Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2000
Durée : 1h30
Synopsis : Quelques temps après la disparition de trois étudiants en cinéma, un groupe de jeunes "touristes" revient sur les lieux de l'affaire afin de se frotter avec la légende de la sorcière de Blair...
La critique :
Souvenez-vous... C'était en 1999, Daniel Myrick et Eduardo Sanchez réinventaient le found footage avec Le Projet Blair Witch et spoliaient la mise en scène de Cannibal Holocaust via quelques clins d'oeil élusifs et habilement disséminés. Pour mémoire, Le Projet Blair Witch narrait les tribulations de trois étudiants en cinéma partis sonder les mystérieux arcanes de la forêt de Blair Witch. Leur épopée est filmée par une caméra subjective qui va donc retranscrire leurs dernières heures, puis leur disparition au sein d'une nature primordiale, et visiblement ensorcelée par des spectres peu amènes.
Les thuriféraires du film croient ingénument à ce "documenteur" vérité. Le projet Blair Witch, mythe ou réalité ? Evidemment, le scénario n'est qu'un leurre et un simulacre ingénieusement orchestrés par Eduardo Sanchez et son fidèle subordonné.
Toutefois, l'argument est suffisant pour triompher dans les salles et s'acheter une étonnante notoriété. Mieux, Le Projet Blair Witch s'arroge la couronne hiératique de film culte et rapporte suffisamment de pécune pour se transformer en une trilogie lucrative avec Blair Witch 2 : Le Livre des Ombres (Joe Berlinger, 2000) et Blair Witch (Adam Wingard, 2016). Les producteurs cupides et fallacieux croient réitérer le précieux pactole. Pour la modeste somme de 25 000 dollars, Le Projet Blair Witch triple, voire quadruple son budget de départ, pour rapporter plus de 100 000 dollars à ses producteurs mercantiles. A raison, Daniel Myrick et Eduardo Sanchez jubilent.
Hélas, les deux metteurs en scène ne rééditeront pas de telles performances pécuniaires au box-office américain et à travers le monde entier par la suite.
Vers la fin des années 2000, Daniel Myrick disparaîtra subrepticement des écrans-radars. Pas Eduardo Sanchez qui s'échine dans la réalisation de productions factices et stériles, notamment avec Altered (2006), Lovely Molly (2011), puis Exists (2014) qui n'ont pas spécialement laissé un souvenir indélébile. En outre, Eduardo Sanchez et Daniel Myrick refuseront de dévoyer Le Projet Blair Witch vers une suite putative. Hélas, leur requête n'est pas ouïe par les grands pontes d'Hollywood. C'est ainsi que Blair Witch 2 : le Livre des Ombres est réalisé dans la foulée.
Daniel Myrick et Eduardo Sanchez sont donc évincés du programme au profit de Joe Berlinger, un cinéaste qui s'est surtout illustré dans des documentaires, entre autres Metallica : The Monster Lives (2014). Autant l'annoncer de suite.
Contrairement à son auguste devancier, Blair Witch 2 : Le Livre des Ombres est loin de faire l'unanimité. Pis, le long-métrage se solde par un bide commercial et recueille les anathèmes et les quolibets d'une presse unanimement sarcastique. Blair Witch 2 est même nommé aux Razzie Awards dans la catégorie "pire film". "Il obtient la note de 13 % de critiques positives sur Rotten Tomatoes et 1,2/5 sur AlloCiné, ce qui le classe 29e dans la liste des pires films de tous les temps, en raison du manque d'imagination dans le scénario et du fait que cette suite n'a aucun rapport avec le premier opus" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Blair_Witch_2_:_Le_Livre_des_ombres).
Reste à savoir si Blair Witch 2 : le livre des ombres mérite de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution du film se compose de Kim Director, Jeffrey Donovan, Erica Leerhsen, Tristine Skyler, Stephen Barker Turner et Lanny Flaherty. Attention, SPOILERS ! (1) Jeffrey Patterson, un étudiant, décide d'exploiter le filon du premier film en organisant des excursions sur les lieux du tournage du film Le Projet Blair Witch. Prennent part à cette visite nocturne Kim Director, une jeune fille gothique, Erica Geerson, une adepte de la Wicca, ainsi qu'un couple d'étudiants en histoire. Toute l'intrigue du film repose sur la perte de conscience collective des visiteurs à la suite de leur première nuit très arrosée (1), puis à leur réveil, pour le moins brutal.
Premier constat, Blair Witch 2 : le Livre des Ombres propose une toute autre formule que son illustre épigone. Dès son préambule, le métrage se focalise sur ce mythe gangréné par le lucre et le capitalisme.
Désormais, la forêt de Blair Witch est devenue un site touristique comme un autre. Les visiteurs les plus téméraires s'y rendent pour découvrir ce lieu boisé et, à priori, habité par une vile sorcière. De facto, merci de voir Blair Witch 2 : le Livre des Ombres comme une critique acerbe et à peine déguisée du phénomène horrifique et commercial. Joe Berlinger ne loupe pas une occasion de tancer et de vilipender ce nouveau merchandising. Finis le found footage et la caméra subjective au profit d'un thriller horrifique version teen movie, et qui n'est pas sans rappeler le cinéma expérimental de David Lynch ! Hélas, et vous vous en doutez, la comparaison s'arrête bien là.
Si Blair Witch 2 n'est pas forcément le navet semoncé et décrié par certains contempteurs, il n'en reste pas moins une suite particulièrement déroutante.
Certes, ce second chapitre a au moins le mérite d'obliquer dans des directions spinescentes. Malicieux, Joe Berlinger décide de se polariser sur ses divers protagonistes, le tout corseté par une musique rock et metal. Le spectateur médusé est donc conviéà suivre les pérégrinations, puis une soirée un peu trop avinée au sein d'un aréopage d'étudiants. Ces derniers ont la mauvaise idée de filmer leurs forfaitures. Seul bémol et pas des moindres, Jeffrey Patterson et ses comparses n'ont plus aucun souvenir de leur nuit de débauche. Que soit. De retour au bercail, ils assistent béatement à leur série d'agapes et de priapées dans la forêt. Dès lors, tout le monde devient paranoïaque, s'accuse, se suspecte, se rudoie et s'admoneste. Malencontreusement, après une petite demi-heure de bobine, le spectateur effaré aura aisément subodoré l'habile subterfuge, puisque le film est régulièrement entrecoupé par des saynètes d'interrogatoire diligentées par un inspecteur de police.
Certes, on décèle, çà et là, quelques trouvailles astucieuses. Malencontreusement, le film se perd dans d'interminables facondes et dans un épilogue final capillotracté. Dommage car Blair Witch 2 part pourtant sous les meilleurs auspices via cette diatribe du consumérisme et de cette sorcellerie devenue un fonds de commerce prosaïque. In fine, le métrage souffre également de personnages archétypaux, ainsi que d'un scénario au mieux indigent. En ce sens, Blair Witch 2 : Le Livre des Ombres est et relate à la fois un accident industriel.
Il semble avoir même conscience de sa propre futilité. Impression corroborée par cette absence de tension et d'effroi tout au long du film. Bref, si Blair Witch 2 n'est pas forcément cette calamité persiflée par ses détracteurs, le film tangue allègrement avec les précipices de la médiocrité.
Note :06.5/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Blair_Witch_2_:_Le_Livre_des_ombres