Quantcast
Channel: Cinéma Choc
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Le Voyage Fantastique ("L'homme est le vrai centre de l'univers")

$
0
0

voyage-fantastique-affiche

Genre : fantastique, aventure, science-fiction 
Année : 1966
Durée : 1h40

Synopsis : Pendant la Guerre froide, les Etats-Unis et l'Union soviétique s'affrontent sur le plan scientifique. Le chercheur Jan Benes découvre une méthode permettant de miniaturiser les objets pour un temps indéfini mais ce dernier est victime d'un attentat en voulant passer à l'ouest du rideau de fer. Afin de le sauver du coma dans lequel il est plongé, un groupe de scientifiques américains miniaturise un sous-marin et pénètre dans le corps de Benes pour le soigner de l'intérieur.    

La critique :

Alors qu'il se destine à une carrière de comédien, Richard Fleischer débute finalement en tant que "monteur de films d'actualités pour la société RKO Pictures" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Fleischer). C'est dans ce contexte qu'il signe plusieurs séries B subsidiaires (pléonasme...) entre le milieu des années 1940 et l'orée des années 1950, parmi lesquelles on trouve quelques succès notables, entre autres Bodyguard (1948), L'Assassin sans visage (1949), Le Traquenard (1949), ou encore L'énigme du Chicago Express (1952).
Richard Fleischer s'aguerrit peu à peu derrière la caméra et peaufine un style qu'il souhaite iconoclaste. Il est alors repéré puis engagé par Walt Disney Pictures pour réaliser Vingt Mille Lieues sous les Mers en 1954. C'est ce long-métrage qui propulse le cinéaste au firmament de la gloire et signe son tout premier grand succès commercial.

Richard Fleisher se distingue alors par son éclectisme et sa capacitéà toucher à différents registres, que ce soit l'aventure (Les Vikings en 1958), le film noir (L'Assassin sans Visage, précédemment mentionné), la comédie familiale et goguenarde (L'extravagant Docteur Dolittle en 1967), le western (Duel dans la boue en 1959), le film de guerre (Tora ! Tora ! Tora ! en 1970), le thriller violent et putride (L'étrangleur de Boston en 1968), le péplum (Barrabas en 1962), le registre policier (Les flics ne dorment pas la nuit en 1972), l'épouvante (Amityville 3D - Le Démon en 1983), l'heroic fantasy (Conan le destructeur en 1984), ou encore la science-fiction pessimiste et eschatologique (Soleil Vert en 1972). Il n'est donc pas surprenant de retrouver Richard Fleischer derrière Le Voyage Fantastique, sorti en 1966. Le film sort également dans un contexte de guerre froide.

19501489

A tort, Le Voyage Fantastique est souvent considéré, par certains contempteurs, comme une oeuvre de propagande, en particulier antisoviétique. Mais Richard Fleischer a toujours démenti de telles velléités xénophobes et bellicistes. Evidemment, par sa thématique, donc la miniaturisation et cette exploration d'un univers infinitésimal, Le Voyage Fantastique n'est pas sans rappeler un autre classique du fantastique et de la science-fiction : L'Homme Qui Rétrécit (Jack Arnold, 1957).
Mais sur le fond comme sur la forme, The Incredible Shrinking Man se parait d'une réflexion et d'une allégorie sur la condition humaine, ainsi que d'une dénonciation sur les effets délétères du nucléaire. En vérité, Le Voyage Fantastique a d'autres aspérités, celles de sonder et de décrypter un monde quantique régi par des lois complexes, nébuleuses, amphigouriques et encore méconnues de la science moderne.

Non seulement, le long-métrage de Richard Fleischer va inspirer la littérature de science-fiction (entre autres Isaac Asimov avec son roman Destination Cerveau - Merci Wikipédia !), mais aussi le noble Septième Art avec L'Aventure Intérieure (Joe Dante, 1987), un remake assez libre de Le Voyage Fantastique. Au moment de sa sortie, le film de Richard Fleischer reçoit à la fois un accueil triomphal dans les salles et de la part de critiques unanimement panégyriques. Mieux, le film s'octroie deux Oscars (meilleurs effets spéciaux visuels et meilleurs décors).
Avec le temps, Le Voyage Fantastique s'est même arrogé le statut de film culte. Reste à savoir si cette oeuvre de science-fiction mérite de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du métrage se compose de Stephen Boyd, Raquel Welch, Donald Pleasence, Edmond O'Brien, Arthur O'Connell, William Redfield, Arthur Kennedy et James Brolin.

test-le-voyage-fantastique

Attention, SPOILERS ! (1) Les Etats-Unis et l'Union Soviétique ont chacun développé une technologie qui permet à la matière d'être miniaturisée grâce à un procédé qui rétrécit chaque atome séparément, mais d'un intérêt limité car les objets reviennent à leur taille initiale après 60 minutes au plus. Jan Benes, un scientifique travaillant derrière le rideau de fer, a découvert comment rendre le rétrécissement permanent. Avec l'aide de la CIA, le scientifique passe à l'ouest, mais un attentat le laisse plongé dans un coma profond avec un caillot de sang dans le cerveau.
Le gouvernement des États-Unis est impatient de lui sauver la vie afin qu'il puisse partager le secret de la miniaturisation illimitée. Pour résorber le caillot, un groupe de scientifiques comprenant Grant, le capitaine Bill Owens, le Docteur Michaels, le  Docteur Peter Duval et son assistante, Cora Peterson, prennent place à bord du « Proteus », un sous-marin miniaturisé puis injecté dans Benes.

