Genre : shockumentary, death movie, "Mondo", horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2000
Durée : 1h30
Synopsis : Le diabolique Docteur Vincent Van Gore est de retour via une nouvelle collection de morts et de de cadavres putrescents suite à un accident de la route, un suicide ou une scène de meurtre.
La critique :
Que les thuriféraires de Cinéma Choc - soit trois ou quatre personnes dans le monde (en comptant les auteurs du blog...) - se rassérènent. Nous ne commettrons pas l'offense de procéder à l'exégèse du "Mondo", du shockumentary et même du death movie à travers les lignes de cette chronique, malgré les concomitances qui imprègnent ces divers registres peu ou prou analogiques. En outre, il est difficile de ne pas rappeler la prégnance et la proéminence de Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962), soit le long-métrage prodrome et originel en termes de "Mondo". La dialectique de ce film sulfureux et scandaleux est aussi simplissime que lapidaire et consiste à scruter, voire à diagnostiquer les us et les coutumes de peuplades séculaires à travers le monde.
Tantôt pittoresques, tantôt outrecuidants, tantôt virulents, ces rites oecuméniques nous sont contés par une voix-off et monocorde qui commente presque béatement des saynètes souvent triviales, âpres et outrageantes.
Le documentaire proposé par Gualtiero Jacopetti et ses fidèles prosélytes transparaît alors comme un long-métrage tendancieux qui oscille entre la fiction et la réalité. Le film interroge, entre autres, sur cette porosité entre le cinéma et notre monde bien réel. Or, tout est factice. Les séquences factuelles et transies de véracité sont en réalité mensongères et interprétées par des acteurs amateurs et/ou anonymes. Il n'en faut pas davantage pour susciter les cris d'orfraie, ainsi que les acrimonies circonstanciées lors de la présentation de Mondo Cane lors du festival de Cannes.
Le shockumentary est né et l'idée madrée de Gualtiero Jacopetti et ses affidés s'exporte à travers le monde entier, en particulier dans le cinéma bis. Mondo Cane inspire et engendre de nombreux épigones, notamment Mondo Cane 2 (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1963), Africa Addio (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1966), Shocking Asia (Rolph Olsen, 1974), Mondo Trasho (John Waters, 1969), ou encore Mondo Topless (Russ Meyers, 1966).
Puis, le "Mondo", mué en shockumentary, se transmute en death movie via Faces Of Death, soit àFace à la Mort (John Alan Schwartz, 1978) dans notre monde occidental. Le programme proposé obéit peu ou prou à la même ritournelle en s'appuyant, cette fois-ci, sur un périple et un panorama mortifère. La mort nous est assénée sous ses aspects protéiformes et louvoie entre les accidents sportifs, les scènes de meurtres, les suicides et même la peine capitale. Le death movie est né. Faces of Death collectionne alors le nombre d'animadversion, via plus d'une centaine d'interdictions à travers le monde.
A l'instar du "Mondo", ce registre véhément et impudent se transmue à son tour en une véritable panoplie de l'horreur. Faces Of Death génère lui aussi toute une pléthore d'homologues, notamment Traces of Death (Damon Fox, 1993), Orozco The Embalmer (Kiyotaka Tsurisaki, 2001), True Gore (M. Dixon Causey, 1987), Death File Yellow (2006), ou encore Des Morts - Of The Dead (Thierry Zeno, 1979).
Evidemment, toutes ces pellicules érubescentes et rutilantes s'auréolent de l'ultime réprobation, soit d'une interdiction aux moins de 18 ans. Et bien sûr, Faces of Gore, réalisé par la diligence de Todd Tjersland en 1999, ne déroge pas à cette règle fatidique ! Pour souvenance, Cinéma Choc s'était déjà atteléà la chronique d'un premier volet (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/04/18/36160093.html) qui marchait déjà dans le sillage et le continuum de Faces of Death. Toujours la même antienne... Opportuniste et bien conscient du succès mercantiliste de son entreprise, Todd Tjersland va réitérer les animosités sanguinolentes via une tétralogie, à savoir Faces of Gore 2 (2000), Faces of Gore 3 (2000) et Best Of Faces of Gore (2000).
