Genre : shockumentary, trash, documentaire, "documenteur", érotisme, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 1978
Durée : 1h27
Synopsis : Un shockumentary sur le phénomène transgenre, encore peu médiatisé dans les années 1970. Let Me Die A Woman convoque toute une série de témoignages d'hommes et de femmes qui ont choisi de changer de sexe. Un médecin, spécialisé dans la chirurgie, vient lui aussi ajouter son témoignage.
La critique :
Oui, je sais ce que vous devez penser, gloser, pérorer et pontifier... Encore un shockumentary choc et extrême dans les colonnes de Cinéma Choc ! Encore ! Quotidiennement, l'administrateur du blog, dans son incompétence crasse, est à la recherche de nouvelles pellicules trash et underground. En l'espace de quelques semaines, quelques mois, le blog est devenu l'expert chevronné du "Mondo" et du shockumentary. Sur ce dernier point, Cinéma Choc détient sans doute le record de death movies chroniqués dans toute la blogosphère française. Un triste record en somme...
Que les adulateurs du site (mais enfin qui sont-ils ?) se rassérènent. Non, à travers cette chronique fastidieuse (une tradition chez Cinéma Choc...), nous ne commettrons pas l'offense de réitérer la genèse et l'historique du "Mondo", même s'il sied de rappeler que c'est le film Mondo Cane (Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi et Max Cavalara, 1962) qui acte et officialise la naissance de ce genre impertinent.
Le syllogisme du "Mondo" obéit peu ou prou à la même ritournelle. Ce sous-registre du cinéma underground propose un panorama des us et des coutumes à travers le monde. Tantôt virulentes, tantôt truculentes, tantôt outrecuidantes, les saynètes érubescentes louvoient entre le gore, le pittoresque et les parties d'agapes et de priapées. Sur la forme, le "Mondo" s'approxime à une analyse sociologique de notre société hédoniste et contemporaine, avec ses forces, ses oxymorons et ses carences. Sur le fond, le "Mondo" s'avoisine davantage à un documentaire transi de fatuité. Le "Mondo" a surtout pour velléité de flagorner notre appétence pour la scopophilie à tous crins.
Bien conscients de ce nouveau phénomène, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi décident de se polariser sur la paupérisation du continent africain.
Ainsi, Africa Addio (1966) et Les Négriers (1971) franchissent un palier supplémentaire dans la turpitude et l'indécence. Cette fois-ci, le "Mondo" dérive vers le snuff animalier via des supplices pratiqués sur des animaux. Hélas, les parties de chasse, les saynètes d'écurage et d'équarrissage ne sont pas truquées, mais bien réelles. Les frères Castiglioni (Angelo et Alfredo) font preuve d'opportunisme et proposent à leur tour un périple mortuaire sur les terres africaines via Mondo Magic (1975), Africa Ama (1971) et Addio Ultimo Uomo (1978). Puis, après avoir amplement exploré les vicissitudes de l'Afrique, le "Mondo" oblique vers le continent asiatique via le bien nommé Shocking Asia (Rolf Olsen, 1974). Formellement, ce shockumentary s'apparente à un avatar de Mondo Cane, avec toutefois une appétence pour les bacchanales et la concupiscence.
Même la ville de Saint-Tropez relève du tabou, de la censure et de la polémique faisandée via l'inénarrable Saint-Tropez Interdit (José Bénazéraf et Georges Cachoux, 1985). Le concept du "Mondo" sera donc dévoyéà toutes les sauces (si j'ose dire...). Entre les requins (Great White Death, Jean-Patrick Lebel, 1981), les dangers de la savane (Savage Man Savage Beast, Antonio Climatti et Mario Morra, 1975), les extravagances du monde occidental (Mondo Bizarro, Lee Frost, 1966) et même les "freaks" (Je ne suis pas un monstre, Kirby Dick, 1987), le "Mondo" a encore de beaux jours devant lui. L'Oncle Sam aura le droit aussi à son "Mondo" frelaté avec L'Amérique Interdite (Romano Vanderbes, 1977). Evidemment, le transsexualisme ne pouvait pas escarper bien longtemps à ce genre impudent. Preuve en est avec Let Me Die A Woman, réalisé par la diligence de Doris Wishman en 1978.
