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Le Fils de Kong (Le rejeton de Skull Island)

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le fils de kong

Genre : fantastique, aventure
Année : 1933
Durée : 1h09

Synopsis : Encore traumatisé par la mort de Kong, Carl Denham décide de quitter définitivement New York. Il s'embarque pour une nouvelle expédition vers l'île de Kong, afin de terminer le travail qu'il n'avait pu achever lors de son précédent voyage. Une mutinerie éclate bientôt à bord du navire.... 

La critique :

On omet souvent de le mentionner et de le préciser. Mais c'est le film Le Monde Perdu (Harry O'Hoyt, 1925) qui reste le long-métrage prodrome en termes de résurgence de l'ère paléontologique. Pour la première fois à l'écran, diplodocus, brontosaures, stégosaures et ptérodactyles se disputent la couronne du monstre le plus farouche et hégémonique. Pourtant, aux yeux des spectateurs éberlués, c'est le tyrannosaure qui remporte arrogamment les suffrages. Cette résurrection inopinée est le fruit de l'érudition de Willis O'Brien, le "pape" (si j'ose dire...) de la stop-motion (image par image).
En l'occurrence, le scénario de Le Monde Perdu est aussi simplissime que lapidaire. Des aventuriers découvrent l'existence d'une île inexplorée de l'homme. Une fois sur place, ils doivent se colleter avec une nature à la fois hostile et sémillante.

Au détour de leurs pérégrinations, ils doivent également subir les assauts récurrents d'une faune en dissidence. Pourtant, ces aventuriers altiers et téméraires s'échinent à capturer le tyrannosaure en personne. Présomptueux, ils ramènent l'animal dans notre société contemporaine et à la veille d'une prochaine crise financière. Nos expéditeurs paieront cher pour leur fatuité et leur outrecuidance. Ramené dans notre société en déliquescence, le tyrannosaure se regimbera contre ces vils oppresseurs et étrillera les habitants de la cité. Une décennie plus tard, King Kong (Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, 1933) réitérera peu ou prou la même trame narrative.
Seule dissimilitude et pas des moindres, le tyrannosaure belliqueux est supplanté par un gorille aux étonnantes rotondités.

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L'animation du primate est toujours diligentée par la prescience de Willis O'Brien. Le technicien polymathique affine encore la technique de la stop-motion. C'est dans une jungle à la fois luxuriante et en dissidence que le roo Kong doit ferrailler avec toute une pléthore de créatures dolichocéphales. King Kong se solde par un succès pharaonique dans les salles. Sur le fond, l'insubordination de ce monstre simien préfigure à la fois l'inflation de1929, ainsi que l'essor du nazisme sur la scène européenne. Le film d'Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper va influencer plusieurs générations de métrages et de cinéastes. Que ce soit les remakes officiels (celui de John Guillermin en 1976 ou la version de Peter Jackson en 2005), les copies éhontées (Konga, John Lemont, 1961 ou encore King Kong revient, Paul Leder, 1976) et même les dessins animés (The Mighty Kong, 1998), le singe gargantuesque continue d'inspirer le noble Septième Art.

Preuve en est. La créature simienne sera dévoyée à travers des productions souvent malencontreuses. Les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Le colosse de Hong-Kong (Ho Meng-hua, 1977), La revanche de King Kong (Ishirô Honda, 1967), King Kong contre Godzilla (Ishirô Honda, 1962) et même un King Kong 2 (John Guillermin et Charles McCracken, 1986). Que soit. Même Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, les auteurs démiurgiques du film originel, se laisseront enjôler et soudoyer par l'industrie hollywoodienne.
C'est dans ce contexte lucratif que Le Fils de Kong sera réalisé dans la foulée et toujours en 1933, suite évidemment au succès mirobolant de King Kong premier du nom. Pour souvenance, le premier King Kong a permis à sa société, RKO, de retrouver un peu de verve et de luminescence.

Si King Kong pouvait se targuer d'un budget plutôt confortable, Le Fils de Kong doit composer avec des moyens revus sérieusement à la baisse. Derechef, Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper supervisent les opérations et requièrent la prescience de Willis O'Brien pour diligenter les effets spéciaux et visuels du film. Les deux metteurs en scène en déveine acceptent à contrecoeur de signer cette suite, qu'ils estiment inepte et famélique. Bien des années plus tard, ils renieront ce second chapitre falot et consécutif. Sorti seulement huit mois après le fameux King Kong, The Son of Kong ne remporte qu'un succès d'estime avant de disparaître subrepticement des mémoires.
Pis, ce long-métrage obsolète se perd expressément dans les affres des oubliettes. Reste à savoir si Le Fils de Kong mérite de telles saillies et acrimonies.

