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Jackass 3D (Plus c'est con... Plus c'est con !)

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jackass 3d

Genre : comédie, documentaire, shockumentary (interdit aux - 16 ans)
Année : 2010
Durée : 1h34

Synopsis : Johnny Knoxville et sa bande de déjantés débarquent pour la première fois sur grand écran et en 3D !… Aïe ! 

 

La critique :

Comme une lapalissade, presque une évidence. Côtoyer la mort n'est plus ce sentiment d'effroi, d'épouvante, de terreur ni ce moment putride et solennel qu'il suscitait en des temps immémoriaux. Durant les décennies 1960, 1970 et 1980, les arrivées inopinées et concomitantes du "Mondo", du shockumentary puis du death movie célébreront à leur manière cette mort impromptue, à la fois synonyme d'effarement, de deuil, de déréliction du corps agonisant et surtout d'une âme en déperdition. Après tout, pourquoi ne pas entrapercevoir cet instant fatidique comme un moment de jovialité et d'allégresse, voire de régression psychique voire mentale ? 
Tel semble être, par ailleurs, la principale injonction de Jackass, une émission de télévision américaine diffusée par MTV en 1999. 

La genèse de ce programme télévisuel remonte sans doute aux exploits sportifs et frénétiques proférés par Jimmy Knoxvillle, un cascadeur à la fois salace et expert dans les sauts périlleux de skateboard. La promotion est assurée et prodiguée par les soins d'un magazine de skateboard et d'humour, Big Brother (tiens, tiens...) et ce show, d'une durée élusive, remportera unanimement les suffrages extatiques d'un public de jeunes éphèbes en manque de sensations extrêmes. Jimmy Knoxville et ses fidèles affidés affinent et peaufinent alors ce concept. Jackass, l'émission de téléréalité, ne sera pas seulement une litanie d'exploits sportifs et accidentels, défiant à la fois les lois ineffables de la nature et de la gravité, mais toute une compilation d'exploits les plus insensés commis et perpétrés par une bande de dégénérés. Contre toute attente, l'émission continue de flagorner la populace et s'exporte même au-delà de ses frontières américaines pour appâter essentiellement un public prépubère. 

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Comment ses histrions, grimés en bateleurs, osent-ils franchir avec autant d'outrecuidance toutes les barrières de l'interdit et se gausser à la fois des flics, des commerçants et d'une plèbe, ulcérés par autant de bouffonnerie et de stupidité ? Telle est la question qui pointe en filigrane de ce programme d'une rare trivialité. Mais peu importe, le programme rapporte suffisamment de pécune et de prébendes pour se transmuter en une franchise cinématographique. Ainsi, Jackass - Le film (Jeff Tremaine, 2002), Jackass Deux - Le film (Jeff Tremaine, 2006), Jackass 2.5 (Jeff Tremaine, 2007), Jackass 3D (Jeff Tremaine, 2010) et Jackass 3.5 (Jeff Tremaine, 2011) seront réalisés, produits et financés dans la foulée et corroboreront cette effervescence, ainsi que cette dilection du public pour les prouesses les plus extravagantes. 

Certes, on pourrait croire ingénument que le succès pharaonique de Jackass s'est subrepticement estompé au fil des années. Une hérésie puisque ce programme mercantiliste et fallacieux engendrera et inspirera tout une pléthore d'épigones, à commencer par Viva La Bam, Wildboyz. Vient également s'additionner HomewreckerAujourd'hui, c'est le cas du cinquième chapitre, donc Jackass 3D, qui fait l'objet d'une chronique dans nos colonnes diffuses. Certes, à fortiori, cette émission, qui s'est transmutée en produit cinéphilique et de consumérisme, n'a aucune prétention si ce n'est de conglomérer - derechef - les pitreries et les cascades les plus abracadabrantes, chaque protagoniste de l'équipe de Jackass côtoyant au plus près l'orgasme ultime : la mort.
A juste titre, on peut semoncer et réprouver le concept et le syllogisme de Jackass premier du nom, ainsi que sa litanie de succédanés.

