Genre : science-fiction
Année : 1957
Durée : 1h11
Synopsis : Venu de la planète Arous, Gor arrive sur terre et prend possession du corps de Steve March. Il espère ainsi obtenir le pouvoir absolu ! Mais un de ses congénères, Val, vient à la rescousse pour l’empêcher de mettre sur pied ces plans diaboliques ! La planète terre survivra-t-elle à cette guerre des cerveaux ?
La critique :
Nathan Juran fait partie de ces nombreux artisans du cinéma bis. Pourtant, avant de s'intéresser puis de se spécialiser dans les bisseries impécunieuses, Nathan Juran officie tout d'abord en tant qu'architecte. Puis, vers le milieu des années 1930, Nathan Juran commence à travailler en tant que dessinateur pour la société R.K.O. (Radio Keith Orpheum). Son érudition et sa méticulosité sont alors remarquées sur le tournage du film Qu'elle était verte ma vallée (John Ford, 1941), long-métrage pour lequel il oeuvre en tant que décorateur. En 1951, il participe àLe Château de la Terreur de Joseph Pevney et dirige l'immense Boris Karloff. Nathan Juran enchaîne alors avec Le mystère du château noir (1952), La légende de l'épée magique (1953), La Chose surgit des Ténèbres (1957), A des millions de kilomètres de la Terre (1957), L'Attaque de la Femme de 50 Pieds (1958), Le Septième Voyage de Sinbad (1958), ou encore Jack le tueur de géants (1962).
Autant de pellicules qui érigeront le cinéaste comme l'un des parangons du cinéma bis. Vient également s'ajouter Le Cerveau de la Planète Arous, réalisé en 1957, et qui n'est pas forcément le film le plus proverbial de Nathan Juran. Et pour cause... Cette bisserie désargentée est souvent considérée comme un nanar par les amateurs de curiosités cinématographiques. La distribution du film ne réunit pas des acteurs très populaires. Seul John Agar fait figure d'exception.
La carrière de l'acteur débute en 1949 avec Le Massacre de Fort Appache de John Ford. Puis, l'acteur se spécialise essentiellement dans les productions fantastiques et science-fictionnelles. On a notamment pu le voir dans Tarantula ! (Jack Arnold, 1955), La Revanche de la Créature (Jack Arnold, 1955), Le Peuple de l'Enfer (Virgil W. Vogel, 1956) et le remake de King Kong (John Guillermin, 1976).
Au niveau du casting, on trouve aussi Joyce Meadows, Tim Graham et Robert Fuller, quasi inconnus au bataillon. En outre, le scénario de The Brain From Planet Arous (titre original du film) brille avant tout par ses fantaisies et son ingénuité. Attention, SPOILERS ! Venu de la planète Arous, Gor, un extraterrestre ayant la forme d'un cerveau géant, débarque sur la planète Terre et prend possession du corps de Steve March, un éminent scientifique. Il espère ainsi obtenir le pouvoir absolu et assouvir l'espèce humaine à ses moindres caprices. Son objectif ?
Réduire les êtres humains à quia et à de vulgaires cacochymes, besogneux et dociles. Sous la férule de Gor, Steve March change subrepticement de comportement, au grand dam de son épouse. Mais lors d'une cavale dans une grotte, cette dernière rencontre Val, un autre alien, cette fois-ci pacifiste.
Ce nouvel extraterrestre écervelé (c'est le cas de le dire) a bien l'intention de contrecarrer les vils desseins de son comparse. Notre petite escouade parviendra-t-elle à déjouer les turpitudes de l'extraterrestre dolichocéphale ? La planète Terre survivra-t-elle à cette guerre des cerveaux ? Telles sont les questions passionnantes (sic...) posées par Nathan Juran. Vous l'avez donc compris. Le Cerveau de la Planète Arous s'inscrit dans cette tendance quasi eschatologique et symptomatique des films de SF des années 1950. A l'époque, le monde entier vit dans la peur et la paranoïa d'une hypothétique troisième guerre mondiale. En outre, de nombreux films évoquent une présence martienne et/ou venue d'une autre planète : La Guerre des Mondes (Byron Haskin, 1953), Le Jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise, 1951), La Chose d'un autre Monde (Howard Hawks et Christian Nyby, 1951), ou encore Les Survivants de l'Infini (Joseph M. Newman, 1955).
Bon, autant le dire tout de suite. Le Cerveau de la Planète Arous est un film de science-fiction joliment désuet. Pour le spectateur avisé, il faudra fermer les yeux sur les effets spéciaux surannés à base de câbles maladroitement activés par des techniciens probablement avinés, et qui tentent sporadiquement de maintenir dans les airs des aliens aux yeux luminescents. A cela, s'ajoutent de nombreuses destructions de maquettes et de jouets, donnant l'illusion de l'annihilation de plusieurs grandes cités urbaines. Une chimère. Il faudra aussi fermer les oreilles sur les dialogues sibyllins qui ponctuent régulièrement le film. Difficile de ne pas s'esclaffer devant le pseudo dialecte scientifique du film !
Même remarque concernant l'interprétation qui frôle souvent le zéro absolu et l'indigence totale.
Mention spéciale à John Agar, au rire sarcastique, qui tente de mimer un savant possédé par un vil extraterrestre. C'est peut-être, par ailleurs, la seule bonne idée du film ! Des cerveaux aliens sont capables de s'immiscer dans notre esprit et de contrôler notre psyché. Et pourtant... En dépit de ses défauts pléthoriques et rédhibitoires, Le Cerveau de la Planète Arous parvient à maintenir l'illusion, celle d'une bisserie sans le sou qui repose essentiellement sur ses deux cerveaux extraterrestres de service. Que les choses soient claires. On parle bien ici d'une invasion alien ourdie par un seul et unique alien ! Mais peu importe, Nathan Juran s'échine dans cette direction spinescente.
Par d'habiles stratagèmes, en outre une mise en scène nerveuse et rythmée, le cinéaste américain parvient à transcender son récit. On tient donc là un film de science-fiction aussi suranné que sympathique, à réserver néanmoins aux fans invétérés du genre, soit huit personnes dans le monde. Ma note finale pourra donc paraître incroyablement clémente...
Note : 10/20