Quantcast
Channel: Cinéma Choc
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

En Quarantaine ("Rec" version U.S.)

$
0
0

en quarantaine

Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2008
Durée : 1h29

Synopsis : Une reporter et son caméraman sont coincés à l'intérieur d'un immeuble placé en quarantaine, où d'étranges créatures vivent.    

 

La critique :

Plus de dix ans après sa sortie, on se souvient encore du plébiscite généré par Rec (Jaume Balaguero et Paco Plaza, 2008), un film d'horreur ibérique et iconoclaste, qui parvenait sans fard à renouveler l'univers souvent atone des zombies décrépits. Tout le mérite de Jaume Balaguero et de son fidèle acolyte reposait sur ce huis clos anxiogène, claustrant des protagonistes d'infortune - une journaliste, des pompiers et les habitants d'un immeuble de Barcelone - avec des morts-vivants carnassiers et infectés. Ainsi, chaque morsure avait pour corollaire une inoculation et une métamorphose irrépressible.
Pragmatiques, Jaume Balaguero et Paco Plaza filmaient ce confinement comme un documentaire "vérité" pour les besoins d'une émission télévisée, conférant à leur pellicule une terreur qui soit la plus réaliste possible.

C'est dans ce contexte que Rec se solde par un succès pharaonique dans son pays d'adoption. Mieux, le long-métrage s'exporte au-delà de ses frontières espagnoles et finit par conquérir la scène internationale, en particulier les tropismes lucratifs de l'Oncle Sam. Pourtant, nonobstant ses habiles matoiseries, Rec n'est pas ce film d'horreur novateur qu'il aspire à devenir. Jaume Balaguero et son fidèle prosélyte n'ont jamais caché leurs velléités, ni leur principale source d'inspiration. Cette dernière s'intitule Démons (Lamberto Bava et Umberto Lenzi, 1985). Cette série B gore et aventureuse claquemurait à son tour plusieurs personnages en déveine dans une salle de cinéma.
Ces derniers devaient se départir et se débattre avec des créatures anthropophages. Mutins, Jaume Balaguero et Paco Plaza ne font que réitérer les animosités de Démons en les déplaçant dans un endroit subalterne, en particulier dans un immeuble, bientôt enceint par la police.

02

Mais peu importe. Les deux auteurs démiurgiques peaufinent et affinent les martialités en transmutant le premier chapitre en une franchise opulente et factieuse. Rec 2 (Jaume Balaguero et Paco Plaza, 2009) se contentait de lutiner et de s'acoquiner sottement avec L'Exorciste (William Friedkin, 1973), tout en respectant les codes et les dogmes de son auguste devancier. Hélas, cette suite, finalement soporifique, se révèle falote et ne réédite aucunement - ou alors peu ou prou - les fulgurances de son illustre homologue. Puis, pour des raisons essentiellement professionnelles, Jaume Balaguero et Paco Plaza se séparent. Les deux metteurs en scène embrassent alors une carrière en solo.
A contrario, la franchise se poursuit via un inévitable Rec 3 Génesis (Paco Plaza, 2012), un troisième volet qui fait voeu d'allégeance à la série des Evil Dead en amorçant davantage de truculence.

Derechef, la saga achale et désappointe les thuriféraires de longue date en se polarisant sur les noces funèbres de deux énamourés. Les laudateurs originels réclament à cor et à cris le retour de Jaume Balaguero aux commandes. Leur requête est finalement ouïe par le cinéaste ibérique. Malencontreusement, Rec 4 - Apocalypse (Jaume Balaguero, 2014) ne répond guère aux attentes. Pis, le film apparaît même comme le chapitre le plus laborieux et le plus modique de la franchise. Triste fatum pour une saga naguère flamboyante et qui devait logiquement se conclure en apothéose. Toutefois, il n'en faut pas davantage pour inspirer Hollywood et sa litanie de remakes frelatés.
Dans la foulée du succès de Rec premier du nom, les producteurs américains optent pour une version surannée et susdénommée En Quarantaine, soit Quarantine dans la langue de Shakespeare, et réalisée par la diligence (un terme vraiment à minorer et à guillemeter) de John Erick Dowdle en 2008.

