Genre : horreur, gore, trash, extrême, pornographie (interdit aux - 18 ans)
Année : 2006
Durée : 1h26
Synopsis : (1) Violée et séquestrée, Manuela parvient à se défaire de son pervers d'agresseur en lui perforant le crâne. Satisfaite d'un tel dénouement, elle enterre le corps du défunt dans les bois, pensant tirer alors un trait définitif sur cette douloureuse affaire. Malheureusement, cinq ans plus tard, alors que d'horribles cauchemars troublent ses nuits et que son psy l'écoute d'une oreille distraite, Manuela est à nouveau victime d'un grand malade. Elle et sa petite amie seront donc mises à mal par un nouveau tortionnaire à la fois sadique, nécrophile et de toutes évidences sexuellement déviant ? (1)
La critique :
Le cinéma trash et gore européen peut s'enhardir de posséder quelques nations fondatrices et exhaustives en termes de rutilance et d'érubescence. Naguère, c'était l'Italie avec Lucio Fulci, Lamberto Bava et Dario Argento - entre autres - qui détenait la couronne sérénissime de l'irrévérence. La nation transalpine doit néanmoins se colleter avec son voisin germanique, lui aussi plutôt magnanime en termes de barbarie et de diverses impétuosités. Ainsi, l'Allemagne peut elle aussi s'enorgueillir d'ériger d'illustres réalisateurs du cinéma underground.
Ces derniers se nomment notamment Timo Rose (Barricade et Fearmakers), Marian Dora (Melancholie Der Engel, Cannibal et Debris Documentar), Olaf Ittenbach (Black Past, The Burning Moon et Premutos : Falling Angel), ou encore Andreas Schnaas (la franchise Violent Shit, Anthropophagous 2000 et Zombie '90 Extreme Pestilence).
Dans cette litanie d'impertinence et d'outrecuidance, vient également s'agréger Andreas Bethmann, un autre parangon éminent du cinéma trash germanique. Le metteur en scène allemand, souvent acteur pour l'occasion, n'a jamais caché son extatisme ni son effervescence pour le cinéma bis horrifique. Ses principaux bréviaires se nomment Joe d'Amato et Jess Franco. Inutile de préciser que ces deux bisseux n'ont jamais vraiment brillé pour leur courtoisie ni leur bienséance, en particulier Joe d'Amato. Ce dernier reste sans doute le réalisateur prodrome dans ce salmigondis difforme qui consiste à amalgamer pornographie, impudicité, gore et horreur.
Le cinéaste transalpin a notamment signé des pellicules telles que Blue Holocaust (1978), Les Amours interdites d'une Religieuse (1979), La Nuit Fantastique des Morts-Vivants (1980), ou encore le bien nommé Porno Holocaust (1981).
Jess Franco est lui aussi un autre cinéaste proéminent de l'horreur, intrinsèquement agencéà l'érotisme, avec néanmoins beaucoup plus de finesse et de finauderie. Les thuriféraires du cinéaste ibérique n'omettront de stipuler des films tels que L'horrible Docteur Orloff (1962), Les Nuits de Dracula (1970), Eugénie de Sade (1970), Les Expériences érotiques de Frankenstein (1973), ou encore La Comtesse Noire (1974). Andreas Bethmann a donc grandi avec ses références du cinéma bis et affectionne tout particulièrement les séries B grivoises et transies par des zombies putrescents et la profusion de concupiscence. En outre, dans le cinéma trash germanique, Andreas Bethmann transparaît comme la figure hiératique du gore, accoupléà la pornographie.
Son credo ? Toujours la même ritournelle, à savoir une jeune gourgandine victime des satyriasis d'un régime phallocratique et donc du courroux masculin, même si ce tropisme érotomane dérive prestement vers le saphisme, le bondage et le fétichisme.
Les laudateurs du metteur en scène citeront notamment Der Todesengel (1998), Demon Terror (2000), Rossa Venezia (2003), Angel of Death 2 (2007), Prison of Hell : K3 (2003), Help Me I Am Dead (2013), ou encore Terror Creek (2014) parmi les oeuvres les plus notables et éventuellement notoires. Vient également s'additionner Exitus Interruptus, sorti en 2006, une pellicule qui fait partie - entre autres - de la sélection et des figures de proue de la collection Uncut Movie. Pour la faribole circonstancielle, le long-métrage connaîtra une suite, Exitus 2 - House of Pain, toujours réalisé par les soins d'Andreas Bethmann en 2008.
