Genre : fantastique
Année : 1939 (date de sortie officielle), 1946 (date de sortie en France)
Durée : 1h41
Synopsis : Dorothy, jeune orpheline, vit chez son oncle et sa tante. Tout irait pour le mieux si l'institutrice ne détestait pas son chien. C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume magique des Munchkins à la recherche de son chien. Les Munchkins sont des nains protégés par la bonne fée du Nord mais menacés par la méchante fée de l'Ouest. Pour retrouver son chien, Dorothy doit s'emparer des chaussures rouges de la mauvaise fée et aller voir le magicien d'Oz dans son palais d'Emeraude.
La critique :
Avant de gagner ses galons de réalisateur chevronné, Victor Flemming devra faire preuve de longanimité et gravir progressivement les échelons dans le paysage cinématographique. Tout d'abord monteur, opérateur puis directeur de la photographie, Victor Fleming doit se résoudre à partir sur le front de la Première Guerre mondiale, un conflit qui laissera en lui des fêlures et des excoriations indélébiles. De retour de la guerre, il peut enfin s'atteler à la réalisation. Cauchemars et superstitions (1919) constitue son tout premier long-métrage. Il enchaîne alors avec L'Emigrée (1922), Lord Jim (1925), Quand la chair succombe (1927), The Awakening (1928), Le chant du loup (1929), Mademoiselle Volcan (1933), L'île au trésor (1934), ou encore Pilote d'essai (1938) et acquiert une certaine notoriété.
Mais Victor Fleming va s'arroger définitivement sa popularité via deux classiques proéminents.
Leurs noms ? Le magicien d'Oz (1939) et Autant en emporte le vent (1939). Soyez sans crainte. Cinéma Choc n'a pas pour velléité de chroniquer une romance telle qu'Autant en emporte le vent, le film ne correspondant pas à la ligne directrice du blog. D'ailleurs, les laudateurs de Cinéma Choc (mais enfin, qui sont-ils ?) pourraient légitimement gloser, pérorer et s'interroger sur la présence de Le Magicien d'Oz dans les colonnes diffuses du site. De surcroît, Le Magicien d'Oz profite de la frénésie de certaines productions Walt Disney (notamment Blanche Neige et les Sept Nains, David Hand, Wilfred Jackson, Larry Morey, Ben Sharpsteen, Bill Cottrell et Perce Pearce, 1938) pour corroborer cette appétence des producteurs pour la fantaisie, la sorcellerie et le monde fantasmagorique des fées.
Sur ces entrefaites, il apparaît évident qu'un film tel que Le Magicien d'Oz dénote dans les lignes éparses de Cinéma Choc.
Toutefois, il nous apparaît primordial de réitérer le contexte dans lequel sort ce classique somptuaire et sérénissime. Nous sommes à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Le nazisme sonne le tocsin du fascisme, de l'antisémitisme et de l'avènement d'une race dite "supérieure". Or, par ses thématiques nébuleuses et alambiquées, ses références ostensibles à l'expressionisme allemand, Le Magicien d'Oz n'est pas ce long-métrage doucereux et guilleret qu'il le laisse inaugurer. Par ailleurs, les producteurs auront toutes les peines du monde à trouver le cinéaste idoine pour porter à l'écran l'opuscule éponyme de L. Frank Baum. A leur tour, les cacocraphes se succèdent pour griffonner de multiples scénarii, finalement sans succès. C'est à force d'abnégation et de pugnacité que les producteurs retiendront, in fine, un script annoté par la coalition de 14 scénaristes ; rien que ça !
Plusieurs éminents réalisateurs seront approchés et auditionnés, mais le projet échoit finalement entre les mains de Victor Fleming, qui apparaît à l'époque comme un metteur en scène honorable et expérimenté. Le cinéaste profite de la défection de plusieurs noms prestigieux. Certes, au moment de sa sortie, Le Magicien d'Oz glane plusieurs Oscars, dont celui du meilleur film, et s'octroie les plébiscites et les satisfécits d'une presse unanimement panégyriste. A contrario, le long-métrage dépasse allègrement le budget imparti. Même si le public répond doctement à l'appel, les recettes du film ne permettent pas de rembourser les sommes généreusement prodiguées.
En France, en raison de la Seconde Guerre mondiale, Le Magicien d'Oz ne sort qu'en 1946 et ne plaît guère - à l'époque - au régime de Vichy.
