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Channel: Cinéma Choc
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Vampiros Sexos (I was a teenage Zabbadoing)

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vampiros sexos

Genre : inclassable, trash, hardcore, expérimental (interdit aux - 18 ans)
Année : 1988
Durée : 1h08

Synopsis : Le métrage est un long clip expérimental sous couvert d'une intrigue impliquant des vampires extraterrestres à la recherche d'une huile qui leur procurerait l'invincibilité. Sur terre, ces créatures entraînent les adolescents dans des orgies afin de posséder leur âme et entraîner leur perdition.

La critique :

Et voici un autre gros OVNI pour Cinéma Choc ! J'ai nomméVampiros Sexos de Carl Andersen, le réalisateur du mythique Mondo Weirdo A Trip To Paranoïa Paradise. Deux ans avant de signer cette oeuvre qui lui vaudra une certaine notoriété dans le milieu du cinéma underground, le cinéaste autrichien s'essaya à une répétition grandeur nature avec son premier long-métrage, Vampiros Sexos. Mais il faut bien l'avouer, le brouillon est loin, très loin de valoir la copie finale. La déception est d'autant plus grande pour ma part que Mondo Weirdo fait partie de mes films de chevet et ce, depuis longtemps. Alors certes, on retrouve dans cette oeuvre originelle beaucoup d'éléments qui feront le "succès" de Mondo Weirdo ; à savoir un univers crasseux et hypnotique, du sexe débridé, un style expérimental où se mêlent sang et musique électro-punk et ce je ne sais quoi qui vous transporte dans un trip hallucinogène. Pourtant, contrairement à son successeur, Vampiros Sexos a tout du pétard mouillé. En ressortant de la projection, on reste sur sa faim, incrédule, en ayant eu l'impression d'avoir assistéà un beau gâchis. On a beau essayer de se prendre au jeu, la mayonnaise ne prend absolument pas.
La faute non seulement à une absence totale de scénario (à la rigueur pour un film expérimental, on peut comprendre) mais aussi à une mise en scène incohérente et dyslexique. Le film part dans tous les sens sans que l'on puisse s'accrocher deux secondes à une quelconque trame narrative.

Seul le début est prometteur mais au bout de dix minutes, le métrage bivouaque vers l'absurde. Si quelqu'un a vu ce film et a compris quelque chose à l'histoire, qu'il me contacte d'urgence... En effet, on passe d'un plan à l'autre de scènes avec des vampires extraterrestres (!), à des scènes d'orgies où des nymphomanes punk (mais vampires) copulent avec des jeunes humains, puis on se retrouve soudain dans des caves où des jeunes picolent comme des trous et gerbent tout en se roulant des pelles. Je passerai rapidement sur le passage vaguement surréaliste où un policier confrontéà un vampire l'assomme d'un coup de chaise (qui passe à un mètre de sa figure), puis se met à ricaner comme un malade. What else ? Eh oui, ça commence à faire beaucoup. Ne comptons pas sur les acteurs pour relever le niveau. Ici, les comédiens, tous amateurs, surjouent de manière outrancière, nous donnant l'impression que le réalisateur a réuni une bande de potes éméchés pour se faire un petit délire entre amis.
Cela me désole de dézinguer d'entrée un film sur lequel je fondais pas mal d'espérances mais l'honnêteté me pousse à le dire tout haut : Vampiros Sexos est un véritable navet. Comment croire que Carl Andersen, à peine deux plus tard et avec quasiment les mêmes ingrédients stylistiques, réalisera un "chef d'oeuvre" arty-trash aussi envoûtant que Mondo Weirdo ? Mystère...

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Attention spoilers : Jasmin Strange, la reine des vampires de la planète Arus, est chargée par son Grand Maître de descendre sur terre et de s'immiscer parmi les humains pour récupérer une huile empoisonnée sensée procurer l'invulnérabilitéà ceux de son espèce. Deux policiers poursuivent la jeune femme et la tue (enfin, croient la tuer) à coups de parapluie (!) dans un sous-sol. Avant de disparaître, elle a le temps de mordre les inspecteurs qui succombent en étant exposés aux rayons du soleil. S'ensuivent des histoires méandreuses entre les vampires à la recherche d'adolescents et de policiers à la recherche de vampires. Tandis que la police demeure impuissante à lutter contre les êtres maléfiques, ceux-ci s'adonnent à la fornication avec des jeunes gens dans le but de s'approprier leurs âmes...
Par chance pour le spectateur, Vampiros Sexos dure à peine plus d'une heure ! Et cela est déjà bien long lorsqu'on est confronté au vide intersidéral. Le vide car le film n'a strictement rien à raconter. L'ubuesque postulat de départ avec ses vampires extraterrestres fait long feu et à aucun moment l'on ne voit d'actes vampiriques. Ah si, j'oubliais ! Une seule morsure au cou durant tout le film sans qu'une goutte de sang ne coule de la nuque de la victime...

