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The Hunt - 2020 (Qui va à la chasse perd sa place)

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Genre : horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année : 2020
Durée : 1h31

Synopsis : Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble pour la première fois dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains. Mais leurs sombres desseins vont être mis en péril par Crystal, une de leurs proies, capable de les battre à leur propre jeu. La jeune femme renverse les règles, et abat un par un les chasseurs qui la séparent de la mystérieuse femme qui tire les ficelles de ce passe-temps macabre.  

La critique :

 

Le survival peut être catégorisé parmi les sous-fifres du cinéma d'aventure et d'action puisqu'il confronte un ou plusieurs personnages à une nature généralement hostile et/ou peuplée d'animaux ou d'individus inhospitaliers. Pour survivre et s'en sortir, les malencontreux aventuriers devront composer et se départir avec des éléments naturels et retourner, manu militari, à cet âge de pierre. En l'occurrence, il faut se rendre sur le site CinéTrafic, et en particulier sur le lien suivant (Source : https://www.cinetrafic.fr/liste-film/3952/1/le-survival-genre), pour glaner et déceler la liste foisonnante et exhaustive (254 films répertoriés tout de même !) des longs-métrages ayant attrait à la survie et à de multiples carambolages. Les thuriféraires du survival n'omettront pas de stipuler des oeuvres telles que The Revenant (Alejandro Gonzalez Inarritu, 2015), It Comes At Night (Trey Edward Shults, 2014), Gerry (Gus Van Sant, 2002), Essential Killing (Jerzy Skolimowski, 2003), Into the Wild (Sean Penn, 2007), ou encore Rescue Dawn (Werner Herzog, 2006) parmi les métrages notables et éventuellement notoires.

Pour trouver la genèse du survival - un genre à part entière, il faut sans doute remonter vers le milieu des années 1930 via Les Chasses du Comte Zaroff (Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, 1934), soit le film prodrome en la matière, et qui constitue également un véritable bréviaire pour plusieurs générations de cinéastes. Le syllogisme de ce film d'aventure est aussi simplissime que lapidaire. Un chasseur de renom échoue sur une île à la suite d'un naufrage dont il est le seul survivant. Le comte Zaroff le recueille et le soigne, seulement, il se rendra bientôt compte que ce comte, raffiné et cultivé, entretient une mortelle passion pour la chasse.
Las de la chasse conventionnelle, le mystérieux comte est à la recherche de nouveaux frissons... Sur ces entrefaites, c'est une lutte pour la survie qui s'engage.

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Ce synopsis laconique va inspirer toute une pléthore d'épigones. Par exemple, John McTiernan n'a jamais caché son engouement ni son effervescence pour Les Chasses du Comte Zaroff, une figure tutélaire qui va devenir le socle, puis le scénario de Predator (1987), bien des décennies plus tard. Durant les années 1970, c'est un autre film qui fait office de nouvelle figure hégémonique. Son nom ? Délivrance, réalisé par la diligence de John Boorman en 1972. Là aussi, la trame narrative est plutôt succincte. "Quatre hommes d'affaires se réunissent lors d'un week-end afin de descendre en canoë une rivière très mouvementée. Comme cette rivière doit être recouverte par l'inondation de la région à la suite de la construction d'un barrage, les quatre citadins montent cette expédition comme un dernier hommage à cette partie de la nature qui va être défigurée par l'homme.

Néanmoins, les épreuves qu'ils vont affronter ne sont pas uniquement dues à la dangerosité du milieu naturel. Le défi lancé par ces hommes s'adresse à la nature sauvage mais aussi à leurs propres faiblesses" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9livrance_(film,_1972)), un périple qui va confronter nos héros d'infortune à la mort, la solitude, la contrition et la résipiscence. C'est généralement le survival de John Boorman qui fait voeu d'obédience et d'allégeance, que ce soit aux yeux des cinéphiles ou des critiques spécialisées, unanimement dithyrambiques.
Ainsi, de nombreux films et cinéastes mentionneront Délivrance comme une sorte d'éminence dans l'univers étriqué du survival. Plus de 45 ans après sa sortie, le long-métrage de John Boorman continue de flagorner toute une salve d'homologues.

