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Le Rite - 2011 ("Les démons sont les fantassins du mal")

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Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2011
Durée : 1h52

Synopsis : Le jeune séminariste américain Michael Kovak se rend au Vatican pour y étudier les rites de l’exorcisme. Féru de psychologie, il nourrit de sérieux doutes à l’égard de ces pratiques anciennes, et juge que la « possession » relève de la psychiatrie plutôt que de la démonologie. Il se heurte périodiquement à ses formateurs jusqu’au jour où ceux-ci l’adressent au Père Lucas, ecclésiastique légendaire qui a pratiqué avec succès des centaines d’exorcismes. Au contact de ce mentor au comportement abrupt et déroutant, Michael commence à se déprendre de ses préjugés. Un cas se présente bientôt à lui, dont la violence terrifiante va le forcer à se remettre en question…   

La critique :

Entre le milieu et la fin des années 1960, les spectateurs médusés commencent sérieusement à se lasser des productions de la Hammer. Frankenstein, Dracula, la momie et le loup-garou sont sommés de retourner gentiment dans leurs sépulcres. Dès 1968, la sortie de Rosemary's Baby, de Roman Polanski, annonce cette déréliction et préfigure déjà une nouvelle forme d'épouvante. Le "Mal" vient donc s'immiscer dans notre société contemporaine et s'empare des tares et des carences de notre consumérisme forcené. Ce "Mal" incarne aussi la faillite et le déclin de cette société de naguère dont les valeurs, axées sur le Patriarcat et l'autorité, sont appelées à péricliter... Inexorablement.
Impression corroborée quelques années plus tard par la sortie de L'Exorciste (William Friedkin, 1973). A la fois inspiré d'une histoire vraie et adapté d'un opuscule de William Peter Blatty, L'Exorciste marque une rupture rédhibitoire.

A l'instar de Rosemary's Baby cinq ans plus tôt, le démon s'accapare le corps et l'âme d'une jeune jouvencelle de 12 ou 13 ans, Regan MacNeil. Mais cette entité malveillante se montre à la fois malicieuse et obséquieuse puisqu'elle nargue la famille de Regan, son proche entourage, ainsi que des prêtres condamnés à exhumer leur dernier soupir. L'Exorciste se solde évidemment par un succès colossal au box-office et se transmute - hélas - en une pentalogie mercantile avec L'Exorciste 2 : l'Hérétique (John Boorman, 1978), L'Exorciste 3 : la suite (William Peter Blatty, 1991), L'Exorciste : le commencement (Renny Harlin, 2004) et Dominion : Prequel To The Exorcist (Paul Schrader, 2005).
Le film de William Friedkin va également engendrer de nombreux épigones de qualité erratique, entre autres, Le Projet Atticus (Chris Sparling, 2015), L'étrange cas Deborah Logan (Adam Robitel, 2016), L'Exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005), Le Dernier Exorcisme (Daniel Stamm, 2010), ou encore Ouija (Stiles White, 2014).

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Vient également s'ajouter Le Rite, réalisé par les soins de Mikael Hafström en 2011. Ce n'est pas la première fois que le cinéaste et scénariste suédois, par ailleurs exilé aux Etats-Unis, s'essaie au genre épouvante puisqu'il avait signéChambre 1408 en 2007. Cette adaptation libre d'une nouvelle de Stephen King n'avait pas spécialement laissé une empreinte indélébile en dépit des gesticulations de son interprète principal, John Cusack, pour sauver les apparences.
De surcroît, Mikael Hafström fait montre d'une certaine présomption puisque Le Rite aurait carrément pour vocation de détrôner la couronne hiératique de L'Exorciste. Une gageure pour le moins compliquée tant le long-métrage de Friedkin paraît hégémonique et incontournable. Heureusement, Le Rite possède, à fortiori, de solides arguties dans sa besace puisque le scénario du film se base sur le script de Michael Petroni, "très librement inspiré du documentaire de Matt Baglio The Rite: The Making of a Modern Exorcist sur la formation exorciste dispensé par l'Athénée Pontifical" (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Rite_(film,_2011).