En l'occurrence, Todd Tjersland apparaît comme l'un des parangons du cinéma extrême et underground en officiant essentiellement derrière la production et/ou la réalisation de Back From Hell (Matt Jaissle, 1993), Legion of the Night (Matt Jaissle, 1995), The Necro Files (Matt Jaissle, 1997), ou encore The Necro Files 2 (Ron Carlo, 2003).
Pour la faribole superfétatoire, Faces of Gore premier du nom reprenait déjàà son compte le syllogisme de Faces of Death via les allocutions morbides d'un médicastre, le Docteur Vincent Van Gore, qui commentait de façon solennelle des saynètes morbides filmées principalement sur le continent asiatique en passant par Tokyo et Singapour majoritairement. Si Faces of Death reposait sur la rhétorique suivante : Quand la mort n'est pas du Cinéma", Faces of Gore déclamait la une scansion peu ou prou analogue : "Quand le gore n'est pas du cinéma".
Cependant, nonobstant une certaine scabrosité, le premier chapitre se révélait plutôt désappointant sur la durée, ne rivalisant guère avec les impétuosités de son glorieux aîné. Faces of Gore 2 va-t-il permettre à la franchise lucrative de retrouver une once de luminescence ?
Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Le synopsis de cette seconde forfaiture est plutôt élusif. Attention, SPOILERS ! Le diabolique Docteur Vincent Van Gore est de retour via une nouvelle collection de morts et de de cadavres putrescents. Faces of Gore 2 se segmente alors en trois sections bien distinctes : les accidents de la route, le suicide et les scènes de meurtre. Sinon, c'est tout ? Oui, c'est tout ! Toujours est-il que Faces of Gore 2 ne manquera pas d'ulcérer et d'estomaquer les esprits les plus impressionnables et surtout les plus pudibonds.
Vous l'avez donc compris. Faces of Gore 2 ne dénote guère des frasques de son sinistre devancier. Néanmoins, à sa décharge, le programme sollicité se montre beaucoup plus gore et surtout beaucoup plus miséricordieux qu'à l'accoutumée.
Pour ceux qui admonestent et abhorrent (à juste titre) la vision de cadavres écrabouillés par un véhicule (et même par un tank de l'armée !), merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! Certes, on a bien du mal à croire que les autorités asiatiques permettent à un journaliste ou à un vulgaire quidam de passage de filmer un corps tuméfié, décharné et en grande partie démembré après un accident, un suicide ou un meurtre d'une violence inouïe. Certes, le spectateur médusé n'omettra pas de stipuler les roueries savamment orchestrées par Todd Tjersland et son équipe de bras cassés via la profusion (à peine déguisée) de mannequins en mousse, un subterfuge hélas ostensible sur la durée (à peine une heure et demie de bobine...).
Pourtant, par certaines duperies et matoiseries, Faces of Gore 2 remplit partiellement son office.
Ainsi, certaines séquences ensanglantées paraissent bien réelles même si, derechef, on renâcle la fourberie et la tartufferie à plein nez. De facto, Faces of Gore 2 s'adresse avant tout aux amateurs patentés du death movie. In fine, cette suite n'échappe pas aux conventions habituelles d'un genre rébarbatif et désincarné jusqu'à l'os. Ce shockumentaray se conclut sur des images éparses de guerre, en particulier celles de la Seconde Guerre Mondiale, avec son florilège de cadavres et de personnes exécutées sans sommation. Est-ce suffisant pour sauver le film d'une certaine fastidiosité ?
Pas vraiment... Surtout que le spectateur hébété se voit affubler de la voix emphatique et glapissante du Docteur Vincent Van Gore, très en forme pour l'occasion... Mais au moins, cette suite ne badine pas avec la barbaque rougeoyante. Une bien maigre consolation tout de même à l'aune de ces tristes réjouissances...
Note : 08.5/20
Alice In Oliver