Genre : shockumentary, "Mondo", documentaire, "documenteur", horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 54 minutes
Synopsis : Un nouveau shockumentary qui se focalise sur les phénomènes et les exploits étranges à la travers le monde, cette fois-ci diligentés par des sportifs, des "freaks" et des bateleurs orfèvres. L'étrange côtoie ainsi cette appétence pour la scopophilie, la mort et le culte de la performance à travers, parfois, des rituels toujours plus insolites. Bienvenue dans le monde de The Strange and the Gruesome !
La critique :
Le cycle consacré aux "Mondo" et aux shockumentaries se poursuit sur Cinéma Choc, inexorablement... Que les esprits les plus réfractaires et les plus pudibonds se rassérènent. Après cette nouvelle chronique, nous édulcorerons un peu les ardeurs car, pour tout vous dire, l'auteur de ces lignes commence un peu...beaucoup..., énormémentà se lasser... Et surtout àêtre sevré de shockumentaries à satiété. Pour souvenance, la genèse du "Mondo" acte et officialise sa naissance via Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962), un long-métrage prodrome qui se polarise sur les us et les coutumes de peuplades séculaires à travers le monde entier.
Présenté en compétition au festival de Cannes, le film de Gualtiero Jacopetti et de ses chers affidés ne manque pas d'attiser les circonspections et les acrimonies circonstanciées.
Traduit de l'italien, "Mondo Cane" signifie "un monde de chien" en français. Tantôt truculentes, tantôt virulentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes déviantes s'enchaînent et offrent un dépaysement total. L'objectif de ce pur produit issu du cinéma d'exploitation ? Mondo Cane préfigure, bon gré mal gré, notre tropisme pour le consumérisme, ainsi que pour cette scopophilie maladive. Réalisé comme un documentaire vérité, Mondo Cane n'échappe pas au courroux de la censure et écope d'une interdiction aux moins de 16 ans. Pourtant, les images, les séquences et les lithographies assénées ne sont que leurres habilement agencés par Gualtiero Jacopetti et ses fidèles prosélytes.
Les scènes tournées ne sont donc pas réelles, mais interprétées par des acteurs amateurs et/ou anonymes sous la complicité béate de Gualtiero Jacopetti et ses sbires.
Dans une époque encore troublée par les événements de la Seconde Guerre mondiale, la société occidentale ressent le besoin irrépressible de refouler ses instincts les plus archaïques. Et c'est exactement ce que traduit Mondo Cane. Ce shockumentary va inspirer et générer toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma bis et d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977), Shocking Asia (Rolph Olsen, 1974), The Killing of America (Leonard Shrader et Sheldon Renan, 1982), Terriens - Earthlings (Shaun Monson, 2005), Des Morts - Of the Dead (Thierry Zeno, 1979), Africa Addio (Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, 1966), Africa Ama (Angelo et Alfredo Castiglioni, 1971), ou encore Addio Ultimo Uomo (Angelo et Alfredo Castiglioni, 1978) parmi les shockumentaries notables et éventuellement notoires.
Vient également s'additionner The Strange and the Gruesome, produit et réalisé par la firme indépendante Gorgon Videos en 1999. Vous l'avez donc compris. Derrière cet ixième shockumentary, on ne relève aucunement l'empreinte, même évasive, d'un cinéaste. En même temps, est-il absolument nécessaire de recourir à la diligence d'un metteur en scène pour agréger toute une litanie d'images et de saynètes à la fois virulentes et éparses ? Si la plupart des shockumentaries partagent de nombreuses accointances et appétences pour les rituels mortuaires, The Strange and the Gruesome se distingue par cette polarisation pour l'étrange, mais non pour le paranormal.
Un tel distinguo méritéévidemment d'être souligné. Pas question ici de se focaliser, derechef, pour les rituels méphitiques et mortifères.