19012390

Le metteur en scène ne peut même pas s'enhardir d'une filmographie probante et éloquente puisqu'on lui doit The Poughkeepsie Tapes (2007), Devil (2011), Catacombes (2011) et No Escape (2015). A ce jour, En Quarantaine reste son long-métrage le plus proverbial, probablement àéquité avec le sinistre et faisandéThe Poughkeepsie Tapes. Il faut croire que ce remake américain de Rec a inspiré et généré quelques émules puisque cette série B horrifique et adventice sera suivie par un second chapitre consécutif, En Quarantaine 2, ou Quarantine 2 : Terminal (John Pogue, 2011), une suite qui s'avère sobrement supérieure à son triste analogue.
Autant l'annoncer sans fard. En Quarantaine n'a pas vraiment reçu les ferveurs de louangeurs de longue date ni des critiques, unanimement sarcastiques.

Considéré par certains comme un remake obsolète, rabroué par d'autres comme une version sporadique, En Quarantaine reste l'exemple même de la production hollywoodienne aseptisée et désincarnée. Reste à savoir si le long-métrage mérite (ou non...) de telles acrimonies. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Jennifer Carpenter, Jay Hernandez, Steve Harris, Johnathon Schaech, Columbus Short, Greg Germann, Bernard White, Dania Ramirez, Andrew Fiscella et Rade Serbedzija. Attention, SPOILERS !
(1) En 2007, Angela Vidal et son caméraman Scott font une virée dans une caserne de pompiers de Los Angeles. Pendant qu'ils filment le quotidien des pompiers, un appel survient. L'équipe se retrouve alors dans un immeuble d'habitations de Hayley puis découvre qu'un étrange virus se répand chez les habitants. Entre-temps, l'immeuble est placé en quarantaine (1). 

19004611

A l'aune de cette exégèse, vous avez la vague impression de revoir Rec premier nom ? Rassurez-vous, c'est normal puisque ce remake itère la même trame narrative, les mêmes verbiages, ainsi que les saynètes analogiques qui ont érigé et édifié le succès mirobolant de Rec un an plus tôt. On peut donc légitimement invoquer un "Rec" version U.S., la finauderie et l'érudition en moins. A l'aune de cette version caduque, on se demande comment et surtout pourquoi Jaume Balaguero vient prodiguer son omniscience à un scénario finalement similaire.
Pour l'effet de surprise, John Erick Dowdle est prié de réviser béatement sa copie. Certes, si on fait sciemment fi du matériel originel, En Quarantaine n'est pas forcément ce "naveton" décrié et ostracisé par une presse corrosive.

Certes, tous les ingrédients qui ont magnifié le film de Jaume Balaguero et de Paco Plaza font partie des abonnés présents et flagorneront sans doute les néophytes. De facto, il est difficile de qualifier ce Quarantine de navet patenté. Dans le même genre, les panégyristes argueront en dénonçant et en semonçant les cas de Funny Games U.S. (Michael Haneke, 2008) et de Psycho (Gus Van Sant, 1998) qui, eux aussi, suintaient bon l'opportunisme à plein nez. Pourtant, il est difficile également de ne pas percevoir ni entrevoir tout le mercantilisme de cette entreprise.
Curieusement, le spectateur lambda se laissera dévoyer par cette version vétuste, mais tout de même nantie d'un budget de douze millions de dollars. 
En outre, les sommes imparties seront amplement remboursées en rapportant presque 40 millions de dollars à ses producteurs, de quoi raviver l'appétit pantagruélique de ces derniers. La mode du remake dénaturé n'est pas prête de s'estomper, au grand dam des aficionados éberlués ! Si Jennifer Carpenter et Jay Hernandez remplissent doctement leur office, les deux comédiens ne parviennent guère à oblitérer les performances de leurs épigones espagnols. Nonobstant ses accointances crasses avec Rec premier du nom, En Quarantaine ne réédite jamais les fulgurations de son illustre précurseur. On optera et on préférera de loin le film originel, celui habilement régenté par Jaume Balaguero et Paco Plaza, même si les deux compères se perdront dans les méandres du consumérisme à postériori.

Note : 07/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/En_quarantaine


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Trending Articles