Genre : Horreur, épouvante, fantastique
Année : 2019
Durée : 1h38
Synopsis : Un groupe d'amis voyage tombe en panne d'essence sur une route de campagne isolée. Tandis qu'un des leurs est alléà la recherche d'une station-service, les autres sont recueillis par un homme étrange possédant chez lui un véritable musée de cire. Mais les adolescents ignorent encore que la mort rôde autour de ce curieux endroit.
La critique d'Alice In Oliver :
"Il existe une dimension au-delà de ce qui est connu de l'Homme ; c'est une Dimension aussi vaste que l'Univers et aussi éternelle que l'Infini : elle est à la croisée de l'ombre et de la lumière, de la science et de la superstition, elle est le point de rencontre des ténèbres crées par les peurs ancestrales de l'Homme et de la lumière de son savoir, c'est la dimension de l'imagination, un domaine que nous avons baptisé... La quatrième dimension". Telle est la longue emphase liminaire de la série La Quatrième Dimension, soit The Twilight Zone dans l'idiome de Shakespeare.
Produite entre 1959 et 1964, cette série télévisée fantastique et d'épouvante, réalisée par la diligence de Rod Serling, sera diffusée pour la première fois sur la chaîne de télévision américaine CBS. Dixit les propres aveux de son auteur démiurgique, La Quatrième Dimension a pour principal leitmotiv "de frapper le téléspectateur, de le choquer par la chute toujours inattendue, surprenante et singulière de chacune de ces histoires".
Ainsi, cette série télévisée se fragmente en cinq saisons, soit 138 épisodes de 25 minutes et 18 épisodes de 50 minutes. Il serait évidemment fastidieux de décortiquer chaque saison, ainsi que chaque épisode de The Twilight Zone, d'autant plus que ce n'est pas le but de cette chronique. Toujours est-il que cette série fantastique et horrifique aborde déjà, avec beaucoup de prescience et de finauderie, les nouvelles tares d'une société encore tarabustée par la fin de la Seconde Guerre mondiale et surtout par les premiers balbutiements de la Guerre Froide. Dans La Quatrième Dimension, les principales thématiques oscillent entre la peur du nucléaire et d'une Troisième Guerre mondiale putative, de la folie des hommes, de notre propre esseulement et condition humaine.
Il s'agit d'amener le spectateur à ergoter et ratiociner sur des questions à la fois objectives, normatives et métaphysiques.
Par ailleurs, le concept même de quatrième dimension renvoie notamment à l'astronomie et plus largement à la science quantique. Pour Rod Serling, la quatrième dimension correspondrait à un univers ineffable, où il est à la fois question de temps, de philosophie et d'esprit. Or, ce même concept coalise un champ beaucoup plus vaste et hétéroclite. Beaucoup d'épisodes vont estourbir les persistances rétiniennes et marquer plusieurs générations de cinéphiles et de cinéastes. Parmi les épisodes les plus référencés, on peut notamment stipuler les titres suivants : "Comment servir l'homme" (Saison 3, épisode 24), "Solitude" (Saison 1, épisode 1), "L'Abri" (Saison 3, épisode 3), "Les envahisseurs" (Saison 2, épisode 15), ou encore "Cinq personnages en quête d'une sortie" (Saison 3, épisode 14).
Chaque épisode de La Quatrième Dimension part d'une situation à priori anodine qui débouche subrepticement vers le fantastique, le fantasmagorique et le paranormal.
Même les plus éminents cinéastes américains ont fait voeu d'allégeance à cette série prédominante et incontournable. Il était donc logique, qu'un jour où l'autre, John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller s'associent pour produire et réaliser La Quatrième Dimension - Le Film, sorti en 1983. Pourquoi cette longue homélie sur La Quatrième Dimension (la série comme le film par ailleurs) ? Tout simplement parce que l'oeuvre de Rod Serling continue d'influencer le cinéma actuel et que la série reste - bon gré mal gré - une référence prédominante.
Preuve en est avec Vivarium, réalisé par la diligence de Lorcan Finnegan en 2019. En outre, il n'est pas aisé de glaner quelques informations - même élusives - sur le cinéaste américain ; si ce n'est que ce dernier a essentiellement officié dans le cinéma indépendant.