Pour ceux et celles qui recherchent un shockumentary compilant trivialement des accidents de la route et sportifs, ainsi que des supplices d'animaux, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! Indubitablement, ce nouveau documentaire ("documenteur"...) vérité (un terme vraiment à guillemeter et à minorer) n'a pas de telles aspérités ; loin de là ! Telle est, par ailleurs, l'exégèse, pour le moins énigmatique, de The Strange and the Gruesome. Attention, SPOILERS ! Un nouveau shockumentary qui se focalise sur les phénomènes et les exploits étranges à la travers le monde, cette fois-ci diligentés par des sportifs, des "freaks" et des bateleurs orfèvres.
L'étrange côtoie ainsi cette appétence pour la scopophilie, la mort et le culte de la performance à travers, parfois, des rituels toujours plus insolites et déroutants. Bienvenue dans le monde de The Strange and the Gruesome !
Pour la faribole superfétatoire, on ne trouve presque aucune information, même élusive, sur ce shockumentary. Même sur le site IMDb (Source : https://www.imdb.com/title/tt5204230/), on ne décèle presque aucun élément sur ce film. Seul le nom énigmatique de H.D. Motyl est mentionné comme producteur et scénariste de ce shockumentary. A priori, ce grimaud s'est essentiellement spécialisé dans la réalisation et/ou la production de documentaires, par ailleurs inédits dans nos contrées hexagonales. Autant l'annoncer sans ambages. Non, The Strange and the Gruesome n'est pas le shockumentary le plus brutal et le plus âpre de sa catégorie, loin de là !
Ce pseudo documentaire ne mériterait peut-être pas de figurer dans le Top 250 des films trash, extrêmes et scandaleux (Source : http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2019/03/18/37177484.html), agencé et diligenté par les soins d'Inthemoodforgore (Inthemood pour les intimes), ou alors dans les toutes dernières places.
Néanmoins, ce "Mondo" a tout de même écopé de l'ultime réprobation, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Indiscutablement, The Strange and The Gruesome flagornera et intéressera les laudateurs du cinéma extrême et underground, ne serait-ce que pour son tropisme pour l'étrange et les performances les plus extravagantes. Ainsi, les tristes réjouissances se centrent sur des bateleurs et des sportifs transis par le culte de l'exploit et de la performance. Ici, les athlètes, d'une grande résilience et d'une extraordinaire célérité, s'enfourchent sans sourciller des aiguilles, voire des épées d'escrime dans la cavité abdominale, dans une langue souvent fourchue, ou encore juste en-dessous du sternum pour impressionner un public sévèrement ébaubi.
Puis, sans fard, The Strange and the Gruesome se transmute en long-métrage préventif contre les effets délétères du tabac en montrant un homme agonir et se décrépir peu à peu de son accoutumance, via ce visage et cette gorge qui se transmuent sous l'effet d'une maladie maligne et hélas inexpugnable.
Des hommes lambdas défient carrément la mort en s'enfermant dans des cercueils, enterrés à plusieurs mètres sous la terre. Parviendront-ils à survivre à cette expérience hors du commun ? La réponse est heureusement positive. Après plusieurs jours de calvaire, ces hommes téméraires ressortent vivants de leurs sépulcres et arborent néanmoins un état proche de la sénescence, probablement en partie asphyxiés par cette expérience effrayante et morbide. Vous l'avez donc compris. The Strange and The Gruesome fait donc figure de "Mondo" iconoclaste et transgresse les syllogismes triviaux et routiniers des "Mondo" habituels. Ce "documenteur" emprunte parfois quelques saynètes tristement célèbres, notamment lorsque le film se polarise sur cet adulescent qui se dilapide à coup de cailloux sur les membres inférieurs, et reproduisant ainsi le martyr christique.
Les louangeurs de "Mondo" ne manqueront de notifier le subterfuge matois, ainsi que la référence àMondo Cane premier du nom. Toujours la même antienne... Voilà pour l'ensemble des inimitiés ! Pour le reste, force est de constater que The Strange and the Gruesome remplit doctement son office et ne manquera pas d'offusquer durablement les persistances rétiniennes, ne serait-ce que par ce périple indicible dans l'étrange, l'ineffable et l'eschatologie funèbre. Un tel shockumentary ne pouvait donc pas échapper aux bonnes grâces et aux congratulations circonstancielles de Cinéma Choc !
Note : 14/20
Alice In Oliver