Genre : horreur, gore
Année : 2017
Durée : 6 épisodes de 40 minutes environ
Synopsis : Après avoir reçusde mystérieuses vidéos sur leurs téléphones, un groupe d'adolescent décide d'aller visiter la "No End House" (la maison sans fin en vf). Un endroit à l'aspect sinistre et effrayant où les visiteurs sont invités à d'affronter leurs peurs et leurs angoisses profondes à travers le dédale de six pièces. Dans chacune de ces pièces, trois portes sont visibles ; celle que les visiteurs viennent de franchir, celle qui mène à la salle suivante, et une porte de sortie. Ceux qui sont allés au bout de la visite n'en sont jamais ressortis, Margot et ses amis vont bientôt découvrir pourquoi.
La critique :
Le terme Creepypastas est né dans les années 90 et s'est développé en même temps qu'Internet. Comme les légendes urbaines, il s'agit d'histoires effrayantes, à la différence que celles-ci se répandent sur la toile. Aujourd'hui, beaucoup s'en inspirent, dans le cinéma, les jeux vidéo, mais aussi les séries. C'est le cas de Channel Zero. Sur la forme, le programme fonctionne sur un principe simple : chaque saison est indépendante de la précédente. Lancée en 2016, la série connaît une première saison, nommée Candle Cove, qui va diviser les opinions. Ce n'est qu'avec la seconde, baptiséNo-End House, que le programme va véritablement s'attirer les faveurs du public.
Peu de comédiens connus au générique, à l'exception, peut-être de John Carroll Lynch, un acteur s'étant fait une spécialité des rôles inquiétants, dans des films comme Zodiac (il incarne le suspect pédophile Lee), Gothika (où il est le shérif Bob Ryan), mais aussi dans des séries (dont American Horror Story, où il incarne un clown dans les saisons 4 et 7). L'histoire de Channel Zero - No End House tourne autour d'une maison étrange, baptisée "la maison sans fin". Une bâtisse qui, selon la rumeur, apparaît et disparaît aléatoirement à travers le monde.
A l'intérieur, six pièces, toutes plus effrayantes les unes que les autres. Toujours selon des bruits qui courent, peu de personnes auraient réussi à visiter la maison jusqu'au bout et ceux qui y seraient parvenus n'en seraient jamais sortis. Après avoir reçu d'étranges vidéos sur le portable leur annonçant que l’endroit est à proximité, un groupe d'adolescents décide de s'y rendre, ignorant qu'ils vont y vivre une aventure dépassant leur perception du réel. La série a été beaucoup comparée àAmerican Horror Story et, s'il est vrai que le rapprochement est facile à faire sur la forme, j'ai vite réalisé que Channel Zero n'avait rien à voir avec le programme créé par Ryan Murphy.
Le personnage central de cette série est une adolescente du nom de Margot Sleator, une jeune fille encore sous le choc de la mort brutale de son père, avec qui elle était très proche. Ne se sentant pas capable de l'aider dans cette difficile épreuve, sa meilleure amie, Jules a pris la fuite durant quelque temps. Dans le premier épisode, Jules revient chez Margot et lui propose, histoire de se changer les idées, une soirée entre amis. Au même moment, plusieurs personnes, dont les deux jeunes filles, reçoivent de curieuses vidéos sur leurs portables, envoyées par un numéro qui ne semble pas exister.
Au cours de la soirée, un des amis de Margot explique au groupe l'histoire de la bâtisse. Poussés par la curiosité, ils décident de s'y rendre. Après une visite des pièces toutes plus étranges les unes que les autres, Margot retrouve Jules en se disant que la réputation du lieu est vraiment exagéré, jusqu'à ce qu'elle arrive chez elle et découvre son père en train de cuisiner. Si vous aimez l'horreur graphique et le gore à foison, passez votre chemin. Avec ChannelZero - No End House, on est plus proche d'un univers à la David Lynch, à base d'éléments étranges au cœur de ce qui semble être une normalité apparente, représentée ici par l'image d'un coin paisible et sans histoires.
Un des exemples est ce ballon géant qui apparaît dans les pièces de maisons et exerce une forte attirance sur Jules. En vérité, il s'agit d'une sorte d'excroissance de la bâtisse, qui n'est finalement qu'une entité qui se nourrit de vos souvenirs. Une fois passé la dernière pièce, un monde parallèle se crée à partir de ce qu'il y a dans votre tête.
Avant que vous n'ayez réussi à comprendre ce qui se passe, tout souvenir de l'existence que vous aviez avant de pénétrer dans la demeure s'est effacé de votre cerveau. Ne sachant plus rien de votre vie d'avant, pourquoi chercheriez-vous à fuir ce nouveau monde parallèle qui semble être le vôtre ? Cette saison déploie ainsi quelques moments particulièrement inquiétants, notamment quand le père de Margot réalise qu'il doit, lui aussi, se nourrir de souvenirs et, apposant les mains sur la tête de sa fille endormie, fait apparaître des sortes de clones, comme la mère de la jeune fille resté dans le monde réel, qu'il dévore dans des scènes apparentées à du cannibalisme.
Je pourrais aussi parler de ce type gardant des personnes enfermées dans une cage exposée en plein milieu d'une rue.
Mais, Channel Zéro House - No End House n'est pas qu'un festival de bizarreries, c'est aussi l'histoire de deux jeunes filles qui vont évoluer énormément au cours de l'histoire. Plus on avance dans les épisodes, et plus on réalise que la souffrance de Margot l'a surtout rendue particulièrement égoïste. Que la jeune fille ne se remette pas de la mort de son père est compréhensible (surtout dans les circonstances qu'on découvre par la suite), et qu'elle en veuille à sa meilleure amie d'avoir été absente durant ce difficile moment est normale, mais jamais, elle ne semble s'intéresser à ce que vit Jules. Lorsque cette dernière revient avec Margot dans le monde normal amputé de la moitié de ses souvenirs et se trouve totalement perdue, son amie ne lui demande jamais comment elle va ou ce qui s'est passé.
C'est là qu'on comprend finalement mieux ce qui a poussé Jules à s'enfuir, malgré la culpabilité qui le ronge. Mais, c'est dans le dernier épisode que la jeune fille va montrer qu'elle est devenue forte et que son amitié avec Margot est sans faille. Personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir au visionnage de ces six épisodes. Malgré un démarrage un peu lent qui donne l'impression de se retrouver devant un spectacle tout ce qu'il y a de plus classique, Channel Zero : No End House parvient à se montrer assez unique. Certains regretteront sans doute que la peur ne soit peut-être pas forcement au rendez-vous, mais tout cela est largement compensé par le fait de se retrouver dans un univers aussi bizarre qu'intriguant et des personnages aux rapports parfois complexes, sans compter une fin particulièrement émouvante.
Note : 16/20