Genre : horreur, gore, trash, extrême, érotique, pornographie, slasher (interdit aux - 18 ans)
Année : 1999
Durée : 1h18
Synopsis : Le tueur fantomatique est de retour et sa soif de sexe et de sang semble devenue incontrôlable ! Un jeune inspecteur de police, secondé par son assistante et une prostituée, décide de tendre un piège machiavélique au dangereux maniaque. Parviendront-ils à le mettre hors d'état de nuire ou rejoindront-ils, eux aussi, le nombre grandissant des victimes du pervers sanguinaire ?
La critique :
Lors de la chronique de Fantom Killer (Source : ), nous avions vaguement évoqué le cas du snuff movie. Pour souvenance, ce registre cinématographique, appelé parfois "snuff film", désigne "une vidéo ou un long-métrage mettant en scène la torture, le meurtre, le suicide ou le viol d'une ou plusieurs personnes" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Snuff_movie). Issues du milieu clandestin, ces pellicules ont suscité les faveurs et les ferveurs des thuriféraires du cinéma underground. Ce sous registre du cinéma d'exploitation connaît son effervescence durant la décennie 1970.
Les laudateurs du cinéma trash n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que le bien nomméSnuff (Michael et Roberta Findlay, 1976), Last House on Dead End Street (Roger Watkins, 1972), ou encore Hardcore (Paul Schrader, 1979).
Mais sans doute au film Le Voyeur, aka Peeping Tom (Michael Powell, 1960), que revient la palme indécente de la turpitude et de la scopophilie maladive. Si Le Voyeurépouse déjà les rudiments et les linéaments du voyeurisme via cette caméra qui filme des victimes, juste avant leur ultime trépas, le long-métrage de Michael Powell n'est pas vraiment un snuff movie, mais il préfigure déjà cette appétence pour cette scoptophilie obsessionnelle (toujours la même antienne...), ainsi que ce tropisme pour le barbarisme et le primitivisme. Une didactique corroborée dès l'orée des années 1980 via l'avènement de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980).
Certes, derechef, le film de Ruggero Deodato n'est pas vraiment un snuff movie, mais le métrage gore et horrifique s'ébaudit de cette frontière ténue entre la fiction et la réalité.
Ainsi, les supplices pratiqués sur des animaux - notamment une tortue étripée et tortorée jusqu'à la moëlle - ne sont pas simulés, mais bien réels. En raison de ses diverses insanités, entre autres une jeune femme empalée, puis atrocement bourrelée, Cannibal Holocaust n'échappe au couperet acéré de la censure. Son réalisateur démiurgique, Ruggero Deodato, est sommé de s'expliquer sur les conditions de tournage, ainsi que sur certaines saynètes jugées beaucoup trop rutilantes. Paradoxalement, Cannibal Holocaust profitera de toutes ces invectives et de tous ces quolibets pour édifier sa réputation sulfureuse. A raison, Ruggero Deodato Jubile.
Quelques années plus tard, c'est au tour de la saga Guinea Pig de courroucer durablement son audimat. Les segments intitulés Devil's Experiment (Satoru Ogura, 1985) et Flowers of Flesh and Blood (Hideshi Hino, 1985) font même l'objet d'enquêtes diligentées par le FBI.
D'une façon générale, le snuff movie rime avec les productions iconoclastes et impécunieuses. Preuve en est avec Fantom Kiler, réalisé par les soins de Roman Nowicki en 1998. Certes, par son dilettantisme et sa mise en scène à la fois lubrique et scopophile, Fantom Kiler peut s'approximer à un snuff movie, dont il épouse les rudiments scabreux. On pourrait presque évoquer un snuff movie siliconé tant Roman Nowicki affectionne les jolies femmes dépoitraillées... Contre toute attente, cette série B (série Z...) adventice caracole en tête de peloton lors de son exploitation via le support vidéo.
Les amateurs patentés du cinéma underground se précipitent sur ce long-métrage aventureux qui tergiverse entre la pornographie soft, l'érotisme hard et quelques saynètes érubescentes. A juste titre, on peut légitimement invoquer un "porno gore", un néologisme dont s'est emparé un certain Andreas Bethmann (Der Todesengel, Demon Terror et K3 - Prison of Hell).