A fortiori, selon nos sources, Lorcan Finnegan compte déjà quelques films à son actif, notamment Defaced (2007), Foxes (2011) et Without A Name (2016), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. A ce jour, Vivarium reste sans aucun doute le long-métrage le plus proverbial de l'auteur polymathique. Et pour cause... Puisque Vivarium se situe à la lisière de l'épouvante et du fantastique. De facto, le film s'inscrit dans le sillage et le continuum de The Twilight Zone (toujours la même antienne), une série que Vivarium déifie et sacralise.
En l'occurrence, le métrage de Lorcan Finnegan n'a pas forcément bénéficié d'une large exposition dans les salles obscures. C'est donc par l'entremise des festivals que Vivarium s'est démarqué auprès de certains cinéphiles avisés.
Certains spectateurs panégyristes évoquent un film culte en devenir. Même les critiques se montrent unanimement dithyrambiques envers ce huis-clos anxiogène qui réactive les réminiscences - encore béantes - de certains épisodes de La Quatrième Dimension (bis repetita), entre autres la segmentation intitulée Tous les gens sont partout semblables (Saison 1, épisode 25). On songe également à l'épisode "Cinq personnages en quête d'une sortie" (Saison 3, Episode 14), auquel Vivarium semble également faire voeu d'obédience. Reste à savoir si le film justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes de cette chronique...
La distribution du long-métrage se compose de Jesse Eisenberg, Imogen Poots, Jonathan Aris, Danielle Ryan, Olga Wehrly, Molly McCann, Senan Jennings et Eanna Hardwicke.
Dans ce casting, on trouve donc quelques vedettes du cinéma hollywoodien, notamment Jesse Eisenberg et Imogen Poots qui tiennent par ailleurs les deux rôles principaux. Mais trêve de palabres et de verbiages et passons à l'exégèse du film. Attention, SPOILERS ! À la recherche de leur première maison, Gemma et Tom effectuent une visite en compagnie d'un mystérieux agent immobilier, Martin. Par la suite, le jeune couple se retrouve piégé dans un lotissement de maisons identiques appelé Vauvert. Vivarium s'achemine sur un axiome captivant. Un couple est à la recherche de la maison de ses rêves. Ils tombent sur un mystérieux agent. Sur la route, ils visitent une demeure plutôt étrange mais deviennent les prisonniers de leur propre lotissement. Non seulement, le voisinage est absent mais les différentes routes ne mènent nulle part. En sus, toutes les habitations sont parfaitement analogues, à l'instar finalement de ces cumulus disparates qui traversent un ciel à la fois obscur et aux sinuosités azuréennes.
Pis, Gemma et Tom sont incessamment épiés et serinés par une sorte d'esprit acariâtre et malveillant. Bientôt, c'est un gosse abominable et geignard qui vient s'immiscer dans l'habitat. La maison de leur rêve devient finalement leur pire cauchemar. En l'état, difficile d'en révéler davantage si ce n'est que Vivarium s'approxime à un thriller horrifique, fantastique et labyrinthique qui parvient partiellement à exploiter son concept, pour le moins alambiqué. Le film de Lorcan Finnegan trouve sa quintessence lorsqu'il se transmute en une sorte de métaphore sur nos propres vies de farnientes, et donc sur notre quotidien édicté par les propres normes de notre société codifiée par des prescriptions amorphes. Cependant, Vivarium n'est pas exempt de tout grief.
Nonobstant ses hâbleries mutines, Vivarium souffre de chutes de rythme récurrentes et hélas préjudiciables à la qualité du film. Toutefois, force est de constater que Lorcan Finnegan n'est pas un manchot derrière la caméra via une mise en scène acérée et à couteaux tirés. Bref, avec davantage de componction et de solennité, Vivarium aurait aisément pu prétendre au meilleur film d'horreur (fantastique...) de l'année 2019. En l'état, il reste un film d'épouvante probe et tout à fait recommandable. En ces temps de disette cinématographique, c'est déjà pas mal...
Note : 13/20
Alice In Oliver