Genre : horreur
Année : 2006
Durée : 1h32
Synopsis : Dans le cadre d'un voyage d'étude, quatre diplômés en biologie partent pour la Floride. Mais le séjour studieux et ensoleillé tourne dramatiquement au cauchemar. Des corps mutilés sont retrouvés sur la baie de Floride. Un animal féroce et mutant en est la cause : certains parlent d'une anguille gigantesque...
La critique :
Les monstres aquatiques au cinéma, un genre qui compte une véritable ribambelle de bisseries et de nanars impécunieux, mais pas seulement. Evidemment, les thuriféraires de ce registre cinématographique citeront à raison Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975) et Piranhas (Joe Dante, 1978) parmi les oeuvres les plus notables et notoires. Il faut remonter aux années 1950 pour trouver les premiers reliquats de ces vilaines "bêbêtes" aquatiques dans le cinéma horrifique avec L'Etrange Créature du Lac Noir (Jack Arnold, 1954), une série B qui marque plusieurs générations de cinéastes pour son monstre sous-marin arborant une complexion anthropomorphe.
En raison de son succès inopiné, ce premier chapitre va promptement se transmuter en trilogie mercantile avec La revanche de la créature (Jack Arnold, 1955) et La créature est parmi nous (John Sherwood, 1956).
La sortie de Les Dents de la Mer (précédemment mentionné) dans les années 1970 marque un tournant fatidique et rédhibitoire et influence de nombreux épigones, notamment Le Grand Alligator (Sergio Martino, 1979), L'invasion des piranhas (Antonio Margheriti, 1984), La Mort au large (Enzo G. Castellari, 1980), ou encore Apocalypse dans l'Océan Rouge (Lamberto Bava, 1984). Puis, vers le milieu des années 1980, l'agression aquatique connaît un léger essoufflement avant de retrouver une étonnante effervescence vers la fin des années 1990 avec Peur Bleue (Renny Harlin, 1999).
L'air de rien, cette bisserie truculente et impétueuse exhume les grands requins blancs et autres créatures aquatiques de leur sommeil léthargique. Seul bémol et pas des moindres, plus question d'imiter ou de marcher dans le sillage de Les Dents de la Mer.
A contrario, le genre est même raillé et parodié via des séries B et des séries Z déployant des créatures gargantuesques et surtout réalisées en CGI funambulesques. Tel sera par ailleurs l'apanage de firmes telles qu'Asylum et Nu Image, des sociétés de production qui vont littéralement assommer le spectateur hébété des productions incongrues et aux titres évocateurs, parmi lesquelles on relève les fameux (sic...) Shark Attack 3 (David Worth, 2002), Mega Shark Vs. Giant Octopus (Jack Perez, 2009), Malibu Shark Attack (David Lister, 2009), ou encore Mega Piranha (Eric Forsberg, 2010).
Vient également s'agréger Leviathan ou Razortooth, réalisé par Patricia Harrington en 2006, à ne pas confondre avec le même Leviathan, cette fois-ci réalisé par les soins de George Cosmatos en 1989, et qui mettait lui aussi en exergue une créature aquatique, cette fois-ci directement inspirée de l'extraterrestre xénomorphe d'Alien : le huitième passager (Ridley Scott, 1979).
Impossible de trouver la moindre information, même élusive, sur Patricia Harrington, inconnue au bataillon. A priori, Leviathan - Razortooth constituerait sa seule et unique réalisation... Pourvu ce soit la dernière ! Même la date de sortie de cette série Z reste assez confuse puisque les dates de 2006, de 2007, de 2008 et même de 2009 sont mentionnées selon les sites sur lesquels le film est répertorié. Evidemment, un tel long-métrage ne pouvait pas échapper à l'érudition et à l'oeil égayé du site Nanarland (source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-leviathan-leviathan.html) qui a chroniqué cette fumisterie dans ses colonnes ; et pour cause...
Puisque Leviathan - Razortooth collectionne et coalise à lui tout seul tous les défauts et tous les impondérables inhérents à ce genre de faribole et d'ineptie cinématographique.
La distribution du film ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Kathleen LaGue, Doug Swander, Matt Holly, Brandon Breault, Mark Butler, Simon Page et Kate Gersten. Attention, SPOILERS ! (1) De nos jours, en Floride, un savant a réussi à créer une redoutable créature aquatique. Mais celle-ci s'est échappée, et le scientifique se lance, avec l'aide de quelques étudiants, dans une terrifiante course contre la montre : il faut retrouver le terrible prédateur avant qu'il ne fasse de nombreuses victimes.
Au même moment, deux détenus poursuivis par d'importantes forces de police se dirigent vers l'une des zones les plus hostiles de l'état, un véritable enfer sur terre. Tous vont devoir affronter le monstre, dont la force, la taille et l'intelligence n'ont à ce jour aucun équivalent (1).
Parmi les menaces aquatiques, les producteurs peu scrupuleux nous avait déjà délectés de grands requins blancs, de crocodiles affamés, de piranhas aux incroyables rotondités et même d'anacondas sérieusement azimutés, mais pas encore d'anguilles à la taille démesurée. Rassurez-vous, c'est désormais chose faite avec Leviathan - Razortooth. Une fois ce point de départ grotesque présenté, le long-métrage peut enfin débuter. Dès l'introduction, Patricia Harrington (mais enfin, qui es-tu ???) a le mérite de lancer les animosités. Plusieurs baigneurs ou vacanciers sont agressés, mutilés puis dévorés par une anguille réalisée en images de synthèse.
Pour Patricia Harrington, pas question de voiler le mystère sur l'étrange complexion de la créature. Toute l'hideur du monstre est dévoilée dès les premières minutes de bobine.
Rarement, on aura vu un monstre aquatique aussi piteux et surtout aussi pitoyable au cinéma et en particulier dans l'univers du nanar. A la rigueur, pour trouver une créature aussi frugale et aussi minable, il faudrait probablement remonter aux élucubrations de Cetin Inanç avec son requin en bois et en mousse dans Turkish Jaws en 1983. Mais le plus fascinant dans Leviathan - Razortooth, c'est cette incapacitéàétayer le moindre scénario ou tension narrative.
Ne parlons même pas des divers protagonistes humains qui n'échappent pas aux bons vieux poncifs habituels. En gros, le speech est le suivant. Une anguille géante et créée en laboratoire sème la terreur dans un coin éculé de l'Amérique, assassinant aléatoirement de nombreux vacanciers. Le shérif du coin et sa nouvelle donzelle partent en chasse ou presque...
Puisque les deux tourtereaux, peu soucieux du sort de la communauté, préfère butiner, s'énamourer et s'acoquiner pendant que l'affreuse anguille décime la population locale ! On croit fabuler ! D'un crétinisme constant, Leviathan - Razortooth perd parfois de sa fougue et de sa tonitruance pompière lorsque le film se polarise sur les palabres stériles de ses divers protagonistes. Vous l'avez donc compris. Le charme "nanar" et ineffable de cette bisserie désargentée repose uniquement sur sa créature oblongue et dolichocéphale. Néanmoins, on pourra légitimement grommeler et clabauder après la récursivité de certaines situations. Que soit. En l'état, Leviathan - Razortooth se montre suffisamment magnanime pour satisfaire l'appétit pantagruélique des "nanardeurs" en manque de sensations fortes.
Pour les néophytes, on leur recommandera de préserver leurs pauvres petits neurones...
Côte :Nanar
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leviathan_(film,_2008)