Pour une fois, dans l'univers du shockumentary, on tient une vraie réalisatrice, tout du moins une cinéaste qui peut au moins s'enhardir d'une bonne trentaine de films, principalement issus de la "Sexploitation". Les aficionados de ce sous-registre du cinéma d'exploitation n'omettront pas de notifier des métrages tels que Nude on the Moon (1961), Diary of a nudist (1961), Playgirls International (1963), Another Day, Another Man (1965), Indecent Desires (1968), Love Toy (1973), Supernichons contre mafia (1974), Laissez-moi être une femme (1977), A Night to dismember (1983), ou encore Each Time I Kill (2007) parmi les diverses élucubrations de la productrice, scénariste et réalisatrice. En l'occurrence, Let me die a woman n'est pas vraiment un "Mondo" dans la grande tradition du genre, même s'il en partage les rudiments et les linéaments, notamment via cette appétence pour cette scopophilie maladive.
Let Me Die A Woman s'approxime davantage à un shockumentary déviant. Le thème ? La culture transgenre, encore dissonante durant la décennie 1970. Via cette thématique, on comprend mieux pourquoi ce documentaire ("documenteur"...) a écopé de l'ultime réprobation, à savoir une interdiction aux moins de 18 ans. Reste à savoir si Let me die a woman mérite - ou non - qu'on s'y attarde. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Attention, SPOILERS ! Let Me Die A Woman est un shockumentary sur le phénomène transgenre, encore peu médiatisé dans les années 1970. Let Me Die A Woman convoque toute une série de témoignages d'hommes et de femmes qui ont choisi de changer de sexe. Un médecin, spécialisé dans la chirurgie, vient lui aussi ajouter son témoignage. Le préambule de Let Me Die A Woman a au moins le mérite de présenter - d'emblée - les inimitiés.
Une femme s'installe dans son canapé et évoque succinctement sa vie actuelle. Elle effectue sous nos yeux éberlués ses ablutions matinales. A priori, cette femme anonyme est une personne "normale"... Sauf que la gourgandine a changé de sexe et était encore nanti d'un pénis un an auparavant. Sur ces entrefaites, Let Me Die A Woman se focalise sur la culture transgenre. Selon les dires et les affirmations d'un chirurgien spécialisé dans la question, cette volonté de mutation (voire de métempsychose) intervient dès l'enfance. Une personne transgenre pourrait, selon lui, se définir comme un homme vivant dans un corps de femme et vice versa.
Mais le médicastre préfère amplement se polariser sur les chirurgies dermatologiques et gynécologiques. Le vagin peut aisément s'obtenir à parti de la peau du pénis, en particulier des testicules.
Une fois l'opération terminée, la personne transformée devra régulièrement travailler sa cavité vaginale via de multiples objets à vocation sexuelle. Pour parfaire sa thèse, le médecin utilise de véritables images à l'appui. Vous l'avez donc compris. Avec Let me die a woman, Doris Wishman ne recule derrière aucune excentricité. Certes, ce shockumentary s'apparente à un véritable plébiscite pour la dysphorie de genre. Or, à force de verser dans la complaisance et les lascivités de circonstance, Let me die a woman produit exactement l'effet inverse. In fine, ce "documenteur" souffre évidemment d'une certaine obsolescence. Jadis répudiée, honnie et vouée aux gémonies, la culture transgenre est désormais tolérée, tout du moins dans certaines contrées asiatiques.
Let Me Die A Woman s'adresse donc aux fans les plus patentés du cinéma underground. Les autres clabauderont et grommèleront à raison contre l'inanité et la vacuité de ce shockumentary.
Note : 08.5/20
Alice In Oliver