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Upgrade (La réalité virtuelle est beaucoup moins douloureuse que le monde réel)

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Genre : science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h40

Synopsis : Après la mort de son épouse lors d'une violente agression qui l'a laissé paralyser, Grey Trace est approché par un inventeur milliardaire qui propose de lui administrer un remède expérimental qui va "upgrader" son corps et ses facultés. Désormais doté d'un implant fonctionnant à l'intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées et se lance dans une mission vengeresse, afin de faire payer ceux qui ont tué sa femme.     

 

La critique :

A la fois producteur, scénariste, réalisateur et scénariste américain, le nom de Leigh Whannell fait désormais partie des cryptonymes notoires du cinéma hollywoodien. Dès l'âge de quatre ans, il se découvre une passion et une dilection pour le noble Septième. Ainsi, jusqu'à sa majorité, il signe plusieurs petits films et courts-métrages impécunieux. C'est alors qu'il fait la connaissance de James Wan et décroche un rôle subsidiaire dans Matrix Reloaded (Andy et Larry Wachowski, 2003). Rapidement, Leigh Whannell oblique vers la production et la réalisation.
Sous l'égide de son ami James Wan, il besogne ardemment sur les tournages consécutifs et presque concomitants de Saw (James Wan, 2004), Saw 2 (Darren Lynn Bousman, 2005), Saw 3 (Darren Lynn Bousman, 2006), Dead Silence (James Wan, 2007), Saw 4 (Darren Lynn Bousman, 2007), Saw 5 (David Hackle, 2008), Saw 6 (Kevin Kreutert, 2009), Insidious (James Wan, 2011), Insidious : chapitre 2 (James Wan, 2013), Jigsaw (Michael et Peter Spierig, 2017) et Insidious : la dernière clé (Adam Robitel, 2018).

Conjointement, il signe son tout premier long-métrage, Insidious : chapitre 3 (2015), un troisième volet plutôt falot et qui ne laisse pas spécialement des réminiscences indélébiles, loin de là. Pour les thuriféraires du cinéma horrifique, Leigh Whannell n'est qu'un petit tâcheron inconséquent qui tente de baguenauder dans le sillage et le continuum de James Wan. Gravissime erreur ! L'air de rien, en l'espace d'une quinzaine d'années, Leigh Whannell a écrit et griffonné les scénarii de plusieurs longs-métrages proéminents et à succès. Toutefois, l'artiste éclectique a toutes les peines du monde à se débarrasser de l'étiquette de scénariste avisé.
Parviendra-t-il à s'imposer et àériger son monogramme de metteur en scène dans le monde du cinéma ? Voilà une question qui reste pour le moment en suspens. 

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Que soit. Leigh Whannell se montre opiniâtre et poursuit son office via une seconde réalisation, sobrement intitulée Upgrade, et sortie en 2018. Certes, cette série B science-fictionnelle, pourtant nantie d'un budget plutôt confortable, n'a pas bénéficié d'une sortie éminente dans les salles obscures. En outre, Upgrade a surtout écumé les séjours dans les festivals. Le film concourt alors à l'obtention de plusieurs prix sérénissimes lors de ses sélections à L'étrange festival et au festival international du film de Catalogne. Certes, lors de ses présentations, Upgrade ne s'est pas arrogé la moindre récompense voluptuaire, laissant certains louangeurs pantois.
A contrario, le métrage s'érige arrogamment une réputation sulfureuse, celle d'une série B iconoclaste qui réitère les fulgurances de toutes ces bisseries produites et confectionnées durant les décennies 1970 et 1980.

Par certaines accointances, Upgrade réédite les rutilances fantasmagoriques du cinéma de David Cronenberg. On songe notamment au fameux Vidéodrome (David Cronenberg, 1984). Reste à savoir si le métrage de Leigh Whannell est apte (ou non...) à subir une telle métaphore. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Depuis sa sortie, Upgrade peut au moins s'enorgueillir d'une solide réputation sur la Toile. Certains laudateurs de cette dystopie science-fictionnelle évoquent déjà un film culte en devenir. La distribution du film se compose de Logan Marshall-Green (soit le parfait sosie, voire le frère monozygote de Tom Hardy...), Betty Gabriel, Harrison Gilbertson, Benedict Hardie, Christopher Kirby, Clayton Jacobson, Melanie Vallejo et Sachin Joab. 
Attention, SPOILERS ! (1) Grey Trace vit avec sa femme Asha. 

