Genre : horreur, épouvante (interdit aux - 12 ans)
Année : 2009
Durée : 2h03
Synopsis : Après avoir perdu l'enfant qu'elle attendait, la fragile Kate voit ressurgir les douloureux souvenirs d'un passé qu'elle préférerait oublier. Hantée par des cauchemars récurrents, et décidée à retrouver une vie de couple équilibrée, elle fait le choix, avec son compagnon John, d'adopter un enfant. A l'orphelinat voisin, Kate et John se sentent étrangement attirés par une fillette, Esther. Mais Kate ne tarde pas à découvrir la face cachée de la " douce " enfant. Autour d'elle, personne n'a rien remarqué, et nul ne semble partager ses doutes et ses inquiétudes.
La critique :
La carrière cinématographique de Jaume Collet-Serra démarre en 2005 avec Le masque de cire, le remake de L'homme au masque de cire (André de Toth, 1953). Les critiques et la presse cinéma se chargent de tonner et de pester après cette nouvelle version, qu'elles jugent grotesque et amphigourique. Paradoxalement, le long-métrage obtient un certain succès dans les salles obscures.
Deux ans plus tard, Jaume Collet-Serra change radicalement de registre avec Goal 2 : la Consécration puis revient vers l'épouvante (visiblement son style de prédilection), avec Esther en 2009. Visiblement, les gosses psychopathes, criminels et/ou démoniaques ont toujours passionné le cinéma. Des classiques tels que Le Village des Damnés (Wolf Rilla, 1960), Sa Majesté des Mouches (Peter Brook, 1963) et Les Révoltés de l'An 2000 (Narciso Ibanez Serrador, 1976), pour ne citer que ceux-là, brossent le portrait d'une jeunesse en décrépitude et en guerre contre le monde des adultes.
Indubitablement, Esther, troisième long-métrage de Jaume Collet-Serra, s'inscrit dans cette dynamique comminatoire et meurtrière. La distribution du film réunit Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, Jimmy Bennett, CCH Pounder, Margo Martindale et Karel Roden. En outre, Esther a connu un certain succès au cinéma, notamment lors de son premier week-end s'exploitation, se plaçant à la quatrième place du box-office américain. Pour la petite anecdote, le trailer du film suscitera une petite polémique via une phrase laconique prononcée par l'héroïne du film : "Il doit être dur d'aimer un enfant adopté comme le sien" (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_(film,_2009).
Pour interpréter le personnage d'Esther Coleman, Jaume Collet-Serra souhaite engager une actrice blonde.
Mais le cinéaste est impressionné par la performance d'Isabelle Fuhrman lors de son audition. La jeune actrice brunette et opiniâtre est alors engagée pour tenir le rôle principal. Attention, SPOILERS ! (1) Après la perte de l’un de leurs enfants, Kate et John traversent une période difficile. Pour retrouver son équilibre, le couple décide alors d’adopter une petite fille de manière à remplir le vide au sein de la famille.
Dans un orphelinat, ils vont ainsi faire la rencontre d’Esther, fillette réservée et intelligente. Après avoir rejoint sa famille adoptive, Esther va néanmoins se trouver assez souvent au centre d’étranges événements. De quoi susciter l’inquiétude et la curiosité de Kate à propos du passé de la jeune fille (1). Ainsi, le long-métrage se divise en plusieurs parties bien distinctes. Dans la première, le film se focalise sur le passé d'une famille en plein marasme.
Kate et John, deux parents trentenaires, vivent dans le deuil après le décès de leur petite fille (je renvoie au synopsis). Hélas, ils ne peuvent plus avoir d'enfants et décident d'adopter une fillette. Ils font alors la connaissance d'une certaine Esther dans un orphelinat. A priori, la gamine de neuf ans présente toutes les qualités pour s'intégrer dans leur petite famille.
La fillette est non seulement affable et courtoise mais elle se montre particulièrement perspicace et d'une incroyable dextérité dans certains domaines (notamment dans sa façon de jouer du piano). Pourtant, très vite, la tension s'accélère. Dès son arrivée dans la demeure des Coleman, Esther exerce une pression despotique sur les différents membres de la famille. A l'école, elle pousse violemment une autre fillette du haut d'un toboggan.
C'est la seconde partie du film. Dès lors, Jaume Collet-Serra accumule les stéréotypes et les caricatures. Perverse, Esther s'ébaudit de la situation et se joue à la fois de sa nouvelle famille et de la psychologue de l'école. La responsable ? C'est évidemment Kate, la mère adoptive (Vera Farmiga), inlassablement poursuivie par son passé douloureux et alcoolique. La marâtre est bientôt suspectée de violence et de maltraitance par son propre mari et les institutions psychiatriques.
Quant au père, il symbolise évidemment le Complexe Oedipien. Au détour d'une séquence furtive, la fillette un brin libidineuse tente de séduire le paternel. Hélas, toutes ces situations, pour le moins rocambolesques et pittoresques, ne parviennent jamais (ou trop rarement) à convaincre. Certes, la jeune Isabelle Fuhrman tire son épingle du jeu.
En revanche, Peter Sarsgaard et Vera Farmiga, dans le rôle de ce couple trentenaire, ne parviennent jamais à transcender leur personnage. En l'occurrence, Peter Sarsgaard incarne un père adoptif timoré et suspecté d'adultère. Quant à Vera Farmiga, l'actrice se confine dans la peau d'une mère hystérique et atrabilaire. Bref, rien de très éloquent dans cette nouvelle production horrifique infatuée et victime de son schéma narratif (pour le moins redondant).
Certes, on relève ici et là plusieurs scènes de frousse savamment troussées, mais rien d'exceptionnel non plus. Indubitablement, Esther souffre de la comparaison avec ses illustres modèles (notamment Les Révoltés de l'An 2000, déjà précité). A aucun moment, le film ne parvient à renouveler un genre, il est vrai, en désuétude. Que dire de plus ?
Note : 09/20
Alice In Oliver
(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2024&NamePage=esther--orphan-