Genre : horreur, gore, trash, extrême, expérimental (interdit aux - 18 ans)
Année : 1989
Durée : 1h24
Synopsis : L'histoire de Karl Berger, un psychopathe cannibale toujours armé d'une feuille de boucher, assassinant chaque personne qu'il croise sur sa route.
La critique :
Le cinéma trash et gore allemand n'a jamais été spécialement réputé pour sa bienséance, sa délicatesse et ses pudibonderies. En vérité, il faut remonter à l'année 1922 pour trouver les premiers reliquats de ce cinéma condescendant avec Nosferatu, réalisé par Wilhelm Friedrich Murnau. Certes, ce film d'épouvante n'appartient pas à la catégorie des films gore et extrêmes. Néanmoins, cette libre adaptation de Dracula au cinéma suscite les invectives et les cris d'orfraie dans les salles obscures.
Dès l'orée des années 1920, Wilhelm Friedrich Murnau a déjà décelé toutes les turpitudes de l'âme humaine à travers cette réincarnation du mal qui assaille et effraie les habitants d'une communauté. Cette vision presque eschatologique de l'être humain va se poursuivre bien des décennies plus tard. Nosferatu va donc influencer tout un pan du cinéma d'horreur allemand, notamment pour son impudence.
Ainsi, entre les années 1980 et 1990, le cinéma trash allemand peut s'enhardir d'une myriade de références érubescentes. Qu'ils se nomment Olaf Ittenbach (Black Past en 1989, The Burning Moon en 1992 et Premutos en 1997), Jörg Buttgereit (Nekormantik en 1987, Der Todesking en 1989 et Nekromantik 2 en 1991), ou encore plus récemment Marian Dora (Cannibal en 2006, Melancholie Der Engel en 2009 et Carcinoma en 2014), tous ces cinéastes se démarquent par leur virulence et leur style irrévocable. Vient également s'agréger Andreas Schnaas.
Les thuriféraires citeront le réalisateur allemand parmi les chantres du cinéma Z. Parmi ses longs-métrages les plus notoires, on pourra notamment stipuler Anthropophagous 2000 (1999), Zombie '90 : Extreme Pestilence (1991), Goblet of Gore (1996), Nikos The Empaler (2003), Don't Wake the Dead (2007), ou encore Unrated : the movie (2010).
Mais Andreas Schnaas, c'est avant tout une saga horrifique populaire. Enfin populaire... Tout du moins aux yeux des adulateurs du cinéma trash et extrême. Cette saga se nomme Violent Shit et narre les exploits criminels et mortifères d'un tueur en série adepte de la boucherie et de l'anthropophagie, j'ai nommé Karl Berger, alias Karl the Butcher Shitter, autrement dit Karl le boucher qui chie (merci Wikipédia !). En outre, Violent Shit doit sa notoriétéà cause de la censure de l'époque. Dès sa sortie en vidéo, Violent Shit premier du nom suscite les anathèmes et les acrimonies, notamment pour son exposition gratuite de la violence, mais aussi pour sa mise en scène embryonnaire.
Certaines personnes ingénues croient déceler dans cette production rougeoyante des relents de snuff movie. Violent Shit devient ainsi le long-métrage à occire et à abattre.
Cette production désargentée est même bannie dans son propre pays (l'Allemagne, au cas où vous n'auriez pas compris...). D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, l'affiche de la VHS du film argue péremptoirement la mention suivante : "To Avoid Fainting Keep Repeating It's Not a Snuff Movie". Traduit en français, cela donne : "Pour éviter de vous évanouir, répétez-vous que ce n'est pas un snuff movie" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Violent_Shit).
Indubitablement, Andreas Schnaas nargue ses nombreux contempteurs. De surcroît, ses attaques récurrentes envers la religion et ce dithyrambe à l'égard du satanisme mortifient durablement messieurs les censeurs. De son côté, Andreas Schnaas jubile. La censure et son armada de détracteurs ont contribué, malgré eux, àériger Violent Shit parmi les films les plus recherchés en vidéo.
En outre, le métrage sera réhabilité bien des années plus tard. Cependant, il reste toujours interdit aux moins de 18 ans. Bientôt, cette pellicule outrecuidante va se transmuter en une tétralogie avec Violent Shit 2 (1992), Violent Shit 3 - Infantry of Doom (1999) et Violent Shit 4.0 : Karl the Butcher Vs. Axe (2010). Violent Shit premier du nom est aussi un film amateur. En dépit de ses 29 années au compteur, le métrage d'Andreas Schnaas reste l'un des parangons du cinéma trash et underground allemand. D'autre part, Violent Shit a aussi une forte consonance expérimentale. Par ses exactions et ses ignominies, le film a probablement influencé la trilogie August Underground, agencée par les soins de Fred Vogel. A tort, on euphémise parfois l'impact de Violent Shit sur la culture underground, en raison essentiellement de son budget impécunieux et de son côté dilettante.
Reste à savoir si cette oeuvre sulfureuse est bel et bien l'uppercut décrié et encensé par les amateurs. Réponse à venir dans la chronique... Attention, SPOILERS ! L'introduction du film montre un Karl Berger enfant qui assassine sa propre matriarche. Dès lors, l'exégèse se résume à toute une litanie de forfaitures et de victimes atrocement mutilées, torturées, dilapidées et même dévorées par les soins du psychopathe. En l'occurrence, le forcené vagabonde dans la forêt du coin et s'en prend aléatoirement à des personnes de passage. Vous l'avez donc compris.
L'intérêt de Violent Shit ne se réside pas vraiment dans son scénario, pour le moins rudimentaire. A contrario, c'est ce même prosaïsme qui constitue le principal leitmotiv de Violent Shit. A fortiori, Andreas Schnaas ne dissémine aucune doxa politique, sociétale ni idéologique.
Pourtant, au détour de quelques saynètes élusives et de sa musique metal stridulante, cette oeuvre âcre et tumultueuse s'apparente à une sorte de panégyrisme envers les rites sataniques. C'est par exemple le cas lorsque Karl est affublé d'hallucinations à consonance luciférienne. Ainsi, un démon ou le Diable en personne apparaît sous nos yeux médusés. En résumé, l'infortuné Karl ne serait pas responsable de ses actes et obéirait docilement à des injonctions meurtrières et comminatoires. Par ailleurs, le sociopathe ne fait pas vraiment dans la dentelle ni dans la complaisance.
Andreas Schnaas nous gratifie de plusieurs séquences érubescentes. Au menu des tristes réjouissances : évidemment de l'anthropophagie ad nauseam, des organes intestinaux dilacérés et tuméfiés dans tous les sens, un crâne cisaillé, un homme coupé en deux et tous un tas de boyaux et de viscères qui s'étalent impunément sur le sol ensanglanté.
Tout un programme ! Evidemment, les thuriféraires du cinéma underground exalteront, probablement à raison, les qualités inhérentes de cette production. De facto, merci de visionner Violent Shit pour ce qu'il est, à savoir une série Z joliment surannée et victime des inconséquences de son budget. A posteriori, le film souffre également d'une mise en scène anémique et amateur qui risque de décontenancer les néophytes. Andreas Schnaas abuse arrogamment des ralentis et n'est pas non plus un expert chevronné dans les cadrages et la photographie. Violent Shit justifie presque uniquement son visionnage pour les maquillages et les effets spéciaux diligentés par Andreas Schnaas lui-même, ainsi que pour cette profusion de sauce tomate en guise d'hémoglobine.
Ma note finale fera donc preuve d'une infinie mansuétude car objectivement, le film mérite moins, beaucoup moins...
Note : 10/20