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Multiple Maniacs (Divine pète les plombs)

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Genre : Comédie, inclassable (interdit aux - 16 ans)

Année : 1970

Durée : 1h30

 

Synopsis :

La trajectoire morbide d'une dangereuse hystérique, Lady Divine, qui entraîne quelques marginaux et rebus de la société dans une succession de meurtres et de perversités.

La critique :

Que serait Cinéma Choc si l'on ne chroniquait pas les oeuvres uniques du grand et incorrigible John Waters, certainement l'un des réalisateurs les plus rudes et les plus scandaleux jamais vus dans le circuit cinématographique traditionnel ! Après avoir chroniqué son chef d'oeuvre ultime du nom de Pink Flamingos, l'heure est venue de s'atteler à une oeuvre plus confidentielle, soit son deuxième long-métrage au nom jouissif de Multiple Maniacs, sorti en 1970, et dont le titre rend hommage à2000 Maniacs, film de l'un des réalisateurs préférés du cinéaste.
Quoi qu'on en dise, la majorité de son oeuvre reste malheureusement méconnue sauf pour les petits plaisantins amateurs de son style incomparable. Quoi qu'il en soit, déjàà cette époque, le réalisateur n'y allait pas avec le dos de la cuillère et n'avait pas peur de la polémique. 

Ainsi, dans son livre, il déclarera :"En 1969, peu avant le début du tournage de Multiple Maniacs, Sharon Tate fut assassinée. Ce crime devait avoir une profonde influence sur toute la réalisation du film. Puisque les meurtriers réels n'avaient pas encore été appréhendés, Divine, dans le film, en revendiquerait la paternité. Au cas où les assassins ne seraient jamais arrêtés, il y aurait toujours la possibilité que "peut-être" Divine ait réellement commis le crime. Tandis que nous achevions le film, la famille Manson fut épinglée et je changeai hâtivement la fin du film, expliquant que Divine n'avait pas commis le crime. Personne, même pas Divine, ne pouvait voler la vedette à Charles Manson".
On le sait que Waters aime jouer avec le délire de la famille Manson mais nul doute que sa déclaration a dû en choquer plus d'un. Pour information, que les amateurs du format physique se rassure, car une restauration de l'oeuvre, en Blu-Ray s'il vous plaît, a été faite il y a à peine plus de 2 mois. Quoi qu'il en soit, reste à voir si le cinéaste avait déjà son talent aux prémisses de son oeuvre.

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ATTENTION SPOILERS : Lady Divine et son petit ami David dirigent une galerie de monstres ambulante qui attire hors de chez eux jeunes ménagères, hommes d'affaires et loulous de banlieue, venus sous la petite tente bader devant leurs horreurs préférées (camés, obsédés sexuels, homosexuels). Là, ils sont dévalisés, quelquefois assassinés, par la psychopathe Lady Divine et son gang de toxicos. M. David comprend qu'après six ans, son idylle avec Lady Divine est en train de s'effriter et tente de se placer auprès de Bonnie, une pipelette sans cervelle rencontrée à la première mondiale de "Inga". Mise au courant de son infortune par une serveuse fureteuse, Lady Divine commence à perdre les pédales.

On remarque très vite dans nos recherches qu'il est assez étonnant de voir que peu d'informations circulent sur ce film. Qu'à cela ne tienne, le film peut il déjà confirmer tout le bien que l'on pense du cinéaste ? Oui, c'est évident, bien que l'on n'arrive pas encore au sommet de sa carrière. Chose largement excusable par le fait que Waters en est à ses débuts. Très vite, il plante le décor et nous libère dans un monde à la fois réaliste mais complètement loufoque, signe déjà de son propre style.
Le spectateur ne sera pas déboussolé et se retrouve déjà en terrain conquis en faisant les présentations avec deux homosexuels exhibés comme des bêtes en s'embrassant. Rappelons que l'homosexualitéétait encore un gros tabou à cette époque. Mais pas seulement, on fera la connaissance, entre autres, d'un mangeur de vomi ou encore d'un héroïnomane en pleine crise de manque. Quel poète ce John Waters !

