Genre : action, drame, comédie dramatique
Année : 2009
Durée : 1h41
Synopsis : Un homme, persuadé d'être un superhéros, ne sait plus distinguer le vrai du faux et décide de se lancer dans une thérapie afin de voir s'il n'est pas schizophrène...
La critique :
C'est surtout dans le petit monde de la télévision que Peter Stebbings se distingue, notamment pour ses qualités d'acteur dans plusieurs séries notoires. L'interprète se fait remarquer dans 21 Jump Street, X-Files, Au-delà du réel, Stargate SG1, Blue Murder, Les enquêtes de Murdoch, Brigade Spéciale ou encore Mutant X. Puis, en 2010, Peter Stebbings passe enfin derrière la caméra et signe son tout premier long-métrage, intituléDefendor.
Le long-métrage s'inscrit dans cette nouvelle vague de vulgaires quidams qui se découvrent des velléités de justicier et surtout de super-héros. Impression corroborée par les sorties quasi simultanées de Kick-Ass (Jeff Wadlow et Matthew Vaughn, 2010), Kick-Ass 2 (Jeff Wadlow, 2013), Super (James Gunn, 2011) ou encore du trop méconnu Mirageman (Ernesto Diaz Espinoza, 2007).
Ces super-héros partagent de nombreuses accointances et ont pour vocation de défendre la plèbe, la populace et les opprimés dans les quartiers abandonnés de leur ville. Et Defendor n'échappe pas à ce précepte établi. Hélas, le film de Peter Stebbings n'a pas bénéficié d'une sortie dans les salles et a dû se contenter d'un direct to dvd (DTV). La distribution du long-métrage réunit Woody Harrelson, Elias Koteas, Michael Kelly, Sandra Oh, Kat Dennings, Clark Johnson et Lisa Ray.
Selon certaines rumeurs, Ellen Page aurait longtemps été pressentie pour interpréter le rôle de Kat Debrofkowitz, mais l'actrice est déjà sur le tournage de Super (un autre film de super-héros déjà précité). A l'inverse de Kick-Ass et des autres productions lucratives et mercantiles, Defendor doit composer avec un budget étriqué.
Même l'affiche du film est plutôt rudimentaire puisqu'elle montre, en gros plan, un Woody Harrelson vêtu d'un casque et d'une tenue noire. Defendor n'a donc pas pour vocation de marcher dans le sillage et la continuité de toutes ces pellicules infatuées. Non, Defendor ne sera pas le nouveau Avenger. Attention, SPOILERS ! (1) Arthur Poppington est un homme légèrement attardé, qui le soir, se déguise en Defendor, un super-héros qui combat le crime.
Il traque notamment Capitaine Industrie, qui pratique des activités illégales dont le trafic de drogue et le réseau de prostitution. Un jour, il se lie d'amitié avec Kat Debrofkowitz, jeune prostituée accro à la drogue, en la sauvant soi-disant d'un client, qui s'avère être un flic, Dooney.
Ce dernier s'avère être aussi un drogué, mais également un ripou, s'acoquinant avec Kristic, un trafiquant. Kat aide Arthur dans sa « quête » et va, au fil du temps, se lier d'amitié avec ce personnage. Mais la justice veut qu'il arrête ses activités et Kristic veut qu'Arthur soit tué après s'être fait espionner. (1) Le public s'est toujours passionné pour ces losers patentés et ces personnages sortis de nulle part qui triomphent néanmoins des bandits et des criminels.
Ainsi, la première partie de Defendor se focalise largement sur le quotidien famélique d'Arthur Poppington (Woody Harrelson), un vulgaire quidam et une sorte d'histrion affublé d'un Q.I. de moineau. A fortiori, ce nouveau super-héros ne possède aucun atout pour s'attirer la méfiance des voyous, encore moins l'empathie des spectateurs, plutôt habitués à des super-héros quasi invincibles et véritables érudits de l'informatique et de nos technologies modernes.
A travers Defendor, Peter Stebbings invente une nouvelle "race" de super-héros : le trublion du village qui devient malgré lui le défenseur des opprimés. Même les médias s'entichent et se passionnent pour ce faux agitateur qui se regimbe contre la mafia locale. En l'état, Defendor s'apparente davantage à un drame social plutôt qu'à un gros film d'action avec son lot de déflagrations et d'effets spectaculaires. Contre toute attente, la formule fonctionne à merveille.
Peter Stebbings se centre sur la psyché en déliquescence de son personnage principal. Victime de sa propre ingénuité, Arthur Poppington se retrouve dare-dare dans un poste de police puis au tribunal. Sondé et interrogé par une psychologue, le super-héros en déveine fait preuve de probité et de magnanimité.
Pour le spectateur, il sera facile de s'identifier à ce simplet atypique, qui peut néanmoins compter sur le soutien indéfectible de son meilleur ami. Condamnéà ne plus endosser les oripeaux du fameux Defendor, Arthur Poppington se transforme en défenseur de la veuve et de l'orphelin, au grand dam de Kat Debrofkowitz (Kat Dennings), une prostituée éprise de liberté. Puis, dans sa seconde et dernière partie, Defendor se transmute en film d'action jubilatoire et à l'humour corrosif.
"Les armes à feu, c'est pour les lâches !" s'écrie Arthur Poppington lors d'une opération commando qui ressemble davantage à une immense gaudriole. Et pourtant, le jocrisse triomphe des bandits. Sa recette ? Une vulgaire matraque et un essaim d'abeilles jetéà la figure de voyous un peu trop téméraires. Faute de moyens financiers, Peter Stebbings joue la carte de l'émotion et des bons sentiments.
A l'instar du film, la cause d'Arthur Poppington semble vouée à l'opprobre et aux gémonies. Et pourtant... Encore une fois, la magie opère et fonctionne sur la durée (plus d'une heure et quarante minutes de bobine) de cette pellicule décidément surprenante.
Note : 14.5/20
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Defendor