Ce dernier s'est autoproclamé comme le chantre du "porno gore". A fortiori, le metteur en scène germanique a beaucoup influencé Roman Nowicki, un peu trop sans doute... Corrélativement, le cinéaste romain n'a jamais caché son extatisme ni son engouement pour le cinéma de Joe D'Amato (Blue Holocaust, Anthropophagus, Horrible et La Nuit Fantastique des Morts-Vivants). Certes, Fantom Kiler premier du nom n'a pas spécialement laissé un souvenir indélébile. Pourtant, cette série B désargentée enjôle et cajole les satyriasis des aficionados du cinéma trash.
Il n'en faut pas davantage pour exhorter Roman Nowicki à signer plusieurs suites consécutives, notamment Fantom Killer 2 (1999), Fantom Killer 3 (2003) et Fantom Kiler 4 (2008). A postériori, le réalisateur enchaînera avec Fantom Seducer (2005), Fantom Seducer 2 (2005), Abducted by the Daleks (2005), Mark of the Whip (2006) et Mark of the Whip 2 (2010).
On tient donc là un cinéaste chevronné du cinéma underground. Pour l'anecdote superfétatoire, la saga Fantom Kiler est aisément disponible en vidéo, à condition de se rendre sur le site Uncut Movies, un éditeur indépendant spécialisé dans les longs-métrages gore et rarissimes. Aujourd'hui, c'est le cas de Fantom Kiler 2 qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes éparses. La distribution de ce second chapitre ne risque pas de vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms d'Eliza Borecka, Andrej Jass, Magda Szymborska et Katarzyna Zelnik ; mais j'en doute...
Attention, SPOILERS ! Le tueur fantomatique est de retour et sa soif de sexe et de sang semble devenue incontrôlable ! Un jeune inspecteur de police, secondé par son assistante et une prostituée, décide de tendre un piège machiavélique au dangereux maniaque.
Parviendront-ils à le mettre hors d'état de nuire ou rejoindront-ils, eux aussi, le nombre grandissant des victimes du pervers sanguinaire ? Vous aviez prisé et encensé le premier Fantom Kiler pour ses parties de débauche, de bacchanales, d'agapes et de priapées ? Alors, vous devriez logiquement déifier et sacraliser ce second volet. Autant l'annoncer sans ambages. Fantom Kiler 2 baguenaude dans le même sillage et continuum que son sinistre antécesseur. En résumé, pas grand-chose à signaler au compteur, ni même au menu des tristes réjouissances.
Déjà, dans le premier opus, Roman Nowicki faisait preuve de parcimonie en termes de gore et d'âpretés sanguinolentes. A contrario, Fantom Kiler premier du nom se montrait plutôt philanthrope pour dévêtir allègrement ses comédiennes affriolantes.
Autant conserver cette formule gagnante, une gageure que Fantom Kiler 2 tient à maintenir sur sa durée élusive (à peine une heure et 15 minutes de bobine). Seule petite dissimilitude et pas des moindres, Fantom Kiler 2 se noie dans une enquête fastidieuse, nébuleuse et soporifique. Ainsi, la première partie du film, d'une vacuité sidérale, s'appesantit amplement sur d'interminables verbiages. Pour arrêter le sociopathe et mettre un terme définitif à ses vils desseins, un policier opiniâtre doit accepter de collaborer avec de jolies gourgandines. Pour le reste, cette suite soporative se démarque avant tout par son amateurisme. L'éclairage reste très approximatif, en particulier pour certaines séquences bucoliques, visiblement tournées en studio. Niveau interprétation, c'est aussi le dilettantisme qui prime et prédomine. Même en termes de vilenies et d'impudicités, Fantom Kiler 2 se montre toujours aussi frugal, nonobstant son interdiction aux moins de 18 ans.
On retiendra notamment cette séquence de torture qui envoie une pauvre courtisane se faire cisailler, puis exécutée via les pinces électriques d'une voiture. A la rigueur, le premier Fantom Kiler se montrait un peu plus finaud dans ses crimes et ses diverses tartufferies. Par miséricorde, on éludera de qualifier ce second chapitre de petit navet ou de nanar avarié. Ma note finale fera donc preuve - derechef - de mansuétude et de munificence.
Note : 07/20
Alice In Oliver