Genre : horreur, gore, slasher (interdit aux - 16 ans)
Année : 2019
Durée : 1h33
Synopsis : Durant Halloween, un groupe d'amis croise une maison hantée "extrême", qui va les confronter à leurs peurs les plus sombres.
La critique :
John Wayne Gacy, un nom qui résonne comme celui de l'abominable croquemitaine ou presque... Puisque ce sinistre personnage fait désormais partie de la culture populaire américaine. En 1978, l'homme ventripotent est enfin appréhendé par la police, puis écroué - manu militari - dans un pénitencier de haute surveillance. Les recherches se révèlent fructueuses puisque l'on retrouve dans sa cave plus de 26 cadavres de jeunes hommes enterrés, ligotés et mortifiés. Le maniaque n'a jamais caché son appétence pour les relations homosexuelles. Pourtant, le sociopathe n'est pas cet individu écervelé qui terroriste et serine son voisinage, loin de là...
Pis, ses proches le décrivent comme un homme courtois, avenant et affable qui participe même à des oeuvres caritatives.
De temps à autre, le bonhomme replet se rend à l'hôpital pour divertir les enfants malades. Il se grime en clown. C'est même ce curieux accoutrement qui va édifier sa réputation sulfureuse dans les médias. Sa famille ne soupçonne aucunement ses ignominies récurrentes. Les médias et la presse le surnomment alors B.T.K. (Blind, Torture, Kill, soit ligoter, torturer et tuer). Dixit les propres aveux de Stephen King lui-même, c'est cette même figure psychopathologique qui va lui inspirer le personnage de Gripsou pour son roman Ca, un démon qui se tapit lui aussi derrière le sourire doucereux d'un clown. Depuis, le faciès du clown acariâtre n'a eu de cesse de se développer dans le cinéma d'épouvante.
Les thuriféraires de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que 100 Tears (Marcus Koch, 2007), Les clowns tueurs venus d'ailleurs (Stephen Chiodo, 1988), Dead Clowns (Steve Sessions, 2004), Amusement (John Simpson, 2008), Balada Triste (Alex de la Iglesia, 2008), ou encore Clownhouse (Victor Salva, 1989) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Les saltimbanques et les pantomimes atrabilaires restent donc ces figures iconiques du cinéma d'horreur, et tout particulièrement du slasher. Preuve en est avec le bien nomméHaunt, réalisé par la diligence de Scott Beck (ou Scott Buck) et Bryan Woods en 2019. Cette série B horrifique est également produite par Eli Roth, le célèbre réalisateur de Cabin Fever (2002) et Hostel (2006). En l'espace d'une quinzaine d'années, le célèbre producteur s'est arrogé la couronne du maître de l'épouvante. Récemment encore, Eli Roth s'est illustré avec The Green Inferno (2013), le remake de Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980). Scott Buck a essentiellement officié dans le monde de la série télévisée, notamment dans Dexter (2007) et Six Feet Under (2002).
Quant à Bryan Woods, le cinéaste est lui aussi issu du milieu littéraire puisque l'on doit la trame narrative de A Quiet Place (John Krasinski, 2018).
Auparavant, Bryan Woods a surtout sévi dans le cinéma indépendant. On lui doit notamment Her Summer (2004), Impulse (2010), Spread (2012) et Nighlight (2015). En raison de son budget famélique, Haunt n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles obscures. Le film devra donc se colleter et se départir avec une concurrence apoplectique via le support vidéo. Les avis se montrent plutôt pondérés. Si les laudateurs de slashers et de clowns machiavéliques encensent certaines idées matoises, d'autres critiques vilipendent un concept beaucoup trop académique et rudimentaire.
Reste à savoir si Haunt justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... La distribution du film se compose de Katie Stevens, Lauryn McClain, Shazi Raja, Andrew Caldwell et Will Brittain.
Attention, SPOILERS ! Harper tente de s’extirper d’une relation violente. Son ex petit ami n’accepte pas leur rupture et la traque où qu’elle aille. Le soir de l’Halloween, Harper accompagne une bande d’amis dans une maison hantée « extrême » et labyrinthique. Une fois sur place, Harper et ses prosélytes découvrent une sorte de train fantôme. Mais très vite, l'endroit, particulièrement sinistre et lugubre, ne tarde pas à révéler ses étonnantes anfractuosités. La maison hantée extrême se transmute alors subrepticement en antre de l'enfer... Autant l'annoncer sans ambages.
Ce n'est pas Haunt qui risque de bouleverser le cinéma d'horreur en général et le slasher en particulier. Là aussi, il est question de clowns lucifériens qui se tapissent derrière des masques d'albâtre. Qui peut bien se tapir sous ses déguisements de pantomime ?
Durant la première segmentation, Haunt entretient vaguement l'illusion, celui d'un slasher savamment fomenté. Une fois encore, c'est la caste estudiantine qui doit ferrailler et s'estamper avec des boogeymen irascibles et énigmatiques. Sur ces entrefaites, Haunt s'approxime à un huis clos anxiogène et remplit doctement son office. On se surprend donc à tressauter à maintes reprises. Chaque nouvel étage conduit vers un piège inévitable, et vice versa. Haunt s'acoquine à la fois avec le slasher, le thriller et le torture porn. Mieux, cette série B subsidiaire se montre légèrement supérieure à la moyenne habituelle. Autre point positif, Haunt se montre plutôt philanthrope en termes d'éviscérations, de gore, de barbaques rutilantes et de tripailles rougeoyantes.
Indubitablement, Steven Buck et Bryan Woods ne sont pas des manchots derrière la caméra et connaissent leurs références.
Ici, c'est le film Massacres dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981) qui fait office de fameux Saint Graal et de véritable bréviaire. Hélas, Haunt pâtit d'un scénario beaucoup trop convenu pour attiser notre appétence sur sa durée pourtant élusive (à peine une heure et demie de bobine). Encore une fois, la trame narrative aurait mérité un bien meilleur étayage. Par exemple, d'où proviennent ces clowns fallacieux et machiavéliques ? Quelle est l'identité réelle de ces créatures nanties de faciès hideux ? Autant de questions sans réponse... Dans le même genre, on lui préférera amplement le film de Tobe Hooper, ainsi que le surprenant Clownhouse (déjà notifié dans les lignes de cette chronique). Mais, en ces temps de disette cinématographique, Haunt possède suffisamment d'arguties pour justifier - au moins - une mention "assez bien" dans nos colonnes diffuses.
Chronique succincte aujourd'hui, mais sincèrement, je ne vois pas quoi dire de plus sur ce film.
Note : 12/20
Alice In Oliver