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Rambo 3 (Stallone contre les Soviets, chapitre 2)

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Genre : action, guerre 
Année : 1988
Durée : 1h40

Synopsis : Le Colonel Trautman contacte Rambo dans sa retraite en Thaïlande pour qu'il l'accompagne dans une mission périlleuse en Afghanistan. Mais l'ex-soldat refuse afin de se consacrer aux moines bouddhistes qui l'ont recueilli. Lorsque, quelques jours plus tard, l'agent Griggs lui explique que Trautman a été capturé par le Colonel Zaysen, Rambo décide de sauver son ami. Il s'infiltre dans les lignes ennemies et découvre toute l'horreur du conflit qui oppose les moudjahidin à l'armée soviétique. Déterminé, il s'attaque à toute une armée sans oublier son objectif premier : récupérer Trautman.  

 

La critique :

A fortiori, rien ne prédestinait Sylvester Stallone à embrasser les firmaments de la gloire. Le comédien en déveine écume les planches théâtrales de Broadway avant d'entamer une longue période de chômage et de se retrouver sans domicile fixe. Il accepte alors de tourner dans un film érotique, The Party at Kitty and Stud's, rebaptisé quelques années plus tard L'Etalon Italien (Morton Lewis, 1970), pour la modique somme de 200 dollars. Contre toute attente, cette production adventice et indépendante est répertoriée dans le genre pornographique, au grand désarroi de Stallone.
Mais l'acteur croit mordicus en sa belle étoile. Il s'attèle alors à l'écriture d'un long-métrage dramatique. C'est ainsi que naît le scénario de Rocky. Mais les producteurs font preuve de pusillanimité et souhaitent engager une star de renommée internationale pour incarner le personnage principal, Rocky Balboa.

Stallone s'accroche et fait montre de pugnacité. Le tournage de Rocky, réalisé par la diligence de John G. Avildsen en 1976, ne se fera pas sans son assentiment. De surcroît, le comédien souhaite revêtir les oripeaux guerroyeurs de ce boxeur ringard. Les producteurs avisés acceptent à contrecoeur. En contrepartie, le film échoit d'un budget famélique et semble condamner à une sortie confidentielle dans les salles obscures. Ce personnage de boxeur sincère, affable et opiniâtre ressemble étrangement à son auteur démiurgique. Lui aussi est issu de la plèbe et voit sa trajectoire subrepticement obliquer vers un ultime défi : rencontrer et éventuellement faire ciller le champion du monde des poids lourds en titre. Une lapalissade ! L'ascenseur social est en route, que ce soit pour Rocky Balboa comme pour son interprète principal. Le public prise et affectionne ce genre de personnage ordinaire, qui se retrouve manu militari sous les feux effervescents des caméras. 

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A la surprise générale, Rocky se solde par un succès pharaonique et caracole en tête de peloton au box-office. Jusqu'ici condamnéà vivre de maigres subsides, Sylvester Stallone accède au statut de vedette internationale. Cette gloire ne doit pas être éphémère et Stallone enchaîne dans la foulée avec Rocky 2 (Sylvester Stallone, 1979). Peu ou prou de surprise au programme. Si ce second volet ne réédite aucunement les fulgurances de son auguste devancier, il corrobore l'avènement d'une saga flamboyante. Désormais, Stallone peut écouler des jours pérennes.
L'acteur fait désormais partie des chantres du cinéma bourrin et d'action. Impression accréditée par les sorties concomitantes de Rocky 3 : l'oeil du tigre (Sylvester Stallone, 1982), Rambo (Ted Kotcheff, 1982), Rambo 2 : la mission (George Pan Cosmatos, 1985) et Rocky 4 (Sylvester Stallone, 1985).

Mais dès le milieu des années 1980, Stallone connaît un premier tournage d'infortune avec Over the Top - Le Bras de Fer (Menahem Golan, 1987), une série B anémique qui se solde par une rebuffade commerciale. C'est le début d'une longue descente dans les affres de la désuétude. Stallone enchaîne alors avec Rambo 3 (Peter MacDonald, 1988), soit le film qui nous intéresse aujourd'hui, Tango et Cash (Andreï Kontchalovski et Albert Magnoli, 1989), et surtout un Rocky 5 (John G. Avildsen, 1990) de sinistre mémoire. Dès lors, la décennie 1990 s'apparente, pour le comédien en disgrâce, à une longue période de disette artistique. Stallone tente de varier les inimitiés et tourne accessoirement dans Arrête ou ma mère va tirer ! (Roger Spottiswoode, 1992), L'expert (Luis Llosa, 1992), Judge Dredd (Danny Cannon, 1995), ou encore Assassins (Richard Donner, 1995) ; soit autant de déconvenues commerciales qui plongeront durablement Stallone dans la case des "has-been" et de ces anciennes stars clinquantes de naguère.

