Genre : horreur, gore, survival (interdit aux - 16 ans)
Année : 2006
Durée : 1h34
Synopsis : Après avoir poussé au suicide un de leurs compagnons de cellule, une bande de jeunes délinquants est envoyée sur une île pour un stage de réinsertion et d'apprentissage de la survie en groupe. Ils se croyaient seuls mais leur séjour va tourner au carnage.
La critique :
Le réalisateur et scénariste britannique, Michael J. Bassett, s'est surtout distingué dans le monde étriqué de la télévision. C'est en 2002 qu'il signe son tout premier long-métrage, La Tranchée. Suivront Solomon Kane (2009) et Silent Hill : Revelation (2012) qui n'ameutent pas spécialement les foules dans les salles. Principalement spécialisé dans l'horreur, le cinéaste réalise Wilderness en 2006.
Le long-métrage s'inscrit dans un registe assez particulier : les films d'horreur avec des canidés. Rares sont les productions canines à s'être imposées durablement dans les esprits, comme l'attestent les sorties de Rottweiler (Brian Yuzna, 2004), The Breed (Nicholas Mastandrea, 2006), Les Chiens Fous (Burt Brinckerhoff, 1976) ou encore Les Chiens de l'Enfer (Curtis Harrington, 1978).
A la rigueur, seuls Cujo (Lewis Teague, 1983), Baxter (Jérôme Boivin, 1988) et Dressé pour Tuer (Samuel Fuller, 1982) font figure d'exception. Reste à savoir si Wilderness va être amenéà s'inscrire au panthéon de l'horreur canine. Réponse dans les lignes à venir... La distribution du film réunit Toby Kebbell, Sean Pertwee, Alex Reid et Lenora Crichlow. Attention, SPOILERS !
(1) Suite au suicide de leur souffre-douleur David, un groupe de détenus juvéniles est envoyé dans un endroit appelé simplement l’Île pour y apprendre la discipline et la vie en groupe où la survie de tous dépend des efforts de chacun. Dans ce lieu supposé désert, ils vont croiser un groupe de jeunes filles d’un autre centre de détention mais à peine la rencontre faite, ils se voient attaqués par une meute de chiens enragés appartenant à un tueur aussi sadique qu’invisible (1).
Vous l'avez donc compris. Wilderness ne brille pas vraiment par la virtuosité et la complexité de son scénario, de facture basique et conventionnelle. En l'état, le script se divise en trois parties bien distinctes. La première commence comme un film banal de prison et scrute le quotidien d'adolescents conspués et répudiés par la société. Mais suite à une série de rixes et d'humiliations, l'un d'entre eux, David, se suicide. Furibond, l'un de leurs éducateurs, sous les précieuses instigations d'un paternel éploré, emmène les jeunes éphèbes sur une île en déshérence ou presque...
C'est la seconde partie de Wilderness. Sur place, les jouvenceaux font la connaissance d'une autre bande d'adolescentes. Si les présentations sont plutôt laconiques, les deux campements sont destinés à se rapprocher et à faire cause commune.
En effet, une présence invisible et indicible se montre de plus en plus oppressante et comminatoire, le film se transformant alors en survival horrifique. Pis, le redoutable prédateur est accompagné par plusieurs canidés à l'appétit pantagruélique. C'est la troisième et dernière partie du film. Voilà pour les inimitiés ! Premier constat : Wilderness s'inscrit dans cette terreur britannique, mélangeant à la fois le survival, la psychologie et les rebondissements impromptus.
C'est par exemple le cas de Severance (Christopher Smith, 2006) au bilan contrasté, de l'excellent The Descent (Neil Marshall, 2005) ou encore d'Eden Lake (James Watkins, 2008). A l'instar d'un autre classique, Délivrance (John Boorman, 1972), Wilderness s'attarde longuement sur la psyché de ses protagonistes.
Hélas, hormis le personnage principal, Callum (interprété par Tobby Kebbell), les autres interlocuteurs sont les parfaits archétypes d'adolescents prépubères, outranciers et transgressifs. Il faudra donc supporter les quolibets et les épigrammes salaces de jouvenceaux confinés dans leur testostérone. Même le récit ne présente qu'un intérêt assez relatif. Au bout d'une petite demi-heure de bobine, le spectateur ainsi que les personnages centraux du film, auront facilement deviné l'identité du tueur vindicatif.
Ainsi, on se demande pourquoi Michael J. Bassett s'emploie à masquer le visage de ce chasseur sociopathe. Quant aux rares adultes présents sur l'île, ils son vite exterminés et oblitérés par la caméra ensanglantée du cinéaste. Niveau gore, Wilderness ne fait clairement pas dans la dentelle.
Sur ce dernier point, le film se montre plutôt affable en termes de séquences peu ragoûtantes et sanguinolentes. Là aussi, il est question d'hommes et de femmes appelés à s'enliser dans leurs instincts primitifs et archaïques. Dommage que Michael J. Bassett n'étaye pas davantage son propos, préférant s'atermoyer sur des dialogues abscons et sibyllins. C'est donc une impression mitigée qui reste lors du générique de fin. Si le film impressionne par sa brutalité, la qualité de ses maquillages et de ses effets spéciaux, il n'en demeure pas moins une production infatuée (l'absence d'humour, par exemple, lui est préjudiciable) et relativement obsolète.
Bref, les amateurs de chair fraîche devraient logiquement apprécier cette "galette" anomique. Les autres seront priés de passer leur chemin.
(1) Synopsis du film sur : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1471&NamePage=wilderness