C'est par exemple le cas de The Hunt, réalisé par la diligence de Craig Zobel en 2020. A la fois producteur, cinéaste et scénariste, Craig Zobel démarre sa carrière cinématographique vers l'orée années 2000 via A Letter From My Father (2001), par ailleurs inconnu bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales. A posteriori, Craig Zobel enchaînera avec Great World of Sound (2007), Compliance (2012), Prince Avalanche (2013) et Z for Zachariah (2015). Corrélativement, le metteur en scène a aussi besogné pour la télévision en diligentant plusieurs épisodes de séries télévisées notoires, entre autres Outcast (2016), American Gods (2017), ou encore Westworld (2018).
A l'origine, The Hunt est l'adaptation d'une nouvelle, Le Plus dangereux des gibiers (soit The Most Dangerous Game dans l'idiome de Shakespeare) de Richard Connell publié en 1924, déjà portée à l'écran dans Les Chasses du Comte Zaroff (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Hunt_(film,_2020).

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Toutefois, attention, The Hunt n'est pas un remake du film d'Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, même s'il partage quelques contiguïtés matoises. Pour l'anecdote superfétatoire, The Hunt devait initialement sortir en août 2019, mais la sortie sera prorogée en raison des tueries de Dayton et d'El Paso (Source : toujours Wikipédia). En sus, le film de Craig Zobel écope carrément d'une interdiction aux moins de 16 ans. Paradoxalement, cette virulence est plutôt bien reçue par les critiques. La presse spécialisée se montre unanimement dithyrambique et évoque carrément la nouvelle référence du survival. Reste à savoir si The Hunt mérite - ou non - de telles flagorneries.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Pourtant, le long-métrage ne sera pas distribué dans nos contrées hexagonales.

En France, The Hunt est donc prié de passer directement par la case DTV (direct-to-video). La distribution du film se compose de Betty Gilpin, Ike Barinholtz, Emma Roberts, Hilary Swank, Justin Hartley, Glenn Howerton, Amy Madigan, Ethan Suplee, Macon Blair, J.C. MacKenzie, Wayne Duvall et Reed Birney. Attention, SPOILERS ! Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble pour la première fois dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains. Mais leurs sombres desseins vont être mis en péril par Crystal, une de leurs proies, capable de les battre à leur propre jeu.
La jeune femme renverse les règles, et abat un par un les chasseurs qui la séparent de la mystérieuse femme qui tire les ficelles de ce passe-temps macabre. 

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A la lecture de cette exégèse, rien ne semble dissocier The Hunt des survival habituels. Certes, le film de Craig Zobel ne gage pas vraiment sur l'innovation ni l'originalité. Mais au moins, The Hunt peut se targuer d'asséner un uppercut frontal à la grande majorité des survivals sortis depuis une bonne dizaine d'années. On songe notamment à You'Re Next (Adam Wigard, 2013) qui avait laissé un souvenir plutôt mitigé. The Hunt ne s'embarrasse pas avec les palabres ni les verbiages soporifiques, et vise avant tout l'efficience et la probité. Dans cet exercice, Craig Zobel excelle. Dès le préambule, le spectateur est littéralement happéà la gorge via cette partie de chasse qui débute sans barguigner.
Mais, depuis Les Chasses du Comte Zaroff, les règles ont changé. Pour rendre l'exercice un peu plus ardu et agréable, les participants peuvent choisir leurs armes.

Surtout, le long-métrage prend son temps pour présenter les belligérances. Qui sera l'heureux vainqueur de cette série d'estocades ? Une jolie blondinette d'apparence inoffensive ? Ou alors ces hommes et ces femmes inlassablement assaillis par leurs poursuivants belliqueux ? Ni l'un ni l'autre, rétorque un Craig Zobel égrillard. Ainsi, chaque silence, pour le moins élusif, est immédiatement enchâssé par toute une série de barbaries sanguinolentes. Oui, The Hunt se montre particulièrement munificent en termes d'érubescences et s'adresse, de facto, à un public averti. Derechef, c'est la figure féminine qui reste prédominante via ce pugilat jubilatoire entre une héroïne (Crystal) sévèrement courroucée et une Hilary Swank que l'on avait perdu de vue depuis... Million Dollar Baby (Clint Eastwood, 2004).
La principale force de The Hunt consiste justement à revisiter les thématiques de Les chasses du Comte Zaroff avec une étonnante brutalité. En outre, ce prosaïsme repose sur un adage aussi simplissime que lapidaire : "Qui va à la chasse perd sa place". Seul petit bémol, ces susdites thématiques auraient mérité un bien meilleur étayage. Que soit. En dépit de cette relative impéritie, The Hunt reste une bonne (voire une très bonne) série B.

 

Note : 14.5/20

 

sparklehorse2 Alice In Oliver


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