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Dixit les propres aveux de Sylvester Stallone, Rambo 3 constitue l'épisode le plus calamiteux de la saga. Le comédien dépité reniera par ailleurs le film par la suite. A l'origine, le tournage de ce troisième chapitre doit échoir entre les mains de Russel Mulcahy. Le metteur en scène promet un long-métrage âpre, virulent et presque apocalyptique. Malencontreusement, les producteurs aspirent à une production tout public. Le cinéaste est gentiment remercié et sommé de retourner prestement dans ses pénates. Russel Mulcahy est alors suppléé par Peter MacDonald en dernier recours.
Jusqu'ici, le metteur en scène a surtout officié en tant que directeur de la photographie. L'échec de Rambo 3 lui sera directement imputé, lui qui enchaînera à postériori avec des productions amorphes, voire subsidiaires.

On lui doit, entre autres, Les aventures du jeune Indiana Jones (1993), L'histoire sans fin 3 : retour à Fantasia (1994), Légionnaire (1998), ou encore L'empire du roi-singe (2001). Même les critiques se montrent acariâtres et sarcastiques à l'encontre d'un Rambo 3 qu'elles jugent inepte et laborieux. Le film fait même l'objet de saillies et d'acrimonies par le site Nanarland qui le répertorie parmi les mauvais longs-métrages sympathiques (Source : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-rambo3-rambo-iii.html). Reste à savoir si Rambo 3 mérite (ou non...) de tels anathèmes. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique...
Hormis Sylvester Stallone, la distribution de ce film de guerre et d'action se compose de Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spyros Fokas, Sasson Gabai et Doudi Shoua.

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Attention, SPOILERS ! (1) Tentant d’oublier sa vie de guerrier, John Rambo vit désormais dans un monastère thaïlandais. Alors quand son ami le Colonel Samuel Trautman et l'agent de la CIA attachéà l'ambassade américaine, Robert Griggs, lui demandent de participer à une mission en Afghanistan, occupée par les Soviétiques depuis 1979, Rambo refuse. Trautman part donc faire la mission seul mais il est capturé et torturé par le Colonel Zaysen. Quand Rambo apprend la nouvelle par Robert Griggs, il accepte de partir en Afghanistan. Recueilli par des moudjahidines, il assiste à la destruction de leur camp par les hélicoptères de Zaysen. Les rebelles préfèrent alors se retirer au Pakistan alors que Rambo tente sans succès de libérer Trautman du fort soviétique où il est retenu prisonnier. 
Lors d’une deuxième tentative, Rambo arrive finalement à libérer Trautman. Après avoir éliminé un commando Spetsnaz mené par Kourov, le second de Zaysen, Rambo et Trautman se retrouvent encerclés par les troupes soviétiques.

C’est alors que les moudjahidines se lancent à l’assaut et sauvent leurs amis. Au milieu de la bataille, Rambo tue Zaysen en s’encastrant dans son hélicoptère avec un char (1). Tout d'abord, il est amusant de constater toute l'obséquiosité de ce troisième chapitre, à la fois partial et propagandiste. Après avoir affronté un soviétique sur le ring dans Rocky 4, Stallone s'empoigne avec une faction de l'armée russe dans Rambo 3. A la fin, c'est évidemment Sylvester Stallone qui gagne ! En sus, le film nous invective de ses longues moralines débilitantes. Au cours d'un interminable réquisitoire, c'est le colonel Trautman qui sermonne le soldat Zaysen de cesser les belligérances.
Sans fard, il réanime les douloureuses réminiscences de la guerre du Viêtnam. 
Ce qui est d'autant plus inconvenant que trois ans plus tard, cette même armée américaine, éprise de justice, d'équité et d'irénisme, ira s'embourber dans le conflit irakien. Un oxymore ! 

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Mais Rambo 3 est produit et réalisé dans un contexte de fin de Guerre Froide, face à une nation soviétique en déliquescence et prête à rendre les armes. En outre, il est également ubuesque de voir les Américains soutenir et se coaliser avec des moudjahidines, qui envoient pourtant leurs propres enfants sur le front de guerre ! Quant aux vils soviétiques, comprenez que ce sont d'abominables barbares qui violent, massacrent, étripent et dilapident femmes, hommes, vieillards et enfants ! Même John Rambo n'est plus ce guerroyeur de jadis. Voilà l'ancien soldat reclus dans un monastère bouddhiste ! On croit fabuler... Pour le reste, Rambo 3 s'approxime à un film d'action un peu plus pondéré qu'à l'accoutumée, même si le film se montre plutôt magnanime en termes de tonitruances stériles.
C'est donc avec le soutien indéfectible d'un gosse de 8 ou 9 ans (guère plus...) que Rambo part délivrer son fidèle lieutenant. En filigrane, le métrage nous affuble de dialogues ineptes dont il a hélas le secret. "Où sont localisés les missiles ? Où ?", s'écrie le fallacieux Zaysen. "Dans ton cul !", rétorque un Samuel Trautman sardonique et en dissidence. Dès lors, on comprend mieux pourquoi Stallone, lui-même, abjure ce troisième chapitre. Bien conscient de la vacuité et de l'inanité de ce Rambo 3, le comédien effaré reprendra du service dans un John Rambo (Sylvester Stallone, 2008) jubilatoire et en mode histrionique.

 

Côte :Nanar

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rambo_3

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


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