John Travolta en tête) et la politique se sont emparés de ces groupuscules sectaires, de plus en plus prééminents dans la société américaine. Quelles sont les raisons d'une telle diversité dans les pratiques religieuses ?
Nonobstant le caractère historique et celui de l'immigration avec de fortes disparités culturelles, la genèse de cette recherche spirituelle se trouve dans le délitement d'une société américaine repliée sur elle-même.

Pour exister, s'intégrer et se sociabiliser, l'individu a besoin d'appartenir à une communauté. Or, dans une société de plus en plus divisée et régentée par les lois irréfragables de la globalisation, des sentiments tels que l'humanisme, l'empathie et la bienveillance ont été tancés et vilipendés au nom du lucre, du marketing et du merchandising. Tels sont d'ailleurs les thématiques abordées par The Sacrament. A priori, le film de Ti West s'annonce vraiment captivant.
Mais saura-t-il tenir ses promesses et remplir son office ? Réponse dans les lignes à venir... En outre, la distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de 
Kentucker Audley, Amy Seimetz, Joe Swanberg, A.J. Bowen, Gene Jones et Kate Lyn Sheil ; mais j'en doute.  

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Attention, SPOILERS ! Deux journalistes suivent un de leurs amis à la recherche de sa sœur disparue. Quittant les États-Unis pour une destination tenue secrète, ils arrivent finalement à Eden Parish, une communauté religieuse où quelque deux cents âmes partagent l’idéal d’un mode de vie autonome, fondé sur le partage des biens et porté par un chef charismatique que ses fidèles appellent "Père". Mais des zones d’ombre dans ce prétendu petit paradis vont bientôt être découvertes par les nouveaux arrivants. Premier constat, The Sacrament fonctionne à la fois comme un documentaire, un found footage et un thriller horrifique. Pourtant, sur la forme, le film de Ti West s'apparente surtout à un drame profondément humain. Le long-métrage exploite habilement les rouages des médias actuels.
Pour faire éclater la vérité et la réalité, autant dépêcher des journalistes sur place. 

C'est justement ce mélange de véracité et de sensationnel qui passionne le public, persuadé que l'information dominante est désormais contrôlée et manipulée par une oligarchie omnipotente. Ainsi, la première partie de The Sacrament ressemble, à s'y méprendre, à un reportage télévisé sur une communauté qui a abandonné la société moderne pour fonder un havre de paix fondé sur les valeurs du partage et de la bienséance. Une chimère.
Les trois journalistes (Patrick, Jake et Sam) ne tardent pas à renâcler le subterfuge. La première partie du film se conclut par l'interview du patriarche de la communauté (Eden Parish). Sous ses airs courtois et avenants, l'homme ventripotent semble exercer sur les habitants une influence despotique. C'est la seconde partie de The Sacrament

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Dès lors, le métrage de Ti West suit un cheminement beaucoup plus conventionnel qui n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, le scénario de The Wicker Man (Robin Hardy, 1973). Les conséquences de ce reportage télévisé seront terribles et aboutiront à une succession d'assassinats sans sommation. Le film de secte reste un genre à part entière. Le sujet, pour le moins spinescent, est toujours difficile à aborder et à analyser, sans éveiller les bons vieux poncifs habituels. 
Or, The Sacramentélude habilement cet écueil en choisissant d'adopter un ton impartial et documentaire. Par ailleurs, l'un des journalistes utilise le terme "d'immersionisme" pour évoquer ce travail d'objectivité. A contrario, cet aspect found footage est parfois un peu trop prononcé, de telle sorte que le spectateur avisé aura aisément subodoré la suite des inimitiés. En l'occurrence, difficile de ne pas déceler les tenants et les aboutissants d'une telle tragédie.
Néanmoins, Ti West a parfaitement cerné l'obséquiosité et les tartufferies de ces gourous omniscients qui croient professer la bonne parole. Et rien que pour cela, The Sacrament justifie son visionnage et mérite qu'on s'y intéresse. Force est de constater que le film remplit largement son office et frappe là oùça fait mal. Ingénieux, Ti West nous convie à ratiociner sur les raisons qui ont pu provoquer une telle césure entre la plèbe et notre société asservie par les doctrines infrangibles du capitalisme.

 

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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