En raison de la durée du procédé de miniaturisation, l'équipe dispose de seulement une heure pour trouver et détruire le caillot avant une mort certaine : une fois que le sous-marin miniaturisé commencera à reprendre sa taille normale, il deviendra la cible du système immunitaire de Benes et sera détruit. Beaucoup d'obstacles gênent l'équipage pendant leur voyage. Un accident de parcours les force à passer par le coeur - celui-ci est provisoirement arrêté pour éviter des turbulences funestes - mais aussi les poumons pour se réapprovisionner en oxygène. Les membres de l'équipage sont bientôt contraints à« cannibaliser » leur appareil de radio afin de réparer le laser destinéà détruire le caillot de sang : il devient évident qu'il y a un saboteur dans le groupe (1).
A l'aune de cette exégèse, difficile de ne pas s'extasier devant le synopsis de Le Voyage Fantastique puisque le film repose, en grande partie, sur un périple à l'intérieur du corps humain, et plus précisément vers les artères carotidiennes, en contournant le coeur, pour ensuite gagner le cerveau d'un scientifique alangui.

image4

Mais une telle épopée ne sera pas si aisée. Lors sa première partie, le long-métrage adopte un ton résolument pragmatique, clinique et scientifique. Pour Richard Fleischer, pas question de badiner ni de folâtrer avec un récit science-fictionnel qu'il traite avec beaucoup de parcimonie. Impression corroborée par une première section un brin volubile et de nombreuses explications méthodiques et à caractère chirurgical. Que soit. En l'état, difficile de ne pas se laisser emporter par Le Voyage Fantastique même si on peut déplorer quelques consonances martiales.
Au-delà du thème de la miniaturisation, le film narre bel et bien une course à l'armement entre la Russie et les Etats-Unis, une affaire qui n'est pas sans évoquer la lutte acharnée entre les deux pays pour atteindre notre satellite sélénite trois ans plus tard.

Lors de la seconde partie, Richard Fleischer accélère sérieusement les inimitiés mais continue de ratiociner sur ce monde atomique, à la fois composé de globules rouges et de globules blancs, d'une myriade de micros organes électriques ; et s'interrogeant, de facto, sur cet univers insondable régi simultanément par les lois microscopiques et celles qui dictent une vastité elle aussi imperceptible. Entre deux, l'homme apparaît comme le vrai centre de l'univers, soit cette entité charnelle qui se situe entre l'infiniment grand et l'infiniment petit ; une théorie qui ne manquera pas de tarauder le spectateur avisé sur l'essence de la cosmogénèse. Tel est l'aphorisme dogmatique déclamé par un scientifique un peu trop téméraire. Pour pénétrer dans les cavités rugueuses du corps humain, notre aéropage se doit de contourner, voire d'affronter, de terribles dangers.

19501491

Sur ce dernier point, Richard Fleischer nous gratifie de nombreux décors somptueux et chatoyants et propose une épopée extraordinaire à l'intérieur des anfractuosités humaines. Le submersible utilisé n'est qu'une variation du Nautilus. Sur la forme, Le Voyage Fantastique s'apparente presque à un remake officieux, tout du moins à une nouvelle version, de Vingt Mille Lieues sous les Mers. Toutefois, le film n'est pas exempt de tout reproche malgré ses effets visuels majestueux et pharaoniques. A raison, les détracteurs pourront maronner et clabauder contre une thématique (la Guerre Froide en filigrane...) joliment obsolète. Désormais, les tenants et les aboutissants du Rideau de Fer, de ses écueils et de ses corolaires ne sont plus d'actualité. De surcroît, les décors paraissent parfois un brin désuets, kitchs et ringards. In fine, le ton se veut résolument affecté et solennel.
Le Voyage Fantastique impressionnera avant tout un public majeur et donc plus sensible à certaines réflexions ésotériques. Les jeunes bambins en culottes courtes sont donc évincés de ce programme un peu trop rationnel et scientifique. On comprend mieux pourquoi Steven Spielberg a songé, pendant plusieurs années, à signer un remake ; un projet hélas abandonné... Mais ne soyons pas si vachard. En dépit de ses menus détails, Le Voyage Fantastique reste une petite curiosité science-fictionnelle qui fascine par ses excentrismes et ses singularités.

 

 

Note : 16/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Voyage_fantastique_(film,_1966)


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Trending Articles