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Les Incorruptibles - 1987 (Sus au régime d'Al Capone !)

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incorruptibles

Genre : policier (interdit aux - 12 ans)
Année : 1987
Durée : 1h59

Synopsis : A Chicago durant les années trente, lors de la prohibition, Al Capone règne en maître absolu sur le réseau de vente illégale d'alcool. Décidéà mettre un terme au trafic et à confondre Al Capone, l'agent Eliot Ness recrute trois hommes de confiance, aussi intraitables que lui. Ensemble, les quatre "incorruptibles" partent en guerre contre le gang de Capone...    

 

La critique :

A fortiori, rien ne prédestinait Brian de Palma à embrasser une carrière dans le noble Septième Art. Très jeune, il se passionne pour la physique et l'électronique et passe ses journées à monter et/ou à démantibuler des appareils plus ou moins fonctionnels. Corrélativement, le jeune éphèbe doit supporter les crises familiales et s'isole dans sa chambre pour s'escarper de ce climat pernicieux et délétère. Après une tentative de suicide de sa matriarche aux somnifères, il apprend conjointement les infidélités de son patriarche. S'ensuit le divorce de ses parents et Brian de Palma se destine alors vers des études de sciences physiques dans une prestigieuse université de Manhattan.
C'est durant ses études qu'il découvre sa dilection pour le cinéma. Après ses cours, il visionne plusieurs films de Jean-Luc Goddard, François Truffaut, Federico Fellini et Luchino Visconti, ses réalisateurs favoris.

Mais son film de chevet se nomme Sueurs Froides (Alfred Hitchcock, 1958). C'est ce thriller ésotérique et alambiqué qui lui donne envie de quitter ses études et de s'abandonner entièrement au Septième Art ; un choix qui désarçonne son paternel. Ce dernier décide subrepticement de ne plus financer ses études. Pour survivre de ses maigres subsides, Brian de Palma tourne plusieurs courts-métrages dans la foulée, entre autres Woton's Wake (1962), auréolé de plusieurs prix. Sa carrière cinématographique connaît alors ses tous premiers balbutiements et Brian de Palma se polarise alors sur des longs-métrages indépendants. Des films tels que Meurtre à la mode (1968), Get to know your rabbit (1972), ou encore Soeurs de Sang (1973) lui permettent de se forger une solide réputation.
Hélas, en raison de leur confidentialité, aucun de ces courts- métrages ne parvient à toucher un large audimat. 

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Parallèlement, les producteurs repèrent son style affiné, ainsi que ses références pléthoriques au cinéma d'Alfred Hitchcock et d'Ingmar Bergman. Ces derniers lui confient alors la réalisation d'un film beaucoup plus dispendieux, Phantom of the Paradise (1974) qui corrobore l'avènement de Brian de Palma sur le cinéma américain. Il enchaîne alors avec Carrie au bal Diable (1976), Furie (1978), Pulsions (1980), Blow Out (1981), Scarface (1983), Outrages (1989), L'Impasse (1993), Mission Impossible (1996), Mission To Mars (2000), Le Dahlia Noir (2006), ou encore Redacted (2007). Vient également s'agréger Les Incorruptibles, sorti en 1987.
Ce long-métrage est à la fois l'adaptation d'un opuscule, The Untouchables, d'Eliott Ness, l'adaptation d'une série télévisée éponyme et une inspiration libre de la traque, puis de l'arrestation du célèbre mafieux Al Capone.

En ce sens, Les Incorruptibles peut être considéré comme un avatar de Scarface puisqu'il se polarise lui aussi sur une sorte de "voyoucratie", à la seule différence que les animosités se déroulent pendant la période de la Prohibition. Cependant, via ce nouveau film policier, Brian de Palma aspire à accentuer cette dichotomie entre la probité et la perniciosité. Ainsi, les belligérances se déroulent entre des hommes impartiaux, probes et immarcescibles et des bandits fallacieux, obséquieux et turpides. La distribution du film se compose de Kevin Costner, Sean Connery, Charles Martin Smith, Andy Garcia, Robert de Niro, Billy Drago, Patricia Clarkson, Richard Bradford et Brad Sullivan.
Pour la faribole superfétatoire, Brian de Palma doit se colleter avec les producteurs pour obtenir Robert De Niro dans le rôle d'Al Capone, mais ces derniers font grise mine puisque le comédien réclame la somme astronomique d'un million de dollars. 

