Genre : action, comédie dramatique
Année : 1990
Durée : 1h44
Synopsis : Des séquelles physiques irréversibles amènent Rocky Balboa à prendre sa retraite. Ruiné, il devient l'entraîneur d'un champion en devenir, Tommy Gunn. Mais celui-ci ne va pas rester insensible à l'appât du gain et va quitter Rocky pour rejoindre les rangs d'un coach plus fortuné.
La critique :
Retour aux affaires sérieuses. Après un quatrième chapitre aux allures martiales et vindicatives et se déroulant en territoire soviétique, il est temps désormais de retrouver l'essence de la saga. C'est dans cette logique et rhétorique que se situe Rocky 5, réalisé par John G. Avildsen en 1990. Comme un symbole, ce dernier n'est autre que le réalisateur du premier, celui qui a érigé Sylvester Stallone, son interprète principal, au sommet de la gloire. Mais cette gloire est éphémère comme l'assène ce cinquième volet qui doit également clore la franchise en beauté.
Ce sera une catastrophe, à la fois filmique et commerciale. A l'origine, le scénario de Rocky 5 prévoyait la mort de son boxeur héroïque sous les coups de Tommy Gunn.
Pis, le champion doit même périr dans les bras de sa femme, Adrian. Mais l'idée est très vite tancée et répudiée par les producteurs et Stallone lui-même. Ces derniers optent alors pour un combat final dans la rue opposant le mentor à l'élève. Une idée saugrenue mais néanmoins retenue par Stallone, au grand dam de John G. Avildsen, qui quitte le tournage avant la fin des opérations.
Qu'à cela ne tienne, en désespoir de cause, "Sly" passe derrière la caméra et assure les dernières prises. Hormis l'acteur, la distribution du film réunit Talia Shire, Burt Young, Sage Stallone, Tommy Morrisson, Richard Gant, et Tony Burton. A noter également les apparitions furtives de Burgess Meredith via plusieurs flashbacks et délires oniriques. Attention, SPOILERS !
Des séquelles physiques irréversibles amènent Rocky Balboa à prendre sa retraite. Ruiné, il devient l'entraîneur d'un champion en devenir, Tommy Gunn. Mais celui-ci ne va pas rester insensible à l'appât du gain et va quitter Rocky pour rejoindre les rangs d'un coach plus fortuné. Premier constat, avec Rocky 5, l'objectif est à la fois de revenir aux sources de la saga et de rompre avec les chapitres III et IV, davantage portés sur le spectacle et les bourre-pifs ad nauseam.
En outre, le scénario de Rocky 5 reprend les choses là où elles s'étaient arrêtées dans le précédent volet. Certes, Rocky Balboa triomphe de Drago, son adversaire soviétique. Hélas, ce match laisse des cicatrices et des blessures indélébiles. Rocky ne doit plus boxer sous peine de mettre sa propre vie en péril.
Parallèlement, le champion est victime des activités frauduleuses de son beau-frère, Paulie. Retour à la case départ. Hagards, le boxeur et sa famille délaissent leur demeure cossue au profit d'une modeste baraque de banlieue. Stallone arbore désormais une tenue rudimentaire avec son jean et son petit chapeau. Dès lors, le film se confine dans les problèmes familiaux. Ainsi, il faudra supporter la crise juvénile de Rocky Balboa Jr, molesté et rejetté par ses camarades d'école.
Vindicatif, le jeune éphèbe s'entraîne dans son coin sous le regard indifférent de son patriarche. Parallèlement, ce dernier est trop occupéà ferrailler avec un certain Tommy Gunn, un gamin talentueux et déterminéà percer dans le monde de la boxe. Dès lors, le long-métrage s'enlise dans les atermoiements de ses différents protagonistes.
Ici, point de combat homérique à base de parades-mâchoires dans la tonalité de Rocky 3 et de Rocky 4. Au mieux, il faudra se contenter de quelques matchs élusifs remportés haut la main par Tommy Gunn. Hélas, le jeune champion prometteur est appâté par le lucre et de vulgaires mafiosos. Pour accéder au titre suprême, Tommy abandonne son coach. Certes, il obtient la ceinture de champion du monde poids lourds. A contrario, il suscite les invectives et les quolibets.
La presse et les médias le fustigent et le traitent de tocard. Tommy n'est pas encore le digne épigone de Rocky Balboa. Qu'à cela ne tienne. Furibond, le jeune homme défie son ancien entraîneur en combat singulier. Rocky 5 se clôt sur un match de catch sous les quolibets et les hurlements de la plèbe. On croit rêver...
Certes, les intentions de ce cinquième chapitre sont louables et compréhensibles. Malheureusement, le film est victime de son schéma narratif, trop redondant pour passionner sur la durée. Il faudra donc supporter les pleurnicheries d'un Rocky Balboa Jr. atrabilaire, les nouvelles pitreries de Paulie, assez discret pour l'occasion, et surtout une pellicule dénuée de toute tension dramatique.
Certes, on décèle ici et là cette volonté de tancer un milieu sportif dicté par les rouages du capitalisme. Conscient du désastre, Sylvester Stallone tente se sauver les meubles. Une chimère. Paradoxalement, ce Rocky 5 annonce déjà la couleur et la future trajectoire de l'acteur. Stallone a déjà la quarantaine bien tassée et ne pourra plus endosser les oripeaux de Rocky ou de Rambo.
Un choix qui va s'avérer cruel avec une longue période anomique, comme l'atteste le scénario de ce cinquième chapitre. De surcroît, Rocky 5 décevra unanimement les fans de la saga et se soldera par un bide commercial. Il faudra attendre plus de quinze ans pour voir ressurgir la franchise florissante avec Rocky Balboa en 2006.
Côte :Navet