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Réponse à venir dans les lignes de cette chronique... La distribution du film se compose de Robert Armstrong, Helen Mack, Frank Reicher, John Marston, Victor Wong, Ed Brady, Steve Clemente, Noble Johnson et Clarence Wilson. Attention, SPOILERS ! (1) Un mois après la mort du gorille préhistorique géant Kong, Carl Denham est ruiné dans les procès pour la destruction et les victimes de celui qu'il a capturé sur une île lointaine et inconnue à l'ouest de Sumatra. Traqué par les journalistes, il décide de partir voir le capitaine Englehorn. Face à leur situation délicate (Englehorn étant impliqué dans l'arrivée de Kong à New York, craint que son bateau ne soit saisi), ils quittent New York avec un équipage pour rejoindre l'Extrême-Orient, le port de Dakang. Ils y rencontrent le capitaine Helstrom, qui avait vendu la carte de l'île de Kong à Denham et celui-ci leur annonce qu'un trésor est caché dans l’île.

Dans le même temps, Denham rencontre Hilda, une jeune femme (dont le père fut tué par Helstrom) qui va s'embarquer clandestinement sur le Venture. Quelque temps plus tard, l'île de Kong est en vue mais, du fait de la réputation de l'endroit et les manigances de Helstrom, une mutinerie éclate et les marins prennent possession du navire. Ceux-ci ne veulent pas être tués par les créatures préhistoriques de l'île. Denham, Englehorn, Hilda, Charly (le cuisinier chinois) et Helstrom accostent l'île dans un canot. Les indigènes ne leur réservent pas un accueil chaleureux car ils les tiennent pour responsables de la destruction du village par Kong dans le film précédent.
Le canot aborde donc ailleurs et commence à explorer l'île. Denham et Hilda rencontrent le fils de Kong, un grand gorille au pelage blanc, qu'ils aident à sortir d'un marécage.

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Très vite, ils découvrent le temple dans lequel est caché le trésor. Le fils de Kong les accompagne durant la recherche du trésor et les défend contre les monstres de l'île (1). Autant l'annoncer sans ambages. Le Fils de Kong ne réitère aucunement les fulgurations de son auguste antécesseur. Cependant, il serait sans doute malséant et inconvenant de qualifier cette suite de film soporifique. On prend les mêmes (ou presque...) et on recommence, toujours sur l'île du Crâne (Skull Island dans l'idiome de Molière...), avec des protagonistes différents (à l'exception de Carl Denham), une nouvelle godiche en guise d'énamourée et cette fois-ci, avec le rejeton de King Kong "himself".
Contrairement à son patriarche, le singe de taille cyclopéenne ne présente aucune hostilité envers nos expéditeurs humains.

Mieux, ce dernier, particulier courtois et affable pour l'occasion, les aide à franchir une jungle fastueuse et lestée de dinosaures affamés. Sans la promptitude de Willis O'Brien, Le Fils de Kong ne présenterait aucun intérêt. Mais au moins, ce long-métrage fantastique se montre suffisamment magnanime en termes de rixes et d'acrobaties réalisés par un primate toujours aussi preste et alerte. Cependant, Le Fils de Kong n'est pas exempt de tout grief, loin de là. Pour les spectateurs désappointés, il faudra faire preuve de longanimité et patienter au moins 45 minutes avant que le film n'accélère les inimitiés. Auparavant, le métrage s'appesantit sur d'interminables facondes et surtout sur la situation financière en péril d'un Carl Denham désormais exsangue. A travers la paupérisation de cet homme, la firme RKO évoque son propre étiolement. En ce sens, Le Fils de Kong est la parfaite réverbération de cette déliquescence.
Autrefois fringuant et tonitruant, le roi Kong n'est plus ce primate potentat, mais une sorte d'avatar beaucoup moins tonitruant. En l'état, Le Fils de Kong ne flagornera que les laudateurs de la première heure. Les autres pesteront et tonneront à raison contre cette suite académique, aussi futile que superflue.

 

 

Note : 10/20

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(1) Synopsis du film sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fils_de_Kong


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