Genre : horreur, épouvante, slasher (interdit aux - 12 ans)
Année : 2015
Durée : 1h24
Synopsis : En espérant y vivre de nouvelles expériences, quatre jeunes acceptent de travailler comme moniteurs et monitrices dans un camp d’été. La propagation incontrôlable d’une infection qui rend chacun agressif va entraîner le groupe dans une spirale infernale d'horreur et de folie. Pour pouvoir trouver l’origine de cette infection tout en réussissant à rester en vie, chaque membre du groupe va devoir lutter contre le temps. Et contre eux-mêmes…
La critique :
En l'espace d'une dizaine d'années (presque quinze ans maintenant...), le réalisateur Eli Roth est devenu le nouveau chantre du cinéma horrifique, un titre honorifique qu'il partage avec James Wan, l'auteur démiurgique de Saw (2004) premier du nom. Toutefois, les deux metteurs en scène ne boxent pas vraiment (du tout...) dans la même catégorie. Longtemps affilié au torture porn, James Wan délaissera les avanies et les turpitudes du tueur au puzzle (Jigsaw pour les intimes) pour se consacrer à l'épouvante de naguère, celle qui se sustente des esprits démoniaques. A contrario, Eli Roth affectionne davantage le gore des productions horrifiques des années 1970.
Le cinéaste opportuniste n'a jamais caché son effervescence ni sa dilection pour certains classiques voluptuaires.
Eli Roth n'a jamais caché son obédience pour Massacre à la Tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), La Dernière Maison sur la Gauche (Wes Craven, 1972), Délivrance (John Boorman, 1972), ou encore La Colline a des Yeux (Wes Craven, 1977), autant de longs-métrages sérénissimes auxquels le réalisateur semble avoir fait voeu d'allégeance. Après ses années estudiantines et surtout après supervisé quelques courts-métrages horrifiques, Eli Roth oblique logiquement vers la série B trash, gore et égrillarde. Tel est, par ailleurs, le principal leitmotiv de son tout premier long-métrage, sobrement intitulé Cabin Fever, et sorti en 2002. Pourtant, ce tout premier ouvrage horrifique se solde par un succès pharaonique de lors de son exploitation en salles, notamment au box-office américain où le film s'érige parmi les dix premières places. A raison, Eli Roth exulte.
Paradoxalement, Cabin Fever n'a pas vraiment (du tout...) pour velléité de raviver un genre en désuétude. Sur le fond comme sur la forme, il s'agit d'un ixième film de contamination. Seule dissimilitude et pas des moindres, les inimitiés se déroulent dans la forêt du coin. En sus, Cabin Fever se montre plutôt magnanime en termes d'hémoglobine et autres joyeusetés sanguinolentes. Certains néophytes éberlués le répertorient même parmi les films les plus gore jamais réalisés. Autant l'annoncer sans ambages. Si Eli Roth se montre plutôt philanthrope en termes d'érubescences, Cabin Fever n'est pas ce festival de barbaques et de tripailles qu'il prétend être.
Le métrage s'approxime davantage à une série B estudiantine (bis repetita). Bref, rien de neuf dans le cinéma trash et horrifique.
Cependant, il n'en faut pas davantage pour susciter la cupidité et les appétences des producteurs. Contre toute attente, le premier Cabin Fever va se transmuter en une franchise mercantiliste et lucrative. Ainsi, Cabin Fever 2 - Spring Fever (Ti West, 2009), Cabin Fever 3 - Patient Zero (Kaare Andrews, 2014) et un nouveau Cabin Fever (Travis Zariwny, 2016) en guise de remake, voire de préquelle seront produits et réalisés dans la foulée. Mais, parmi cette floraison de suites alternatives et consécutives, seul le premier Cabin Fever mérite qu'on s'y attarde, néanmoins avec une certaine circonspection. Non, Cabin Fever n'est pas l'uppercut décrié par certains laudateurs du cinéma gore. A contrario, le film d'Eli Roth continue d'enjôler de nouveaux émules.
Preuve en est avec Summer Camp, réalisé par la diligence d'Alberto Marini en 2015.
Cette nouvelle segmentation horrifique est également cornaquée par les soins de Jaume Balaguero, le célèbre démiurge de Rec. Le cinéaste officie en tant que producteur. Il est d'ailleurs cocasse de retrouver l'auteur thaumaturge derrière un film d'infectés. Par courtoisie, on éludera de rappeler la filmographie du producteur. A la fois monteur, réalisateur et scénariste italien, Alberto Marini a démarra sa carrière cinématographique en tant que cacographe. En outre, le metteur en scène polymathique fait presque office de noviciat. En tant que cinéaste, on lui doit seulement trois films (dont Summer Camp) : Que sera sera (1995) et Scomparsa (1998).
A ce jour, Summer Camp reste donc son long-métrage le plus proverbial. En raison de son statut de série B désargentée, Summer Camp ne bénéficiera pas d'une sortie dans les salles françaises.
Le film devra donc se départir dans les festivals, en streaming ou encore par l'entremise du DTV (direct-to-video). Pour certains amateurs patentés du cinéma horrifique, Summer Camp s'apparenterait à une sorte d'avatar de Cabin Fever, mais version ibérique. Les craintes étaient donc légitimes puisque le film originel n'a pas spécialement laissé des réminiscences impérissables. Ne parlons même pas de ses suites frelatées... En l'occurrence, Summer Camp sera plutôt bien accueilli par les critiques. Certains louangeurs évoquent un film d'épouvante brutal et plutôt philanthrope en termes d'effroi et de tremolos dans la voix. Reste à savoir si Summer Camp mérite - ou non - qu'on s'y attarde.
Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Au moins, Summer Camp peut s'enhardir de la présence de Jaume Balaguero.
Ce dernier a sans doute prodigué ses précieux apparats pour fomenter une sorte de slasher estudiantin. La distribution du film risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Diego Boneta, Jocelin Donahue, Maiara Walsh, Andrés Velencoso Segura, Rick Zingale, Alex Monner et Mark Schardan ; mais j'en doute... Attention, SPOILERS ! En espérant y vivre de nouvelles expériences, quatre jeunes adulescent acceptent de travailler comme moniteurs et monitrices dans un camp d’été. La propagation incontrôlable d’une infection qui rend chacun agressif va entraîner le groupe dans une spirale infernale d'horreur et de folie.
Pour pouvoir trouver l’origine de cette infection tout en réussissant à rester en vie, chaque membre du groupe va devoir lutter contre le temps. Et contre eux-mêmes…
Certes, ce n'est pas Summer Camp qui va révolutionner le registre horrifique. Certes, par certaines contiguïtés matoises, Summer Camp psalmodie la recette - déjàéculée - de Cabin Fever. Mais là où le film d'Eli Roth optait à la fois pour le gore et les goguenardises, Summer Camp choisit de raconter une inoculation avec beaucoup d'entregent et de solennité. Surtout, une fois les animosités en place (à peine quinze minutes de présentation liminaire), Summer Camp enchaîne les érubescences avec une véritable mansuétude et munificence. In fine, le métrage d'Alberto Marini ne se contente pas de paraphraser le film d'Eli Roth.
Dans Summer Camp, l'infection n'est pas fatidique ni éternelle. L'anamnèse des troubles penche en faveur d'une maladie erratique, mais extrêmement sadique lorsqu'elle préempte son hôte en déveine. Autrement dit, cette version ibérique de Cabin Fever reste tout à fait probe, honorable et même fréquentable... A défaut d'être indispensable...
Note : 12.5/20
Alice In Oliver