Genre : horreur, épouvante, gore (interdit aux - 12 ans)
Année : 2018
Durée : 1h27
Synopsis : Après trois années passées en prison pour la mort d’un enfant lors d’une séance d’exorcisme qui a mal tournée, le Père Lambert cherche sa rédemption auprès de Joel, un jeune père de famille qui soupçonne son fils d’être possédé...
La critique :
On pouvait aisément l'augurer, le supputer et même le subodorer. Un jour ou l'autre, le cinéma d'épouvante réactiverait l'effroi, les frissons et les cris d'orfraie via la thématique ineffable du paranormal. C'est par l'entremise d'une série B impécunieuse que les activités parapsychiques retrouvent un peu de verve et de luminescence. Pourtant, aucun producteur - ou presque - n'aurait gagé sur le succès pharaonique de Paranormal Activity (Oren Peli, 2009). A l'origine, cette bisserie impécunieuse n'a jamais nié ses contiguïtés matoises avec le film Le Projet Blair Witch (Eduardo Sanchez et Daniel Myrick, 1999), un found footage auquel Paranormal Activity semble faire voeu d'obédience.
Mieux, en l'espace de quelques semaines (quelques mois...), Paranormal Activity devient un phénomène populaire.
Il était donc logique, voire inhérent, que ce premier chapitre se transmute en une franchise lucrative et mercantiliste. Ainsi, Paranormal Activity 2 (Todd Williams, 2010), Paranormal Activity 3 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2011), Paranormal Activity 4 (Henry Joost et Ariel Schulman, 2012), Paranormal Activity - The Marked Ones (Christopher Landon, 2014) et Paranormal Activity 5 - Ghost Dimension (Gregory Plotkin, 2015) seront produits et réalisés dans la foulée. Le cinéma d'épouvante asiatique vient lui aussi s'ajouter aux inimitiés via un Paranormal Activity - Tokyo Night (Toshikazu Nagae, 2010), qui fait office à la fois de remake, de suite et de séquelle.
Corrélativement, un autre auteur démiurgique renâcle à son tour vers l'horreur de naguère. Son nom ? James Wan, le célèbre réalisateur de Saw (2004) premier du nom.
En l'espace d'une petite décennie, le metteur en scène devient le nouveau chantre de l'épouvante. Des films tels que Dead Silence (2007), Insidious (2011), Conjuring - Les dossiers Warren (2013), Insidious - Chapitre 2 (2013) et Conjuring 2 - Le Cas Endfield (2016) lui permettent de toiser les firmaments du box-office américain. Evidemment, les succès concomitants des sagas Paranormal Activity et Conjuring inspirent et engendrent toute une pléthore d'épigones. Les thuriféraires n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que Sinister (Scott Derrickson, 2012), Dark Skies (Scott Charles Stewart, 2013), Grave Encounters (The Vicious Brothers, 2011), Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014), ou encore Hérédité (Ari Aster, 2018) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.
Toutes ces productions tentent de profiter de l'essor du paranormal, que ce soit dans les salles de cinéma ou par l'entremise du support vidéo.
Evidemment, l'exorcisme profite de cette nouvelle impulsion. Est-il absolument opportun de s'appesantir sur l'historique de sous-registre du cinéma d'épouvante ? Non, pas vraiment... Même s'il convient de placer le bien nomméL'Exorciste (William Friedkin, 1973) comme la figure hégémonique et proéminente. Toujours imité, mais jamais égalé. Tel est le verdict péremptoire qu'il sied de notifier. Mais d'autres oeuvres - peu ou prou analogiques - méritent elles aussi d'être stipulées. C'est par exemple le cas de Constantine (Francis Lawrence, 2005), L'exorcisme d'Emily Rose (Scott Derrickson, 2005), Le Dernier Exorcisme (Daniel Stamm, 2010), Le rite (Mikael Hafström, 2011), Le dernier rite (Peter Cornwell, 2009), Possédée (Ole Bornedal, 2012), La maison de l'exorcisme (Mario Bava, 1974), ou encore L'exorcisme de Molly Hartley (Steven R. Monroe, 2015).