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Autant l'annoncer sans ambages. Jackass 3D s'inscrit dans le même continuum analogique. Pourtant, nonobstant son intempérance pour la surenchère et les rodomontades, Jackass 3D n'échappe pas à cette analyse sociologique, soit celle d'un long-métrage conçu, pensé et ratiociné pour satisfaire les pulsions archaïques d'un public hédoniste et qui affectionne l'exploit et ce tropisme pour les sensations extrêmes. Jackass 3D est la traduction idoine de cette télévision "poubelle" qui vient supplanter notre petit monde médiatique, lui aussi galvaudé par des injonctions contradictoires. Le réalisateur, Jeff Tremaine, rempile pour ce cinquième opus, sorti en 2010.
Rien n'a changé depuis Jackass premier du nom si ce n'est que le metteur en scène s'est affairéà la 3D, une technologie luxuriante qui n'apporte pas grand-chose aux tribulations de nos chers trublions ; si ce n'est ce goût immodéré pour l'irrévérence.

Par ailleurs, il n'est pas forcément aisé de ranger Jackass 3D dans une catégorie déterminée. Est-ce une comédie ? Une sorte de documentaire, voire de shockumentary compilant à la fois des facéties et des exploits sportifs ? Pas vraiment ou alors un peu tout cela à la fois. Le casting se compose alors de divers cascadeurs, notamment Johnny Knoxville, Bam Margera, Chris Pontius, Steve-O, Ryan Dunn, Preston Lacy, Wee Man, Dave England et Ehren McGhehey. A l'instar de ses sinistres antécesseurs, Jackass 3D a écopé d'une interdiction aux moins de 16 ans. Mais trêve de palabres et de verbigérations et passons à l'exégèse du film ! En outre, le synopsis est pour le moins élusif.
Attention, SPOILERS ! Johnny Knoxville et sa bande de déjantés débarquent pour la première fois sur grand écran et en 3D !… Aïe ! 

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Sinon, c'est tout pour la trame narrative ? Oui, c'est tout. En même temps, soyons honnêtes. On n'attend pas forcément (du tout...) un scénario écrit et griffonné par Johnny Knoxville et sa bande de joyeux lurons ! Rien n'a changé depuis le tout premier Jackass. On ne change pas une formule gagnante. En l'occurrence, on peut légitimement s'interroger sur la réelle efficience de cette susdite formule tant elle semble s'effriter au fil des épisodes. Au cours de ses chapitres consécutifs, la saga nous a abreuvés de tartes à la crème, de boules de pétanque (ou autres...) dardées sur les parties génitales, de cascades improbables, de rires sarcastiques, d'expectorations douteuses et autres pestilences au goût douteux.
Evidemment, Jackass 3D ne déroge pas à la règle et applique doctement la recette à la lettre. Les thuriféraires de la franchise seront sans doute en terrain connu et quasiment conquis.

Hélas, la tonitruance de jadis est désormais obsolète et montre aussi ses écueils, ainsi que ses principales incuries. Jackass 3D se contente de mimer et de paraphraser ses augustes devanciers. La technologie 3D ne sauvera pas ce programme de l'indigence généralisée. On en revient à ce célèbre aphorisme : "Plus c'est con, plus c'est bon !". Or, ici, le dicton se transmute en : "Plus c'est con... Plus c'est con !". Certes, au détour de toutes ces péripéties impudentes, on se surprend (il faut aussi l'admettre et le reconnaître) à se gausser de toutes ces hâbleries condensées sur une heure et 34 minutes de bobine.
Une bien maigre consolation à l'aune de cette suite ininterrompue de bravades et de gasconnades. Maintenant, on exhortera Johnny Knoxville et sa bande à cesser définitivement les inimitiés. Hélas, les hostilités se poursuivront via un inévitable Jackass 3.5.

Note : 07.5/20

sparklehorse2 Alice In Oliver


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