Genre : action, fantastique
Année : 1993
Durée : 2h10
Synopsis : Grâce a un billet magique, Danny Madigan, un enfant de onze ans, peut vivre les aventures de son policier préféré, Slater, croisé des temps modernes. Ensemble ils affrontent force danger et triomphent toujours. Mais les choses se compliquent lorsque des personnes mal intentionnées s'emparent du billet magique et gagnent New York, ou le crime paie encore plus qu'au cinéma.
La critique :
Avant de devenir l'acteur émérite, puis un édile politique notoire aux Etats-Unis, Arnold Schwarzenegger débutera sa carrière en tant que culturiste. Fielleux, le jeune homme impétueux arbore une stature colossale et musculeuse. Après plusieurs essais infructueux, il remporte la récompense suprême en s'octroyant le Prix "Mr. Olympia". C'est dans ce contexte de compétition forcenée qu'il est repéré par plusieurs producteurs hollywoodiens. On lui confie un rôle dans un film mineur, le très oubliable Pumping Iron (George Butler et Robert Fiore, 1977). Sa carrière cinématographique décolle véritablement via la sortie de Conan le Barbare (John Milius, 1982).
Arnold Schwarzenegger n'est plus seulement une star clinquante du culturisme, mais désormais une célébrité internationale.
Il enchaîne alors avec Conan le destructeur (Richard Fleischer, 1984) et connaît son premier fiasco commercial. Que soit. Arnold Schwarzenegger fait preuve d'abnégation. Il incarne le rôle d'un cyborg, le T-800, dans Terminator (James Cameron, 1984), une série B d'action et de science-fiction qui le propulse au firmament de la gloire. Sa carrière cinéphilique est lancée et "Schwarzy" (pour les intimes) cumule les succès au box-office américain. Commando (1985), Predator (John McTiernan, 1987), Terminator 2 : Le Jugement Dernier (James Cameron, 1991), et True Lies (James Cameron, 1994) corroborent son omnipotence sur l'industrie hollywoodienne.
Pour ses rôles et ses longs-métrages, Arnold Schwarzenegger engrange des cachets astronomiques. A contrario, le comédien connaît quelques déconvenues commerciales et artistiques.
Un flic à la maternelle (Ivan Reitman, 1990), Junior (Ivan Reitman, 1994), L'effaceur (Chuck Russell, 1996), La Course au Jouet (Brian Levant, 1996), Batman § Robin (Joel Schumacher, 1997), Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines (Jonathan Mostow, 2003), La fin des temps (Peter Hyams, 1999), A l'aube du sixième jour (Roger Spottiswoode, 2000), ou encore Dommage Collatéral (Andrew Davis, 2002) ne laisseront pas des réminiscences indélébiles, loin de là ! Vient également s'additionner Last Action Hero, réalisé par la diligence de John McTiernan en 1993.
A l'époque, Arnold Schwarzenegger sait qu'il a tout intérêt à diversifier ses rôles au cinéma. Désormais célèbre et cossu, le comédien nage dans la luxure et la profusion de capitaux et de pécunes. Arnold Schwarzenegger n'est plus cet acteur abonné aux séries B de naguère.
Il appartient maintenant à cette oligarchie hollywoodienne qui détient les prébendes, les capitaux et même plusieurs chaînes de restauration sur l'ensemble du territoire américain. Bien conscient de son image en déliquescence, Arnold Schwarzenegger souhaite se gausser de sa susdite renommée. C'est ainsi que naissent le concept et le script de Last Action Hero. A l'origine, ce long-métrage fantastique et d'action doit initialement s'intituler Extremely Violent, mais le film est assujetti à plusieurs scénarii. Tout d'abord griffonné par les plumes concomitantes d'Adam Leff et Zak Penn, le scénario de Last Action Hero est rectifiéà maintes reprises par l'érudition de Shane Black.
Opportunistes, les producteurs obliquent vers la diligence de Steven Spielberg, mais le metteur en scène s'affaire déjà au tournage de La Liste de Schindler (1993).
Robert Zemeckis est également approché, puis envisagé, mais le réalisateur vaque lui aussi sur d'autres projets. Pour Last Action Hero, "Schwarzy" retrouve un cinéaste, John McTiernan, avec qui il a déjà collaboré sur le tournage de Predator (déjà susdénommé dans cette chronique). Nanti d'un budget dispendieux de 85 millions de dollars, Last Action Hero se solde par une rebuffade commerciale, récoltant péniblement 50 millions de dollars lors de son exploitation sur le sol de l'Oncle Sam. En revanche, le long-métrage connaît une meilleure carrière sur la scène internationale, mais reste malgré tout une sérieuse déconfiture. Les critiques font également preuve de pondération.
Si certaines sont plutôt dithyrambiques et évoquent déjà un film culte en devenir, d'autres sont beaucoup plus acrimonieuses.
Hormis Arnold Schwarzenegger, la distribution de Last Action Hero se compose d'Austin O'Brien, Charles Dance, Anthony Quinn, F. Murray Abraham, Frank McRae, Tom Noonan, Robert Prosky, Mercedes Ruehl, Bridgette Wilson et Ian McKellen. Viennent également s'agréger les apparitions élusives de Sharon Stone, James Belushi, Little Richard, Chevy Chase, Jean-Claude Van Damme, Damon Wyans et Robert Patrick. Attention, SPOILERS ! (1) Danny Madigan, un jeune garçon habitant New York, sèche l'école pour aller au cinéma. Il est un grand fan de la série des Jack Slater qui met en scène un héros de films d'action (incarné par Arnold Schwarzenegger).
