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Antarctic Journal (Let it snow let it snow let it snow)

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Genre : Thriller psychologique, horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)

Année : 2005

Durée : 1h55

 

Synopsis :

Une équipe coréenne décide d'atteindre l'endroit le plus reculé de l'Antarctique. En marchant dans la neige immuable, ils trouvent le journal de bord d'une expédition anglaise menée quatre-vingt ans auparavant et dès lors, d'étranges événements se produisent.

 

La critique :

Voilà longtemps que je n'étais plus revenu avec ma chère Corée du Sud sur le devant de la scène. Un pays qui a su s'imposer avec le temps dans un impitoyable Septième Art toujours plus soumis à l'aliénation du divertissement et un cahier de charges fébrile dans le but de plaire au plus grand nombre, et tant pis si le conformisme sera de la partie. Devenu "the place to be" pour les férus de thrillers, le cinéma coréen s'illustre par son irrévérence, l'absence de parti pris, de happy end vomitifs car souvent la perdition du personnage principal sera inéluctable. Ceux abreuvés à de stupides dénouements ne risquent donc pas de ressortir heureux de certains classiques. Et pourtant c'est bien ça que l'on aime chez eux car tout vrai thriller se doit de n'offrir aucun moment de répit à son acteur. Comment ne pas songer àI Saw The Devil et Blood Island, deux chefs d'oeuvre incontournables du pays ?
Mais pas que ! Par le passé, le blog a pu voir déferler un certain nombre de pellicules de cette nation et fréquemment, nous retrouvions toujours les mêmes poncifs : irrévérence, absence d'autocensure, absence d'happy-end, violence inhabituelle. Seul peut-être le très moyen et méconnu The Gifted Hands officiait en dehors des sentiers battus sur le cas de l'absence d'happy-end. A côté, il n'y a bien sûr pas que le thriller mais le cinéma d'horreur a aussi eu les faveurs du public et d'une réputation tout à fait honorable. Le cas de Le Dernier Train Pour Busan résonne immanquablement quand on pense à cette frange mais ça serait fort oublier Blood Island (encore !), The Phone ou R-Point

Une fois n'est pas coutume, le genre de l'épouvante/horreur de Cinéma Choc peut s'enorgueillir d'un nouveau fraîchement arrivé, nomméAntarctic Journal. N'étant pas un gros passionné d'horreur (mais je suppose que vous le savez sans doute), nul doute qu'il faudra suffisamment d'arguments pour me convaincre de me lancer dans un projet perdu dans une marée d'étrons pseudo-horrifiques. Mais bref je m'égare ! Donc Antarctic Journal est signéYim Pil-Sung, un bonhomme ayant su se créer une certaine réputation en Occident. Et pour cause, de Gérardmer à Strasbourg en passant par Chicago ou Toronto, il suscite l'intérêt des spectateurs.
Démarrant avec le méconnu The Souvenir, Pil-Sung tente de gravir les échelons avant de mettre en scène son premier gros projet qui est justement Antarctic Journal qui remportera le Prix Orient Express au Festival International du Film de Catalogne, ce qui n'est pas un mince exploit. A défaut d'être élogieuses, les critiques louent les qualités d'un récit bien différent de ce que l'on peut voir habituellement en Occident. Par la suite, le réalisateur sortira Hansel et Gretel considéré comme son meilleur film, suivi par Doomsday Book et Scarlet Innocence. Reste à voir si cette pellicule saura me donner foi envers l'horreur contemporaine, justement loin d'être l'horreur telle que nous pouvons nous la représenter.

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ATTENTION SPOILERS : Une équipe coréenne décide d'atteindre l'endroit le plus reculé de l'Antarctique. En marchant dans la neige immuable, ils trouvent le journal de bord d'une expédition anglaise menée quatre-vingt ans auparavant et dès lors, d'étranges événements se produisent.

