Genre : shockumentary, horreur, trash, documentaire, documenteur, Mondo (interdit aux - 18 ans)
Année : 1989
Durée : 1h16
Synopsis : Une nouvelle compilation morbide qui coalise, entre autres, des crashs aériens, des accidents sportifs, des mises à mort, des interventions policières ou encore des scènes de guerre de bien réelles et évidemment inédites. Bienvenue dans le monde d'Inhumanities 2 - Modern Atrocities !
La critique :
Comme vous avez sans doute pu le constater et le subodorer, Cinéma Choc poursuit inlassablement son cycle trash et underground via cette polarisation particulière pour le "Mondo" et le shockumentary. Par bienséance et par courtoisie, nous éluderons, à l'instar de la (très) récente chronique de Banned From Television - Prison Files (Joe Francis, 1998), de procéder à l'exégèse du "Mondo". Néanmoins, les sorties quasi concomitantes de Faces of Death, Face à la Mort (John Alan Schwartz, 1978) en français, et de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) estourbissent durablement les persistances rétiniennes et courroucent également les censures partiales et atrabilaires.
Bannies, rabrouées, gourmandées, honnies et vouées aux gémonies, ces deux pellicules extrêmes et outrecuidantes interrogent, entre autres, sur nos pulsions archaïques et primitives ; celles tapies quelque part dans notre cerveau tribal et reptilien.
A contrario, ces mêmes ostracisations et animadversions participent àériger ces productions impudentes via le support vhs de l'époque. Les thuriféraires du cinéma trash s'arrachent et s'arrogent Faces of Death et Cannibal Holocaust pour leur singularité et leur même impertinence. Evidemment, les succès coexistant de ces deux oeuvres véhémentes influencent et génèrent toute une pléthore de succédanés. Le "Mondo" et le shockumentary peuvent orgueilleusement arborer des titres tels qu'Orozco The Embalmer (Kiyotaka Tsurisaki, 2001), la saga Banned From Television amorcée par les soins de Joe Francis en 1998, Executions (David Herman et Arun Kumar, 1995), True Gore (1995), Shocking Africa (Franco Godi, 1982), ou encore The Killing of America (Leonard Shrader et Sheldon Renan, 1982), Traces of Death (Damon Fox, 1993) parmi les oeuvres les plus scandaleuses et sulfureuses.
Vient également s'agréger, dans ce conglomérat de productions âpres et mercantilistes, le diptyque formé par Inhumanities (Harvey Keith, 1989) et Inhumanities 2 - Modern Atrocities (Wesley Emerson, 1989). En l'occurrence, difficile d'ergoter et de discutailler sur le cas du premier chapitre puisque nous n'avons pas eu l'heur de visionner le film. Aujourd'hui, c'est le cas d'Inhumanities 2 - Modern Atrocities qui fait donc l'objet d'une chronique dans nos colonnes. Certes, le nom de Wesley Emerson ne doit pas vous évoquer grand-chose. Mais si on se réfère au site IMDb (Source : https://www.imdb.com/name/nm0256178/?ref_=tt_ov_dr), le metteur en scène américain a surtout officié dans les secteurs corrélatifs de l'érotisme et de la pornographie.
De facto, il est parfaitement futile de procéder à l'exégèse de sa filmographie, à moins que vous désiriez en savoir plus sur des titres racoleurs tels que No Man's Land, du porno saphique, ou encore sur la série des Deep Inside, une autre franchise libidineuse qui se polarise sur les activités lubriques d'actrices érotomanes.
Est-il absolument indispensable de vous faire un dessin ? Il n'est donc pas surprenant de retrouver le monogramme de Wesley Emerson derrière le "Mondo" et le shockumentary, deux genres en accointance qui, eux aussi, affectionnent impunément l'érotisme, les bacchanales et les parties d'agapes et de priapées. Contre toute attente, Inhumanities 2 n'a pas du tout pour velléité de se focaliser sur ces mêmes impudicités. A l'instar de Faces of Death (déjà susmentionné dans ses lignes), Inhumanities 2 se centre sur la thématique, toujours spinescente, de la mort.