Nick, le vieux projectionniste du cinéma Pandora, est le seul ami de Danny. Il lui propose de venir regarder un soir en avant-première le nouvel opus de sa vedette favorite, Jack Slater IV.
À cette occasion, il lui remet un ticket d'entrée magique qui, dit-il à Danny, lui a été donné jadis par le grand magicien Harry Houdini. Lors de la projection, Danny, grâce à ce ticket, « entre » dans le film. Il se trouve alors mêléà une sombre intrigue policière se passant à Los Angeles dans laquelle bons et méchants s'aperçoivent assez vite qu'il en sait beaucoup trop sur eux. L'affaire se complique lorsque Benedict, le tueur professionnel du maffieux Tony Vivaldi que ce dernier a chargé d'éliminer Slater, s'empare du ticket magique ; effectuant le trajet inverse, Benedict arrive dans le monde réel. Le poursuivant, Jack Slater découvre alors qu'il n'est plus invulnérable dans ce monde et qu'il doit notamment penser à recharger son pistolet. Il comprend aussi qu'il doit protéger son alter-ego — à savoir Arnold Schwarzenegger — dont la mort le supprimerait simultanément.
Enfin, il doit défendre Danny d'un autre méchant, le tueur en série du début du film, qui prend dans le monde réel (amené là par Benedict) le garçon en otage pour rejouer la scène fictive tragique qui ouvrait le film, dans laquelle le fils de Slater trouvait la mort (1). Vous l'avez donc compris. Le scénario de Last Action Hero dénote par sa tortuosité. Indubitablement, Last Action Hero reste sans doute le film le plus présomptueux d'Arnold Schwarzenegger. D'un point de vue formel, Last Action Hero s'approxime à un long-métrage protéiforme qui amalgame sans fard fantastique, action, satire, pastiche de l'univers hollywoodien, ainsi que toute une ribambelle de références (la saga Die Hard, L'Arme Fatale, L'Inspecteur Harry, le monde du cartoon et même Le Septième Sceau d'Ingmar Bergman). Ainsi, c’est tout l’univers du cinéma qui se déploie sous nos yeux écarquillés.
Au détour d’une saynète évasive, Arnold Schwarzenegger cite Hamlet et même Ernest Hemingway (« Pour qui sonne le glas » se transmute en « pour qui sonne la glace »). C'est à la fois la principale qualité et surtout la principale carence de Last Action Hero. Certes, en filigrane, le spectateur avisé aura aisément subodoré les intentions matoises de sa star principale. Arnold Schwarzenegger égratigne sciemment son image galvaudée. Dans Last Action Hero, le personnage qu'il incarne (Jack Slater) tance et morigène cette star exubérante qui se retrouve continûment sous les feux des projecteurs. Si on décèle çà et là quelques finauderies madrées, notamment cette oriflamme de Terminator 2 qui supplante le faciès d'Arnold Schwarzenegger contre celle de Sylvester Stallone, la diatribe reste beaucoup trop doucereuse pour convaincre sur la durée fastidieuse (deux heures et dix minutes de film tout de même !) de ce long-métrage épars.
Indiscutablement, le manque d'écriture et d'étayage dans le scénario se fait furieusement sentir tout au long d'un programme labile et versatile. Tantôt, Last Action Hero louvoie vers le film d'action débridé, avant de tangenter vers la comédie guillerette, cherchant mordicus à enjôler le public juvénile. Contrairement à ce qu'il prétend être, Last Action Hero n'est pas cette critique au vitriol d'un système mercantiliste hollywoodien qu'il semonce avec beaucoup trop de pusillanimité. Il en est la parfaite symbiose, le condensé idoine. Rarement, un film ne se sera autant apparentéà l'argyrocratie qu'il fustige. Un oxymore... Si Arnold Schwarzenegger porte derechef le film sur ses épaules robustes, certains acteurs font pâle figure. Sur le fond comme sur la forme, le personnage de Danny Madigan n'est qu'un jeune éphèbe abreuvé de films d'action. Preuve en est.
Tout au long des tribulations de Jack Slater, l'adolescent passe au mieux pour un demeuré. Seuls quelques seconds rôles (notamment Charles Dance) surnagent dans ce film d'action beaucoup trop mignonnet pour susciter notre appétence sur la durée. La tentative est belle et soyeuse sur le papier. Sur l'écran, le spectacle manque singulièrement d'éloquence. Certes, John McTiernan harangue et flagorne le noble Septième Art. Mais qui aurait gagé sur la chute vertigineuse de ce réalisateur depuis relégué dans les affres et les méandres flexueuses de la désuétude ? Nonobstant toutes ses approximations et ses défectuosités, Last Action Hero n'est pas un mauvais film pour autant. Momentanément, ce long-métrage d'action sardonique retrouve quelques rares instants de grâce et de luminescence, mais le résultat reste beaucoup trop désappointant pour l'ériger parmi les essais les plus probants d'Arnold Schwarzenegger.
Note : 10.5/20
Alice In Oliver