Si je ne suis généralement pas le puriste maladif dans son exigence, j'attends du cinéma d'horreur un réel concept derrière, du travail, des idées qui montrent que le réalisateur a su penser son scénario avant même de le transposer derrière une caméra. Outre le cachet coréen derrière mettant en confiance, le synopsis et l'environnement de la trame avait grandement suscité ma curiosité. Ressortant de l'agréable séance de R-Point, pellicule audacieuse bien que perfectible sur certains points, j'espérais retrouver ce truc accrocheur. D'emblée, le choix de l'Antarctique, à ma connaissance, n'a jamais vraiment été exploité si l'on excepte la mémorable version de 1982 de The Thing et la purge Alien vs Predator. A première vue, ces étendues glacées et illuminées semblent bien loin de la traditionnelle forêt lugubre ou le manoir qui fait peur. Il s'agit pour le cinéaste de mettre les bouchées doubles car l'objectif est de taille. Que raconte vraiment Antarctic Journal ? Une trame assez simple en tout cas.
Une expédition de 6 hommes a pour but d'atteindre le "Point d'Inaccessibilité" de l'Antarctique. Faisant face aux éléments naturels tels la tempête de neige, la fragilité de la croûte de glace pouvant faire gagner à l'explorateur un aller simple pour le centre de la Terre, et bien sûr la température extrême, les téméraires s'avancent loin dans ce désert gelé. L'ambiance est au beau fixe mais en découvrant un vieux journal d'un explorateur britannique 80 ans auparavant, ils viennent de tomber dans l'engrenage de forces surnaturelles qui les enveloppera peu à peu, pas seulement de façon physique mais aussi mentale. L'équipement commence à se dérégler, tandis que deux hommes manqueront à l'appel. Des manifestations démoniaques s'immiscent insidieusement. La plus emblématique étant le capitaine, semblant hypnotisé, regarder un trou. L'un de ses compagnons verra sur l'écran du caméscope une main blanche sortir du trou sans que rien d'anormal ne soit observé au niveau de ce dit trou.

Par ce procédé ingénieux, Pil-Sung suscite l'adhésion du cinéphile. Non content de bousculer les codes établis, il tient à offrir une intelligence à son métrage en mêlant une certaine dimension philosophique. En s'enfonçant toujours plus loin dans cet enfer gelé, c'est une corrélation s'effectuant avec leur esprit devenant de plus en plus tourmenté avec la distance. Autrefois groupe soudé, joyeux, les rapports deviennent de plus en plus hostiles. Alors que certains ne savent plus suivre la cadence, d'autres en perdent leur humanité en se désincarnant de la valeur de la vie humaine. Les tensions montent et les disputes en arrivent aux mains. Et avec ça, un chef dont l'unique objectif est d'atteindre ce point d'inaccessibilité. Antarctic Journal peut se voir sous différentes facettes.
D'une part, on ne peut s'empêcher d'y voir une réflexion sur la détermination d'un homme prêt à tout pour accomplir son objectif quand bien même la fin justifiera les moyens pour y arriver. De l'autre, une étude psychologique sur les troubles du comportement lorsqu'un homme est soumis à quelque chose le dépassant. Il est très intéressant de voir que ces prétendues forces n'arboreront jamais une forme physique. Soit elle se passera par l'entremise du fameux caméscope ou alors par le biais de séquences d'épouvante fantasmées, sujets de troubles passés ou non. Dès lors, la question mérite d'être posée : Et si tout ce qu'ils vivent est bien réel ou tout cela ne se passe que dans leur tête ? Ces étendues gelées n'auraient-elles pas eu raison de leur chute mentale sans qu'ils n'en aient eu pleinement conscience ?

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Voilà une hypothèse que certains trouveront farfelue mais qui n'est pas à négliger. On se focalisera surtout sur l'un des hommes tombés au fond d'une crevasse, se retrouvant face à une structure de pierre dont l'aspect physique rappelle un monstre dormant. Est-ce vraiment le cas où le fruit d'une réalité fantasmée ? Toujours est-il qu'à l'instar de R-Point, le groupe partira complètement en vrille sans que le doute d'un massacre en devenir ne nous quitte. Terrifiés par un capitaine devenu fou, les géhennes se profilent pour mieux les dévorer. Autant dire qu'Antarctic Journal a de solides arguments pour capter l'attention de tout amateur du cinéma horrifique. La grande force aura été de retranscrire une Antarctique n'ayant jamais été aussi sombre et hostile.
Terre éclairée par un soleil éblouissant, sans âme qui vive, juste de la neige et des montagnes. Un lieu très difficile à mettre en scène dans un but de nous malmener et pourtant le traitement fonctionne. Endroit reposant dans l'inconscient collectif, il est transmué en une désolation glaciale. Encore une fois, rapport aux codes triturés.

