Genre : fantastique, aventure
Année : 1959
Durée : 2h12
Synopsis : Le professeur Oliver Lindenbrook, convaincu que l'explorateur Arne Saknussem, porté disparu, est parvenu au centre de la Terre, quitte Edimbourg avec ses camarades Alec McEwen, Jenny, Carla Goetaborg et Hans Belker. Ensemble, ils entreprennent un extraordinaire périple dans les profondeurs de la Terre. Ils sont poursuivis par le Comte Saknussen, héritier de l'explorateur disparu qui souhaite bénéficier des retombées de la découverte de son ancêtre.
La critique :
Vous l'avez sans doute renâclé, voire subodoré. Cinéma Choc affectionne tout particulièrement la thématique du monde perdu. Pour trouver la genèse de ce registre cinématographique, qui s'acoquine avec l'aventure et le fantastique, il faut remonter au bien nommé Le Monde Perdu (Harry O'Hoyt, 1925), qui bénéficie de l'érudition et de la polymathie de Willis O'Brien, le "pape" (si j'ose dire...) de la stop-motion (image par image). Le technicien prescient réalise une véritable prouesse en exhumant les dinosaures et autres reptiliens de leurs sépulcres.
Sous les précieuses instigations de Willis O'Brien, ce sont des diplodocus, des stégosaures, des ptérodactyles et des brontosaures qui s'animent, s'empoignent et s'apostrophent sous les yeux éberlués du spectateur. Mais la véritable star de Le Monde Perdu se nomme le tyrannosaure, un redoutable prédateur qui domine arrogamment une nature âpre et hostile.
Le long-métrage d'Harry O'Hoyt fonctionne sur un scénario aussi simplissime que lapidaire. Une expédition de scientifiques avisés est dépêchée sur une île inexplorée de l'homme. Sur place, nos aventuriers découvrent, effarés, un monde encore peuplé par des créatures carnassières et issues de l'univers paléontologique. Après moult pérégrinations, ces derniers capturent, puis ramènent un représentant de cette nature primordiale. Mais le monstre irascible se mutinera contre ses oppresseurs, saccageant immeubles et buildings sur son sillage. Même l'homme moderne ne peut apprivoiser cette nature archaïque et élémentaire. Tel est la leçon dogmatique à retenir de Le Monde Perdu.
Ce scénario, encore une fois laconique, sera également le principal leitmotiv de King Kong (Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, 1933).
Seule dissimilitude et pas des moindres, le tyrannosaure est ici supplanté par un gorille de taille cyclopéenne. Derechef, le film d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper peut escompter sur l'omniscience de Willis O'Brien, qui officie toujours derrière l'animation (en stop-motion) du primate gargantuesque. De nouveau, le monde perdu se situe sur une île méconnue de l'homme. Toujours la même antienne... Forts de leur succès, Le Monde Perdu et King Kong vont inspirer et engendrer toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires du genre n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Godzilla (Ishiro Honda, 1954), Rodan (Ishiro Honda, 1956), A des millions de kilomètres de la Terre (Nathan Juran, 1957), Le Monstre des Temps Perdus (Eugène Lourié, 1953), Mothra (Ishiro Honda, 1961), ou encore La Planète des Monstres (Jun Fukuda, 1967) par les métrages notables et éventuellement notoires.
Parfois, le monde perdu se trouve quelque part à la lisière des pôles nord et sud, parfois parmi un amas de ténèbres, parfois encore au centre de la Terre. Pour souvenance, Voyage au centre de la Terre est un opuscule notoire de Jules Verne qui s'inscrit et s'achemine dans la didactique de L'Île Mystérieuse et de Le Monde Perdu, eux aussi issus de romans proverbiaux. Il était donc temps de transposer l'univers fantasmagorique de Jules Verne via une adaptation cinématographique éponyme et réalisée par la diligence d'Henry Levin en 1959.
La carrière du cinéaste et producteur américain démarre vers le milieu des années 1940. On lui doit notamment Le Fils de Robin des Bois (1944), La scandaleuse ingénue (1950), L'Armure Noire (1955), Les Mille et Une Nuits (1961), ou encore La Haine des Desperados (1969).
