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Crawl (Nager le plus vite possible)

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Genre : horreur (interdit aux - 12 ans) 
Année : 2019
Durée : 1h27

Synopsis : Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu. Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend… 

 

La critique :

On en revient toujours à cette sempiternelle antienne. Le genre agression animale, en particulier aquatique, acte et officialise sa naissance via Les Dents de la Mer (Steven Spielberg, 1975), un blockbuster carnassier et homérique qui s'apparente à une véritable galère pour son auteur démiurgique. Irascible durant le tournage du film, Steven Spielberg doit se départir avec un requin mécanique qui tombe en panne à chaque saynète de carnage. Pis, le metteur en scène dépasse allègrement le temps et le budget impartis. Pourtant, au moment de sa sortie, Les Dents de la Mer caracole en tête de peloton au box-office américain. Le long-métrage culmine également les firmaments des oriflammes lors de son exploitation sur la scène internationale. A raison, Steven Spielberg exulte.
Nonobstant son statut de film d'horreur, le scénario de Les Dents de la Mer n'est pas aussi lapidaire qu'il le laisse augurer.

Pour Steven Spielberg, l'apparition impromptue de ce squale à l'appétit pantagruélique préfigure la résurgence de l'homme dans les tréfonds de la chaîne alimentaire. En sus, Jaws (de son titre originel) s'approxime également à une métaphore acrimonieuse sur les effets délétères de la mondialisation et du capitalisme. Au nom de la pécune, de la prébende et du capital, nos édiles politiques n'hésitent pas à sacrifier des touristes en déveine. Le vrai requin, ce n'est pas ce poisson gargantuesque et plantureux, mais cette oligarchie intouchable et luxuriante qui réfute et rabroue la présence d'un requin dans les eaux à priori pérennes d'une station balnéaire.
Les Dents de la Mer s'arroge ainsi la couronne sérénissime de film culte et même de classique voluptuaire. Le métrage de Steven Spielberg influence et génère toute une pléthore d'épigones. 

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Qu'ils se nomment Piranhas (Joe Dante, 1978), Anaconda, le prédateur (Luis Llosa, 1997), Lake Placid (Steve Miner, 1997), Le crocodile de la Mort (Tobe Hooper, 1977), Orca (Michael Anderson, 1977), ou encore Peur Bleue (Renny Harlin, 1999), toutes ces productions adventices ne sont in fine que palimpsestes du chef d'oeuvre horrifique de Steven Spielberg. Par ailleurs, Jaws premier du nom se transmute en tétralogie lucrative via Les Dents de la Mer - 2e Partie (Jeannot Szwarc, 1978), Les Dents de la Mer 3 (Joe Alves, 1983) et Les Dents de la Mer 4 - La Revanche (Joseph Sargent, 1987). Depuis Les Dents de la Mer, aucune pellicule n'est parvenue àégaler ou à faire ciller l'hégémonie rogue de cette figure proéminente et tutélaire.
Rien ni personne. En outre, Alexandre Aja n'a jamais caché son engouement ni son effervescence pour l'agression aquatique.

Preuve en est avec Crawl, sorti en 2019. Pour souvenance, le metteur en scène français s'était déjà attelé au remake officieux de Piranhas via une version quasi paronyme, Piranha 3-D (2010). Nonobstant son caractère trivial et outrancier, cette série B dispendieuse n'avait pas spécialement laissé un souvenir indélébile, loin de là. La carrière cinématographique d'Alexandre Aja baguenaude dans le sillage et le continuum de son paternel. Le jeune bambin démarre, en tant qu'acteur et dans un rôle mineur, dans Le Grand Pardon (Alexandre Arcady, 1982).
Depuis sa période juvénile, Alexandre Aja est un thuriféraire patenté du cinéma horrifique, une dilection qu'il corrobore dès qu'il passe à la réalisation de Haute Tension (2003), La Colline a des Yeux (2006), Mirrors (2008) et Horns (2013). 