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Après quelques louvoiements et atermoiements, les producteurs acceptent finalement et à contrecoeur la requête du réalisateur. Le choix sera finalement sagace et fructueux puisque Les Incorruptibles se solde par un succès mirobolant au box-office américain. Mieux, ce polar s'auréole de plusieurs récompenses sérénissimes, notamment un Grammy Awards pour la musique métronome et composée par la diligence d'Ennio Morricone, ou encore l'Oscar du meilleur second rôle pour Sean Connery. Reste à savoir si Les Incorruptibles mérite de tels dithyrambes et de telles flagorneries. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Attention, SPOILERS !
(1) Au début des années 1930, durant la Prohibition, Al Capone, puissant parrain de la pègre, règne en maître sur la ville de Chicago. Soudoyant élus municipaux et forces de l'ordre, il contrôle en toute impunité le trafic et la vente d'alcool.

Un agent fédéral déterminé et intègre, Eliot Ness, est dépêché sur place avec pour mission d'arrêter ses agissements illégaux. Pris à la gorge par la corruption ambiante, Ness recrute alors trois hommes de confiance, dont l'officier de police Jim Malone, afin de monter une brigade d'incorruptibles désireux de nettoyer Chicago du crime... (1) Certes, à fortiori, rien ne distingue réellement Les Incorruptibles des films de gangsters habituels avec d'un côté les "gentils", représentés par l'insigne étoilée d'Eliot Ness, et de l'autre les "méchants", symbolisés par un Al Capone à priori intouchable et protégéà la fois par certains flics débonnaires et une justice encore plus pusillanime.
Le scénario est donc tout à fait classique et rudimentaire et réactive les martialités déjà entreprises dans le Scarface de 1932, un autre bréviaire auquel Brian de Palma fait largement référence.

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Mais le cinéaste possède d'autres solides arguties dans sa besace. Par certains plans séquences habilement disséminés, ce long-métrage policier tonitruant n'est pas sans rappeler Le Cuirassé Potemkine (Sergueï Eisenstein, 1926), ainsi que Sueurs Froides (déjà susmentionné dans cette chronique). Sur le fond, Les Incorruptibles propose une introspection sur les écueils et les corollaires de la loi et de la justice, ainsi que sur leur sémiologie. Certes, Eliott Ness a sciemment épousé et prêté voeu d'allégeance à cet ordre qui doit rester rigoriste et indéfectible.
A contrario, pour stopper les activités crapuleuses d'Al Capone et ses sbires, il devra justement franchir le rubicond et devenir - paradoxalement - à son tour une sorte de truand sans foi ni loi. Jusqu'où Eliot Ness est-il prêt à braver les lois régentées par une juridiction parfois un peu trop retorse et clémente ?

Brian de Palma s'ébaudit de cet oxymore et n'hésite pas à sacrifier certains policiers pour étayer son propos dogmatique. Ainsi, les morts concomitantes (désolé pour les SPOILERS...) de Sean Connery et Charles Martin Smith impriment une certaine empathie à des personnages jusqu'ici monolithiques. En réalité, le film atteint vraiment son apothéose lorsqu'il envoie ses flics ferrailler avec des renégats sur les toits d'immeubles, ou encore dans une gare en pleine effervescence. Brian de Palma joue alors les réalisateurs orfèvres et remplit doctement son office, un peu trop peut-être...
Si Les Incorruptibles reste un cru tout à fait honorable dans le registre du polar cinglant et parfois jubilatoire, il demeure néanmoins inférieur à Scarface et surtout àL'Impasse, film sur lequel le style de Brian de Palma atteint enfin toute sa magnificence. 
Nonobstant certaines finauderies, le cheminement des inimitiés reste, en dépit de tout, assez conventionnel. Le vulgaire quidam n'aura aucune peine à discerner la suite des hostilités, ces dernières se concluant formellement sur l'arrestation, puis l'incarcération d'Al Capone. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Brian de Palma obliquera ultérieurement vers un truand en résipiscence dans le fameux Carlito's Way (soit L'Impasse dans nos contrées hexagonales).

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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