Certes, Voyage au centre de la Terre est bel et bien une adaptation du célèbre opuscule de Jules Verne. Pourtant, le film s'inscrit davantage dans le syllogisme du monde perdu, un genre très en vogue depuis la sortie du King Kong de 1933. Bien des décennies plus tard, le long-métrage d'Henry Levin connaîtra deux nouvelles variations avec Voyage au centre de la Terre (Eric Brevig, 2008) et Voyage au centre de la Terre 2 - L'Île Mystérieuse (Brad Peyton, 2012). En raison de ses accointances avec la thématique du monde perdu, Voyage au centre de la Terre présente de nombreuses divergences avec le matériel originel. Toutefois, dans l'ensemble, le film d'Henry Levin fait preuve d'obédience à l'aune de la trame scénaristique de base.
Faute de budget, le métrage ne bénéficie pas de la technique de la stop-motion.
Les créatures titanesques et carnivores sont donc des lézards bien réels, évidemment filmés en gros plan, pour donner cette impression de rotondités. Dans l'ensemble, les critiques se montrent plutôt panégyristes et saluent une oeuvre aussi sympathique qu'ingénue. En résumé, les laudateurs du vieux cinéma fantastique seront ici en terrain connu et quasiment conquis. La distribution de ce film fantastique se compose de James Mason, Pat Boone, Diane Baker, Arlene Dahl, Thayer David, Peter Ronson, Robert Adler et Alan Napier. Attention, SPOILERS !
(1) Le professeur écossais fraîchement anobli, Sir Oliver Lindenbrook, est persuadé que l'explorateur Arne Saknussem, disparu il y a deux siècles, est parvenu à atteindre le centre de la Terre. Il quitte Edimbourg avec un de ses étudiants, amoureux transi de sa nièce, pour entreprendre une extraordinaire descente en progressant jusqu’au centre de la Terre à partir du cratère d’un volcan d’Islande.
Dans cet extraordinaire périple il est accompagné aussi par l'intrépide veuve d'un volcanologue assassiné et par un solide gaillard islandais et sa canne, Gerdrud. Le petit groupe est précédé par un personnage inquiétant, descendant de Saknussem (1). Certes, à l'aune des productions actuelles et beaucoup plus clinquantes, cette toute première version de Voyage au centre de la Terre paraît joliment obsolescente. Henry Levin opte pour un long-métrage guilleret qui s'adresse à un public épars et compris entre 7 et 77 ans, en l'occurrence. Ainsi, le metteur en scène prend son temps pour planter le décor et ses principaux protagonistes. La première partie, plutôt fastidieuse dans l'ensemble, s'appesantit allègrement sur l'organisation de l'expédition.
On se gausse impérieusement de tous ces conflits sporadiques entre ces divers scientifiques.
Durant cette première segmentation, il faudra faire preuve de longanimité et composer avec d'interminables palabres. Le professeur Oliver Lindenbrook est persuadé que le centre de la Terre se trouve quelque part dans les terres islandaises. Une fois l'expédition lancée, le film adopte enfin son rythme de croisière. Vétilleux, Henry Levin affine et peaufine des décors somptuaires, sans cesse émaillés par des colorations féériques et des tonalités irisées. C'est donc à la fois un monde de glace et clairsemé de champignons géants qui parsèment cette aventure.
Au cours de leurs pérégrinations, le professeur Lindenbrook et ses ouailles parviennent à se frayer un chemin vers le centre de la Terre, un monde hostile couvert de lave et aussi habité par d'abominables lézards. Le film d'Henry Levin dénote de l'opuscule original par sa bonhommie générale, là où le roman initial versait dans un décor beaucoup plus lugubre.
Evidemment, on optera pour le roman de Jules Verne. A défaut de rivaliser avec son glorieux homologue, Voyage au centre de la Terre propose une aventure funambulesque et plutôt philanthrope en termes d'action, surtout lors de sa deuxième section. Le métrage peut également escompter sur une interprétation précautionneuse. Mention spéciale à James Mason dans le rôle d'un scientifique opiniâtre. Désormais désuet, ce film fantastique ravira les laudateurs du monde perdu et autres îles mystérieuses. Pour le reste, cette version prodrome ne restera pas non plus dans les annales, en raison de choix discutables et de péripéties souvent insensées.
Toutefois, on préférera toujours ce petit film candide aux blockbusters exacerbés qui seront réalisés, à postériori, durant les années 2000 et 2010.
Note : 13/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_au_centre_de_la_Terre_(film,_1959)