Derechef, cette dernière vient subrepticement assaillir et happer un ou plusieurs individus en déveine. Ce n'est pas aléatoire si le documentaire (documenteur...) de Wesley Emerson est aussi connu sous l'intitulé de Face à la Mort : les atrocités modernes.
Le long-métrage, d'une durée élusive d'une heure et 15 minutes (76 minutes pour être précis), s'ébaudit de cette contiguïté, mais n'appartient aucunement à la saga Faces of Death. A priori, si l'on se réfère au titre du film, Inhumanities 2 - Modern Atrocities ne serait qu'un vulgaire avatar de Face à la Mort., à tel que l'on pourrait aisément invoquer un best of ou plutôt un "worst of" de Faces Of Death. Certes, la faucheuse irascible intervient de façon ostensible à travers des accidents sportifs, des crashs aériens ou encore des saynètes martiales ; soit les principaux leitmotivs de la franchise prodiguée par John Alan Schwartz en son temps. Donc, à fortiori, rien de neuf sous le bataillon...
Ou presque... Puisque le documentaire (hum...) nous réitère le syllogisme harangueur via cette voix-off et monocorde qui commente solennellement toute une litanie de séquences atroces, barbares et évidemment morbides.
A l'instar de Faces of Death (bis repetita...), Inhumanities 2 pourrait se résumer de la façon suivante. Attention, SPOILERS ! Une nouvelle compilation morbide qui coalise, entre autres, des crashs aériens, des accidents sportifs, des mises à mort, des interventions policières ou encore des scènes de guerre de bien réelles et évidemment inédites. Bienvenue dans le monde d'Inhumanities 2 - Modern Atrocities ! Autant l'annoncer sans ambages. Inhumanities 2 fait parties de ces OFNI (objets filmiques non identifiés) quasi introuvables en vidéo, à moins de se rendre sur des sites comme Ebay ou Amazon qui vendent à des prix dispendieux ce support filmique désormais perdu dans les affres de l'oubli et de la désuétude. Cependant, le long-métrage est visible en intégralité sur YouTube et intéressera sans doute les collectionneurs pour son indubitable rareté.
Pour le reste, Inhumanities 2 s'apparente à un shockumentary conventionnel qui accumule les saynètes extravagantes et sensationnelles pour mieux flagorner son audimat. De fait, le film de Wesley Emerson n'échappe pas à l'ultime réprobation, soit à une interdiction aux moins de 18 ans. Néanmoins, nonobstant toutes ses carences lacunaires et inhérentes à ce genre de pellicule factieuse, Inhumanities 2 peut au moins s'enhardir de quelques séquences virulentes et rédhibitoires. Indiscutablement, la section la plus éloquente concerne les atrocités commises lors des guerres les plus récentes. Certes, derechef, le documentaire s'appesantit sans doute un peu trop allègrement sur la Seconde Guerre mondiale via ces lithographies mortifères sur les camps de concentration.
En outre, ce sont des images percutantes et tétanisantes qui ont été déjà diffusées, entre autres, lors du Procès de Nuremberg.
Donc, rien de neuf sous le soleil... Toutefois, le film se focalise aussi en filigrane sur des séquences rarissimes, celles de la guerre du Vietnam et surtout de la guerre en Irak. Malicieux, Wesley Emerson est même parvenu à s'emparer et à capturer des saynètes provenant carrément d'une chaîne irakienne. Au menu des trites réjouissances, nous assistons, médusés, à des corps mutilés, atomisés et à une paupérisation massive engendrée par nos exactions, nos sauvageries et nos propres rusticités. Mais, hélas, c'est bien la seule argutie, un tant soit peu prégnante, d'Inhumanities 2 - Modern Atrocities. Pour le reste, le documenteur de Wesley Emerson conglobe à peu près toutes les tares du "Mondo" et du shockumentary réunies, à savoir cette intempérance pour la scopophilie que paradoxalement le film semonce, tance, dénonce et vilipende.
Un oxymore. Les laudateurs de shockumentaries apprécieront peut-être cette ixième prévarication. Les autres grommelleront et clabauderont à raison contre l'inanité et la vacuité de cette nouvelle forfaiture. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout...
Note : 08.5/20
Alice In Oliver