Cette première partie plante le décor d'une histoire qui partira complètement en sucette après que Divine n'envoie balader Bonnie, une blondasse abrutie coprophage et gérontophile, alors que son petit compagnon voulait l'insérer dans la troupe de monstres, clin d'oeil évident au film Freaks en plus dépravé. Et à partir de ce moment là, c'est le drame. Divine va littéralement partir dans un délire sanguinaire où, après avoir retrouvé la trace de son ex-copain et Bonnie, son seul but sera de les tuer dans d'atroces souffrances. Comme de coutume, on tient là un film jouissif et hilarant, comportant de nombreux moments surréalistes oùWaters ne se refuse absolument aucune excentricité quand il sait.

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Plus encore, le film d'apparence stupide glorifie un propos fort anti-puritanisme et même anarchique, propos fréquent à l'heure de la libération sexuelle et dont Multiple Maniacs en est un humble représentant. Représentant qui aurait pu déclencher un véritable scandale face à certaines scènes loufoques, inimaginables et qui seraient encore aujourd'hui propre à déclencher l'ire d'une population évoluant dans la bien-pensance. Cela concernera surtout la scène surréaliste dans l'Eglise où Divine partira dans un délire lesbien avec Mink, religieuse perverse, jusqu'à se retrouver avec un crucifix dans l'anus en jouissant avec en toile de fond le chemin de croix de Jésus parodié.
Décidément, quel poète ce John Waters ! Un raffinement qui aurait été et serait encore à même de faire bondir les associations chrétiennes au créneau si elles n'ont pas auparavant fait un infarctus devant cette scène absolument scandaleuse tant elle est frontale et sans concession. 

Un style propre àJohn Waters et qui ne plaira d'office pas à tout le monde et ce n'est pas la fameuse séquence hilarante du viol par un homard sorti de la 4ème dimension qui prouvera le contraire. Qu'on se le dise, Multiple Maniacs est un scandale sur pellicule et un beau crachat à la gueule du politiquement correct, mais plus encore c'est une oeuvre terriblement sympathique. Malgré la dégueulasserie émanant du cuir chevelu jusqu'aux ongles des pieds des personnages, on les trouve attachant. Bien évidemment, ce compliment concerne surtout la/le grand/grande Divine (un drag-queen, rappelons le et ce qui n'était pas bien vu non plus à l'époque).
De plus, une grande partie des personnages que nous avions suivi dans Pink Flamingosétaient déjà présents aux côtés du cinéaste à l'époque. On retrouvera entre autres David Lochary dans la peau de l'ex petit ami mais aussi Mary Vivian Pearce interprétant Bonnie, Mink Stole interprétant... Mink et Edith Massey pour la serveuse. Le petit monde de Pink Flamingos est quasiment au complet et on ne peut qu'avoir un sourire involontaire devant cela, surtout que leur prestation est de bonne facture. Mention aussi àCookie Mueller dans le rôle de Cookie à la fois belle et charmante dans l'interprétation de la fille de Divine, dealeuse de cannabis et de speed à ses heures perdues.

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Après niveau montage, on sent à des kilomètres le film tourné avec peu de moyens et une mise en scène encore fort amateur. C'est une oeuvre où les personnages parlent beaucoup, parfois pour ne rien dire mais toujours avec des dialogues croustillants et sans que la moindre once de censure ne bride leurs paroles. Ceci dit, il est inévitable de voir que quelques longueurs se fassent ressentir par moment à force de, peut-être, trop parler. On est loin de l'énergie de Pink Flamingos ou encore de Desperate Living pour ne citer qu'eux, mais sincèrement, Multiple Maniacs s'en sort avec un beau cahier de charges.

En conclusion, Multiple Maniacs est dans une tonalité purement "Watersienne" où le mauvais goût, la crasse et la vulgarité sont affichés en fers de lance. Un traitement qui abasourdit ceux qui n'ont pas l'habitude de ce style. A des années lumière des conventions de l'époque et encore plus aujourd'hui, on est face à un long-métrage qui serait totalement impossible à réaliser aujourd'hui. S'enorgueillant de quelques scènes désormais cultes et de personnages attachants, le film s'en sort plus que bien mais perd en qualité face à une mise en scène assez plate durant certains passages.
On en attendait peut-être plus mais peu importe, la transgression est déjà bien présente et préfigure le scandale sur pellicule du nom de Pink Flamingos qui est résolument l'oeuvre la plus culottée de toute la filmographie du réalisateur. Un long-métrage d'une durée raisonnable de 90 minutes à recommander uniquement à tous les fans d'un cinéma tantôt politiquement incorrect, tantôt résolument inclassable. Pas un must mais une comédie de bonne facture, c'est déjà pas mal.

 

Note :14/20

 

orange-mecanique Taratata

 


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