On pouvait donc légitimement s'interroger sur The Demon Inside, également connu sous le nom de The Assent, et réalisé par la diligence de Pearry Teo en 2018. Certes, le film est sorti aux Etats-Unis en 2018, mais en France, The Demon Inside ne sera présenté qu'en 2020, qui plus est sous le support vidéo. La carrière cinématographique de Pearry Teo débute vers l'orée des années 2000 via Fade to black (2002). A postériori, le metteur en scène - scénariste et producteur pour l'occasion - enchaînera avec Children of the Arcana (2003), The Gene Generation (2004), Necromentia (2009), The Evil Inside (2011), Dracula - The Dark Prince (2013), Strange Blood (2015) et Ghosthunters (2016). Pearry Teo n'est donc pas vraiment un noviciat dans l'industrie cinématographique et officie principalement dans le cinéma d'horreur indépendant.
Si The Demon Inside n'a pas pu bénéficier d'une sortie dans les salles obscures, le film a pu égrener les séjours dans les festivals. Dans l'ensemble, les avis sont plutôt mitigés devant cette production impécunieuse qui souffre - à fortiori - d'un classicisme formel. Reste à savoir si The Demon Inside justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique. La distribution du long-métrage se compose de Robert Kazinsky, Florence Faivre, Peter Jason, Lala Hensely, Douglas Spain, Tatum O'Neal, Caden Dragomer, Eileen Dietz, Megan Henry et Lais Pedroso. En outre, le synopsis du film est plutôt élusif. Attention, SPOILERS !
Après trois années passées en prison pour la mort d’un enfant lors d’une séance d’exorcisme qui a mal tournée, le Père Lambert cherche sa rédemption auprès de Joel, un jeune père de famille qui soupçonne son fils d’être possédé...
Vous l'avez donc compris. A l'aune de cette exégèse, The Demon Inside ne cache pas ses contiguïtés matoises avec le chef d'oeuvre horrifique de L'Exorciste. Impression corroborée par le principal leitmotiv du film : ""Il existe trois signes majeurs pour affirmer qu'une personne est possédée". Pour Pearry Teo, pas question de raviver un genre en désuétude depuis belle lurette. On comprend mieux toutes ces saillies à l'égard de la trame narrative. Là aussi, il est question d'un trauma sous forme de catharsis. Un prêtre (le Père Lambert) a échoué dans un précédent exorcisme, mais le vicaire contristé a l'opportunité de faire acte de contrition lorsqu'il doit sauver un garçonnet, lui aussi sous l'égide et l'emprise d'un démon. Au moins, The Demon Inside assume totalement ses finauderies mutines avec L'Exorciste (bis repetita). Les thuriféraires du genre seront donc en terrain connu et quasiment conquis.
Toutefois, The Demon Inside ne se contente pas seulement de mimer et de psalmodier cette figure tutélaire. The Assent (de son titre originel...) peut au moins s'enorgueillir d'une réalisation soyeuse, ainsi que d'une mise en scène studieuse. Clairement, Pearry Teo n'est pas un manchot derrière la caméra et s'en sort mieux que certaines productions du même acabit. Oui, The Demon Inside est légèrement supérieur à la moyenne habituelle. Toutefois, pas de quoi s'extasier non plus. Si cette ixième production a le mérite d'éluder les archétypes et écueils habituels, elle mise beaucoup trop sur la dimension psychologique, d'où un léger désappointement en termes de frissons et autres trémolos de circonstance. Reste un long-métrage d'épouvante probe et honorable.
Soyons honnêtes. On n'en attendait pas autant de cette production subalterne et qui n'a pas forcément bénéficié d'une large promotion ou diffusion dans les salles.
Note : 11.5/20
Alice In Oliver