Et puis, on ne peut faire l'impasse sur les choix de mise en scène. Alors que certains tâcherons hollywoodiens auraient choisi la carte du groupe hyper soudé tenant bon à tout, le coréen opte pour la déstructuration, la neurasthénie et finalement la psychopathie. Comme toujours, on retrouve cette atmosphère nihiliste n'offrant aucune lueur d'espoir à ses protagonistes. Reste que voilà, il faut se rendre à l'évidence et dire que, malgré l'engouement que j'ai porté avant, Antarctic Journal est difficile d'accès. Pourquoi ? Tout d'abord parce que opter pour une épouvante fantasmée ne plaira pas d'emblée, pas plus que le fait de naviguer de A à Z dans un flou sur la dimension de l'épouvante.
Au final, on en vient à formuler des hypothèses sans que le tout ne soit suffisamment explicite. Je renvoie encore à la main blanche, aussi efficace que rageante dans sa finalité absconse. La durée de 1h55 pourra être rébarbative pour certains, sachant que le raccourcissement aurait pu facilement se faire. Point suggestif car, dans mon cas, je n'ai pas vraiment eu les germes de l'ennui grandissant en moi. Certaines transitions ne seront pas toujours bien réfléchies, tendant dans le maladroit. Enfin, la fin alambiquée pourra frustrer. Il est vrai qu'à première vue, ça fait beaucoup mais quand on y réfléchit, le produit nous tient suffisamment en laisse sur la durée pour ne pas regarder trop souvent notre montre. 

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Revenons à nouveau sur le positif concernant aussi ces décors enneigés à perte de vue ne pouvant que nous rincer l'oeil. Bien que le film fût tourné en Nouvelle-Zélande, l'illusion est parfaite. La caméra nous balade via de larges plans sur ces ténèbres blanches resserrant leur étau sur cette petite troupe muée par le désir de faire ce que personne n'avait encore fait. Pour la bande sonore, gros point également. La musique du début, à elle seule, écrase le spectateur et lui fait prendre conscience qu'il ne se retrouvera pas devant 1h55 de merde infâme. Celle-ci sera réutilisée à la fin pour annoncer l'absence totale d'espoir qui en découlera. Pour le reste, les musiques possèderont une tonalité mystérieuse, discrète en accord parfait avec l'atmosphère tortueuse. Côté interprétation des acteurs, c'est pas mal du tout à défaut d'être transcendant. Song Kang-ho incarne la folie avec grande conviction dans la peau de ce capitaine en déshérence mentale dès le début, suite à des souvenirs impardonnables.
Le reste de la troupe saura se débrouiller avec Kim Kyeong-ik, Park Hie-sun, Choi Duek-mun, Yu Ji-tae et Kang Hye-jeong.

Alors que mon entrain pour le cinéma horrifique était toujours aussi bas, il aura fallu qu'un autre film coréen revienne me donner espoir en ce genre malmené par toute une troupe d'imbéciles de metteurs en scène, caméramen manchots et scénaristes ayant une noisette à la place du cerveau. Loin du conventionnel, Pil-Sung opte pour une approche intelligente de l'horreur en la retranscrivant sous une forme à la fois surnaturelle et psychologique. Cette dernière découlant de la première car l'être humain, aussi développé soit-il, reste avant tout un animal fragile dont l'esprit peut vite être malmené face à des choses qu'il ne comprend pas, jusqu'à ce que le trouble en devienne irréversible.
Antarctic Journal affiche un continent vierge de toute forme humaine en terre redoutable baignée par un soleil glacial. Une transmutation en un enfer psychique laissant vite place à un climat de cauchemar. Ambiance mystérieuse, glauque mâtinée de plusieurs séquences d'efficacité certaine, Antarctic Journal s'impose comme un choix tout à fait recommandable de thriller psychologique. Et si quelques soucis de narration pourront mener à la frustration, le tableau global est tout à fait réussi à défaut d'être un chef d'oeuvre. 

 

Note :13,5/20

 

 

orange-mecanique   Taratata

 

 


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