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Cette dernière travaille pour Cobolt, une entreprise travaillant sur l'amélioration humaine via des ordinateurs. Un soir, Grey et sa femme sont violemment agressés. Asha meurt sous les yeux de son mari. Paralysé, Grey Trace est approché par Eron Keen, un richissime inventeur. Ce dernier lui propose un remède expérimental qui va améliorer son corps et ses facultés. Grâce à un implant coupléà une intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées. Il se lance alors dans une quête de vengeance pour tuer les assassins de sa femme (1).
A fortiori, rien ne prédestinait Upgrade, une série B subalterne, à s'auréoler d'une réputation aussi soyeuse sur les réseaux sociaux. Autant l'annoncer sans fard. Cela faisait bien longtemps que le cinéma hollywoodien n'avait plus prodigué ce genre de série B retorse et jubilatoire, à tel point que le spectateur hébété fulminait - à raison - contre certains DTV (direct-to-video) sporadiques, convenus et soporifiques.

Via cette bisserie qui visite et revisite à sa manière un monde technologique, artificiel et curieusement anomique, Leigh Whannell se débarrasse de la coupole de James Wan et affirme ses propres dispositions narratives. Jusqu'ici engoncé sous la cape chatoyante de James Wan, Leigh Whannell montre qu'il peut produire et réaliser des oeuvres indépendantes et non plus assujetties à des sagas mercantilistes et lucratives. Certes, par certaines analogies éloquentes, Upgrade n'est pas sans convoquer les syllogismes conjugués de Vidéodrome (déjà stipulé dans cette chronique), RoboCop (Paul Verhoeven, 1987) et de Minority Report (Steven Spielberg, 2002).
Ainsi, le film de Leigh Whannell louvoie incessamment entre une technologie opulente, permettant de guider nos moindres faits et gestes dans notre vie quotidienne, et une oeuvre ésotérique, à la limite du surréalisme ; ne serait-ce que par ses intonations éparses.

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Leigh Whannell peaufine et opacifie son propos dogmatique via des couleurs antagonistes, entre autres des tonalités rougeaudes qui se confondent et s'enchevêtrent à une ambiance funèbre, et parfois teintée de colorations bigarades, irisées et violacées. Indubitablement, les diverses pigmentations tiennent ici une place prédominante et témoignent, entre autres, de la psyché en déliquescence du héros principal. "La réalité virtuelle est beaucoup moins douloureuse que le monde réel", scande un personnage lambda. Face à l'âpreté de notre monde, les individus se claustrent dans une autre forme de réalité, inféodés par le consumérisme et l'eudémonisme à tous crins.
Animé par une vendetta expéditive, le film prend parfois les allures d'un vigilante movie irrévocable et virulent.

Alors qu'Upgrade semble obliquer vers un scénario classique et rudimentaire, Leigh Whannell happe littéralement le spectateur à la gorge durant une dernière demi-heure en apothéose. Mutin, le scénariste et réalisateur essaime quelques pistes élusives destinées à oblitérer un scénario tortueux et sciemment nébuleux. L'uppercut sera d'autant plus fracassant. C'est toute l'intelligence d'Upgrade, à savoir cette polarisation finaude sur la psychologie acérée de ses divers protagonistes. En l'état, difficile d'en révéler davantage... En l'occurrence, Upgradeélude l'écueil de verser dans la grandiloquence et les combats présomptueux à base de câbles, d'artifices ostensibles, de démonstrations clinquantes et de ralentis licencieux. Mieux, Upgrade fait fi des admonitions circonstanciées pour arborer un peu de gore et d'hémoglobine, sans verser non plus dans le spectacle prétentiard et outrageant. Upgrade n'a pas non plus pour aspérité de flagorner un large audimat et Leigh Whannell se gausse éperdument d'appâter (ou non) un public élastique, voire abondant. 
On exhortera alors Leigh Whannell à poursuivre dans cette rhétorique rédhibitoire, mais finalement salvatrice. Si on peut éventuellement tonner et maronner contre l'interprétation plutôt passable de Logan Marshall-Green, on ne peut nier les arguties ni les qualités de cette série B flamboyante, l'une des meilleures surprises de l'année dernière.

Note : 15.5/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Upgrade_(film,_2018)

 


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