Que soit. Le Magicien d'Oz va s'auréoler du statut de classique du Noble Septième Art au fil des décennies. La distribution du film se compose de Judy Garland, Frank Morgan, Ray Bolger, Bert Lahr, Billy Curtis, Lois January, Jack Halley, Billie Burke, Jerry Marren, Margaret Pellegrini et Margaret Hamilton. Attention, SPOILERS ! (1) Dorothy Gale, une jeune orpheline, est élevée dans une ferme du Kansas tenue par sa tante et son oncle. Son chien Toto étant persécuté par la méchante Almira Gulch, Dorothy demande aux trois ouvriers de la ferme de le protéger.
Cependant, personne ne semble prendre au sérieux les craintes de la jeune fille. Almira Gulch finit par s'emparer de Toto avec l'intention de le tuer, sur ordonnance du shérif (1). C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume magique des Munchkins à la recherche de son chien.
Les Munchkins sont des nains protégés par la bonne fée du Nord mais menacés par la méchante fée de l'Ouest. Pour retrouver son chien, Dorothy doit s'emparer des chaussures rouges de la mauvaise fée et aller voir le magicien d'Oz dans son palais d'Emeraude. Indubitablement, le succès pharaonique de Le Magicien d'Oz a amplement inspiré la culture populaire. Que ce soit la série Oz (Tom Fontana, 1997 - 2003), Zardoz (John Boorman, 1974), Capitaine Sky et le monde de demain (Kerry Conran, 2004), Strangeland (John Pieplow, 1998), Le monde fantastique d'Oz (Sam Raimi, 2013) et même La fin de Freddy - L'Ultime Cauchemar (Rachel Talalay, 1991), toutes ces pellicules ont fait voeu d'allégeance et d'obédience àLe Magicien d'Oz. Quatre-vingts ans après sa sortie, Le Magicien d'Oz reste ce long-métrage voluptuaire qui enjôle et flagorne notre imaginaire.
Dans un premier temps, il sied de notifier les prouesses techniques de ce classique du cinéma fantastique, ou plutôt d'un cinéma onirique, voire féérique. Toujours diffusé aux Etats-Unis le soir de Noël, Le Magicien d'Oz s'approxime à un périple ésotérique et initiatique, dans lequel l'héroïne, Dorothy Gale, est transportée dans une contrée utopique et chimérique. Ainsi, le monde humain est symbolisé par des colorations vespérales, alors que le pays des Munchkins est préfiguré par des couleurs irisées et chatoyantes. Le monde des humains vit dans la peur et la terreur à l'approche d'une tornade. Cette tempête dévastatrice pourrait augurer l'effervescence du nazisme.
Pour échapper à cette autocratie funeste et irréfragable, Dorothy s'enfuit dans ses rêveries et atterrit dare-dare dans un univers mythifié, dans lequel chaque personnage cherche une partie de son âme.
L'un est à la recherche de son coeur, pendant que l'autre s'emploie à retrouver son cervelet et ses connexions neuronales. Chaque être a donc perdu une portion de son humanité. Tous ces éléments, à fortiori disparates, ne sont évidemment pas aléatoires, de même que la figure emblématique de la sorcière. Le Magicien d'Oz atteint véritablement sa quintessence lors de l'arrivée de Dorothy au pays des Munchkins. Place au technicolor via des décors prodigieux et une nature luxuriante. Dès lors, le film propose toute une salve de saynètes hallucinantes et presque tétanisantes.
Quant au mythe du magicien d'Oz, il s'agit encore là d'une habile duperie savamment fomentée par un scientifique un peu trop présomptueux. In fine, Le Magicien d'Oz n'échappe pas au didactisme de la psychanalyse via cette dichotomie entre le matérialisme (encore une fois, chaque protagoniste est à la recherche de son propre empyrée terrestre) et cette cordialité sincère qui se noue entre chaque personnage. Ainsi, chaque personne n'est pas la créature qu'il laisse transparaître. Par exemple, le lion n'est pas ce félidé féroce et sauvage, mais un être couard, poltron et pusillanime qui a perdu toute confiance en sa propre animalité. Vous l'avez donc compris.
Sous ses faux airs de comédie musicale et de petit film fantastique et croquignolet, Le Magicien d'Oz propose toute une panoplie d'introspections mystiques et métaphysiques. Un tel film mérite donc bien les concerts de louanges et de dithyrambes dans les colonnes de Cinéma Choc.
Note : 16/20
Alice In Oliver