Genre : science-fiction, fantastique, comédie
Année : 2012
Durée : 1h34
Synopsis : Quelque chose d’effrayant s’est produit sur les côtes d’Erin Island, un calme petit village irlandais. Des pêcheurs ont mystérieusement disparu, des baleines mutilées se sont échouées sur la plage. Seul un pêcheur continuellement ivre a échappé au danger. Les villageois vont en déduire que la seule façon de survivre, c’est de boire et d’être vraiment saoul.
La critique :
Le cinéma de science-fiction a toujours prisé et encensé l'invasion extraterrestre, qu'elle soit explicite ou insidieuse. Au tout début de sa carrière, Steven Spielberg imagine des êtres affables, amènes, pacifistes et anthropomorphes. Impression corroborée par Rencontres du Troisième Type (1977) et E.T. L'Extra-Terrestre (1982). Mais le réalisateur thaumaturgique sera marquéà tout jamais par les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Désormais, le monde entier ne scrutera plus les cieux de la même manière. Nos chers aliens ne sont plus des êtres avenants et croquignolets, mais des entités nanties d'intentions spécieuses et belliqueuses.
Steven Spielberg adoptera un point de vue antagoniste avec La Guerre des Mondes (2005), un remake éponyme d'un vieux film de science-fiction de 1953.
Dixit les propres aveux de "Spielby" lui-même, l'auteur métronome s'est toujours passionné pour les vieux films de science-fiction des années 1950. Durant cette même décennie, l'invasion extraterrestre est corrélée avec les relents nucléaires de la Guerre Froide, ainsi qu'avec cette peur indicible de la bombe atomique. Sur le fond, les aliens bellicistes préfigurent cette menace rougeoyante et communiste. Certains témoignages sont formels et dogmatiques : des OVNIS (objets volants non identifiés) ont été aperçus dans la mystérieuse zone 51. Des films tels que Le jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise, 1951), La chose d'un autre monde (Christian Nyby, 1952), Les survivants de l'infini (Jack Arnold et Joseph M. Newman, 1955), ou encore Les envahisseurs de la planète rouge (William Cameron Menzies, 1953) sont autant de longs-métrages iniques, partiaux et propagandistes.
Pourtant, toutes ces séries B subalternes vont inspirer toute une pléthore d'épigones, d'avatars et de remakes d'une qualité erratique. C'est par exemple le cas de La Chose d'un autre Monde qui fera l'objet d'une nouvelle version, The Thing (John Carpenter, 1982), quelques décennies plus tard. En sus, ces productions voluptuaires relatent, bon gré mal gré, cette impression malaisante et anxiogène qui exhale de la société occidentale après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et puis, il y a le cas de Grabbers, réalisé par la diligence de Jon Wright en 2012.
Il faut se rendre sur le site IMDb, et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.imdb.com/name/nm1229323/) pour glaner et déceler quelques informations élusives sur le metteur en scène irlandais.
La carrière cinématographique de Jon Wright débute vers la fin des années 1990 via plusieurs courts-métrages, notamment The Routine (1999), The Librarian's Dream (2001) et Fancy Dress (2001), par ailleurs inconnus au bataillon et inédits dans nos contrées hexagonales. Le cinéaste signe son tout premier long-métrage vers la fin des années 2000. Ce sera Tormented (2009). A posteriori, il enchaînera avec Grabbers (soit le film qui nous intéresse aujourd'hui) et Robots Supremacy (2014), avant de se polariser sur des séries télévisées (entre autres The Good Karma Hospital en 2017 et Brassic depuis 2019). Pas besoin d'être omniscient ni extralucide pour subodorer les accointances matoises entre Jon Wright et le cinéma bis.
Apparemment, le réalisateur encense et divinise le cinéma d'Edgar Wright (aucun lien de famille entre les deux artistes par ailleurs), en particulier la trilogie Blood and Ice Cream.
De facto, on pourrait légitimement considérer Grabbers comme une sorte d'avatar de Le dernier pub avant la fin du monde (Edgar Wright, 2013), tant le long-métrage de Jon Wright s'entiche à la fois de la comédie et de la science-fiction goguenarde. Reste à savoir si Grabbers justifie - ou non - son visionnage. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... En raison de son budget famélique, Grabbers n'a pas forcément bénéficié d'une large exploitation dans les salles. Le métrage devra donc se contenter d'une exploitation dans divers festivals.
C'est par cette même entremise que Grabbers s'illustre aux yeux de son audimat et recueille des critiques plutôt dithyrambiques dans l'ensemble. Mieux, le film s'octroie même plusieurs récompenses sérénissimes, entre autres le grand prix du public lors du festival international de Neufchâtel.
La distribution de cette comédie science-fictionnelle se compose de Richard Coyle, Ruth Bradley, Russell Tovey, Lalor Roddy, David Pearse et Bronagh Gallagher. Attention, SPOILERS ! Quelque chose d’effrayant s’est produit sur les côtes d’Erin Island, un calme petit village irlandais. Des pêcheurs ont mystérieusement disparu, des baleines mutilées se sont échouées sur la plage. Seul un pêcheur continuellement ivre a échappé au danger. Les villageois vont en déduire que la seule façon de survivre, c’est de boire et d’être vraiment saoul. Pendant ce temps, le chef local de la police, Ciarán O'Shea, mène l'enquête avec sa nouvelle acolyte, la jolie Lisa Norman.
Les deux tourtereaux doivent se rendre à l'évidence. Pour éradiquer cette nouvelle forme d'invasion, il va falloir à la fois lutter, se colleter et sérieusement s'aviner. Dur... Dur...
A l'aune de cette exégèse, difficile de comprendre les concerts de louanges et de dithyrambes qui ont couvert Grabbers lors de son exploitation dans les festivals. Certes, on retrouve cet humour égrillard qui n'est pas sans itérer les rodomontades de Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde. Certes, Grabbers n'a pas vraiment pour velléité de singer la comédie d'Edgar Wright. Au moins, Grabbers se distingue en amalgamant invasion extraterrestre (en outre des aliens tentaculaires) et agression animale. Certes, le film de Jon Wright ne manque pas d'entregent ni de mignardise. Oui, le spectateur lambda pourra éventuellement se laisser soudoyer par cette série B subsidiaire.
Oui, Grabbers est un long-métrage philanthrope qui ne manque pas de finauderie ni d'ingéniosité. Oui, Grabbers mérite tous ces épithètes et tous ces qualificatifs.
Pourtant, difficile de ne pas ergoter ni chinoiser devant les tribulations particulièrement redondantes de nos deux principaux protagonistes. Si la bonhommie du film est plutôt communicative, l'ensemble reste beaucoup trop prévisible et conventionnel pour susciter l'adhésion sur la durée. In fine, on aurait également apprécié davantage de folie, d'irrévérence et de jubilation dans cette comédie fantastico-science-fictionnelle. Dommage car le film de Jon Wright possède un vrai potentiel, surtout lorsque le metteur en scène choisit de claustrer ses divers personnages dans un bistrot irlandais.
Enfin, après plus d'une heure de louvoiements et d'atermoiements, Grabbers adopte son rythme de croisière. C'est donc la circonspection qui émane lors du générique final avec cette impression de visionner une série B certes affable et sympathique, mais beaucoup trop galvaudée pour attiser réellement nos appétences.
Note : 10.5/20
Alice In Oliver