Question crédibilité, on repassera. Pour le reste, le métrage ressemble à long vidéo clip décousu, sans queue ni tête et qui se crashe lamentablement. Carl Andersen visiblement à la recherche d'une inspiration qui n'est pas venue, promène sa caméra au fil des minutes, sans cohérence et sans but précis. Résultat : un foutoir innommable qui part à veau l'eau. Pourtant, le début du film est sinon intéressant du moins prometteur. Après la course poursuite initiale des deux inspecteurs après la "reine des vampires" (passage hautement improbable), Vampiros Sexos débute comme un clip interactif, en faisant défiler sur l'écran les paroles du titre "I was a teenage Zabbadoing" du groupe autrichien électro Modell D'oo tandis qu'une punkette se déhanche en faisant un striptease.
Puis, Andersen, sans doute sous l'emprise de LSD trop puissant, se perd en cours de route. Nous faisons alors la connaissance d'un groupe de junkies qui passent leur temps à se saouler et à faire l'amour dans les bas-fonds d'une ville indéterminée (on peut supposer que ce soit Vienne au vu de la nationalité du réalisateur). La dernière partie du film verse dans le "portnawak" puisque nous avons droit à des skinheads, des punks et un chanteur libidineux amateur de bière se grimpant dessus dans des caves sordides. Et les vampires dans tout ça ?

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Ma foi, ils font bien une apparition de temps en temps, tombant comme des cheveux sur la soupe dans des scènes hardcore, se mêlent activement aux ébats de cette jeunesse à la dérive puis disparaissent aussitôt. Quant à l'huile empoisonnée, raison officielle de cette "invasion" de vampires extraterrestres, nous n'en verrons jamais la couleur. Couleur, si l'on peut dire, puisque le métrage est filmé soit en super 8, soit dans un 16mm décrépit. Visuellement, on retrouve l'univers de Mondo Weirdo, c'est-à-dire une pellicule délavée jouant sur les contrastes blancs et noirs. Une image floue et rugueuse, des plans cadrés à l'horizontale et une bande son toujours anarchique où la musique électro-punk expérimentale est de mise jusqu'à plus soif. Le film décevra également les amateurs de trash pur et dur.
À ce niveau, Vampiros Sexos se montre nettement moins hard que Mondo Weirdoà qui on ne peut cesser de le comparer puisque les deux films font partie d'un (faux) diptyque. Moins gore, moins trash, moins inventif que son successeur, le film se contente de naviguer entre l'érotisme hard et le porno soft même si pas mal de scènes en triolisme sont présentes.

Ne parlons même pas de violence physique ; celle-ci est tellement mal jouée qu'elle en devient risible. La seule trouvaille un peu originale qu'Andersen trouve à nous offrir est une scène où un individu repousse un vampire en se servant d'une vhs d'un film de Tarkovski en guise de crucifix ! Et encore, faut-il en rire ou en pleurer ? C'est donc une accumulation de déceptions qui vient assombrir notre jugement sur cette première oeuvre de Carl Andersen. Il est tout fait logique que ce film soit resté dans la confidentialité de l'ultra underground tant ses défauts sont nombreux et rédhibitoires.
Vampiros Sexos donne l'impression d'un exercice de style complètement loupé où ni le réalisateur ni les acteurs (si on peut les qualifier comme tels) ne donnent l'illusion de croire une seule seconde à ce qu'ils font. Pas étonnant que le spectateur se mette à bailler au bout de quelques minutes... 
Ma chronique sera plus courte que d'habitude, mais il est des films qui n'inspirent pas grand-chose. Non, je ne vois vraiment rien qui puisse sauver cette purge indigeste. Au final, je dirai que pour la mémoire de Carl Andersen (décédé en 2012), il est vraiment bien qu'il ait pu se rattraper de ce naufrage intégral en ayant réalisé une petite perle aussitôt après. Quant àVampiros Sexos, c'est peu de dire qu'il ne marquera pas les ni les mémoires ni les annales du cinéma. Un film que je ne saurai conseiller même aux fans les plus acharnés de films expérimentaux. Àéviter d'urgence. 

Côte :navet

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