Genre : horreur (interdit aux - 12 ans)
Année : 2013
Durée : 1h46
Synopsis : Un homme se réveille dans un puit rempli de cadavres. Il se demande si ses sauveteurs sont responsables de ce massacre ou s'il est lui-même le meurtrier.
La critique :
Il faut remonter à 1978 pour voir enfin les macchabées putrides et anthropophagiques triompher au cinéma derrière la caméra ensanglantée de George A. Romero et son bien nomméZombie. Au passage, on lui préférera largement le titre original, à savoir Dawn of the Dead ! Pourtant, entre le milieu des années 1930 et les prémices des années 1940, certains longs-métrages évoquent déjà l'insubordination de morts-vivants qui terrifient le commun des mortels.
Par exemple, comment ne pas évoquer le superbe I Walked With A Zombie (Jacques Tourneur, 1943) ? Il faudra néanmoins patienter jusqu'en 1968 pour que les créatures putrescentes provoquent des cris d'orfraie dans les salles obscures avec La Nuit des Morts-Vivants, toujours réalisé par George A. Romero.
Le cinéaste américain confère à ces monstres carnassiers une consonance politique et idéologique. La guerre du Vietnam, le scandale du Watergate et les débuts de l'hédonisme ad nauséam inspirent le réalisateur impudent. Puis, dans les années 1990, les zombies subissent les goguenardises, les facéties et les déviances sadiques de Peter Jackson avec Braindead (1992), un autre classique du genre "macchabées". Puis, dans les années 2000, Shaun of The Dead (Edgar Wright, 2005), 28 Jours Plus Tard (Danny Boyle, 2002), ou encore Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009) se chargent d'apporter leur modeste pierre à l'édifice. Parallèlement, ce sont toute une pléthore de films qui sortent directement en vidéo, des productions visiblement condamnées à s'égarer dans les méandres des bacs à dvd.
En l'occurrence, Open Grave, réalisé par Gonzalo Lopez-Gallego en 2013, n'a pas bénéficié d'une sortie au cinéma et a dû se contenter d'un direct-to-video (DTV).
Il faut se rendre sur le site IMDb (http://www.imdb.com/name/nm1018426/) pour trouver quelques informations élusives sur le cinéaste ibérique. Gonzalo Lopez-Gallego compte déjà plusieurs films à son actif, notamment Les Proies (2007) et Appolo 18 (2011), deux pellicules horrifiques qui n'ont pas spécialement suscité l'enthousiasme auprès des critiques et des fans du cinéma d'épouvante. Bien que Open Grave ne soit pas une production dispendieuse, le film s'offre les ferveurs d'un casting hollywoodien puisqu'on y retrouve Sharlto Copley qui a enfin connu les aléas de célébrité avec District 9 (Neill Blomkamp, 2009), Joseph Morgan, Thomas Kretschmann, Josie Ho et Erin Richards.
Attention, SPOILERS ! (1) John se réveille totalement amnésique au fond d'une fosse boueuse en pleine forêt.
Autour de lui, une centaine de cadavres mutilés et pourrissants jonchent le sol. Secouru par une femme muette, il gagne une maison isolée où cinq autres personnes cherchent elles aussi à retrouver la mémoire. Tandis que tous tentent de comprendre ce qu'il s'est passé et qui ils sont, des tensions apparaissent entre chaque individu. Alors que John s’interroge sur la responsabilité de ses sauveurs voire sa propre implication au sujet de ce massacre, au dehors, le monde semble avoir plongé en plein chaos et que d’étranges rôdeurs errent dans les bois (1).
Certes, Open Grave fait partie de ces séries B désargentées. Néanmoins, le film de Gonzalo Lopez-Gallego possède de solides ambitions puisqu'il marche directement dans le sillage de la trilogie des morts de George A. Romero (toujours la même antienne...) et n'est pas sans rappeler, par certaines accointances, le scénario de Memento (Christopher Nolan, 2000).
Hélas, Gonzalo Lopez-Gallego n'est pas George A. Romero ni Christopher Nolan. De surcroît, Open Grave est dénué de tout message politique et idéologique. Le réalisateur ibérique n'a pas de telles prétentions ni de telles velléités scénaristiques mais a, néanmoins, de beaux arguments à revendre. Oui, Open Grave est bel et bien supérieur aux précédents essais du cinéaste, ce qui n'était pas trop hardu par ailleurs. Open Grave propose donc une curieuse ripopée entre une invasion de zombies, des expériences médicales qui semblent avoir plongé le monde dans le chaos et le thème de la mémoire, ici en déliquescence. Dès l'introduction, Gonzalo Lopez-Gallego brouille volontairement les pistes en plongeant le spectateur et le héros principal (John) dans un fossé de cadavres.
Comment John a-t-il pu se confire dans un endroit jonché de dépouilles en putréfaction ?
Quelle est sa profession ? Quel est son nom ? Quel est son prénom ? Autant de questions sans réponse qui taraudent le héros principal. L'homme désarçonné n'a plus aucun souvenir de son existence. Il rencontre alors une jeune femme muette mais évidemment, toute tentative de communication se solde par une rebuffade. Très vite, John tombe sur d'autres protagonistes d'infortune. Aucune personne autour de lui ne semble savoir qui il est et ce qu'il fait dans une immense forêt...
Puis, par d'habiles subterfuges et des flashback ingénieusement disséminés, Gonzalo Lopez-Gallogo déploie un scénario perspicace mais parfois un brin alambiqué. En l'état, difficile d'en dire davantage sans révéler les rugosités du scénario. Que les choses soient claires. Certes, Open Grave possède de solides arguments et n'a pas à rougir face à la concurrence pléthorique sur le marché des DTV. Cependant, le long-métrage souffre évidemment de la comparaison avec ses augustes épigones.
Si la révélation finale interloque de prime d'abord, le long-métrage se révèle beaucoup trop lent pour démarrer, surtout lors de sa première demi-heure. Visiblement, Gonzalo Lopez-Gallego tergiverse entre le survival dans la forêt, le pur film de zombies et même parfois le torture-porn. Toutefois, le casting, Sharlto Copley en tête, est totalement investi et parvient à faire oublier les quelques errances de ce DTV d'une étonnante sagacité.
Note : 12.5/20
(1) Synopsis du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Grave