Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2015
Durée : 1h33
Synopsis : Wei est un jeune homme avec un tas de projets dont le mariage, des enfants et une belle maison. Pour se faire, il travaille plus que de raison pour vivre enfin sa grande histoire d'amour avec sa petite amie Yi-chun Shen. Mais sa grand-mère, avec qui il vit, disparaît et Wei s'évapore à son tour dans les montagnes. Yi-chun décide alors, courageusement, de rejoindre un groupe de spécialistes qui s'organisent pour une battue en plein coeur de la montagne. Mais une présence surnaturelle et malveillante rôde et Yi-chun ne veut pas abandonner son petit ami, à qui elle a donné son coeur.
La critique :
Depuis une bonne dizaine d'années, le cinéma d'épouvante voit poindre le grand retour du paranormal et du surnaturel dans les salles et via le support vidéo, un registre cinématographique qui avait atteint son point culminant avec L'Exorciste (William Friedkin, 1973), La Malédiction (Richard Donner, 1976) et Amityville : la maison du Diable (Stuart Rosenberg, 1979). Le diable et ses fidèles succubes viennent désormais s'imbriquer dans notre société contemporaine, se nourrissant et se délectant des fêlures parentales et de la mort du patriarcat.
Déjà, dès la fin des années 1990, Eduardo Sanchez et Daniel Myrick relancent les animosités avec Le Projet Blair Witch (1999) en mélangeant, avec plus ou moins de componction, le found footage et le "documenteur" déguisé en témoignage vérité.
Dans tous les cas, le genre maléfique s'abreuve peu ou prou des mêmes peurs archaïques, l'achluophobie (la peur du noir), l'agoraphobie (la peur de la foule) et l'acrophobie (la peur du vide) étant les angoisses privilégiées. Puis, vers les années 2010, James Wan devient le nouveau parangon du genre horrifique. Après un bref détour par le torture porn (Saw en 2004...), le cinéaste d'origine malaisienne se polarise sur cette épouvante de naguère, celle qui frappe, qui happe et qui rudoie sans crier gare, un peu à la manière d'un Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) en son temps.
Ingénieux, James Wan va réactiver ces peurs ancestrales avec Insidious (2011) et Conjuring : les dossiers Warren (2013). Derechef, l'habile subterfuge fonctionne sur le public médusé, d'autant plus que la saga Conjuring se focalise sur des faits divers et interroge, de facto, sur cette frontière ténue entre la fantasmagorie et la réalité.
Depuis les succès faramineux et inopinés d'Insidious et de la saga Conjuring, de nombreuses productions horrifiques ont tenté d'érigé leur monogramme sur le cinéma d'épouvante. Qu'ils se nomment The Silent House (Gustavo Hernandez, 2011), Phénomènes Paranormaux (Olatunde Osunsanmi, 2010), Dark Skies (Scott Charles Stewart, 2013), ou encore Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011), tous ces longs-métrages appâteront, à leur tour, un public parfois ingénu en termes de qualité cinématographique. Reste à savoir dans quelle case ou dans quelle catégorie se situe The Tag-Along, soit Hong Yi Xiao nu hai de son titre original, et réalisé par les soins de Cheng Wei-hao en 2015.
The Tag-Along constitue également le tout premier long-métrage du cinéaste taïwanais. Auparavant, le metteur en scène a surtout officié dans des courts-métrages, notamment You Are Not Alone (2008), Real Sniper (2009) et The Death of a Security Guard (2015).
En outre, Cheng Wei-hoa n'a jamais tari d'éloges ni caché son effervescence pour le cinéma d'épouvante. Mieux, le réalisateur aspire à contrarier l'omnipotence de la saga Conjuring sur le cinéma horrifique ; une tâche plutôt ardue surtout à l'aune d'une concurrence pléthorique et condamnée, pour une grande majorité, à croupir dans les bacs à dvd. Mais The Tag-Along a d'autres aspérités à faire prévaloir dans sa besace. Pour preuve, le film a été présenté en compétition dans divers festivals, entre autres, lors du BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) 2016, festival durant lequel le métrage a suscité de nombreux cris d'orfraie ; notamment pour ses assonances avec The Ring (Hideo Nakata, 1998) premier du nom. Pour Cheng Wei-hoa, c'est aussi l'occasion de brandir les qualités intrinsèques du cinéma taïwanais et surtout de l'expatrier à l'étranger.
