Genre : horreur, gore, trash, extrême, slasher (interdit aux - 18 ans au moment de sa sortie, interdit aux - 16 ans aujourd'hui)
Année : 1981
Durée : 1h30
Synopsis : Poursuivi par un prêtre, Mikos Stenopolis s'empale sur les pointes d'une grille qu'il essaie d'escalader. Il est alors emmené rapidement à l'hôpital le plus proche où il est opéré en urgence. Malheureusement, il s'avère que Mikos Stenopolis est un fou dangereux qui a la faculté de se régénérer...
La critique :
Réalisateur, directeur de la photographie, cadreur et scénariste italien, Joe D'Amato appartient à la classe privilégiée des parangons du cinéma bis, pour le meilleur et surtout pour le pire. En outre, Joe d'Amato est un cinéaste prolifique et éclectique qui a à la fois tourné des films érotiques et pornographiques (Emanuelle's Revenge en 1975 et Viol sous les tropiques en 1977), des westerns spaghettis (BillCormack le fédéré en 1974) et des longs-métrages gore et horrifiques (Blue Holocaust en 1979 et Killing Birds en 1987). A tort, Joe d'Amato est souvent répertorié parmi les pires réalisateurs de toute l'histoire du cinéma, aux côtés d'Ed Wood et de Bruno Mattéi.
Une réprobation plutôt sévère même si le metteur en scène transalpin possède une filmographie erratique et peu éloquente.
Néanmoins, Joe d'Amato peut s'enhardir de quelques productions probantes et tout à fait fréquentables, à condition de voir ces pellicules pour ce qu'elles sont, à savoir des films qui ne pètent pas plus haut que leur derrière. Par exemple, on omet souvent de préciser que d'Amato est le tout premier réalisateur de l'histoire du Septième Art à aborder la nécrophilie au cinéma avec le fameux Blue Holocaust (précédemment mentionné). Opportuniste, le cinéaste n'a jamais caché son extatisme pour la barbaque, l'érotisme hard et les scènes de tripailles.
Impression corroborée par la sortie de Porno Holocaust en 1981. Attiré par les zombies et autres créatures hargneuses et putrescentes, Joe d'Amato signe une autre série B notoire, Anthropophagus, en 1980, une pellicule qui connaît un succès fulgurant dans les vidéoclubs.
Ce film au budget impécunieux sort dans un contexte favorable aux slashers et aux morts-vivants claudicants. Il profite à la fois des succès inopinés de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980) et du bien nommé Zombie (George A. Romero, 1978) pour verser lui aussi dans l'érubescence. Joe d'Amato n'a jamais été réputé pour faire dans la pudibonderie ni dans la bienséance. Blue Holocaust, Anthropophagus et Porno Holocaust restent ses films les plus méphitiques et aussi les plus controversés pour leur violence ostentatoire et exacerbée.
Impression accréditée par la sortie d'Horrible en 1981, une nouvelle série B considérée à la fois comme la suite et le remake d'Anthropophagus. Ce long-métrage est même sorti sous plusieurs intitulés, notamment Rosso Sangue (titre original du film), Absurd, Anthropophagus 2, Monster Hunter et The Grim Reaper 2.
A noter que Joe D'Amato sévit ici sous le pseudonyme de Peter Newton, une façon comme une autre de vendre le film à l'étranger et surtout dans les contrées américaines. Au moment de sa sortie, Horribleécope d'une interdiction aux moins de 18 ans et s'inscrit donc dans le sillage d'Anthropophagus premier du nom. Une telle réprobation sera minorée par la suite. A juste titre, le film est interdit aux moins de 16 ans aujourd'hui. La distribution d'Horrible se compose de George Eastman, Annie Belle, Charles Borromel, Katya Berger, Kasimir Berger, Ian Danby, Edmund Purdom et Michele Soavi (également assistant-réalisateur). Le casting mérite qu'on s'y attarde au moins quelques instants.
Pour Joe d'Amato, la présence de George Eastman constitue un atout prédominant puisque le comédien retrouve ce rôle de psychopathe qu'il avait déjà incarné dans Anthropophagus.
Surtout, l'acteur fait partie de ces figures emblématiques du cinéma bis. Les thuriféraires du comédien citeront aisément Django tire le premier (Alberto De Martino, 1966), Pas de roses pour OSS 117 (Renzo Cerrato, 1968), Satyricon (Federico Fellini, 1969), Hard Sensation (Joe d'Amato, 1980), Les Nouveaux Barbares (Enzo G. Castellari, 1982), ou encore 2019 après la chute de New York (Sergio Martino, 1983). Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! "Poursuivi par un prêtre, Mikos Stenopolis s'empale sur les pointes d'une grille qu'il essaie d'escalader. Il est alors emmené rapidement à l'hôpital le plus proche où il est opéré en urgence.
Malheureusement, il s'avère que Mikos Stenopolis est un fou dangereux qui a la faculté de se régénérer..." (Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2631).
A l'aune de ce synopsis, difficile réellement de s'extasier pour Horrible, une série B gore et ingénue qui ne brille pas vraiment par sa roublardise. Malicieux, Joe D'Amato renâcle à la fois vers le slasher, le film d'horreur débridé et l'épouvante version L'Exorciste (William Friedkin, 1973) via cette histoire de prête qui crée, bon gré mal gré, une créature maléfique campée par un George Eastman histrionique. Malgré ce point de départ pittoresque, Horrible reste une bisserie tout à fait probe et recommandable à condition de phagocyter l'inanité et la vacuité d'un scénario abscons et prosaïque.
Le principal atout d'Horrible se nomme bien évidemment George Eastman qui impressionne par sa stature cyclopéenne et sa vélocité. L'acteur semble prendre un malin plaisir à trucider ses victimes. Sur ce dernier point, Joe d'Amato fait montre de magnanimité et nous gratifie de nombreuses saynètes érubescentes.
Au programme des tristes réjouissances, on relèvera une bonne femme massacrée à coup de perceuse dans les tempes, des organes dilacérés et éparpillés dans tous les sens, ou encore une autre mijaurée dont la tête est carbonisée dans un four ! Indubitablement, Horrible partage de nombreuses accointances avec Anthropophagus dont il reprend peu ou prou le même scénario. Cependant, on lui préférera tout de même son auguste devancier qui tentait au moins de mettre en exergue une ambiance putride et mortifère. Dans Horrible, Joe D'Amato se contrefout de son climat oppressant et anxiogène, ainsi que de ses protagonistes subsidiaires.
Pis, on relève même quelques ellipses et incohérences. Par exemple, comment expliquer qu'une jeune jouvencelle, pourtant alitée en raison de douleurs lombaires inextricables, parvient subrepticement à se relever, à courir, à se hâter et même àéchapper aux coups de hache de son étrange tortionnaire ? A cette question, point de réponse. Mais peu importe. Joe d'Amato se contente d'offrir la bidoche avec une réelle mansuétude. Sur ce dernier point, reconnaissons qu'Horrible remplit doctement (béatement ?) son office et avance tête baissée sans jamais sourciller et surtout se soucier de ses divagations narratives. Curieusement, le film dégage malgré lui un charme indicible, celui d'une série B à la nihiliste, impétueuse et irascible. Une oeuvre néanmoins à réserver aux fans irréductibles du genre.
Ma note finale fera donc preuve de clémence car objectivement, le film mérite moins, beaucoup moins...
Note : 11.5/20
Alice In Oliver