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Pour la réalisation de Crawl, Alexandre Aja requiert l'érudition de Grégory Levasseur, son complice depuis toujours. Le cinéaste sollicite également la prodigalité de Sam Raimi derrière la production du film. A fortiori, toutes les arguties sont ici coalisées pour espérer un grand film d'horreur aquatique à l'ancienne. A contrario, les critiques font preuve de pondération. Si certaines saluent et encensent une série B affable et munificente, les contempteurs tancent et vitupèrent une production falote et indigente. La distribution de Crawl se compose de Kaya Scodelario, Barry Pepper, Ross Anderson, Anson Boon, George Somner, Ami Metcalf, Jose Palma, Morfydd Clark et Tina Pribicevic.
Attention, SPOILERS ! Quand un violent ouragan s’abat sur sa ville natale de Floride, Hayley ignore les ordres d’évacuation pour partir à la recherche de son père porté disparu.

Elle le retrouve grièvement blessé dans le sous-sol de la maison familiale et réalise qu’ils sont tous les deux menacés par une inondation progressant à une vitesse inquiétante. Alors que s’enclenche une course contre la montre pour fuir l’ouragan en marche, Haley et son père comprennent que l’inondation est loin d’être la plus terrifiante des menaces qui les attend… Ensemble, père et fille vont devoir se colleter et se départir avec des alligators particulièrement voraces... Avec Horns, sa dernière réalisation en date, Alexandre Aja s'était peu ou prou égaré dans les méandres flexueux de la fastidiosité. Le metteur en scène était donc attendu au tournant avec cette nouvelle réalisation aquatique, d'autant plus que Piranha 3-D avait laissé un arrière-goût "a-mer" (je vous laisse juger du jeu de mots...). 
Petite rétrospective. Lors de la sortie de Piranha 3-D, Alexandre Aja avait fustigé les producteurs pour leur frilosité et leur pusillanimité.

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A l'origine, le réalisateur aspirait à un film gore, barbare et virulent, hélas coupé et partiellement censuré par ses mêmes dépréciateurs. Crawl se pare des mêmes atours. En France, le film est "seulement" (si j'ose dire...) interdit aux moins de 12 ans. A moins d'être parfaitement réfractaire à la moindre gouttelette d'hémoglobine, ce long-métrage horrifique ne devrait pas vous faire tressauter de votre siège. Exempt son scénario famélique qui réactive les plaies béantes de la saga Sharknado, Crawl repose presque exclusivement sur un huis clos assujetti à l'engloutissement et à l'anéantissement. Durant sa première segmentation, ce film horrifique fait partiellement illusion. 
Formellement, Crawl s'avoisine à un remake importun de Black Water (Andrew Traucki et David Nerlich, 2008) et se polarise sur la relation qui se noue entre un père et sa fille opiniâtre.

Sur ces entrefaites, on discerne mieux l'intitulé du film. Pour survivre dans ce flot de tempêtes et de vents tumultueux, ainsi qu'aux assauts récurrents de crocodiliens, il faudra nager le plus vite possible. Mais une fois le décor et les protagonistes plantés, le métrage perd subrepticement de ses précieuses parures pour s'apparenter à un film d'horreur aquatique des plus conventionnels. Certes, parmi les attributs de rigueur, on pourra stipuler une interprétation de bonne grâce, la belle Kaya Scodelario en tête. Mais, d'une façon générale, Crawl reste beaucoup trop convenu et rudimentaire pour susciter l'appétence sur sa durée pourtant évasive (à peine une heure et vingt-cinq minutes de bobine...). C'est donc avec une certaine amertume que l'on déplore l'absence ostensible de gore et d'âpreté dans toutes ces belligérances, hormis quelques échauffourées furtives.
On attendait donc beaucoup mieux que cette pâle copie de Black Water. On optera alors aisément pour le film d'Andrew Traucki nonobstant son décor frugal. Maigre consolation, dans le registre "agression aquatique", Crawl remplit au moins doctement son office ; ce qui lui permet d'obtenir (laborieusement) une mention passable, ni plus ni moins.

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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