Genre : horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
Année : 1988
Durée : 1h29
Synopsis : (1) Il se produit d'étranges incidents sur la petite île de Northport. Des touristes et des animaux disparaissent. Bettie, la fille du maire revient au pays. Elle commence à explorer l'ile et découvre une cavité rocheuse avec d'énormes oeufs d'insectes. Bientôt, des cafards agressifs envahissent les maisons. Le mal vient d'une zone occupée par un laboratoire de recherches qui semble en apparence avoir cessé ses activités. Le maire de l'île retrouve l'ancienne collaboratrice et apprend que les expériences génétiques ont engendré une nouvelle race de cafards indestructibles... (1)
La critique :
C'est sans doute le film Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963) qui reste le long-métrage prodrome dans le genre agression animale. Sciemment, le maître du suspense ne fournit aucune explication rationnelle à ces assauts récurrents de volatiles qui estampent régulièrement les habitants d'une petite communauté américaine. Pour Alfred Hitchcock, la menace provient du vide, d'un néant à la fois ineffable et amphigourique. Douze ans plus tard, Steven Spielberg appliquera - peu ou prou - le même didactisme eschatologique via Les Dents de la Mer (1975).
Cette fois-ci, la menace est aquatique et provient des anfractuosités nébuleuses de l'océan. Pourtant, le vrai requin, ce n'est pas ce poisson plantureux et à l'appétit pantagruélique qui tortore des touristes de passage, mais ces édiles politiques fallacieux qui sacrifient la plèbe au nom de la pécune et du mercantilisme à tous crins.
Evidemment, Les Oiseaux et Les Dents de la Mer font figure de véritables bréviaires et vont générer toute une pléthore d'épigones. Que ce soient les canidés (Cujo, Lewis Teague, 1983), les alligators aux étonnantes rotondités (Le crocodile de la mort, Tobe Hooper, 1977), les piranhas affamés (Piranhas, Joe Dante, 1978), les serpents venimeux (Anaconda, le prédateur, Luis Llosa, 1997), ou encore les araignées gargantuesques (Arac Attack, les monstres à huit pattes, Ellory Elkayem, 2002), toutes ces productions sont régulièrement stipulées par les thuriféraires de l'agression animale ; un registre qui rimaille évidemment avec la série B.
Preuve en est avec Voyage au Bout de l'Horreur, soit The Nest dans la langue de Shakespeare, et réalisé par la diligence de Terence H. Winkless en 1988.
Le metteur en scène américain a essentiellement officié en tant que scénariste, notamment derrière le script de Hurlements (Joe Dante, 1981). En outre, Voyage au bout de l'horreur constitue sa toute première réalisation. A postériori, il se polarisera surtout sur des séries télévisées, entre autres Power Rangers (1993 - 1995), Power Rangers Zeo (1996) et Beetleborgs (1996). Puis, il reviendra furtivement vers le cinéma via Ladykiller (1996) et Heart of Dance (2013). Le cinéaste ne compte pas vraiment de longs-métrages notables dans sa filmographie.
En l'occurrence, Voyage au bout de l'horreur n'a aucune présomption, si ce n'est de flagorner les amateurs du cinéma bis les plus patentés. Surtout, Voyage au bout de l'horreur s'inscrit dans le registre de l'agression animale, avec une singularité pour les insectes et l'entomologie.
A moult reprises, nos amis (si j'ose dire...) les insectes ont reçu les plébiscites du cinéma horrifique. Les aficionados du genre n'omettront pas de notifier des oeuvres telles que le bien nomméInsects (Fred Olen Ray, 2005), L'empire des fourmis tueuses (Peter Manus, 1978), Les insectes de feu (Jeannot Szwarc, 1975), Mimic (Guillermo Del Toro, 1997), Mosquito (Gary Jones, 1995), ou encore L'invasion des abeilles tueuses (Rockne S. O'Bannon, 1995) parmi les métrages notables et éventuellement notoires. Frelons, abeilles, moustiques, coléoptères et autres brachycères effarouchés sont donc les appâts privilégiés du cinéma horrifique.
Il ne manquait plus que les cafards décérébrés et victimes d'expérimentations chimiques et bactériologiques...
Rassurez-vous... C'est désormais chose faite avec Voyage au bout de l'horreur ! A défaut de proposer un périple dans les tréfonds de l'effroi, Terence H. Winkless signe plutôt un vibrant hommage au cinéma bis de naguère. La distribution de cette bisserie désargentée se compose de Robert Lansing, Lisa Langlois, Franc Luz, Terri Treas et Diana Bellamy. Attention, SPOILERS ! (1) Il se produit d'étranges incidents sur la petite île de Northport. Des touristes et des animaux disparaissent. Bettie, la fille du maire revient au pays. Elle commence à explorer l'ile et découvre une cavité rocheuse avec d'énormes oeufs d'insectes. Bientôt, des cafards agressifs envahissent les maisons.
Le mal vient d'une zone occupée par un laboratoire de recherches qui semble en apparence avoir cessé ses activités.
Le maire de l'île retrouve l'ancienne collaboratrice et apprend que les expériences génétiques ont engendré une nouvelle race de cafards indestructibles... (1) Certes, à la lecture de cette exégèse, on peut légitimement craindre un long-métrage frelaté et à la lisière du navet avarié. En l'état, Voyage au bout de l'horreur reste une série B tout à fait honorable et recommandable qui vient à la fois renâcler vers la science-fiction, l'épouvante avec un certain académisme et La Mouche (David Cronenberg, 1987). Hélas, et vous vous en doutez, la métaphore avec le film d'horreur de David Cronenberg s'arrête bien là ! Que soit. Voyage au bout de l'horreur n'a pas de telles aspérités.
Tout d'abord, il sied de notifier une mise en scène rudimentaire, laissant songer davantage à un téléfilm horrifique.
A contrario, il convient de souligner l'érudition dans la conception des effets spéciaux, nonobstant une certaine obsolescence ; série B des années 80 oblige... De surcroît, l'interprétation - sans être foncièrement calamiteuse - ne restera pas dans les annales du cinéma. Par exemple, on se gausse impérialement de cet oaristys amoureux entre le héros de l'histoire et une sublime blondinette. Dans leurs rôles respectifs, Robert Lansing et Lisa Langlois remplissent doctement leur office, mais guère davantage. Les deux comédiens en déveine se font donc chiper la vedette par les cafards de service. Pour ceux qui souffriraient d'entomophobie, merci de quitter prestement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates ! Car Voyage au bout de l'horreur ne badine pas avec la barbaque ni la tripaille via toute une pléthore d'énucléations et d'éviscérations qui implosent (explosent...) sur l'écran rougeoyant.
Sur ces entrefaites, l'interdiction aux moins de 16 ans est allègrement justifiée. Au moins, Voyage au bout de l'horreur peut s'enhardir de remplir solennellement le cahier des charges. Pour le reste, cette série B adventice se suit avec un ennui poli, mais flagornera davantage les louangeurs irréductibles du cinéma bis. Dans le même genre, on lui préférera amplement Mutations - Slugs (Juan Piquer Simon, 1988), qui sortira la même année. Allez, par miséricorde, nous lui accorderons la mention passable avec un petit point supplémentaire. Chronique succincte aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film.
Note : 11/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1806-voyage-au-bout-de-lhorreur