Hélas, au moment de sa sortie dans les salles obscures, Le Rite essuie une rebuffade commerciale, remboursant péniblement le budget imparti (37 millions de dollars). Le public tance et vilipende ce film d'épouvante. En sus, les critiques et la presse spécialisée se montrent, à leur tour, dubitatives, gourmandant et semonçant un film d'horreur parfois putassier et racoleur. Reste à savoir si Le Rite mérite de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose d'Anthony Hopkins, Alice Braga, Colin O'Donoghue, Ciaran Hinds, Toby Jones, Rutger Hauer, Torrey DeVitto, Marija Karan et Chris Marquette.
Attention, SPOILERS ! Le jeune séminariste américain Michael Kovak se rend au Vatican pour y étudier les rites de l’exorcisme. 

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Féru de psychologie, il nourrit de sérieux doutes à l’égard de ces pratiques anciennes, et juge que la « possession » relève de la psychiatrie plutôt que de la démonologie. Il se heurte périodiquement à ses formateurs jusqu’au jour où ceux-ci l’adressent au Père Lucas, ecclésiastique légendaire qui a pratiqué avec succès des centaines d’exorcismes. Au contact de ce mentor au comportement abrupt et déroutant, Michael commence à se déprendre de ses préjugés. Un cas se présente bientôt à lui, dont la violence terrifiante va le forcer à se remettre en question…
A l'aune de cette exégèse, impossible justement de ne pas songer à L'Exorciste tant les assonances sont éloquentes... Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là. Si le scénario diffère sur de nombreux points, il partage, à contrario, les mêmes obsessions, à savoir cette césure entre l'explication rationnelle et médicale et la foi religieuse, un prêtre qui doute de sa propre confession et, in fine, d'une religion catholique en état de décrépitude.

Certes, toutes ces thématiques, traitées en filigrane, sont à priori passionnantes. "Les démons sont les fantassins du mal" scande un Anthony Hopkins dogmatique. Malencontreusement, Mikael Hafström ne parvient jamais à transcender un récit au mieux famélique. Premier constat, le traitement opéré sur les deux principaux protagonistes reste beaucoup trop anémique pour susciter l'adhésion sur la durée (plus d'une heure et cinquante minutes de film tout de même).
A défaut de pouvoir parsemer cette pellicule d'une once d'ingéniosité, Mikael Hafström, à court d'idées, compte sur les rictus et le jeu acéré d'Anthony Hopkins. Certes, le comédien se démène dans tous les sens et fait montre d'une brillante partition, même s'il cède parfois au cabotinage forcené. Mais au moins, Anthony Hopkins parvient, non sans mal, à sauver les maigres apparences. 

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Son jeune acolyte en déveine, Colin O'Donoghue, fait en revanche pâle figure. A la décharge de l'interprète, le reste du casting ne fait pas beaucoup mieux. Mention spéciale au personnage incarné par Alice Braga, totalement inepte et stérile. On relèvera également l'apparition élusive mais néanmoins remarquée de Rutger Hauer. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout... Enfin presque... Contrairement àL'Exorciste qui s'ingéniait à imprégner son scénario d'un climat mortifère et anxiogène, Le Rite s'achemine sur la succession de rituels conjurateurs avec toute la panoplie habituelle : crises d'épilepsie, crises d'apoplexie, membres qui se contorsionnent dans tous les sens, injures et sarcasmes font partie des tristes réjouissances, qui plus est, avec un simulacre de gore...
Bref, pas de quoi pavoiser ni s'enthousiasmer devant cette énième production indigente, mais pas forcément honteuse non plus. De facto, on comprend mieux l'austérité et la circonspection du public envers cette production infatuée. Le classique de William Friedkin n'a donc aucune raison de sourciller ni de vaciller et peut légitimement se gausser de ce rival inconséquent. Sinon, c'est tout ? Oui, cette fois-ci, c'est tout...

Note : 08.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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