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Rambo - Last Blood (A feu et à sang...)

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Genre : action (interdit aux - 12 ans avec avertissements) 
Année : 2019
Durée : 1h29

Synopsis : Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo doit sauver une jeune fille retenue captive par des trafiquants de drogues à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. 

 

La critique :

Lorsque l'on invoque le nom (ou plutôt le "totem") "Sylvester Stallone", on songe invariablement à deux rôles majeurs : John Rambo et Rocky Balboa. Pour le second, ce personnage de boxeur crâne et opiniâtre va propulser le comédien au firmament de sa gloire. Alors qu'il doit se contenter de maigres subsides et écumer les planches de théâtre, Sylvester Stallone accepte même de tenir le rôle principal dans un film érotique, L'étalon italien (Morton Lewis, 1970), pour la modique somme de 200 dollars. Corrélativement, l'acteur griffonne le script de Rocky (John G. Avildsen, 1976) et relance les producteurs à moult reprises. Ces derniers acceptent la requête de Stallone, mais souhaitent engager une vedette pour tenir le rôle principal. A raison, Sylvester Stallone fulmine.
Pugnace, le comédien parvient à tenir le haut de l'affiche, mais doit composer avec un budget anémique.

Contre toute attente, Rocky caracole en tête de peloton lors de son exploitation au box-office américain. Du jour au lendemain, Stallone accède au statut de star sérénissime. Curieusement, la trajectoire de ce boxeur issu de la plèbe ressemble à celle de Stallone lui-même. L'acteur va entretenir ce mythe roboratif en transmutant le premier chapitre en une saga lucrative et mercantiliste. Ainsi, Rocky 2 (Sylvester Stallone, 1979), Rocky 3 (Sylvester Stallone, 1982), Rocky 4 (Sylvester Stallone, 1985), Rocky 5 (John G. Avildsen, 1990), Rocky Balboa (Sylvester Stallone, 2006), Creed : L'héritage de Rocky Balboa (Ryan Coogler, 2015) et Creed 2 (Steven Caple Jr., 2018) corroboreront l'omnipotence de la franchise dans le cinéma d'action, et en particulier dans le film de boxe, un genre singulier.
Puis, durant la décennie 1980, c'est le film Rambo (Ted Kotcheff, 1982), soit First Blood dans l'idiome de Shakespeare, qui marque une nouvelle étape dans la carrière de Sylvester Stallone.

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Là aussi, l'acteur peut louer, glorifier et remercier le ciel. A l'origine, le rôle de cet ancien soldat du Vietnam devait échoir à une autre vedette hollywoodienne, Dustin Hoffman. Mais le script est jugé beaucoup trop virulent par certains producteurs pusillanimes. Pas Stallone qui se jette à corps perdu dans le rôle de cet homme inlassablement poursuivi par la police. Le soldat taiseux et vindicatif est encore imprimé par les géhennes subies durant le conflit vietnamien. Hélas, une fois de retour au pays, l'individu est immédiatement tancé et rabroué par ses congénères.
Rambo fait à la fois office de survival et de drame sociologique, abordant sans fard les thématiques spinescentes de la mémoire et surtout d'une nation qui n'a toujours pas avalé sa capitulation contre la jacquerie vietnamienne. 

Succès pharaonique oblige, plusieurs suites seront tournées et produites dans la foulée. Que ce soit Rambo 2 - La Mission (George Cosmatos, 1985), Rambo 3 (Peter MacDonald, 1988), ou encore John Rambo (Sylvester Stallone, 2008), aucune de ces suites soporatives ne réitéreront les fulgurations du premier épisode... Et pour cause... Durant ces nouvelles tribulations, le soldat vaillant est dépêché par l'Oncle Sam pour aller flinguer du soviet et estampiller d'autres dictatures à vocation stalinienne (entre autres, la Birmanie). A chaque fois, c'est l'Amérique elle-même qui diligente son meilleur soldat pour vaincre le vil oppresseur. Pourtant, le quatrième chapitre, John Rambo, se concluait sur un ancien soldat harassé et aspirant à davantage de placidité.
Une chimère... Un jour ou l'autre, Rambo se devait d'enfiler - derechef - ses oripeaux de guerroyeur intarissable.

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Impression expressément avalisée par Sylvester Stallone lui-même. Le comédien confirme la mise en chantier d'un Rambo 5C'est fois-ci, c'est promis, ce sera l'ultime chapitre. Mais ce nouvel opus est-il absolument opportun ? Plusieurs scénarii sont alors envisagés. Tout d'abord, il est question d'envoyer l'ex-soldat dans son pays d'origine, la Bulgarie. Puis, Stallone songe même à des soldats transmués en cyborgs invulnérables, un peu à la manière d'un Universal Soldier. Exténué, le comédien sollicite alors Ryan Gosling pour reprendre le flambeau. Oui mais voilà...
Depuis, Donald Trump a étéélu Président des Etats-Unis. Sa promesse ? Il faut construire et ériger un mur pour protéger les Etats-Unis des méchants mexicains. Ces derniers sont au mieux des trafiquants d'armes et de stupéfiants, pendant que leurs femmes vaquent à la prostitution et au proxénétisme.

