Genre : horreur, gore, trash, drame, extrême, inclassable (interdit aux - 18 ans)
Année : 2004
Durée : 1h32
L'histoire : Le parcours de l’odieux Tatsuo, depuis ses rixes en salle de classe jusqu’à son intronisation au sein des yakuza, ponctuant les étapes de sa jeune vie par autant de coups portés à sa mère. Vols, racketts, viols… l’escalade aboutit à l’enlèvement de la jeune Misaki, par un Tatsuo désormais flanqué de ses propres hommes de mains, membres du gang juvénile des « Dragon God ». Un « simple » viol dérape en appropriation totale ; Misaki est enfermée chez l’un des membres du groupe, abusée de toutes les façons, battue, humiliée. Sans raison.
La critique :
Certes, le nom de Junko Furuta ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, son nom reste tristement célèbre au Japon. Novembre 1988, trois garçons âgés respectivement de 16, 17 et 18 ans kidnappent Junko Furuta, une lycéenne de 16 ans. Séquestrée dans une maison, la jeune éphèbe va subir tout un tas d'humiliations, de sévices et de supplices jusqu'à exhaler son dernier soupir après 44 jours de viols et de tortures. Son corps mutilé est caché dans un bidon, puis recouvert de ciment, avant d'être enterré dans un endroit isolé de la ville de Tokyo.
Voilà pour la rétrospective laconique de ce fait divers épouvantable. Evidemment, l'histoire de Junko Furuta va inspirer le cinéma asiatique avec trois films, Concrete-Encased High School Girl Murder Case (Katsuya Matsumura, 1995), un remake sobrement intitulé Concrete (Hiromu Nakamura, 2004) et Juvenile Crime (Gunji Kawasaki, 1997).
Aujourd'hui, c'est le cas de Concrete qui nous intéresse. Le long-métrage est aussi l'adaptation d'un livre de Jôji Atsumi. Par certains aspects, ce fait divers abominable n'est pas rappeler le scénario de Boy A (John Crownley, 2009), lui aussi inspiré d'une affaire de meurtre perpétré par deux marmots sur un gamin de trois ans. Ou le reflet d'une société moderne et en plein marasme : ces enfants déjà criminels qui sombrent dans la psychopathie dès le plus jeune âge.
Le but de Concrete n'est pas forcément de comprendre le geste de ces trois adolescents pervers, mais d'analyser froidement les faits, puis le meurtre de Junko Furuta. Attention, SPOILERS ! Le parcours de l’odieux Tatsuo, depuis ses rixes en salle de classe jusqu’à son intronisation au sein des yakuza, ponctuant les étapes de sa jeune vie par autant de coups portés à sa mère.
Vols, racketts, viols… l’escalade aboutit à l’enlèvement de la jeune Misaki, par un Tatsuo désormais flanqué de ses propres hommes de mains, membres du gang juvénile des « Dragon God ». Un « simple » viol dérape en appropriation totale ; Misaki est enfermée chez l’un des membres du groupe, abusée de toutes les façons, battue, humiliée. Sans raison. Ainsi, Concrete fonctionne tel un documentaire nihiliste et ultra réaliste. La première partie du film se focalise essentiellement sur le quotidien de son leader psychopathe, un certain Tatsuo. Cette première section n'est pas forcément la plus éloquente.
Au détour de plusieurs séquences et menus détails, le long-métrage tente d'analyser le comportement de ce jeune homme. Certes, ce dernier rudoie sa mère et sa soeur, morigène et agresse plusieurs lycéennes avec sa petite bande.
Tous ces "micros"événements semblent expliquer la folie latente de ce triste personnage. Soit l'histoire d'un éphèbe, transformé en yakuza, qui ne reçoit plus d'éducation et surtout qui n'a plus de père, à savoir cette figure d'autorité curieusement absente du domicile parental. Hélas, cette première partie ne nous apprend pas grand-chose sur les événements qui vont se dérouler par la suite.
Alors que Tatsuo et ses amis arpentent les rues de la ville en voiture, ils croisent le chemin d'une certaine Junko Furuta. C'est la seconde partie du film. Bienvenue en enfer ! Tout d'abord kidnappée, le jeune femme est emmenée dans une demeure cossue, celle de la mère de Tatsuo. Plusieurs adultes assistent passivement à l'enlèvement de la lycéenne. Par peur d'éventuelles représailles, ils se murent dans le silence.
Finalement, Concrete ne décrit pas seulement le long processus de déshumanisation de trois voyous perfides et criminels, le film est aussi le miroir d'une société impuissante, indifférente, égotiste et nombriliste. Toutes ces personnes, adultes ou juvéniles, ne sont que les produits d'une société capitaliste et consumériste. Ici point de solidarité, d'humanité, d'échappatoire et encore moins de happy-end.
Certes, durant ses 44 jours de captivité, Junko Furuta tentera à maintes reprises de s'évader. Hélas, elle ne trouvera aucune aide, aucun réconfort ni aucun soutien. Son long supplice ou plutôt sa crucifixion se déroulera dans le silence, la torture et la mort. En ce sens, le calvaire de Junko Furuta a une vraie dimension religieuse et eschatologique, et n'est pas sans évoquer le martyr christique.
Il n'est pas seulement question de la mort et de la fin atroce de cette jeune adolescente, mais du glas de la société nippone toute entière. Tel est le propos ostentatoire de Concrete. Est-il vraiment nécessaire de détailler dans les grandes lignes le supplice de Junko Furuta ? Humiliée, violée, rudoyée, gourmandée, semoncée, vilipendée, narguée, fustigée ou encore étrillée par ses nouveaux bourreaux... Tous ces superlatifs ne sont pas encore assez forts pour décrire les nombreuses avanies subies par la jouvencelle.
Après une nouvelle tentative d'évasion, Junko Furuta doit subir le courroux de ses trois assaillants. Sadiques, les adolescents l'empoignent puis lui brûlent les jambes.
Entre temps, ils la violent à maintes reprises, la pénètrent de divers objets contondants. Ampoule électrique et barre de fer acérée font partie des tristes réjouissances. Agonisante, affamée et déshydratée, Junko Furuta supplie ses bourreaux de lui donner le coup de grâce. C'est la troisième et dernière partie du film. De retour à la maison, ils découvrent le corps sans vie de la jeune femme.
Retour à la réalité. Junko Furuta a exhalé son dernier soupir. Désormais, il faut cacher et enterrer la dépouille tuméfiée, brûlée, rudoyée, chapitrée, malmenée... Les "obséques" (si j'ose dire...) de la jeune femme se déroulent sous les railleries et les billevesées de ces psychopathes juvéniles. Encore une fois, le réalisateur, Hiromu Nakamura, choisit de rester à distance du meurtre et de ses différents protagonistes. En résulte une oeuvre d'une noirceur totale, extrêmement choquante et éprouvante.
En l'état, difficile de noter cet électrochoc cinématographique...
Note :?