Exitus Interruptus est le fruit de l'imagination fertile et débridée de son principal démiurge. Non seulement, Andreas Bethmann réalise, mais il tient également le rôle principal, celui d'un sociopathe fan du scalpel et épris de vindicte sadique et criminelle envers deux demoiselles.
Il est également l'auteur et le grimaud du scénario du film, un synopsis plutôt simplissime et lapidaire, pour être gentil... Hormis Andreas Bethmann, la distribution d'Exitus Interruptus se compose d'Anja Gebel, Renee Pornero, A.M. Bertucci, Nicole Lilienthal, Veronika Kuezkova, Tanja Berger et Melanie Bethmann. Inutile de le préciser, mais Exitus Interruptus n'a évidemment pas bénéficié d'une sortie en salles et pour cause... Non seulement, le film est affublé d'un budget désargenté et digne d'une série B (série Z...), mais a aussi récolté l'ultime réprobation, soit une interdiction aux moins de 18 ans. Mais ne nous égarons pas et revenons à l'exégèse du film.
Attention, SPOILERS ! (1) Violée et séquestrée, Manuela parvient à se défaire de son pervers d'agresseur en lui perforant le crâne.
Satisfaite d'un tel dénouement, elle enterre le corps du défunt dans les bois, pensant tirer alors un trait définitif sur cette douloureuse affaire. Malheureusement, cinq ans plus tard, alors que d'horribles cauchemars troublent ses nuits et que son psy l'écoute d'une oreille distraite, Manuela est à nouveau victime d'un grand malade. Elle et sa petite amie seront donc mises à mal par un nouveau tortionnaire à la fois sadique, nécrophile et de toutes évidences sexuellement déviant ? (1) Evidemment, on ne s'attendait pas spécialement à la moindre once de délicatesse ni de raffinement de la part d'un Andreas Bethmann en mode libidineux. Le cinéma inconvenant du metteur en scène germanique prône et édifie les réminiscences d'une phallocratie qui consiste à rudoyer, malmener, violer et supplicier une gente féminine totalement assouvie et bien sûr consentante.
Pour Andreas Bethmann, ce genre de production racoleuse semble servir de catharsis pour contenir et assainir ses penchants satyriasiques, à tel point que l'on pourrait aisément invoquer un film à la fois gore et porno aux exhalaisons misogynes. Pour les féministes effarouchées, prière de quitter promptement leur siège et de retourner dans leurs pénates, sous peine d'être sérieusement éberluées par cette pellicule gentiment déviante. Un oxymore... Pour le reste, peu ou prou de surprises au programme. Sur la forme comme sur le fond, Exitus Interruptus s'apparente à un curieux maelström entre le slasher putride et nécrophile version Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), le huis clos morbide et le rape and revenge rudimentaire. Certes, le long-métrage d'Andreas Bethmann accumule les saynètes de tortures, ainsi que les humiliations subies par Manuela et sa petite amie, Monique.
Néanmoins, ce film trash et underground, qui mêle plus ou moins savamment gore et porno, souffre de certaines carences lacunaires. Exempt son scénario famélique, Exitus Interruptus doit se départir avec un budget étriqué qui lorgne davantage vers la série Z infructueuse. De facto, merci d'éviter de vous gausser devant ce mannequin en mousse à la coiffure hirsute et censé incarner le frangin du forcené ! Si la mise en scène est plutôt correcte, le décorum reste néanmoins rudimentaire et varie entre une cave en déshérence et une chambre déguisée en antre mortuaire.
Au moins, Andreas Bethmann a éludé de débourser toute sa pécune dans un décor opulent et luxuriant... Cependant, l'aspect le plus désappointant reste l'absence - presque béante - de trash et de gore, nonobstant certains apparats matois et les longues facondes d'un psychopathe épris de vengeance. Certes, on notifiera, çà et là, quelques supplices bien troussés et certaines séquences pornos tournées, il est vrai, par de très jolies demoiselles. Certes, les néophytes pourront sans doute se laisser flagorner par ce spectacle un brin harangueur. Les autres, à savoir les amateurs invétérés du cinéma trash, risqueront à contrario de bâiller et de clabauder après une production exsangue.
Maigre consolation, Andreas Bethmann versera encore davantage dans la calamité et la modicité via un second chapitre (Exitus 2 - House of Pain) encore plus pusillanime, dilettantiste et racoleur. Ma note finale fera donc preuve d'une étonnante mansuétude car le film mérite sans doute moins, beaucoup moins...
Note : 09/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1370&NamePage=exitus-interruptus