Genre : Propagande, historique, drame
Année : 1928
Durée : 2 heures
L’histoire : Dans une vaste plaine sinistre de Russie, les paysans travaillent dur pour labourer la terre. Marfa, une paysanne qui n’a pas de cheval pour sa charrue, fait face à la pauvreté. Elle crée alors avec les autres paysans une coopérative laitière afin de connaître des temps plus cléments.
La critique :
Sergueï Eisenstein est probablement le plus grand réalisateur du cinéma soviétique et l’un des plus grands génies de l’histoire du cinéma. N’oublions pas que notre homme reste considéré comme « Le Père du Montage ». Cet artiste accompli s’est bien évidemment rendu célèbre avec son chef d’œuvre absolu, Le Cuirassé Potemkine, soit l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma. Eisenstein n’a jamais caché son rattachement au communisme et à l’idéologie stalinienne.
Par ailleurs, Staline a souvent utilisé le réalisateur pour concevoir des films de propagande communiste. En 1928 Eisenstein réalise (peut être sous commande directe du gouvernement), un film sur l’agriculture soviétique. Attention SPOILERS ! Dans une plaine de Russie, les paysans travaillent difficilement la terre à l’aide d’outils spartiates (pioches, pelles…).
Marfa, une paysanne, doit trouver un cheval pour labourer la terre. Dans un dernier recours elle tente d’utiliser sa vache qui finit par s’effondrer d’épuisement. Ne supportant plus cette vie précaire, Marfa appelle les autres paysans à s’unir. Petit à petit ils vont construire un kolkhoze (une coopérative agricole). Leur production augmente ils parviennent à acheter une écrémeuse ainsi qu’un tracteur et leur vie s’améliore considérablement. Clairement, on ne va pas y aller par quatre chemins, La Ligne Générale est un pur film de propagande dédiéà la gloire de l’agriculture soviétique et du communisme.
Cependant, tout n’est pas forcément embelli dans ce que nous montre Eisenstein, comme par exemple les rapports entre les paysans et les administrations, ou encore un progrès technique parfois douteux.
Pour autant, ce qui nous intéresse avant tout ici, c’est le traitement opéré par le réalisateur. Car Eisenstein déploie à nouveau tout son génie visuel pour concevoir un film novateur et absolument magnifique. Que ce soit sa façon de filmer les paysages de Russie, le plan de l’écrémeuse et bien d’autres, le réalisateur réinvente le cinéma à chaque plan. On pourrait vraiment s’attarder longtemps sur le visuel du film, tant la forme est travaillée. Vous l’aurez donc compris.
Ce film est un régal pour tous les yeux de cinéphile. Une fois encore, si le fond du film est avant tout là pour faire la propagande de l’agriculture soviétique et du communisme stalinien, La Ligne générale peut également se voir comme un témoignage sur le contexte de la Russie lors de cette époque.
Bien évidemment, ce témoignage ne peut pas toujours être juste puisque nous sommes dans un film de propagande où la grande majorité des personnages sont des stéréotypes avant tout. Nos chers paysans ne semblent avoir qu’un plaisir dans la vie : travailler dur, travailler dur, travailler dur et travailler dur ! Certains font même la course à celui qui en fera le plus. Là encore, on peut voir le portrait modèle que veut véhiculer la politique stalinienne. C’est aussi dans ce sens que ce film peut être intéressant.
Il a une vraie valeur historique. Cependant, il faut reconnaître que certains personnages dépassent le stéréotype et sont mieux développés. A travers La Ligne Générale, Eisenstein nous prouve, derechef, qu’il est capable de faire d’un film de propagande un véritable chef d’œuvre cinématographique. Tout comme le Cuirassé Potemkine, La Ligne Générale fait date dans l’histoire du cinéma.
Note : 17,5/20