Néanmoins, en dépit d'une bonne publicité et de critiques unanimement extatiques, The Tag-Along reste assez confidentiel dans nos contrées hexagonales. A contrario, Cheng Wei-hao vient de réaliser un second volet, The Tag-Along 2 en 2017. Reste à savoir ce que vaut, concrètement, le premier chapitre aux accents paranormaux. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique. La distribution du film ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Tiffany Hsu, Huang He, Yumi Wong, Yin-Shang Liu et Bo-Zhou Zhang ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Wei est un jeune homme avec un tas de projets dont le mariage, des enfants et une belle maison. Pour se faire, il travaille plus que de raison pour vivre enfin sa grande histoire d'amour avec sa petite amie Yi-chun Shen.
Mais sa grand-mère, avec qui il vit, disparaît et Wei s'évapore à son tour dans les montagnes. Yi-chun décide alors, courageusement, de rejoindre un groupe de spécialistes qui s'organisent pour une battue en plein coeur de la montagne. Mais une présence surnaturelle et malveillante rôde et Yi-chun ne veut pas abandonner son petit ami, à qui elle a donné son coeur. A l'instar de The Ring en son temps, The Tag-Along cherche à imprimer son sceau indélébile en s'inspirant des légendes urbaines taïwanaises, mais aussi en se polarisant sur les us et les coutumes d'un pays en pleine mutation économique et sur la voie de l'occidentalisation.
Premier constat, The Tag-Along arbore des velléités cultuelles, culturelles et séculaires. Ces mêmes aspérités ont, à leur tour, des consonances symboliques, psychiques et mêmes psychanalytiques.
Dans The Tag-Along, il est, entre autres, question de mystérieuses disparitions dont une jeune fillette grimée de rouge semble être la cause prépondérante. A l'instar des entités diaboliques et surnaturelles, la créature méphistophélique de The Tag-Along se délecte de la psyché, en déliquescence, ainsi que des réminiscences de ses nombreuses victimes. Ainsi, Cheng Wei-hoa procède essentiellement par flashback et accentue cette frontière gracile entre la fantasmagorie et la réalité. Ainsi, dans The Tag-Along, les différents protagonistes disparaissent sans crier gare, puis réapparaissent presque subrepticement. Dès lors, The Tag-Along fonctionne un peu comme un labyrinthe révélant à la fois ses portes et ses impasses et se refermant, inéluctablement, sur des personnages en déveine.
A l'intérieur de ce puzzle énigmatique, l'héroïne, la belle Yi-Shun Chen est sommée de sillonner une nature hostile et nimbée de mystères.
Cette nature primordiale et austère rappelle aux âmes impudentes la genèse de leurs fautes et de leurs égarements du passé. Auréolé d'une réputation plutôt flatteuse, The Tag-Along se révèle assez prolixe et nébuleux sur sa courte durée (à peine une heure et demie de bobine...). A force d'insister sur ce creuset rugueux et alambiqué entre le surnaturel et une réalité difficilement perceptible, Cheng Wei-hoa finit par perdre son spectateur en cours de route.
Certes, on saluera, à juste titre, une mise en scène affûtée et parcimonieuse, ainsi que plusieurs saynètes anxiogènes savamment aiguisées. Toutefois, The Tag-Along reste beaucoup trop lunaire pour susciter davantage l'intérêt. Vous l'avez donc compris. L'auteur de ces lignes n'est guère dithyrambique à l'égard de cette production horrifique. Avec un peu de recul, peut-être faut-il accorder à ce long-métrage un second, voire plusieurs visionnages pour cerner ses réelles tortuosités...
Note : 12/20
Alice In Oliver