Un autre monde en somme... Celui de Donald Trump... Paradoxalement, une certaine ferveur populaire se nimbe de ces relents de nationalisme et de populisme. Ce nouvel élan politique n'échappe pas à la doxa hollywoodienne. Jadis, John Rambo estampait et corrigeait la menace soviétique. Désormais, cette menace ne se trouve plus à l'extérieur des Etats-Unis, mais s'expatrie à l'intérieur même du territoire américain. Face à l'indigence et à l'incompétence de la police, John Rambo se devait de réagir et surtout de résoudre ce problème à sa manière.
C'est ainsi que naît le scénario de Rambo - Last Blood, réalisé par la diligence d'Adrian Grunberg en 2019. Pour l'anecdote superfétatoire, ce cinéaste connaît parfaitement sa copie puisqu'on lui doit déjà le film Kill the gringo (2012).

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En l'occurrence, Rambo - Last Blood n'élude pas les acrimonies de circonstance. Certains contempteurs jugent même le film fascisant. D'autres évoquent nûment un long-métrage de propagande. D'autres critiques encore s'interrogent sur la réelle utilité de ce cinquième et ultime (?) chapitre. Reste à savoir si Rambo - Last Blood mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... Hormis Sylvester Stallone qui rempile évidemment pour une nouvelle aventure, la distribution du film se compose d'Adriana Barraza, Paz Vega, Yvette Monreal, Sergio Peris-Mencheta, Oscar Jaenada, Fenessa Pineda et Louis Mandylor.
Attention, SPOILERS ! (1) Onze ans après les évènements en Birmanie, John Rambo vit dans l'ancien ranch de son père à Bowie, dans le comté de Cochise dans l'Arizona. 

Il gère les lieux avec sa vieille amie Maria Beltran et sa petite-fille, Gabrielle. Cette dernière se rend au Mexique, pensant y rencontrer son père biologique, mais elle est kidnappée par un Cartel de la drogue mexicain. Rambo va alors tenter de la sauver (1). Hélas, la belle, victime de viols et de maltraitances à tous crins, exhale son dernier soupir. Bilieux, John Rambo va adopter la loi du Talion et appliquer une vengeance expéditive. Souvenez-vous... C'était à la fin des années 1980. A raison, on s'était gaussé de Rambo 3 pour ses laïus anticommunistes.
Mieux, l'armée américaine se muait subrepticement en thaumaturge et sauveuse de l'Humanité via une collusion avec l'armée afghane. Quelques années plus tard, c'est ce même gouvernement qui attaquera l'Irak au nom d'armes bactériologiques et nucléaires factices.

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Mais depuis le régime de Saddam Hussein, l'eau a coulé sous les ponts. Désormais, c'est un certain Donald Trump qui pilote et supervise les belligérances. Le président impérieux sait qu'il ne pourra pas escompter sur le gouvernement mexicain pour éradiquer le crime organisé in situ. Pis, les cartels de stupéfiants et autres trafiquants d'armes prolifèrent et menacent de s'exporter sur le territoire américain, le tout sous le nez et la barbe de John Rambo. Naguère, l'ex-soldat guerroyait sur des sols étrangers. Les temps ont changé. Désormais, la menace se situe sur le sol de l'Oncle Sam "himself".
Il faut donc l'évincer, le chasser et même l'exterminer. En ce sens, John Rambo fait office de dernier rempart, quitte à mettre la saga à feu et à sang... On comprend mieux alors les invectives et les quolibets circonstanciés des thuriféraires du premier chapitre.

Cet ancien soldat, pourtant victime de xénophobie par le passé, s'est métamorphosé en dévot nationaliste, appliquant doctement les préceptes rigoristes de Donald Trump. Un oxymore... Tel est le didactisme péroré par Rambo - Last Blood. Ni plus ni moins. Autre possibilité, on peut esquiver cette rhétorique - au mieux - chauviniste en songeant aux précédents méfaits de la saga. Depuis le premier opus, force est de constater que la franchise n'a jamais su (jamais pu...) se renouveler, se ressourcer, ni se revivifier. Certes, on s'était esclaffé sur Rambo 2 - La Mission, on avait jubilé sur les facéties de Rambo 3 et on avait apprécié la tonitruance de John Rambo.
Hélas, rien de neuf sous le soleil, si ce n'est des films d'action roboratifs qui pétaradent dans tous les sens, avec cependant une forte connotation idéologique, nonobstant certains apparats matois. 
En ce sens, Rambo - Last Blood ne fait pas exception. On se consolera avec cette dernière demi-heure paroxystique qui rattrape partiellement un long-métrage falot et exsangue. Sans sa figure emblématique et proéminente (donc Stallone, au cas où vous n'auriez pas compris...), Rambo - Last Blood serait manu militari renvoyé dans ses pénates. Par pure gratitude envers sa star clinquante mais désormais chenue, on préférera qualifier ce Rambo - Last Blood de série B virile et décomplexée, et faire fi de ses allocutions xénophobes... Encore une fois, Cinéma Choc fait montre de miséricorde et de munificence...

 

Note : 10/20

sparklehorse2 Alice In Oliver

(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rambo:_Last_Blood


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